L’État est terrifié depuis un certain temps par ce qu’il a lui-même généré depuis deux décennies de règne : une poudrière sociale qui trouve dans le renfermement identitaire et l’intégrisme religieux les seules réponses à son désœuvrement. Le déchainement de forces policière et judiciaire depuis quelques mois sur les groupes de supporters qui commençaient à s’autogérer en de contrepouvoirs de masse au sein des stades de football en est la preuve : si une poignée de supporters chevronnés ont réussit à créer un phénomène de masse autour d’un sport populaire, que dire de groupuscules d’illuminés autour d’un prétendu « djihad » ?!? Terrifié, l’état cherche donc des alternatives à proposer à ses sujets et ce qu’il appelle « l’image » lui semble un bon moyen de renverser les choses en sa faveur.
D’un autre côté, les vieux de la vieille du cinéma dans le pays se rendent compte qu’il ne leur reste qu’une poignée d’années avant la retraite étant donné le flot sans cesse plus important de nouveaux venus dans le secteur. Comprenez par « vieux de la vieilles » : « les parrains, les patriarches et les apparatchiks qui se sont depuis longtemps accaparés le pouvoir, hermétisés et autarciés le milieu et ont fait pourrir le système ». Eux aussi sont terrifiés à l’idée de la passer, leur retraite, dans l’oubli et l’indifférence. Mais surtout, ils sont terrifiés à l’idée du dénuement que leur causerai cette nouvelle génération massive en personnes et en productions. Vendre donc à l’état un projet qui leur permette de s’en mettre plein les poches et aux autorités de modeler et de diffuser une matière « audiovisuelle » qui lui convienne et qui est susceptible de son point de vue de stopper la pente islamiste que prend la société tunisienne tombe donc à pic pour les deux parties. Les voilà donc main dans la main, à entamer à la fois en cachette et en public cette entreprise strictement financière pour les uns et politique pour les autres. Dans le projet de « réforme pour le développement du cinéma et de l’audiovisuel en Tunisie » proposé par la commission consultative au ministère et accueilli favorablement par celui-ci, il n’y a rien qui soit dans une perspective culturelle ou en faveur du cinéma, au contraire.
Neutraliser Les Jeunes
C’est sous ce terme aux relents à la fois patriarcaux et populistes que la menace est résumée : « les jeunes ». « Jeunes » qu’il faut neutraliser sur deux plans : leur quantité et leur marge de liberté.
L’état et les « vieux de la vieille » ont donc un ennemi commun. Ils sont terrifiés tous les deux par cette vague de nouveaux cinéastes qui tournent des films en vidéo, parfois sans autorisations et dans la plus part des cas sans subventions : des films libres donc de tout control étatique et de toute mainmise « professionalisante ». Il faut donc que le projet qu’ils mettent en place ensemble arrête cette hémorragie libertaire du cinéma tel qu’on vient de la connaitre ces dernières années. Exactement de la même manière, l’hémorragie libertaire que les groupes de supporters ont installée dans les stades est en cours d’être totalement et définitivement stoppée. Mais contrairement aux supporters de foot qui n’avaient aucun statut légal, les nouveaux cinéastes, producteurs, techniciens, comédiens… ne sont pas aussi marginaux, il faut donc leur barrer la route législativement. L’idée est pour les autorités de réduire cet espace de liberté incontrôlable qu’est devenu le cinéma et pour les producteurs patriarches de redevenir peu nombreux afin de re-monopoliser ce qu’ils appellent « le gâteau », à savoir la subvention d’une part et les prestations de services pour les productions étrangères d’autre part. D’où la préparation et la mise en place en catimini de plusieurs mesures restrictives et régressives comme par exemple le durcissement du « cahier des charges » concernant les sociétés de production que l’on dit en préparation ou la soudaine résurgence de la « carte professionnelle » dans la confusion, l’hermétisme et l’arbitraire les plus patents, sans compter l’instauration d’un faux « guichet unique » qui n’est autre en pratique qu’un moyen de censure au moment de la demande de l’autorisation de tournage, etc.
La première étape est donc de neutraliser le flux des nouveaux venus et la seconde celle de mener une razzia sur l’argent du contribuable et les capitaux étrangers.
Moins on est, plus grande est notre part du gateau
C’est en somme sous ce mot d’ordre que se liguent un certain nombre de producteurs de « notoriété » (comme ils se plaisent à se définir). Producteurs de « notoriété » qui viennent de terminer laborieusement et en retard de 8 mois leur « rapport de réforme pour le développement du cinéma et de l’audiovisuel en Tunisie ».
