Communiqué de presse du 1er novembre 2005 – بيــان غـرّة نوفمبر

Lancée le 3 octobre 2005, la manifestation en ligne Yezzi contre le régime du général Ben Ali a incarné un fait sans précédent sous le règne dictatorial tunisien . De par leur nombre, leurs classes d’âge, leurs parcours (ancien ambassadeur, ancien candidat à l’élection présidentielle, journalistes, médecins, ouvriers, chômeurs, avocats, étudiants, etc.) et leurs appartenances politiques si variées, des centaines de tunisiens se sont réunis pour dire d’une seule voix « ça suffit » (« Yezzi, Fock(*) ! » en tunisien). Un slogan contre les pratiques répressives notamment en matière de liberté d’association, d’expression et d’information.

A peine deux semaines plus tard, et pour les mêmes motifs, une grève de la faim illimitée a été entamée à Tunis par 8 personnalités de provenances aussi diverses, exigeant le même respect des libertés fondamentales des Tunisiens. Cette unanimité des revendications se trouve, du reste, fort bien symbolisée par la présence du gréviste de la faim, Maître Samir Dilou, parmi les manifestants en ligne. Notons par ailleurs, le passage à tabac barbare dont a été victime Ghassen Ben Khélifa, militant proche des grévistes et manifestant lui aussi sur le site Yezzi.org. Et, à cet égard, Yezzi.org réitère son soutien et sa solidarité à toutes les initiatives, quelles que soient les fronts ouverts, contre la nature dictatoriale du régime tunisien.

La manifestation Yezzi n’est qu’à ses débuts. Pourtant, et malgré la censure du site en Tunisie (18 heures à peine après son lancement), sa fréquentation a atteint, dès le quatrième jour, un pic de près de 14 000 connexions/jour. Outre les centaines de courriels d’encouragement, le nombre des participants ne cesse de croître, dépassant les 200 personnes, sans compter les participations artistiques. Par ailleurs, beaucoup de Tunisiens, tout en exprimant leur soutien à la manifestation, ont promis de faire parvenir leurs photos dès qu’ils seront en mesure de le faire.

Ce succès, grâce à l’effort de tous et surtout à celui des manifestants, n’aurait pas été possible sans la formidable couverture médiatique de Yezzi. Des canaux de CNN à ceux d’Aljazeera, des sites associatifs à ceux des partis politiques, des blogs des défenseurs de la liberté à ceux de simples citoyens engagés dans la cause démocratique…, les échos de la manifestation Yezzi se sont exprimés partout sur la planète (voir la rubrique presse sur ce lien)

Face à ce mouvement sans précédent de par l’unanimité de ses revendications politiques, le président tunisien est sorti de son « bunker » pour dénoncer l’absence de patriotisme de ceux qui s’opposent à la dictature, les menaçant en outre de représailles sous couvert de la loi. Il a en effet averti qu’il veillera « à appliquer la loi contre quiconque s’avise de tenter de l’enfreindre ou de l’ignorer » ( voir dépêche AP)

Or, c’est au nom de cette même loi, tant tunisienne qu’internationale nous garantissant le droit d’exprimer des opinions et des revendications politiques, et dont le président de la République devrait garantir la neutralité de son application, que nous invitons tous les Tunisiens mais également tous les sympathisants de la cause démocratique à rejoindre la manifestation « Yezzi » afin de faire entendre pacifiquement leurs voix.

Tous ceux qui désirent dire « ça suffit la violation des droits à la liberté d’expression et d’information », « ça suffit la transgression des libertés fondamentales », « ça suffit la violation des institutions républicaines », « ça suffit le règne de la dictature »…, peuvent le faire en envoyant leurs photos -à visage découvert ou non- avec le slogan générique « Yezzi Fock(*) Ben Ali » ou leur propre slogan à cette adresse : manif@yezzi.org

L’Internet nous offre un moyen inédit dans l’histoire de l’humanité pour manifester pacifiquement contre toute forme de dictature sous le regard de la planète entière. Cette nouvelle forme de manifestation en ligne désagrège enfin les éternels alibis des dictateurs relatifs aux nécessités de la protection des biens et des personnes pour justifier la répression sauvage de toute contestation pacifique. Que le général Ben Ali ne partage pas les opinions des manifestants actuels sur Yezzi.org, n’a rien d’étonnant. En revanche, le fait de censurer le même site en Tunisie est une violation caractérisée des dispositions de la Constitution tunisienne et du droit tunisien. Cette censure incarne également une grave violation de toutes les conventions internationales qui garantissent le droit à la liberté d’expression, d’information et de manifestation et, par conséquent, une grave atteinte au principe de réciprocité régissant ces conventions, atteinte contre laquelle tout citoyen du monde est en droit de protester.

La manifestation Yezzi prenant à témoin l’opinion publique nationale et internationale quant à son caractère singulièrement pacifique et légaliste, s’avère, de par la forme de sa démarche, être un défi à l’ONU, à la communauté internationale et à tous ceux qui prétendent soutenir les luttes démocratiques dans le respect du droit, des institutions et de la dignité humaine.

