L’agence de communication Karoui & Karoui, à l’origine du légendaire spot publicitaire « Ahna Ezzine », s’est de nouveau distingué cette semaine par sa campagne sur le « provisoire ». Alors que la campagne électorale pour le deuxième tour des élections présidentielles n’a pas officiellement commencé, K&K a procédé au collage de plusieurs affiches dans les lieux publics.
La Politisation du Terrorisme
Cette campagne d’affichage urbain cible les électeurs indécis à travers des thèmes sensibles susceptibles d’attirer leur attention. Elle utilise des techniques de marketing politique visant à stimuler l’émotionnel du citoyen et à inhiber son analyse rationnelle. Elle a pour objectif de donner une nouvelle virginité au modèle de gouvernance des artisans de la restauration. Elle tend notamment à propager l’idée que le terrorisme et le jihadisme seraient associés à la révolution (l’affiche mentionne la période 2011-2014), que ce serait un phénomène « provisoire » qui n’existait pas sous la dictature de Ben Ali.
Le fait que les frères Karoui n’aient pas dénoncé le terrorisme sous Ben Ali est une chose, mais faire croire à l’opinion publique qu’il est intrinsèquement lié à la révolution en est une autre. C’est un flagrant délit d’occultation des faits et de tromperie de l’opinion publique.
Le Salafisme Jihadiste sous la Dictature de Ben Ali
Afin de pallier à cette falsification, il serait utile de rappeler un certain nombre de faits :
Le jihadisme est apparu dans notre pays dans les années 80 avec les jeunes qui sont allés combattre l’envahisseur Russe en Afghanistan, certains d’entre eux sont même devenus des chefs talibans. Ce sont d’ailleurs deux jihadistes Tunisiens qui avaient assassiné le Commandant Massoud, le légendaire et charismatique leader de la résistance Afghane, en septembre 2001. Ces deux jihadistes faisaient partie du « clan des Tunisiens », un groupe de combattants sous le commandement de Seifallah Ben Hassine, alias Abou Iyadh, et de Tarek Maaroufi. Il est important de mentionner que Abou Iyadh, Tarek Maaroufi ainsi que plusieurs jihadistes ont été amnistiés, en mars 2011, par le gouvernement transitoire de Béji Caid Essebsi, suite au décret-loi n° 2011-1 signé par le président par intérim Fouad Mebazaa. C’est à la suite de sa libération qu’Abou Iyadh a fondé le mouvement salafiste jihadiste Ansar Acharia.
En Avril 2002, l’attentat de la Ghriba avait fait une vingtaine de morts, dont la majorité étaient des touristes Allemands, attentat qui a eu un impact majeur sur notre tourisme et qui a fortement détérioré nos relations avec l’Allemagne. D’ailleurs, le très compétent gouvernement technocrate de Ben Ali avait tenté de camoufler les indices de l’attentat dans le but de brouiller les pistes, causant ainsi un grave incident avec les autorités Allemandes qui ont par la suite opéré un forcing pour envoyer leurs propres enquêteurs.
Il y a eu un deuxième flux, amplement plus important, qui a concerné les jeunes tunisiens qui se sont portés volontaires pour combattre les Américains lors de l’envahissement de l’Irak en 2004, ils ont été des centaines de jeunes convertis au salafisme jihadiste. Les autorités tunisiennes avaient d’ailleurs découvert à cette époque que des milliers de jeunes, dans notre pays, étaient attirés par les thèses salafistes propagées par la mouvance de Ben Laden.
En Décembre 2006 à Soliman, l’affrontement armé entre les forces de sécurité et les jihadistes avait duré 3 semaines. Il avait fait plusieurs morts parmi les forces de sécurité et abouti à une vague d’arrestations à travers tout le pays.
Le terrorisme est un phénomène mondial
Il faut garder en tête que le terrorisme est un phénomène pandémique qui sévit dans tous les régions du monde (Afghanistan, Kenya, Pakistan, Etats-Unis, Angleterre, Espagne, France, Indonésie…). Il résulte de la politique américaine au moyen orient et se nourrit du conflit palestinien.
Tant que les américains sont présents en Afghanistan et en Irak, tant qu’ils ont des bases militaires dans les pays arabes, tant que le conflit israélo-palestinien n’a pas été résolu, tant que le monde arabe est cadenassé par la dictature et le sous-développement et qu’il n’impose pas sa souveraineté, les jihadistes s’en donneront à cœur joie avec leur propagande car ce sera leur principal argument de vente.
Ce n’est donc pas un phénomène national qui résulte de choix politiques ! Vous pouvez construire des murs tout autour de notre territoire, asseoir la plus féroce des dictatures, vous ne pourrez jamais en venir à bout. La seule façon de le combattre sera le développement économique conjugué à la lutte contre la pauvreté, l’injustice et la corruption.
