Tout humain, qu’il soit un habitant du Cône Sud de l’Amérique ou qu’il parcoure les étendues désolées de la péninsule du Kamtchatka, a droit à la considération islamique raisonnée. Tout membre de la fratrie humaine doit pouvoir être l’objet de la prise de conscience du monde tel qu’il est grâce à la réflexion et à la pensée musulmanes argumentées. Il est temps, pour les musulmans, à l’heure de la mondialisation qui est ce processus par lequel l’on peut réellement acquérir le savoir du monde et sur le monde, de prendre en main la définition même de la nature consciente de l’homme. Il faut, pour ce faire, injecter à cette dernière la science philosophique occidentale, à laquelle l’on doit joindre le filtre des critères islamiques provenant de la foi. Or celle-ci (la philosophie occidentale) a eu, historiquement à son avantage, de considérer le monde tel qu’il est pour y rechercher les lois universelles objectives gouvernant l’homme, qu’il provienne d’Europe ou non. Nous devons donc prendre conscience, à notre tour, de ces lois, non pas pour acquiescer à leur réception sans mot dire, mais pour les acculturer à notre propre conception islamique du monde.
1. L’utilité de la philosophie
C’est proprement avoir les yeux fermés, sans tâcher jamais de les ouvrir, que de vivre sans philosopher.
Réné Descartes, Les principes de la philosophie, Lettre-Préface, 1644
La philosophie, c’est la poussée à l’extrême de la réflexion objective et raisonnée. Celle-ci a pour but de dénicher, là où il se trouve, c’est-à-dire en l’homme et en le monde, le “Vrai préexistant à soi”. Ce dernier concept, le plus haut de la recherche philosophique, est composé de la réunion des caractéristiques absolues de la nature humaine d’avec la mise au jour d’un cadre épistémologique pour la recherche des lois universelles présentes dans la nature.
Avant de poursuivre, il est bon de rappeler ce qu’en disait Averroès : à l’appui du Coran, il conférait à la philosophie le caractère recommandé ou obligatoire pour tout musulman capable (Discours décisif sur l’accord de la religion et de la philosophie, 1179).
En effet, nonobstant les innombrables versets du Coran appelant l’homme à raisonner afin de trouver les preuves tangibles de l’existence de Dieu, si nous considérons que l’espèce humaine (dans son entier, et pas simplement en fonction de sa part islamique) a reçu en dépôt le vicariat au nom de Dieu sur la Terre, les penseurs musulmans ne doivent-ils pas chercher à en comprendre, autant que faire se peut, les fondements ? Or la Terre est le royaume des hommes. La pensée islamique contemporaine doit donc expliciter la nature profonde de l’homme. Et puisque les sociétés humaines, multiples, se sont façonnées selon une Histoire intelligible, il importe d’en prendre connaissance, cette dernière menant à une vérité terrestre indubitable parmi d’autres : l’Occident, par ce qu’on a appelé ensuite la Révolution copernicienne des perspectives, a changé son mode de lecture de la nature et de l’homme, lui permettant d’acquérir des moyens inédits, qui tiennent en la méthode scientifique moderne, pour soumettre la nature. Si cette soumission de la nature n’est pas sans susciter auprès des esprits interrogateurs des questions d’ordre moral quant à sa destruction (écologie) et à sa force immanente en retour (phénomènes climatiques catastrophiques), il n’en est pas moins indéniable que cette propension de la science occidentale, à partir des XVI-XVIIèmes siècle, à la dominer, a été une sanction (au sens de la décision et non de la punition) de Dieu pour l’Histoire du monde.
Ainsi donc, cette méthode scientifique, que l’on peut appeler épistémologie et qui a été découverte par des philosophes (Descartes, Kant…), doit réellement être assimilée par les peuples musulmans, ou du moins leur élite pensante. Surtout, l’homo islamicus, dans ce qu’il a d’essentiel en lui, ce qui réside en la caractéristique de la croyance en Dieu, a l’obligation d’imprimer sa marque à la philosophie occidentale, de façon à créer un “occidentalisme islamique”. Un exemple ? Le thymos grec, objet de la troisième partie mais abordé rapidement en début de la seconde, offre un sujet idéal pour s’attaquer à la recherche de la voie d’acculturation à adopter, pour donner à la philosophie occidentale la place légitime qu’elle doit avoir dans l’âme croyante musulmane. Car comme le dit Descartes, ne pas philosopher, c’est rester ignorant du monde. C’est donc, pour nous, par ce fait, de le méconnaître tel qu’il est par la permission de Dieu.
