Manifestation de femmes à GafsaUne vingtaine d’associations tunisiennes et franco-tunisiennes ont dénoncé vendredi la mission que vient d’effectuer en Tunisie un groupe de personnalités politiques de gauche et représentants d’associations françaises, en signe de soutien à la population du bassin minier de Gafsa (centre-ouest tunisien) en proie à une agitation sociale.

Les militants français, dont les secrétaires nationales du parti communiste (PCF), et des Verts, Marie-Georges Buffet et Cécile Duflot ainsi que Mgr Jacques Gaillot, ont rendu visite à des familles de détenus à Redeyef, une des villes de cette région riche en phosphates, qui a connu de violents troubles depuis janvier 2008.

De nombreux manifestants interpellés ont été condamnés récemment à plusieurs mois de prison notamment pour “troubles à l’ordre public et détérioration de biens d’autrui”. D’autres parmi lesquels figure le dirigeant syndicaliste Adnane Hajji, doivent être jugés incessamment.

La délégation français a aussi rencontré des représentants de la société civile et de partis d’opposition au siège de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH).

“J’espère qu’à l’avenir nos militants pourront accéder aux locaux de la ligue sans problème, pas seulement à l’occasion de visites de délégations étrangères”, a déclaré son président Me Mokhtar Trifi à l’Associated Press.

Dans une déclaration transmise à l’AP, les associations tunisienne s’élèvent contre cette “soi-disant mission de solidarité”, considérée comme “absolument dépassée et relevant d’une époque révolue”, la qualifiant “d’interventionnisme néocolonialiste”.

“C’est à la société civile tunisienne et non à une délégation d’activistes étrangers, d’ailleurs connus pour leurs partis pris contre la Tunisie, de venir ‘évaluer’ la situation dans le pays”, ajoute le communiqué.

Parmi les signataires figurent notamment l’Association tunisienne des parlementaires tunisiens, l’Union des écrivains tunisiens, la Ligue africaine des droits de l’Homme (Paris-France), l’Association tuniso-européenne des femmes d’affaires (Paris-France).

Ils les accusent de “tenter d’instrumentaliser ‘la soi-disant situation dans le bassin minier’ alors même que la situation dans cette région est revenue à la normale depuis belle lurette”.

Interrogé sur cette mission lors d’une rencontre vendredi avec la presse, l’ambassadeur de France à Tunis, Serge Degallaix, a fait valoir que “l’Etat français n’est pas partie prenante dans ce voyage”.

AP | 28.11.2008 |