Ce serait Beji Caïd Essebsi qui fit preuve de magnanimité à l’égard de Abou Iyadh et d’autres avec l’assentiment de Fouad M’bazaa, alors placé au palais de Carthage.
Si vous cherchiez à en inférer une relation de causalité dans le but, implicitement suggéré, d’invoquer l’inconscience et/ou l’inconsistance de leur jugement au point de laisser penser qu’ils auraient, ce faisant,libéré de dangereux terroristes, la ficelle est un peu grosse. Ou bien ces messieurs incarnent la dictature passée, et celle à venir si l’on en croit certains esprits capables de lire le futur, et il devient difficile de donner sens à cette décision; ou bien cela peut être porté à leur crédit d’avoir élargi des prisonniers d’opinion, preuve de leur loyauté aux préceptes de la nouvelle ère et de leurs convictions démocratiques.
Selon le parti-pris de chacun, cette histoire relevée comme argument central de votre point de vue, est susceptible d’être lue en négatif ou en positif.
On aurait attendu un relevé aussi précis,identités des personnes reprises, de tous ceux qui bénéficièrent de la grâce accordée par monsieur Marzouki. Mais, la liste eût été bien longue, sans doute.
Lequel de ces personnages illustres a les faveurs des amis de ceux qui profitèrent des circonstances et des décisions contingentes? Voyez qui bénéficie du soutien des islamistes, et vous aurez la réponse.
Je crois que l’auteur essayait surtout de dénoncer une instrumentalisation politique du terrorisme et de la “menace islamiste”, dont cette campagne de publicité est le dernier avatar. Des régimes et des gouvernants, “démocratiques” ou non, qui sont soit incapables d’affronter les problèmes sociaux à défaut d’avoir un programme social dans un contexte mondial de néolibéralisme exacerbé (et l’Islam néolibéral n’est clairement pas la solution), soit n’en ayant aucune intention car ouvertement au service des nantis n’ont d’autres recours que d’attiser la “menace fantôme” du terrorisme (prophétie auto-réalisatrice) comme unique légitimation du Régime et du traitement policier des problèmes sociaux. C’est cela le retour à l’ancien Régime. A croire que la Tunisie est un pays ingouvernable sans terrorisme (l’Etat profond étant un Etat policier, il ne fait que ce qu’il sait faire et on a bien compris en quatre ans qu’il ne sait rien faire d’autre et que subséquemment le plus grand nombre étant bien placé pour le savoir son consentement est nul et la restauration de l’autorité de l’Etat ne peut passer que par la politique de la matraque, la prison et la torture). Une telle campagne de publicité est aussi une incitation au terrorisme, un terrorisme indispensable à l’exercice du pouvoir et qui permet aussi en en rajoutant à pleine louche d’obtenir les financements sécuritaires externes qui permettront de faire vivre un Etat néolibéral. Au lieu de réclamer, par exemple, l’annulation de la dette et la tenue des promesses de Deauville…. Belle trahison des élites autoritaires prêtes à la politique du pire au lieu de… partager !
Allah latrebbi7hom hal KKK de la Tunisie!!!
L’essentiel du thème decette campagne repose sur le concept de”provisoire”. Comment n’avez-vous vu que le concept-choc de deterrorisme? Est-ce pour vous étaler surle rôle de Beji CaidEssebsi? Quelle tournure d’esprit. Et d’ailleur n’est-cepas ceterme de”provisoire” qui a faitenrager Marzouki, et l’a poussé à ordonner leur enlèvement immédiat.Il faudrait admettre que cette campagneest de la provocation. Et elle a bien reussi, puisque la réaction de Marzouki a été immédiate. Accomodez donc votre vision des choses au lieu de prendre des vessies pour des lanternes.
@ Bechir
Et ce clip de campagne, c’est quelle “tournure d’esprit” ?
https://www.youtube.com/watch?v=5HiUn_mntPc&feature=youtu.be
K&K c’est Tarek Ben Ammar et le visage de l’ancien système et de la dictature. C’est l’argent corrompu de la Tunisie et de l’étranger (EAU ?) qui finance cette propagande de b as niveau. Ce que je ne peux comprendre, c’est le silence de la Haica à ce propos et l’affaire va bien sûr être déclassée oubliée puisque Mr. Karoui est supporté par les enfants de son bouh lahnin qui sont partout au sein de la « justice » tunisienne. Cette « justice » n’a-elle-pas supporté l’RCD contre Ettakatol concernant le siège de Kasserine malgré les preuves présentées par l’ISIE (violence, propagande électorale au sein même du bureau de vote commisse par les milices de l’RCD) et cette même « justice » n’a-elle pas refusé toutes les demandes de Marzouki dans un temps record ? Notre pays est malheureusement la proie entre les mains d’une bande qui contrôle medias, justice et administration et la démocratie n’est pas pour demain surtout après une victoire probable de Caid les dictateurs (l’argent, l’administration, les medias, les forces de l’ordre sont de son coté donc il ne peut que marquer le but).