2. L’utilité de la philosophie occidentale
Nous vous avons répartis en peuples et en tribus, pour que vous fassiez connaissance entre vous.
Coran, s. 49, v. 13
Depuis Platon (la République), la philosophie occidentale considère que l’âme est gouvernée par trois sphères : celle du désir, de la raison et de ce que Socrate appela le thymos (que Hegel identifie au besoin de reconnaissance de l’homme par lui-même et par autrui).
Nous ne pouvons nier l’action de ces trois “moteurs invisibles” qui impulsent le mouvement en l’homme. Ainsi, si je fais preuve de volonté pour une chose, mettons l’acquisition d’une belle voiture, cela peut avoir comme fondement un désir que j’ai en moi car j’aime cette voiture en elle-même. Une raison qui me pousse à l’acquérir peut résider, pour autant, en la possibilité que j’ai de l’acheter à un prix défiant toute concurrence et en escomptant ensuite de la revendre plus cher. Enfin, ma soif de reconnaissance possède la faculté de me gouverner dans cette décision d’achat, car je sais pertinemment que le regard des gens changera lorsque je roulerai avec cette belle voiture, me conférant ainsi une position sociale que je cherche à prouver et une image que je convoite dans les yeux d’autrui, gagnant par la même occasion une estime de moi-même.
Cependant, nous aimerions automatiquement adjoindre, à ces trois forces, la foi, qui serait le quatrième élément tangible aux fondements de l’action de l’homme dans la nature. Mais il ne suffit pas de le claironner ainsi, simplement pour satisfaire notre croyance en tant que tel. Il faut aussi le démontrer, et donc utiliser la connaissance objective présente devant nos yeux dans le monde. Pour ce faire, quoi de mieux que la philosophie, cette réflexion raisonnée sur les choses du monde ?
Or pour philosopher, est-il simplement envisageable de nier celle provenant d’Occident simplement parce que le monde musulman aurait une aversion pour une science provenant d’un autre monde sécularisé à l’extrême ? On ne peut nier, pourtant, que c’est elle qui a atteint le plus haut degré, pour l’instant, en termes de réflexions. On ne peut donc la délégitimer. Et cela, essentiellement pour deux raisons.
La première, c’est que Dieu a créé l’Occident tout autant que l’Islam, et qu’Il leur a adjoint des “Missions terrestres” aux implications multiples, qu’il est impossible ici de dénombrer mais qui ont trait, grosso modo, en leur impact à la fois sur leur propre logique d’évolution interne respective et sur la marche du monde. Si je comprends la philosophie occidentale telle qu’elle s’est pensée, je saisirai peut-être l’essence même des sociétés occidentales, afin ainsi de comprendre les mécanismes sous-jacents à leurs types d’organisations collectives nées avec l’Histoire sur la base de principes affirmés par les philosophes (la souveraineté populaire, la liberté, l’Etat de droit, les droits de l’homme…), et dont la réalisation a été concomitante à la plus grande prospérité jamais réalisée sur Terre.
De surcroît, et c’est la deuxième raison devant nous mener à acculturer la philosophie occidentale, ce travail intellectuel, tout autant que spirituel, nous donnera les outils pour lui dénier sa prétention à se donner comme dépositaire de la philosophie universelle. C’est ainsi lui enlever le monopole qu’elle s’arroge de manière raisonnée, c’est-à-dire basé sur une réflexion et une logique philosophiques (et non par arrogance comme on le croit souvent). C’est dialoguer avec elle et lui dire qu’elle a raison quand notre propre perspective de la pensée nous le permet, ou bien de lui prouver qu’elle a tort, par son propre langage, ce qui est ainsi une forme de respect de l’homme en tant qu’homme, quelle que soit sa croyance, ici donc du penseur philosophe occidental, et partant, de la pensée occidentale en son ensemble.
