Le président du syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), Néji B’ghouri, a dénoncé samedi ce qu’il a qualifié de “putsch” orchestré contre son bureau exécutif par des membres proches du pouvoir.

Lors d’une conférence de presse, il a qualifié d’“illégal” un congrès extraordinaire qui se tenait le jour même à l’appel de membres du bureau exécutif élargi.

Jugeant que ce “congrès du 15 août et les décisions qui en sont issues sont nuls et non avenus“, il s’est dit déterminé à “poursuivre la tâche qui lui a été confiée par la base“, rappelant que c’est le 12 septembre qu’est prévu le “congrès règlementaire légal“.

Saisi par Néji B’ghouri dans l’espoir de voir annulées ces assises qui font suite à la démission de quatre membres du bureau exécutif, le tribunal de première instance de Tunis avait rejeté la requête et reporté au 26 octobre l’examen de l’affaire au fond.

Pour l’avocat Naceur Laâyouni, ce verdict illustre “l’instrumentalisation de la justice“.

Premier organisme du genre à voir le jour en Tunisie, le SNJT avait élu son bureau exécutif en janvier 2008. Il n’a pas cependant tardé à sombrer dans une crise opposant des membres proches du pouvoir et ceux que ces derniers qualifient de “noyau dur” du bureau exécutif.

La crise s’est accentuée depuis la publication à l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse, en mai, d’un rapport critique sur l’état de la presse en Tunisie.

Les dirigeants du SNJT se disent victimes d’un “complot” ourdi par les autorités qui, selon eux, ne voient pas d’un bon oeil “la volonté d’indépendance” du syndicat.

Ce putsch vise à frapper toute voix divergente et indépendante“, a estimé M. B’ghouri, dénonçant “diverses formes de pressions“.

Ses détracteurs accusent le président du SNJT et ses compagnons d'”autoritarisme” notamment.

Le président de la commission des libertés, Jamel Karmaoui, considéré comme le chef de file des contestataires, dresse un bilan “négatif” du bureau exécutif: “Il n’a aucunement servi les intérêts moraux et matériels des journalistes, rompu le dialogue avec les autorités et suit un agenda politique qui fait le jeu de partis d’opposition radicaux“.

Plusieurs avocats présents à la conférence de presse dont l’ex-bâtonnier Abdessattar Ben Moussa et Mokhtar Trifi, président de la ligue tunisienne de défense des droits de l’homme (LTDH), ont apporté leur “soutien absolu à la juste cause du bureau exécutif légitime“.

Enfin, dans un communiqué commun, trois partis d’opposition, le PDP, le FDLT et le mouvement Ettajdid, font porter “la responsabilité de la crise aux autorités“, jugeant que les “manœuvres orchestrées visent à faire tomber le bureau exécutif (…) et le remplacer par des éléments alliés au pouvoir“.AP