Demain, la liste des anciens dirigeants tunisiens et proches de Ben Ali aux fonds gelés en Europe pour détournement de fonds sous l’ancien régime passera de 48 à 47 personnes. « Seule modification : le retrait d’une personne de la liste noire, Mohamed Marwan Ben Ali Ben Mohamed MABROUK », lit-on dans un article paru dans Bruxelles2Pro, section payante du journal en ligne B2 destinée aux professionnels francophones de la diplomatie européenne.
Contactés par Nawaat, des professionnels de la diplomatie européenne ont confirmé avoir eu vent de la même information. Interrogés sur la réputation de ce journal dans leurs milieux, ils l’ont qualifié de « bien introduit » et « crédible ». « Explication : les autorités tunisiennes ont obtenu ‘un moyen de paiement pour les fonds litigieux’ », rapporte le même journal en ligne européen dans son édition du 17 janvier. Pour sa part, la délégation de l’Union européenne en Tunisie nous a référé aux services concernés à Bruxelles.
« Désormais, nous n’avons qu’à attendre. En tant que diplomatie tunisienne, nous avons le devoir de transmettre la demande du chef du gouvernement. Notre rôle est d’être les interlocuteurs des pays étrangers. Une telle demande passe nécessairement par les canaux diplomatiques », nous a confié une source officielle du ministère des Affaires étrangères. Il s’agit de la première confirmation de l’information révélée par I Watch, depuis un mois et demi, puisqu’aucune réaction gouvernementale n’a suivi la dénonciation faite par cette organisation-antenne tunisienne de Transparency International. Le chef du gouvernement Youssef Chahed a gardé le silence, même face au ton audacieux d’I Watch allant jusqu’à le qualifier de « nouvel apprenti de Marouen Mabrouk ».
Le 25 janvier 2019, I Watch a accusé le gouvernement français d’« ingérence » pour avoir exercé « des pressions » sur l’administration de Youssef Chahed. « Ces pressions auraient abouti à la demande formulée par Mr Chahed à l’UE pour la levée du gel des avoirs de Marouane Mabrouk, ce qui permettrait la vente des parts de capital d’Orange Tunisie comme mentionné ci-dessus. En effet, la législation française interdit ce genre d’opérations avec des partenaires figurant dans la liste noire de l’UE », avance I Watch. Sollicitée par Nawaat dimanche soir, plus de 48 heures après l’accusation d’I Watch, l’ambassade de France en Tunisie n’avait pas de réaction à nous exprimer sur le sujet, s’abstenant même de confirmer ou démentir, du moins « pas à ce stade ».
Confisqués depuis le jugement en référé du 28 février 2011 puis en vertu du Décret-loi n°2011-13 du 14 mars 2011, les avoirs de Marouen Mabrouk en Tunisie le sont restés malgré ses nombreux recours, le dernier ayant été débouté le 12 juillet 2018. D’après une correspondance portant sur le même sujet datée du 22 janvier 2018, révélée le 12 décembre 2018 par Attayar News et destinée par l’ambassade tunisienne à Bruxelles à la Division de la politique des sanctions du Service européen pour l’action extérieure, les fonds de Mabrouk dans les pays membres de l’Union européenne s’élèvent à 7.454.347 euros. Selon un classement de la société multinationale de données et de renseignement Wealth-X datant de 2014 et n’incluant que les personnalités ayant des fortunes personnelles supérieures à 30 million de dollars, Marouen Mabrouk est la cinquième fortune tunisienne.
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