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Hakim Ben Hammouda, nouveau ministre de l’Économie et des Finances, a tenu la semaine dernière, une conférence de presse au siège de son ministère, avec à l’ordre du jour : « Les priorités économiques du gouvernement ».

Ce qu’il faut retenir …

Au cours de la conférence de presse, qui a duré plus d’une heure, Hakim Ben Hammouda a évoqué plusieurs sujets, sans réellement se démarquer de la politique des derniers gouvernements. Ce qui a poussé certains journalistes à lui demander ce qui va changer par rapport à ses prédécesseurs. Nous noterons, cependant, quelques points dignes d’intérêt. Ben Hammouda a déclaré que pour l’année 2014, le déficit budgétaire risque de se creuser davantage. Nous nous demandons alors à quoi sert l’austérité ? Il a également déclaré que le taux d’endettement risque de dépasser les 50%. Contrairement à Amine Mati, représentant du FMI qui avait déclaré, au mois de février 2013, que le seuil de soutenabilité de la dette était de 50%, Ben Hammouda affirme, ainsi, qu’il n’y a pas de danger tant qu’on n’a pas atteints la barre de 60% du PIB. Qui dit mieux ? Rappelons que lors de son apparition à la télé, au début du mois, le chef du gouvernement, Mehdi Jomaa évoquait une nécessité d’emprunt de 12 milliards de dinars pour subvenir aux besoins de l’Etat. Le lendemain matin, à la une du quotidien Le Maghreb, Hakim Ben Hammouda parle de 13 milliards de dinars. Cette fois, soit quelques semaines après, Hakim Ben Hammouda nous annonce, lors de la conférence de presse, que les besoins de financement extérieur sont de 8 millions de dinars : un chiffre confirmé par le directeur des ressources et équilibres, qui était assis juste derrière lui.

En ce qui concerne l’audit des banques, Hakim Ben Hammouda a déclaré que l’audit de la Banque Nationale Agricole ne répondait pas aux critères professionnels exigés. « Le gouvernement choisira un autre auditeur d’ici la fin de semaine. » déclara-t-il. Nous trouvons également bizarre que Hakim Ben Hammouda ait insisté sur le fait que les contrats avec les auditeurs n’ont pas été signés par le ministère des finances, mais plutôt par les banques elles-mêmes. Pourtant, le choix des auditeurs avait été fait par le gouvernement Laarayedh et les Cahiers des charges étaient publiés au nom du ministère des finances.

Ce qui nous a encore plus étonné, c’est que le ministre de l’économie et des finances ait déclaré que les biens confisqués ayant appartenus à la famille Ben Ali, qui étaient estimés à la fin de l’année dernière à un peu plus d’un milliard de dinars, seront vendus à 300 millions de dinars seulement !

Avril : le mois de la communication …

Hakim Ben Hammouda a évoqué le mois d’avril à plusieurs reprises. Lors de ce mois, le gouvernement organisera une série de conférences et de consultations nationales dans le but de créer un consensus autour des réformes qu’il implémentera, pendant les prochains mois. En plus de la conférence nationale sur l’économie annoncée par Mehdi Jomaa, lors du son interview, évoquée également par Antonio Nucifera, économiste en chef auprès de la Banque Mondiale, lors d’une réunion avec la commission des finances de l’ANC, Hakim Ben Hammouda a annoncé l’organisation d’une conférence nationale sur le modèle de développement, ainsi qu’une conférence pour présenter le futur rôle de l’Etat dans le secteur bancaire. De même, le gouvernement Jomaa organisera une « consultation nationale sur la fiscalité », d’ici la fin d’année. (Fakhfakh parlait d’ « assises nationales sur la fiscalité » vers la fin de l’année 2013) Serait-ce une volonté du gouvernement de suivre une approche participative et inclusive ? Ou une simple application d’un plan de communication qui vise à éviter toute protestation ou critique ? 

Hakim Ben Hammouda a parlé également d’une conférence de presse qui sera organisée pour parler de la « coopération internationale ». Nous nous demandons, si c’est à cette date que le gouvernement va nous présenter le nouveau prêt de la Banque Mondiale, qu’ont soulevé les directeurs du ministère des finances, entre eux, avant l’arrivée de Hakim Ben Hammouda dans la salle ?

Hésitation, anxiété et gestuelle …

A la fin de la conférence de presse, les journalistes qui étaient présents, étaient déçus par la langue de bois que tenait le nouveau ministre. Outre les réponses vagues que Hakim Ben Hammouda a apporté aux questions des journalistes, nous n’étions pas les seuls à remarquer que son discours était, depuis le début, teinté d’une incertitude qui s’était manifestée sous des formes diverses. Au niveau oral, phrases incomplètes, bégaiements et lapsus étaient notables tout au long de la conférence. De même, la gestuelle du nouveau ministre était assez marquante. Tout comme Mehdi Jomaa, lors de son interview diffusée à la télé, au début du mois, Hakim Ben Hammouda serrait fréquemment ses poings. Cela représente un signe d’anxiété, dit-on. Nous avons remarqué aussi qu’à un certain moment, l’index de Hakim Ben Hammouda tremblait. Une overdose de de café ou encore un signe d’anxiété ? On a fini par lui verser un verre d’eau fraiche …