3. L’exemple du thymos
En critiquant négativement, on se donne des airs distingués et on survole dédaigneusement la chose sans y avoir pénétré, c’est-à-dire sans l’avoir saisi elle-même, sans savoir ce qu’il y a de positif en elle.
Hegel, Leçons sur la philosophie de l’Histoire, 1840
Reprenons donc la question des forces agissantes en l’âme. Pour peu que je puisse à la fois comprendre le processus conduisant la marche du monde tel qu’il a évolué, et y apposer la perspective islamique de ma pensée, je dois d’abord connaître ce qu’en disent les philosophes d’Occident ou prétendus comme tels. Et globalement, quelles ont été les lignes directrices de la pensée en rapport avec le rôle des forces agissantes (le désir, la raison, le thymos ou le désir de reconnaissance) ?
Elles ont notamment été à l’œuvre dans une querelle à l’intérieur de la famille libérale, entre les tenants de Thomas Hobbes (Le Léviathan, 1651) et ceux de Friedrich Hegel (La Phénoménologie de l’esprit, 1807). Chacun accorde une place différenciée au désir de reconnaissance, dans la marche évolutive de l’Histoire. Pour Hobbes, la réunion des hommes en un édifice politique commun résulte de l’instinct de conservation de soi, du désir de vivre par dessus-tout par la recherche de la satisfaction de ses besoins, ce qui reviendrait à une “guerre du tous contre tous” si chacun cherchait à défendre, unilatéralement, ce droit naturel. Or, il a fallu soumettre l’instinct de reconnaissance de l’homme (ou la recherche de sa gloire), qui le pousse à s’emparer des biens d’autrui ou à commettre le mal simplement pour des raisons de prestige. Et seul un contrat social entre le souverain et le peuple est à même de réussir cette tâche et d’éviter le chaos. Mais pour Hegel, c’est le désir de reconnaissance même, ou la recherche de prestige, qui est à la base de la dialectique évolutive des sociétés humaines. Ainsi, l’esclavage, selon lui, est né de l’affrontement entre deux hommes : l’un, par pur prestige, avait montré qu’il n’était pas apeuré par la mort, ce qui lui conféra la place de maître qu’il convoitait sur son adversaire, qui par instinct de conservation de soi, décida de se soumettre. Et toute la suite des constructions politiques et sociales découlent de ce type de contradiction où le désir de reconnaissance commande les révolutions et les changements. Pour une vue précise de cette querelle philosophique et de ses implications considérables sur l’Histoire, j’invite tout esprit curieux à prendre connaissance de la troisième partie de l’ouvrage majeur de Francis Fukuyama, intitulé La Fin de l’Histoire et le dernier homme (1992). Globalement, l’œuvre est remarquable par son pouvoir édifiant sur la réflexion sur le sens de l’Histoire…
4. L’exemple de la foi
Je jure solennellement que j’exécuterai loyalement la charge de président des États-Unis et que du mieux de mes capacités, je préserverai, protégerai et défendrai la Constitution des États-Unis. Que Dieu me vienne en aide.
Prestation de serment du président des Etats-Unis lors de l’inauguration de son mandat
Si nous reprenons notre démonstration, où est la place de la foi (ou de son absence) dans l’influence sur l’Histoire ? Sans chercher à reprendre cette querelle des libéraux et à y apporter une réponse islamique (il faudrait plus que l’espace de ce texte pour ce faire), il se peut qu’effectivement, la recherche du prestige soit le moteur essentiel de l’Histoire (supposition à laquelle on aimerait rajouter que cet état de fait aurait pour cause la volonté de Dieu). Cependant, la foi (ou sa négativité), et quelque soit la religion considérée, ou la divinité adorée, a été aussi une des forces agissantes de l’âme et a donc eu un rôle tenace dans l’Histoire.
