وقفة إحتجاجيّة لتلامذة المدارس الإعداديّة النّموذجيّة قبالة وزارة التربية

Pour décider d’une pareille mesure, il faut au préalable étudier la question. Est-ce que le niveau des lycées pilote est insuffisant ? Est-ce que le rendement des collèges pilotes s’est affaibli ? Est-ce qu’un concours est la réponse à tous les problèmes ? Est-ce que les concours est une bonne chose en soi ? Pourquoi pas faire passer un concours à ces élèves chaque année tant qu’à faire ?

Quoi donc ? Pourquoi eux seraient-ils dispensés d’un concours alors que l’accès des élèves des autres collèges est subordonné à la réussite d’un concours, me dit-on ?

On peut inventer l’égalité partout si vous voulez. Surtout s’il n’y a pas de principe constant, de ligne directrice pérenne, qui perdurerait au fil du temps, quels que soient les ministres qui dirigent l’éducation nationale. Aujourd’hui le ministre trouve que l’égalité consiste à placer les élèves sur la même ligne de départ, demain pour le suivant ce sera faire arriver les élèves à la ligne d’arrivée tous en même temps. Non il faut des objectifs pour l’éducation : quels futurs citoyens de demain voulons-nous ? J’aurais été ministre, surtout un ministre d’une période de transition, ce serait le premier chantier que j’ouvrirais.

J’ai l’impression qu’aujourd’hui, l’éducation n’est qu’un passeport pour la vie adulte : il faut que tu réussisses ton diplôme. Pourquoi ? On ne sait pas vraiment, mais il faut réussir. Alors forcément, lorsqu’on met en place des concours, lorsqu’on dresse les gens les uns contre les autres, tout le monde se met à dire : “Et pourquoi lui n’en passe pas ?” Forcément, les parents se mettent à tuer leurs enfants de travail, de cours particuliers et bien sûr, ce sera à celui qui en a le plus de moyens, pour un résultat pas forcément à la hauteur, si ce n’est au niveau du gâchis de l’enfance kidnappée. Forcément les parents se mettront à faire pression sur les instituteurs, pour un oui ou pour un non, allant jusqu’à intervenir dans la façon dont ils donnent les cours, ces instituteurs finissant par faire réussir tout le monde tellement l’enjeu frôle l’hystérie collective alors que d’autres moins scrupuleux, monnayent le contenu pédagogique en dispensant dans les cours particuliers ce qu’en classe s’abstiendraient de donner. Et ça finit par un étudiant fraîchement diplômé qui a passé son enfance entre les livres et les cahiers, l’esprit saturé d’informations non structurées et déséquilibrées, l’enfance pourrie par des efforts superflus et une pression parentale exagérée, et sans perspective de travail, ni le sentiment d’avoir retenu quoi que ce soit de sensé durant toutes ces années, si ce n’est que l’important, c’est d’avoir des sous et rien d’autres. Comment voulez-vous obtenir des citoyens unis pour la Tunisie avec ça ?

Mais bon, on ne peut pas demander tout ça à l’actuel ministre de l’éducation. On l’a vu, tout ce qu’il sait faire, c’est de montrer qu’il existe, qu’il a du pouvoir, mais qu’il ne sert à rien de bon.