Texte posté le 26 novembre 2004 sur le forum Taht Essour en réponse à l’article de Ouildbled “Du statut de la question des détenus politiques à la lumière des dernières libérations.”
Le texte d’Ouildbled « Du statut de la question des détenus politiques à la lumière des dernières libérations » est stigmatique d’une opinion largement rependue sur la question des prisonniers politiques en Tunisie qui ne parvient pas à distinguer entre l’urgence humanitaire de la question et son cycle historique et politique indépendant de toute autre considération.
Il faut en premier lieu noter que la notion de prisonnier politique ou d’opinion n’existe pas sur le plan juridique interne ou international et qu’aucun pays n’avait jusqu’à présent reconnu la persécution de ses adversaires politiques ou leur condamnation pour leurs opinions. Le statut de prisonnier politique n’existe nul part. le seul statut particulier reconnu aux prisonniers jusqu’à présent est le statut de prisonniers de guerre élaboré par les conventions de Genève sur la question depuis le début du siècle dernier.
Cela fait que ceux que nous (militants des droit de l’homme et pour la démocratie et l’état de droit) qualifions comme des prisonniers politiques ne sont pas des prisonniers de droit mais des prisonniers de non droit, il n’y a pas de procès politique juste ni de condamnation pour acte politique qui peut être juridiquement justifiée sur le plan juridique. C’est pour cette raison que les organisations nationales et internationales de droit de l’homme observent ces procès pour les situer dans le cadre de la persécution politique que certains gouvernements exercent contre leurs citoyens pour les empêcher de contester le pouvoir en place et demander qu’il soit replacé par des gouvernements démocratiquement élus tirant leur légitimité du suffrage universel libre et souverain et responsables de leur gestion devant leurs sociétés.
En général les gouvernements totalitaires cherchent à justifier leur domination et leur monopole du pouvoir par un patriotisme fasciste en cherchant à se présenter comme les seuls gardiens de la patrie et les responsables de ses intérêts pour repousser la contestation de leur autorité et en désignant en même temps leurs adversaires par tous les qualificatifs nécessaires à justifier le sort qui leur est réservés. Ennemis de la patrie, suppôts de l’étranger, déstabilisateurs de l’ordre public, dangereux pour les acquis du pays, terroristes etc… les qualificatifs sont soigneusement sélectionnés à la mesure de l’ennemi du moment et dans le cas de la Tunisie les Islamistes occupent maintenant cette position qui conforte le pouvoir par le consentement tacite ou déclaré de leurs adversaires idéologiques les plus virulents qui croient naïvement que leur éradication ne peut que leur profiter.
C’est à partir de ce constat qu’on doit être amener à considérer tout opprimé politique ou d’opinion par les sacrifices qu’il consent pour défendre sa diversité et son propre courant politique et sa propre opinion ne fait que contribuer dans l’œuvre générale de l’émancipation de toute la société dans la direction de l’instauration d’un système qui permet l’expression de toute les diversités en son sein et que seul un Etat de droit est capable de le permettre et de le gérer.
En l’occurrence l’absence d’un statut de prisonniers politique de fait ou de droit pour les détenus politique Tunisiens ne doit pas nous empêcher de continuer la lutte pour leur libération et la dénonciation de la nullité de leur procès. Cette pression avait réussi à attirer l’attention sur leur situation et à alléger les conditions inhumaines de leur détention contraignant le pouvoir à leur reconnaître le statut ordinaire de détenus de droit commun. Si cette reconnaissance est suivie d’effet aujourd’hui tous les détenus politique tunisiens doivent être immédiatement libérés en vertu de la loi. Cette libération attendue en vertu du dernier discours du président qui dit oui en la prononçant non doit normalement clôturer l’aspect humanitaire urgent de cette question alors que la lutte politique pour un Etat de droit ne fait que commencer.
Il est prématuré de chercher à comprendre les raisons d’une tendance supposée à l’apaisement de la part d’Ennahdha et si elle serait tentée de se situer plus proche de l’RCD que des parti de gauche de l’opposition laïque ou si elle est à la recherche d’un compromis avec le pouvoir en contrepartie de leur libération consacrant la reconnaissance de son hégémonie sur le pays ne peut relever aujourd’hui que de la pure spéculation qui n’abouti qu’à semer la zizanie et le trouble dans les esprits dans un climat de suspicions généralisé qui ne fait qu’handicaper les efforts de ceux qui cherchent l’élaboration d’une alternative plurielle et démocratique pour ce pays.
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