Ainsi, pour reprendre Hobbes, si l’homme s’unit en société à cause de l’instinct de conservation de soi, l’épisode médinois de l’Histoire du prophète (Paix et bénédiction d’Allah sur lui) a montré que du fait de la foi de ses partisans, une construction politique originale, organisée par un texte institutionnel que l’on a appelé ensuite la Constitution de Médine, a été mise en place. Et surtout, que cette force politique apparue dans l’Histoire, par ses conséquences considérables, a changé, à jamais, la face de l’Ancien monde. La foi, avec les autres penchants de l’âme précités (désir, raison, désir de reconnaissance), a été donc l’un des moteurs de l’évolution du monde musulman, qui est l’un des acteurs importants du monde d’aujourd’hui (Le Choc des Civilisation, Samuel Huntington, 1996), à tel point que Fukuyama place le monde islamique dans une exception de l’ordre historique, pour l’instant, du fait que le libéralisme et la démocratie, les deux stades ultimes de l’Histoire selon lui, ne l’atteignent pas.
Autre exemple ? Les Guerres de religion de la fin du XVIème siècle en France, importantes puisqu’elles ont été ensuite à la base, dans la recherche de leur règlement, de l’Edit de Nantes signé par Henri IV, en 1598, et parce que beaucoup tiennent ce texte royal pour l’une des premières marches menant à la laïcité “à la française”. Elles ont, dans leur déclenchement ou dans leur poursuite, de multiples raisons, qui tiennent aux quatre forces agissantes : la foi, catholique ou protestante, qui poussait par exemple à des massacres (voir Denis Crouzet, Les Guerriers de Dieu, 1990); le désir de s’accaparer les richesses d’autrui que l’on retrouve dans toute guerre ; le désir de reconnaissance, celle qui a poussé des nobles (les “Malcontents”) à pousser à l’affrontement pour des raisons de prestige et de recherche de pouvoir social, et afin de limiter le caractère “absolutisant” du pouvoir royal ; la raison, enfin, à l’image des “Politiques”, successeurs, d’une certaine façon, des “Malcontents”, qui voyaient en la personne royale le garant de l’unité du royaume, menacé.
Cette vision synthétique à la base des causes des événements liés aux Guerres de religion restent évidemment hors de portée de la complexité inhérente à toute Histoire qui cherche à refléter les contradictions internes gouvernant l’homme qui y participe. Mais toute de même, elle nous montre que la foi, en tant que tel, joue un rôle indéniable dans l’Histoire, pour le meilleur et pour le pire. Si notre intuition islamique nous incite à claironner cela, c’est par la démonstration et le débat ouvert que l’on doit l’expliciter.
D’autres événements, en lien avec la philosophie, présentent un tableau où la foi est présente. Descartes, tentant de prouver par le raisonnement l’existence de Dieu, dans sa lettre introductive qu’il a pris soin de rédiger à l’adresse des docteurs de la Faculté de théologie de Paris pour qu’ils l’approuvent, explique qu’il entreprend ce travail de réflexion en vertu de sa foi chrétienne, qui le commande de chercher comment l’on peut convaincre les infidèles de la justesse du catholicisme (Méditations métaphysiques,1641). Hegel, pour sa part, parle de l’Esprit du monde qui gouverne l’Histoire comme étant celui (le Saint Esprit) qui est le Père se contemplant Lui-même en Son Fils (Jésus-Christ). C’est la conception trinitaire chrétienne classique de la divinité qui est à la base de toute sa conception de l’Histoire (La raison dans l’Histoire). Et à l’image de ce propre texte qui prend appui sur la foi islamique (comme lorsque l’on dit que Dieu a donné des “Missions terrestres” à l’Occident ou à l’Islam), la foi est réellement une force agissante en l’âme, que cela soit dans la marche du monde, ou dans la philosophie. Simplement, contrairement au désir, à la raison ou au désir de reconnaissance, elle est parfois absente (quelques exemples : Marx, Heidegger, Sartre, Che Guevara, Michel Onfray…). Mais cela ne veut pas dire que sa présence est dénuée d’importance dans le mouvement du monde. Autrement dit, le sens de l’Histoire, s’il y en a un, ne peut se comprendre sans prendre en considération la force que la foi a eue quand elle l’a eue.
