Le 16 janvier 2016, Ridha Yahyaoui rend l’âme. Suite au retrait de son nom d’une liste de diplômés chômeurs bénéficiaires de contrats d’embauche promis en février 2015, il est électrocuté après avoir grimpé un poteau devant le siège du gouvernorat de Kasserine en guise de protestation. Pour les chômeurs des régions les plus marginalisés, son décès était la goutte qui a fait déborder le vase. Déclencheur d’un mouvement de contestation à Kasserine, l’incident a provoqué une onde de choc qui s’est propagé dans plusieurs villes tunisiennes, poussant le gouvernement à décréter un couvre-feu nocturne entre le 22 janvier et le 4 février. Dès le 17 janvier 2016, les jeunes de Meknassi rejoignent la contestation.
Ridha Yahyaoui : Un stylo m’a tuER
22/01/2016
Comme dans toutes les autres villes où la contestation sociale fait rage, ils revendiquent des emplois et du développement. La réponse sécuritaire donne place à de violentes confrontations entre manifestants et forces de l’ordre. La tension est montée. Le poste de police est brûlé et saccagé. Les protestataires barrent la route nationale N° 14. Le 4 février 2016, les diplômés chômeurs de Meknassi décident d’entamer un sit-in, baptisé « Haremna », à l’intérieur du siège de la délégation. Les interventions policières se sont multipliées. La dynamique contestataire s’est momentanément essoufflée. Fin juillet 2016, le gouverneur de Sidi Bouzid accepte de formuler un accord de recrutement rapide avec les diplômés chômeurs. Mais, au bout de quelques semaines, il se rétracte. En signe de protestation, les jeunes de Meknassi lancent l’action « Écrasez-nous pour passer ! » [إدهسونا لتمروا] du 29 au 31 août : ils se sont allongés sur la route GP14, itinéraire des camions transportant le phosphate depuis le Bassin Minier, afin de faire pression sur le gouvernement.
Revenus à la charge le 30 décembre 2016 en proclamant la désobéissance civile à Meknassi, leur action bénéficie d’un large soutien des habitants de la ville. La répression policière embrase la situation plutôt que la stabiliser. L’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) propose une médiation et suggère des solutions de sortie de crise. La désobéissance civile prend fin le 04 février. « Pour une fois, nous avons réussi à avoir un accord d’embauche immédiat pour 12 diplômés chômeurs qui ont plus de 40 ans et d’intégrer le reste des sit-ineurs dans des entreprises publiques avec des contrats de cinq ans jusqu’à leur titularisation. Malheureusement, au bout de trois jours, le dossier de Meknassi a été transféré de l’UGTT au gouverneur de Sidi Bouzid. Depuis, blocage total », se rappelle Abdelhalim Hamdi, diplômé chômeur et coordinateur des mouvements sociaux à Meknassi. Depuis, leurs revendications n’ont eu que la sourde oreille du gouvernement.
Jeudi 15 juin 2017, les militants de la dynamique « Haremna » barrent la route aux camions de phosphate venant de Gafsa mobilisés en remplacement de deux trains bloqués au niveau de la même ville depuis près de deux mois. Jusqu’ici, aucune réaction des autorités. La ville est livrée à elle-même. Calme précaire à Meknassi.
