Photo :  \'Claude au boulot\' (Serigne Diagne/Flickr).

Il en nait tous les jours, de ces sites ou blogs qui s’attaquent à certains dirigeants africains. Véritables défouloirs, ces espaces Internet ne sont pas toujours tenus par les partis politiques d’opposition mais plutôt par des exilés, rescapés des dictatures africaines.

Les membres de ces communautés bénéficient en général du statut de refugiés dans des pays occidentaux, ont un accès à Internet correct et profitent des avantages et facilités offerts par les technologies dites du Web 2.0 pour exprimer anonymement leur opinions. La véracité des faits évoqués et vérification des sources ne sont pas des priorités. Tout ce qui compte, c’est visiblement d’accuser de rage et de noyer le dictateur.

Trouver des solutions aux problèmes causés par l’indéracinable Omar Bongo

Le site Bongo doit partir.Le site Bongo doit partir se présente lui-même comme « espace à caractère politique ouvert à tous les Gabonais, de toutes tendances politiques, raciales et ethniques, désireux de trouver une solution aux problèmes causés par la nuisible et indéracinable présence d’Omar Bongo à la tête du Gabon ».

Documents, articles de la presse internationale, photos et vidéos, tous les outils offerts par le Web 2.0 y sont mis à contribution dans le but d’exercer une pression sur le pouvoir et pousser à la démission l’homme fort du Gabon, champion d’Afrique, à la tête de ce pays depuis 1967.

Sur la page d’accueil de ce site, un sondage sur le sort qui devrait être réservé à Bongo, l’option destitution est en tête avec 36%. En outre, si 22% des 1648 votants estiment que le président gabonais mérite une fin à la Samuel Doe et si 19% optent pour un coup d’état, 16% embrassent tout de même l’option de la présidence à vie.

Le site Kabila doit partir.Un peu plus à l’est, en République démocratique du Congo, Joseph Kabila qui a succédé à son père assassiné en 2001 a, lui aussi, son lot d’opposants virtuels. En ligne depuis mars 2007, kabiladoitpartir.com regroupe des éléments remettant carrément en question la nationalité congolaise et la filiation à sa famille du jeune président. Faire partir Kabila, dénoncer les dysfonctionnements au sommet de l’Etat, ce site à objectifs multiples est un véritable fourre-tout anti-Kabila.

Des relais pour l’opposition tant en Europe qu’en RDC

« Nos membres sont tant en Europe qu’en RDC. Ceux qui sont en RDC prennent des risques et n’affichent jamais leur vraie identité », confie Simon Mbongwana, administrateur du site qui se finance grâce aux cotisations des membres et par la publicité Google Adsense :

« Internet est un outil de vulgarisation de notre lutte qui se fait à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Il nous sert de relais via la création de nos propres canaux d’information sans passer par les canaux manipulateurs du pouvoir avec certains de leurs complices occidentaux. Si vous observez les commentaires sur nos articles vus remarquerez qu’on est informé presque à temps réel. »

Le site d’Apareco.Sur un autre front, quelques proches de l’ancien et célèbre dictateur congolais (ex. Zaïre) Mobutu se réunissent autour du site aparecordc.org. A sa tête, Honoré Ngbanda, ancien chef des services de sécurité et beaucoup plus connu des congolais sous appellation de Terminator. Exilé en Belgique depuis la chute du régime du maréchal, il s’érige désormais en opposant et garant de l’intégrité territoriale de la RDC qui serait menacée d’éclatement.

Le blog Anti Déby.Une recherche Google avec le nom d’Idriss Déby ouvre la porte vers des espaces de dissidence en ligne. Le Blog antideby.over-blog.com, se revendique satyrique et antipathique. Sur sa page d’accueil, on fait la connaissance d’un Déby à la tête déformée après un passage par les logiciels de retouche d’images. La vie politique tchadienne et les dérives du régime Déby y sont abordées sur un ton ironique.

Si Internet sert de plus en plus d’espace d’expression pour une partie de la population africaine, nous sommes bien loin d’une prise en main ou d’une démocratisation réelle du Net sur le continent noir. Toutes ces réunions sur la toile excluent encore les paysans et les habitants des zones rurales ou encore les nombreux réfugiés fuyant les conflits armés, pour qui les mots Internet, Web ou Blog n’ont pas la même importance que la survie.

Par Cédric Kalonji
Source : Rue89.com

Photo : ‘Claude au boulot’ (Serigne Diagne/Flickr).