Et afin d’appuyer et d’intensifier la campagne « La liberté d’expression en deuil », les animateurs de Yezzi.org diffusent, à la veille de la tenue de la seconde phase du Sommet mondial sur la société de l’information, une première série de clips vidéo destinée à attirer l’attention du public sur la gravité de la situation des libertés dans un pays hébergeant un tel sommet. Ils invitent également tous les webmasters engagés dans la cause démocratique à diffuser le plus largement possible ces clips en copyleft et à relayer les dénonciations relatives aux exactions liberticides du régime tunisien. Nous réitérons également l’invitation à rejoindre la campagne Ruban Bleu pour la liberté d’expression en arborant le logo tunisien de ladite campagne sur leurs pages Web. (Voir le site de l’ATPD -Cyberespace)

Les clips mis en ligne en copyleft :

  SMSI, la fracture démocratique (Version française | Version anglaise) ;

  Les autoroutes de l’information de la dictature ;

  Liberté ;

  Le Yezzi de la Tunisie profonde.

(*) A noter que l’expression tunisienne « Fock » n’a aucun rapport avec l’expression anglaise fortuitement ressemblante à une lettre près.

Par le Groupe de travail

www.yezzi.org

contact@yezzi.org
gt.atpd@yezzi.org

Launched on October 3rd, 2005, the Yezzi online protest against General Ben Ali’s regime created an unprecedented event under the Tunisian dictatorial reign. In view of their number, ages, backgrounds (former ambassador, former candidate for the presidential election, journalists, doctors, workers, unemployed, lawyers, students, etc.) and their various political affiliations, hundreds of Tunisian protesters rallied to say jointly “Enough is Enough” ; “Yezzi, Fock (*) !” in Tunisian. A slogan in response to the regime’s repressive practices in regards of freedom of association, expression, and information.

Hardly two weeks later, and for the same reasons, 8 personalities from different political affiliations has started an unlimited hunger strike in Tunis, claiming the respect of fundamental freedoms for Tunisians. The taking part of Lawyer Samir Dilou, one of the hunger strikers, in the online protest shows the unanimous nature of our claims. In addition, Ghassen Ben Khélifa a close militant to the strikers who also joined the online demonstration was brutally aggressed by unknown persons. Thus, Yezzi.org reiterates its support and its solidarity with each and every initiative, whatever form it might take, against the dictatorial nature of the Tunisian regime.

The Yezzi online protest is only at its beginning. However, despite the fact that the web site has been censured in Tunisia in less then 18 hours after its launching, the number of visits reached on the fifth day almost 14,000. In addition to the hundreds of encouragement emails, the protesters’ number is increasing daily, exceeding 200 participants, excluding the artistic participations. Furthermore, many Tunisians, while expressing their support for the online protest, promised to forward their photos as soon as possible.

This success, thanks to a collective effort and especially to the protesters, would not have been possible without the large cover of Yezzi by Medias. From TV Channels as CNN and Aljazeera to freedom defenders and ordinary citizens’s blogs, passing through associative and political parties’ sites, all engaged in the democratic issue. The echoes of the Yezzi protest were expressed all over the world. (Please see the media section on this page)

Towards this unprecedented movement, and considering the unanimity of its political claims, the Tunisian president got out of his “bunker” to denounce “the lack of patriotism” of those who are opposing his dictatorship and threatened them with “legal reprisal”. He indeed warned that he will “apply the law against whoever might try to bypass it or ignore it”.

However, it is in the name of the same Tunisian and International law that guarantees our right to freely express political opinions and claims, that the President of the Republic should guarantee the neutrality of its application, that we invite all Tunisians and as well as all sympathizers of the democratic issue, to join the “Yezzi” online protest in order to peacefully express their concerns.

All those who wish to say “enough violating freedom of expression and information rights”, “enough transgressing fundamental freedoms”, “enough violating republican institutions”, “enough the dictatorship’s reign “…, can do it by sending their photos with covered or discovered face with the slogan “Yezzi ! Fock Ben Ali ! (*)” or their own slogan to this address : manif@yezzi.org

Internet provides us an unprecedented opportunity which gave rise to a new era in humanity’s history to protest peacefully against any form of dictatorship, under the whole planet’s watch. This new way of protesting online finally breaks the endless dictators’ excuses considering the necessity of protecting people and goods, to justify their brutal repression of any peaceful demonstration.

Unquestionably, General’s Ben Ali disagreement with protesters is not surprising ! But, censuring the website in Tunisia is a characterized violation of the Tunisian Constitution and laws. This censorship also reveals a serious violation of all International Conventions that guarantee the right for freedom of expression, freedom of information and freedom for protesting. Those violations also represent a serious harm to the reciprocity principle on which are based those conventions. Any citizen of the world should have the right to protest against such harm.

Taking the national and the international public opinion as witnesses of its peaceful and legal character, the Yezzi online protest appears, due to its nature, as a challenge to the UN, the international community and all those who claim their support to the democratic issue within the respect of laws, institutions and human dignity.

Finally, and in order to support and strengthen the “Freedom of expression in mourning” campaign, the Yezzi.org organizers release, at the eve of the second phase of the World Summit on the Information Society, a first set of video-streamed resources. These clips intend to attract the public attention to the gravity of the situation of freedoms in the summit host country, Tunisia.

We also invite all webmasters engaged in the democratic issue to widely spread these video-streaming (under the copyleft terms) and to point out the Tunisian regime’s transgression. We also reiterate our invitation to join the Blue Ribbon campaign for freedom of expression by publishing the Tunisian logo on their Web pages.(Please visit the blog of the
ATPD -Cyberespace)

Copyleft online video clips :

  WSIS : The democratic gap (
English version |
French version)

  Dictatorship’s Information Highways

  Freedom

  Yezzi from deep Tunisia

By the Working group

www.yezzi.org

contact@yezzi.org

gt.atpd@yezzi.org

(*)It should be noted that the Tunisian expression “Fock” does not have any reference with the English expression different by one letter.