Je ne connais pas la dame, ancienne fonctionnaire du ministère de l’information, qui a commis un papier sur la TAP dans l’édition de TunisNews du 24 septembre 2005. Je n’ai pas la moindre idée des informations qu’elle détient et qu’elle a promis de rendre publiques prochainement.
Toutefois, pour étayer ses premiers arguments, concernant en particulier le rôle déterminant et exceptionnel de l’agence TAP dans la dégradation catastrophique du paysage médiatique en Tunisie, je tiens à apporter l’éclairage suivant.
Tous les responsables qui dirigent, aujourd’hui, le secteur de l’information dans le pays sont passés par l’Agence TAP, à la manière d’un jeu de chaises musicales qui se poursuit depuis « le changement ».
- Mohamed Ben Ezzeddine, l’actuel PDG, est un pur produit de l’Agence. C’est un journaliste qui a fait toute sa carrière à la TAP. Avant d’occuper, pendant quelques années, les fonctions de Directeur Général du journal « La Presse », il a été durant plusieurs années directeur de la rédaction à l’Agence qu’il a regagnée en 2000 avec le titre de PDG.
- Oussama Romdhani, l’actuel PDG de l’ATCE, est aussi un journaliste de la TAP. Il a été, pendant quelques années, le correspondant de l’Agence à New York. Entre parenthèses, La TAP n’a plus, depuis très longtemps, aucun bureau à l’étranger. Elle est la seule agence du monde arabe, et peut être du monde tout court, à être dans une situation pareille.
- Zine Amara, l’ancien directeur Général de l’information (à la retraite depuis quelques semaines), est aussi un journaliste de la TAP. Il a été pendant plusieurs années directeur de la rédaction avant d’occuper, quelque temps, le poste de directeur du journal « Le Renouveau ».
- Abdelhafidh Harguem, l’actuel directeur général de l’Union des radios arabes (ASBU) et qui a occupé pendant de longues années le poste de directeur général de l’ERTT, est toujours journaliste à la TAP. Il a été, pendant plusieurs années l’attaché de Ben Ali au ministère de l’intérieur.
- Mohamed Ben Salah, retraité depuis quelques semaines, occupait le poste de directeur du Desk International à la TAP. Il est le fossoyeur de l’Association des journalistes Tunisiens (AJT). Il a présidé aux destinées de cette prestigieuse organisation pendant quatre mandats, dont trois successifs, c’est-à-dire pendant 12 ans. Il continue, aujourd’hui encore, à diriger indirectement et en sous-main cette structure.
- Zohra Ben Romdhane, l’actuelle directrice générale du journal « la Presse » est aussi une journaliste de la TAP. Avant d’occuper ses fonctions actuelles, elle a été, entre autres, directrice de l’information au ministère de la femme.
- Sahraoui Gamoun, l’actuel directeur du quotidien « Essahafa », est toujours un journaliste de la TAP. Avant d’occuper ses fonctions à la tête de ce quotidien, il a fait un passage au palais de Carthage où il a travaillé sous les ordres de AbAb.
- Mehdi Hattab, qui a été élevé, il y a quelques années au rang de conseiller du Président de la République, a fait sa carrière de journaliste à l’Agence TAP. Il est au palais de Carthage depuis le milieu des années 70.
- Lamjed Hamdani, qui travaille depuis deux ou trois ans, au palais de Carthage, d’abord sous les ordres de AbAb puis de Mehdi Hattab, était dans le milieu des années 80, un activiste de gauche à l’université tunisienne. Il a fait, lui aussi, ses premières armes à la TAP.
Par ailleurs, Il fut un temps où la majorité des attachés de presse affectés dans les différents ministères étaient des journalistes de la TAP. Aujourd’hui, seuls deux ministères de souveraineté ont des attachés de presse qui appartiennent à l’agence. Le premier ministère (Taieb Youssefi) et le ministère de la défense (Mustapha Ben Bachi).
Pour être honnête, pour rendre à César ce qui appartient à César et pour ne pas commettre d’injustice, nous devons à la vérité d’affirmer que parmi les personnes citées plus haut plusieurs sont des journalistes intègres, professionnels, respectables, moralement irréprochables, qui ne font pas d’excès de zèle et qui n’ont aucune ambition politique. C’est le cas des deux attachés de presse cités en dernier (Youssefi et Ben Bachi), ainsi que, mais à un degré moindre, de Mehdi Hattab et Lamjed Hamdani.
Le TAP a, par ailleurs, constitué, de tous temps, un pied à terre, un refuge et une planque pour bon nombre de personnages peu recommandables qui y ont fait des passages plus ou moins longs à titre de récompense et de gratification pour « services rendus à la patrie ».
Le cas le plus flagrant et le plus connu est, évidemment, Mohamed Hedi Triki. Sa nomination, en 1989, en qualité de DGA de la TAP a soulevé un tollé dans les rangs des journalistes de l’agence et dans le pays en général et mobilisé l’opinion publique pendant plusieurs mois.
Aujourd’hui, la TAP n’a plus, officiellement, de DGA. Mais officieusement, et clandestinement, elle en a un. En effet, à titre de récompense pour le zèle soutenu qu’il ne cesse d’apporter à la promotion de l’image de marque de la Tunisie de Ben Ali, M. Abdelmajid Jemni, directeur de la revue « Al wifaq El Arabi », a été bombardé, de manière occulte, et par une porte dérobée, DGA de la TAP. Il parait qu’il n’y a jamais mis les pieds es-qualité. « Al Wifaq El Arabi », pour ceux qui ne le connaissent pas, est un torchon qui, comme beaucoup d’autres, dont notamment « Al Aa’hd », est entièrement entretenu par le palais de Carthage et l’ATCE. Il ne fait que dilapider, de manière cynique et insolente, l’argent du contribuable tunisien en publiant des niaiseries et des impostures sur « l’eldorado tunisien ».
Le comble du ridicule c’est que la TAP sert même de refuge à des opposants politiques. Laroussi Nallouti, membre du MDS, ancien rédacteur au journal du mouvement « Al mostaqbel » et ancien député de ce parti, a figuré et figure peut être encore sur la liste des effectifs de la TAP. Lui aussi n’a jamais mis les pieds dans un desk de l’agence.
Plusieurs autres « journalistes » et fonctionnaires travaillant dans d’autres établissements qui, parfois, n’ont aucune relation avec le secteur de l’information, comptent également parmi les agents titulaires de la TAP. Plusieurs d’entre eux ne réintègreront peut être jamais l’agence mais partiront à la retraite en tant qu’anciens agents de la TAP.
Je traiterai, peut être, dans une prochain papier, de la situation à l’intérieur de la TAP pour expliquer pourquoi et comment cette prestigieuse agence qui était effectivement, jusqu’au milieu des années 80, une agence pionnière, se retrouve aujourd’hui dans une situation aussi risible et aussi dégradante.
Patriote 2005
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