Ce sont ces mêmes personnes qui ont participé activement ou passivement à la dégénérescence du cinéma en Tunisie et à qui on a confié des missions de réformes qui ont échouée et à qui on confi aujourd’hui encore un projet de réforme. Cette mafia ratée composée principalement par certains « anciens producteurs » ou « anciens réalisateurs devenus anciens réalisateurs producteurs » n’est pas décidée malgré sa sénilité à lâcher prise. Aujourd’hui plus qu’hier, à cause de ce projet de réforme, elle aiguise ses couteaux pour comme elle le dit : « se partager le gâteau ». Et s’ils ne vous jugent pas assez de « notoriété » pour faire partie de leur club fermé installé dans un bureau exigüe de l’U.T.I.C.A., et bien se sera le chemin de croix pour vous, pauvres fous qui avaient décidé de faire du cinéma votre métier ! Le rapport de la sous-commission « production » est particulièrement frappant à ce sujet. Même si vous réussissez à surmonter toutes les difficultés déjà énumérées, il vous restera encore du chemin : dans un premier temps vous ne pourrez faire que des courts-métrages. Quand vous en ferez un certains nombre, vous pourrez avoir l’effronterie d’être un producteur de long-métrage. Et quand vous le serez, ne vous croyez pas capables de pouvoir offrir vos services aux productions étrangères, car il faut être « de notoriété » pour cela, et vous savez bien que seuls nos « vieux de la vieille » sont aptes à vous juger assez « de notoriété » ou pas. Les soi-disant « producteurs » vétérans tunisiens qui font un film tous les dix ans veulent inventer un système unique au monde dans lequel une ségrégation existe entre les sociétés de production, comprenez entre les producteurs. Ils se mettent bien évidement, tout en haut de la pyramide, les autres producteurs devront trimés des années et attendre que les anciens les bénissent pour pouvoir faire un long-métrage subventionné ou de la prestation de service. De plus, dans ce nouveau système sur-mesure, le producteur n’investit pas de l’argent dans la production d’un film, mais en reçoit : toutes les subventions vont au producteur (même l’aide à l’écriture et l’aide à la distribution (sic)) et de plus, ils se réservent une « prime à la qualité » (re-sic) qui serait attribuée aux plus méritants d’entre eux, comprenez : non seulement ils ne veulent pas dépenser un sou pour produire un film mais ils veulent après l’avoir fini, bénéficier d’une somme d’argent qu’on leur attribuerai pour ne pas avoir fait leur travail !
Ainsi, les uns se garantissent une retraite dorée (et après moi le déluge), les autres mettent au pas le cinéma (en attendant de le mouler entièrement à leurs besoins). C’est donc dans une perspective uniquement politico-financière de verrouillage et de contrôle qu’est en train de passer en force ce projet de réforme malgré la résistance de quelques-uns. Il est maintenant grand temps pour cette résistance qui a été jusqu’alors dans une démarche de dialogue (qui s’est avéré de sourds) de se réorganiser rapidement dans une démarche d’affrontement frontal et radical destiné à rompre l’étau avec lequel certains étouffent le cinéma en Tunisie et avec lequel ils veulent aujourd’hui l’achever définitivement en vendant ce qu’il reste de lui aux télévisions et aux promoteurs de multiplexes.
Un bon exemple dans le domaine de l’audiovisuel, qui est important dans le cote mediatique de la politique de la dictature. 23 ans de fonctionnaires qui acceptent tout pour leur salaire meme si la loi a ete detronee et oubliee pour les trabelsi et jusqu’a nos jours, ils se considerent comme des soldats qui recoivent les ordres. Il est facile de dire qu’on ne peut rien faire, mais la realite dit que vous etes des laches ( fontionnaires vous avez un syndicat ) et vous oubliez le peuple qui vous paye.
L’agriculture est primordiale en Tunisie et nous pouvons nous satisfaire, mais ses fontionnaires sont inertes pour le salaire mensuel. Ces gens, fontionnaires en particulier, oublient que leur salaire vient de la sueur du peuple de la Tunisie et suivent les ordres de ben ali et laila. Ils ne veulent pas penser a l’avenir de leurs enfants et de la Tunise, l’avenir leur fera voir ce qu’ils ne veulent pas reconnaitre ( la destruction de notre cher pays ). La Tunisie n’a pas besoin de ces laches qui supportent les opportunistes ben ali et laila.
Vous savez la Tunisie a besoin de qui? Abou El Kacem Echabi l’a dit depuis longtemps mais…….