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Lotfi ben jeddou. Ministre de l’intérieur Photo gazetteparis.fr

Depuis l’assassinat politique le 25 juillet du député Mohamed Brahmi, le ministre de l’Intérieur Lotfi Ben Jeddou a fait plusieurs apparitions dans les médias pour faire le point sur la situation en Tunisie. Les événements majeurs qui ont marqué ces derniers jours ont été les explosions au massif montagneux de Chambi, à Kasserine (nord-ouest) et les arrestations “record” effectuées par les forces de l’ordre depuis vendredi 3 août de présumés terroristes à Sousse, Ouardia et Ben Guerdane.

50 % des terroristes au mont Chambi sont des Algériens

Le 3 août, le ministre de l’Intérieur a accordé une interview à radio Kalima, où il a précisé que, outre les Tunisiens, “50 % des terroristes au mont Chambi sont Algériens”. D’après Lotfi Ben Jeddou, « le scénario en Tunisie ressemble à celui de l’Algérie ». Et pour cause :

La moitié du groupe qui est à Chambi est composée d’Algériens qui ont rejoint des Tunisiens déjà recherchés et affiliés à Katibat [bataillon] Oqba Ibn Nafaa.a-t-il expliqué à radio Kalima

Dans une autre interview sur radio Mosaique FM, le 30 juillet, le ministre a affirmé que, contrairement à ce que pensent beaucoup de gens, il y avait bel et bien des terroristes au massif montagneux.

Nous, au ministère de l’Intérieur, nous confirmons leur existence dans la montagne. Nous les avons même mis sur écoute après avoir eu une permission judiciaire. Ils sont là-bas et ils sont pourchassés.

Dans l’interview de radio Kalima, M. Ben Jeddou a annoncé que ceux qui avaient été détenus pour implication dans les opérations terroristes à Chambi étaient au nombre de 46, « dont 14 qui financent Katibat Oqba Ibn Nafaa .»

« Ce bataillon cherche a être affilié à l’organisation terroriste Al-Qaida, mais rien ne prouve encore qu’elle a adopté les membres se trouvant dans le massif montagneux », a expliqué le ministre avec précaution dans la conférence de presse du 4 août.

Ces informations signifient que les autorités tunisiennes connaissent le nombre exact des terroristes de Chambi et leurs contacts téléphoniques. Malgré cela, le massacre du 29 juillet, au cours duquel huit membres d’un commando de l’armée ont été tués, dont cinq égorgés, laisse planer le doute : comment cela a-t-il pu arriver ?

Mise à jour : mercredi 7 août 2013

La page facebook officielle du ministère de l’Intérieur a publié le soir du 7 août un communiqué dans lequel elle annonce l’arrestation, grâce aux unités spéciales de la Garde nationale d’un dangereux terroriste de nationalité tunisienne, en cavale dans la montagne du Chambi et en possession d’armes de type kalachnikov ainsi que de munitions

Arrestations en série de plusieurs terroristes

Quatre jours après le massacre à Chambi, plusieurs arrestations et confrontations avec des terroristes ont eu lieu entre le 2 et le 4 août. D’après M. Ben Jeddou, c’est grâce à la direction des renseignements que des informations ont été recueillies pour déterminer leur localisation.

Le 2 août, c’est dans la ville de Sousse que les unités spéciales pour combattre le terrorisme ont fait leur descente chez un « un groupe de terroristes [qui] prévo[ya]it de commettre des assassinats politiques, des attaques contre des banques et des bâtiments de sécurité pour, peut-être, voler les armes », a déclaré le ministre de l’Intérieur (conférence du 4 août).

Il s’est avéré que ce groupe était constitué de « trois terroristes armés », a-t-il précisé. Toujours d’après M. Ben Jeddou, ces derniers ont ouvert le feu sur les agents, qui ont pu arrêter deux d’entre eux. Le troisième, dénommé Lotfi Ezzedine, s’est enfui avec une kalachnikov et un revolver, qu’il a jeté dans la forêt lors de sa poursuite. Coup de théâtre : il s’avère que celui qui a réussi à s’échapper, à savoir M. Ezzedine, est « impliqué dans l’assassinat politique de Mohamed Brahmi ».

Idem le matin du 4 août à Ouardia (quartier du sud de Tunis) ; les renseignements dévoilent des informations sur six personnes armées. Même opération : les unités spéciales effectuent un descente chez eux et après un échange de coups de feu, l’un d’eux est tué, quatre blessés et le sixième, dont le nom a été révélé par le ministre, un dénommé Ezzedine Abdellaoui, est « considéré comme l’un des plus dangereux terroristes, déjà recherché et impliqué dans l’affaire de l’assassinat de Chokri Belaid ». La journée même de son arrestation, il a en effet « avoué avoir participé à l’opération de l’assassinat »,confirme M. Ben Jeddou.

Ainsi, en moins de 72 heures, le ministère de l’Intérieur réussit l’exploit d’arrêter deux personnes impliquées directement dans les deux assassinats politiques qui ont bouleversé la Tunisie. Rappelons que cette conférence a eu lieu deux jours avant la grande manifestation du 6 août qui aura lieu ce soir pour marquer les six mois passés depuis le meurtre de Chokri Belaiid, le 6 février 2013.

Le 3 août, c’est encore à Sousse que les arrestations se poursuivent. Ce samedi là, « trois extrémistes religieux ont tenté de dépouiller un  agent des unités d’intervention de son arme pendant qu’il protégeait une agence de la Banque centrale à Sousse », déclare le ministre. Les assaillants ont été arrêtés sur le champ. Dans la même journée, à Akouda, une délégation de la même ville, un homme est arrêté en possession d’un revolter, de munitions et d’un testament indiquant qu’il se préparait à un attentat suicide.

Plus au sud, à Ouadi Rebai, à 20 km de Ben Guerdane, une quatrième opération a eu lieu à l’aube du dimanche 4 août, pendant laquelle des agents de la garde nationale ont arrêté un camion qui contenait plusieurs armes, notamment :

  • 10 kalachnikov
  • 20 grenades
  • 5 roquettes RBG
  • 2 mitrailleuses

Ils ont également découvert dans le camion plus de 1 000appareils électrochoc,  un stock de munitions, des téléphones portables, une radio et des jumelles.

Ce n’est qu’après une course-poursuite et des échanges de coups de feu que le conducteur du camion et son compagnon ont été arrêtés. L’un d’eux a été blessé, et le deuxième a été mis en état d’arrestation. M. Ben Jeddou a précisé que, d’après l’enquête préliminaire, l’un des deux prévenus avait été emprisonné dans « l’affaire du groupe terroriste de Soliman en 2006 et il a bénéficié de l’amnistie générale décrétée en 2011 ».