Peut-on avancer de réponses sans se poser de questions ?
Pourquoi accoure-t-on pour voir les événements transmis par la chaîne qataris Aljazeera alors qu’on refuse de créer d’événements ou d’y participer ?
Pourquoi uniquement 0,1%* des jeunes tunisiens (29% de la population du pays est âgé entre 15 et 29 ans), sont-ils intéressé à la politique ?
Pourquoi seulement 1,4%** de la jeunesse tunisienne se destine-elle à la lutte pour une cause internationale juste ?
Pourquoi 41,4%*** des jeunes tunisiens rêvent-ils d’émigration ?
Pourquoi ceux qui militent au sein des partis de l’opposition sont-ils, dans le meilleurs des cas, quadragénaires ?
Pourquoi ceux-là paraissent-ils incapables de s’adresser à la jeunesse ?
Qui a brisé les ponts entre la jeunesse et la politique ? Quel est le pont qui lie la jeunesse à la politique ?
Pourquoi l’opposition tunisienne refuse-t-elle de s’adresser à la jeunesse, préférant l’opposition des interviews, des communiquées et des tribunes des capitales européennes ?
Pourquoi le mot révolution irrite-il à ce point l’ex « élite révolutionnaire » ?
Pourquoi a-t-on abandonné la culture de l’action révolutionnaire clandestine, les techniques efficaces des tracts, des journaux muraux nocturnes et des cellules de discussions pour choisir la très confortable cyberaction ?
Pourquoi la gauche radicale traite-t-elle les islamistes d’intégristes, de rétrogrades, d’obscurantistes, alors que les islamistes évitent de traiter les marxistes d’athées, d’excommuniés et d’hypocrites ?
Pourquoi condamne-t-on les islamistes d’être attachés fanatiquement au mythe de l’âge d’or islamique alors que la gauche, qui est encore un otage obscurci par l’âge d’or du militantisme des années 60-70, est blanchie ?
Quelle valeur a-telle la lutte pour la liberté d’expression si on se fixe la mission d’être un rempart contre l’islamisme ; c’est à dire de s’opposer aux droits politiques des islamistes ?
Pourquoi milite-t-on pour la libération des prisonniers islamistes si on va les taxer par la suite de rétrogrades et d’intégristes ?
Pourquoi combattre le fatalisme religieux si notre projet consiste à imposer un fatalisme laïc ? Et est-ce que le sacré est vraiment inexistant en dehors du champ religieux ?
Pourquoi la gauche a-t-elle un problème avec les valeurs arabo-musulmanes ? Pourquoi la gauche ne s’est-elle jamais prononcé sur les maux moraux qui sont en train de souiller l’identité culturelle de notre jeunesse ?
Pourquoi refuse-t-on de lire Ibn Rochd, Ibn Sina, Ibn Toufayl, Ibn Hazm, Al-Farabi, Ibn Arabi et les grandes figures de la civilisation musulmane ?
Pourquoi se permet-on de critiquer le projet islamique alors que la gauche n’a proposé aucun projet de société à part des mots comme liberté, démocratie et droit de l’homme ?
Croit-on encore que les mots ont encore un sens en dehors du seul critère de la réalité ? Pourquoi le mot démocratie n’a plus de sens ? Que signifie une démocratie si les gouvernements anglais, espagnol et turque négligent l’avis de leurs propres électeurs ?
Y-a-t-il vraiment de démocratie sans aventure colonialiste ? Pourquoi la quasi-totalité des soi-disant démocraties étaient-elles des nations colonisatrices ?
N’est-il pas temps de révolutionner notre vision du monde, notre culture politique et la logique de nos alliances ?
Pourquoi a-t-on toujours besoin de l’Occident officiel qui soutien la dictature en Tunisie si nous voulons vraiment se libérer de ces deux à la fois ?
Peut-il avoir d’opposition politique tunisienne sans culture politique tunisienne ? Si la réponse est négative, où est-elle donc cette culture ?
Peut-on militer contre la dictature sans se débarrasser du dictateur intérieur qui est au fond de chacun de nous ?
Peut-on vaincre la tyrannie si on ne se fixe pas comme objectif de militer contre les tyrans de l’opposition qui veulent monopoliser le quand, le comment et le pourquoi de l’action politique ?
Peut-il avoir d’engagement politique sans passion politique ? Et pourquoi le mot passion exaspère-t-il les oreilles de la gauche tunisienne ?
Sans littérature de qualité, sans art de qualité, sans artistes et littéraires de qualité, peut-il avoir d’évolution du champ culturel tunisien vers l’éclosion d’une passion pour l’engagement politique ?
Pourquoi ceux qui sont en prison peuvent-ils défier le tortionnaire en osant écrire de livres alors que ceux qui sont libres et vivent dans les pays libres du Nord sont incapables d’écrire ?
Pourquoi avons-nous seulement deux ou trois poètes tunisiens ?
Pourquoi n’avons-nous aucun romancier à la taille de Najib Mahfoudh, de Tayyeb Salah, de Abderrahman Mounif, de Amin Maalouf ou de Hanna Minah ?
Pourquoi ne célébrons-nous pas nos martyres morts dans les prisons ou sous la torture ?
A part le fait de tolérer timidement la masturbation et d’appeler à la patience et au jeun, que proposent les islamistes pour résoudre la crise de la sexualité qui ronge une jeunesse tunisienne incapable de se marier ?
Pourquoi militer pour un régime islamique si celui-ci va interdire la critique de la raison musulmane ?
Est-il sage de militer pour un Etat islamique avant de militer pour une réforme de la pensée islamique ?
Pourquoi nous oblige-t-on d’obéir aux avis jurisconsultes de Malek, d’Abou Hanifa, d’Ibn Hanbal et de Chafi’i alors que notre quotidien est mille fois plus complexe que leur avis juridique ?
Pourquoi impose-t-on à la femme musulmane actuelle d’accepter une formule d’héritage qui ne s’adapte plus à l’esprit du temps alors qu’on la prive de son droit à la dot et à la nafaqa, pourtant garantis par l’islam à la femme ?
Pourquoi propage-t-on l’idée machiste teintée de religieux prétendant que la femme est destinée au travail ménager alors que religieusement elle n’est pas tenue de le faire ?
Pourquoi les imams de cette version poussiéreuse de l’islam n’informent-ils pas les femmes qu’elles ont le plein droit, du point du vu religieux, de réclamer une rémunération contre le travail ménager qu’elles exécutent au foyer conjugal ?
Dans le Coran, pourquoi le Dieu-même de l’islam a-t-Il critiqué les traditions judéo-chrétiennes alors que les islamistes, les oulémas et les Cheikhs nous interdisent de jeter un regard critique sur notre tradition ?
Pourquoi certaines voix veulent-elles éterniser le débat autour d’un sermon (celui de l’imam Khlif concernant Charfi) vieux de presque un an ?
Pourquoi préfère-t-on chercher des excuses et des faux-fuyants pour manifester une opposition au front uni voire même pour la faire saboter (à l’instar de la toute-petite-pétition et le duel préfabriqué de Khlif/Charfi) alors que le vrai débat consiste à discuter du front de l’opposition ?
Peut-il avoir de débat sur le front de l’opposition en dehors du cadre du front même ?
Peut-on avancer de réponses sans se poser de questions ?
* Consultation nationale sur les jeunes réalisée en 1996 et réactualisée en 2000-2001(L’intelligent du 16 mars 2003).
** Ibid.
*** Ibid.
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