In collaboration with Index On Censorship
Dans son rapport annuel, publié lors de la Journée mondiale de liberté de la presse le 3 mai dernier, le Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT) a annoncé qu’il avait enregistré 60 agressions physiques contre des journalistes au cours de l’année écoulée.

Le syndicat a critiqué la «passivité et le silence du gouvernement” face à l’augmentation alarmante du nombre d’agressions.

Bons nombres de ces agressions ont eu lieu durant le mois d’avril. La dernière en date a eu lieu le 30 avril, lorsque des militants appartenant au Mouvement Ennahda, ont agressé un journaliste travaillant pour le blog collectif Nawaat.

Emine M’tiraoui a été attaqué alors qu’il était au siège du parti Ennahda, le parti majoritaire au sein du gouvernement. Il venait de réaliser une interivew avec l’un de ses membres.

Dans un témoignage publié sur Nawaat.org, Emine M’tirraoui raconte :

Dans le hall du siège du parti, il y avait un combat et une femme criait. J’avais ma caméra avec moi et il semble que mes agresseurs pensaient que je filmais ce qui se passait. Bien que j’avais ma carte de presse, avec mon nom et le nom de Nawaat inscrits dessus, un jeune militant a commencé à dire que j’étais “un chien de gauche et un policier proche d’une des figures de la gauche tunisienne.

L’attaque s’est poursuivie en dehors du siège du parti. “Quand j’étais à l’extérieur je suis tombé par terre… il y avait des policiers qui regardaient l’agression, mais qui ne sont pas intervenus pour l’arrêter» at-il déclaré Index.

Emine M’tiraoui a été agressé à deux reprises en moins d’un mois. Ainsi le 9 avril dernier il a été aggressé par des militants d’un autre parti politique de premier plan : le Parti démocratique progressiste (PDP), alors qu’il couvrait une conférence du parti.

Selon les estimations de Aymen Rezgui, membre du bureau exécutif du syndicat de la presse, une agression est enregistrée chaque semaine. Cette augmentation du nombre des agressions est due au «laxisme de la police et aux tentatives d’un certain nombre de partis politiques de monter l’opinion publique contre les journalistes», explique-t-il.

En effet les dirigeants d’Ennahda, qui dirige le gouvernement de coalition de trois partis, ont souvent exprimé leur mécontentement face à la couverture médiatique faite de l’action du gouvernement. Dans une interview avec Radio Express FM, le 25 avril dernier, Rached Ghannouchi, le président d’Ennahda, a accusé la chaîne de télévision publique, Wataniya 1, d’avoir «une ligne éditoriale contre-révolutionnaire et partiale, et qui de ce fait se réjouit de la défaite du gouvernement“.

Il a même ajouté que selon lui : “Il ya une franche hostilité envers le gouvernement” .

D’un autre côté le SNJT accuse le gouvernement de chercher à renforcer le contrôle sur le secteur des médias. Dans son rapport le SNJT a d’ailleurs dénoncé les tentatives de forcer “le secteur des médias à suivre la vision politique du gouvernement“.

Translated from english by Sana Sbouaï