Mouvements sociaux à Meknassi : Chronologie des faits
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2016
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17 janvier 2016
Déclenchement des manifestations à Meknassi suite au décès de Ridha Yahyaoui. -
3 février 2016
Début du sit-in « Haremna » dans les locaux la délégation de Meknassi. -
31 juillet 2016
Engagement du gouverneur de Sidi Bouzid en faveur d’un recrutement rapide des diplômés chômeurs. -
29 août 2016
Lancement de l’action « Écrasez-nous pour passer ! » [إدهسونا لتمروا] jusqu’au 31 août. Blocage de la route GP14 pour bloquer les camions de phosphate venant de Gafsa. -
2 septembre 2016
Réunion avec le ministre des Affaires sociales, le ministre de l’Emploi et le ministre de la Fonction publique et de la gouvernance sans parvenir à trouver à des solutions. -
27 septembre 2016
Convocation de certains militants de la dynamique « Haremna » par la police judiciaire. -
29 septembre 2016
Annulation d’une deuxième réunion avec les ministres susmentionnés prévue le 30 septembre. -
30 septembre 2016
Rassemblement des protestataires au gouvernorat de Sidi Bouzid pour dénoncer « la criminalisation des mouvements sociaux ». -
23 novembre 2016
Rassemblement contestataire au centre-ville de Meknassi sous le slogan « nous ne voulons pas brûler ». -
27 décembre 2016
Blocage de la route principale de Meknassi par les militants du sit-in « Al Massir ». -
28 décembre 2016
Convergence des trois dynamiques contestataires de Meknassi, à savoir « Haremna », « Al Massir » et les ouvriers des chantiers et annonce d’une fusion. -
30 décembre 2016
Annonce de la désobéissance civile à Meknassi par les trois dynamiques contestataires. -
2017
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10 janvier 2017
Rassemblement devant le siège du gouvernorat de Sidi Bouzid et appel à la démission du gouverneur. Occupés plus tard par les manifestants, les bureaux du gouvernorat ont été évacués par les forces de l’ordre. -
2 février 2017
Fin de de la désobéissance civile et maintien des sit-in. -
4 février 2017
Occupation des locaux de la section locale de l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) par le coordinateur des mouvements sociaux à Meknassi, Abdelhalim Hamdi. -
5 février 2017
Médiation de l’UGTT entre les protestataires de Meknassi et le gouvernement. -
6 février 2017
Engagement du gouvernement en faveur d’un recrutement immédiat de 12 diplômés chômeurs ayant plus de 40 ans et d’une intégration progressive des autres participants aux sit-in dans des entreprises publiques. -
10 février 2017
Transfert des dossiers de Meknassi au gouverneur de Sidi Bouzid pour assurer le suivi et concrétiser les accords. -
21 février 2017
Blocage de la route nationale N°14 par les militants de la dynamique « Haremna » suite aux tergiversations des autorités locales. -
14 avril 2017
Fermeture du bureau d’emploi de Meknassi par les contestataires en guise de protestation contre le contrat d’El Karama et rassemblement devant le gouvernorat de Sidi Bouzid. -
17 mai 2017
Blocage de deux trains de la Compagnie de Phosphate de Gafsa (CPG) par les militants de la dynamique « Haremna ». -
15 juin 2017
Reprise de l’action « Écrasez nous pour passer » sur la route nationale N°14.
This video was supported by the Rosa Luxemburg Stiftung with funds from the German Federal Ministry for Economic Development and Cooperation.
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Toujours les mêmes articles pour faire du remplissage et se croire une journaliste professionnelle, de gauche et d’avant- garde et montre la réalité…..etc.Mais prends ses désirs ses illusions naïves et ses motivations idéologiques pour de la réalité. Or pour comprendre la réalité profonde des phénomènes sociaux avec leurs contradictions, il faut utiliser une grille d’analyse cohérente et efficace: 1) Les mouvements de contestation sociales ne sont pas une révolution et peuvent être sans aucune efficacité et donc inutiles. 2) Un journaliste ne doit pas se suffire à décrire la réalité, mais doit l’analyser pour éclairer ses lecteurs. 3) Le changement réel ne doit^pas être rêvé, mais construit puis réalisé.
chomeur diplomé … ou diplome de chomeur, quelle différence ??
vous copiez la France et son système d’enseignement totalement inadapté aux réalités économiques du pays.
vous n’avez jamais rien inventé … tout ce que vous faites: copier !!!
à quoi bon former des diplomés chomeurs ??
que peut-on demander à l’Etat ??
augmenter le nombre de fonctionnaires déjà excessif, et à 80 % improductifs ??
800 000 contre … 150 000 en Suisse pour la mème population !!!
en Suisse, système d’enseignement germanique, une économie diversifiée, un chomage faible … voilà un pays qu’il faut s’en inspirer, pas la France.
on peut ajouter Malta, juste à coté, ou S’pore et son PIB à … $65 k !!!
et malgré le stock important de diplomés chomeurs, on continue à en produire davantage chaque année !!!
un pays de moutons suiveurs, dirigé par des bourriques …
Avec un tel immobilisme au niveau des grands choix de l’état:
– Toujours même modèle de distribution des richesses,
– une grande peur de la démocratie et de l’intelligence locale qui anime les gouvernants,
La Tunisie pourra continuer à vivre avec des tels mouvements sociaux… Mais jusqu’à où?
N’empêche que la lutte doit continuer.