Sami El Fehri. (AFP/Archives, Khalil)
Sami El Fehri. (AFP/Archives, Khalil)

L’avocate de Sami Fehri, Me Sonia Dahmani, avait confié il y a quelques jours sur un plateau de télévision que son client serait probablement maintenu en détention. Ses craintes se sont vérifiées lors de l’audience de ce jeudi. Le juge de la 13e chambre auprès de la Cour d’appel de Tunis a en effet refusé aujourd’hui la libération du producteur de télévision et patron de la chaine Attounissya.

Lors de l’audience, boycotté par les avocats de Sami Fehri en signe de protestation contre ce qu’ils voient comme des vices de procédures, le même juge a ordonné un mandat de dépôt contre cinq anciens hauts responsables de l’audiovisuel public :

– Brahim Fridhi, PDG de la radio et télévision tunisienne (ERTT) d’aout 2002 à septembre 2003
– Mustapha Khammari, PDG de l’ERTT de septembre 2003 jusqu’à sa restructuration le 7 novembre 2006
– Moncef Gouja, PDG de l’Établissement de la télévision tunisienne (ETT) du 30 août 2007 au 7 juillet 2008
– Hedi Ben Nasr, PDG de l’ETT du 7 juillet 2008 au 30 juin 2009
– Fehri Chelbi, PDG de l’ETT 30 juin 2009 au 24 décembre 2010 et déjà détenu pendant une courte période en 2011

Il leur est notamment reproché des malversations financières lors de leurs mandats à la tête de la télévision nationale en accordant de larges avantages indus à la société Cactus Prod de Sami Fehri et à ses productions. Dans la même affaire, Abdelwahab Abdallah, ancien conseiller politique de Ben Ali, en charge de l’information, est maintenu en détention.

Dans une déclaration publiée par l’agence tunisienne TAP, quatre de ces anciens dirigeants ont affirmé n’avoir tiré “aucun avantage matériel ou moral” durant leurs mandats sous le règne de Ben Ali.

Sortant de leur silence peu avant l’annonce de mandats de dépôts à leur encontre, ces anciens dirigeants ont assuré avoir été “soumis à des pressions” qu’ils n’ont pas précisées, et affirmé n’avoir “aucun ressentiment” à l’égard de M. Fehri.

Incarcéré en août dernier, M. Fehri est inculpé de complicité de détournement de fonds publics dans le cadre d’une affaire de corruption remontant à l’époque du président déchu Ben Ali. Il risque 10 ans de prison pour “préjudices financiers causés à la télévision publique” au profit de sa société de production.

Rached Cherif