Conclusion
En France, Etat laïc, il est difficile de trouver une tribune pour exprimer ce genre de propos, notamment au sein d’un journal généraliste (Le Monde, le Figaro, Libération, Médiapart…). En effet, peut-être pour la double raison de la peur de l’entrisme musulman et la volonté “laïcisante” de beaucoup de membres de l’élite (le thymos agit-il ainsi en eux par recherche de reconnaissance auprès de la population ou ont-ils des raisons de croire que cela serait néfaste à leur pays ?), on ne permet pas à ce que des personnes puissent ouvertement exprimer leur philosophie si elle tient comme fondement une foi islamique. Or, cela n’a rien d’abominable en soi que d’imprimer à sa philosophie sa propre foi, et inversement. Où sont donc les débats fructueux tels que celui opposant Ernest Renan à al-Afghâni par presse interposée (le Journal des Débats) sur le rôle de l’islam dans le déclin du monde musulman ? Pour reprendre Tariq Ramadan, l’éthique musulmane peut participer de la dialectique de la pensée en Occident même (Les Musulmans dans la laïcité, Responsabilités et droits des Musulmans dans les sociétés, 1994) !
Ainsi, ce qui devrait paraître excitant, pour tout humaniste s’il cherche la sève même de la vérité en l’homme, réside en la connaissance du point de vue islamique sur tel ou tel sujet afin, soit d’être d’accord avec lui, ou pour s’engager ensuite dans une controverse fructueuse en vue de retrouver une véritable dialectique de la pensée. Car, peut-être contre Fukuyama, l’espèce humaine n’a pas sonné le glas de son évolution, et l’homo islamicus peut y participer, avec toute son âme, et donc sa foi. Mais il se doit d’abord de prendre en considération tout homme, qu’il vive dans le Cône Sud de l’Amérique ou qu’il parcoure les vastes étendues désolées du Kamtchatka.
Si vous n’êtes pas publié sur un media national français ce n’est pas a cause d’une censure mais plutôt que votre avis n’intéresse pas franchement les français parce qu’en france la question est entendue. La religion n’intéresse plus grand monde et pour ceux que ça intéresse c’est plus par un aspect culturel ou rituel que pour un aspect philosophique. Il largement entendu que la religion échoue a expliquer la nature, la logique historique, ou la nature profonde de l’homme. La révolution copernicienne a biensur enclenché le mouvement mais c’est de la petite bierre par rapport a ce qui a suivit.
N’oubliez pas que Descarte est un philosophe du XVII et que la mentalité occidentale a bien changé depuis. Bien que Descarte était croyant mais il a malgré lui ouvert la porte de pendore en ouvrant la foi a la raison. l’édifice s’est fissuré, les fissures se sont élargies et maintenant il est ouvert au 4 vents…
Aujourd’hui rare sont ceux qui croient au sens de l’histoire et surtout qu’elle résulte d’une volonté divine. S’il y reste beaucoup de déiste ou d’agnostique personne ne prends au pied de la lettre la bible.
Le fait que dans le monde arabe on prenne au pied de la lettre le Coran me sidère. Surtout que son coté trivial, contextuel, bourré de contradiction, scientifiquement faux et en totale inadéquation avec les observations sociales empirique devrai aider a tourner la page …
Ceci dit je salue votre effort a promouvoir la philosophie, dans le monde arabe elle a toujours été a la limite d’être considérée comme de l’hérésie et bon nombre de philosophe célèbres ont eu de sérieux problème avec les autorités religieuses. Attention a ne pas ouvrir a boute de pandore, la philosophie occidentale a ruiné la religion en occident !
Adrien
[…] Depuis Platon (la République), la philosophie occidentale considère que l'âme est gouvernée par trois sphères : le désir, la raison et ce que Socrate appela le thymos (que Hegel identifie au besoin de reconnaissance de l'homme par lui-même et par… […]
Cher Adrien, je souscris totalement à ce que vous dites, particulièrement, lorsque vous mettiez le doigt sur ce qui dérange,…le Coran me sidère. Surtout que son coté trivial, contextuel, bourré de contradiction ! Je vais peut-être vous surprendre, moi, j’irai plus loin que vous, et, comme on dit chez-vous, qui est le chez-moi aussi, puisque j’y réside, précisément dans la région parisienne, il faut appeler un chat un chat ! Le Coran, est le manuel de ” justification du crime “, puisque les assassins s’y référent ?
يااخي كلام معقول, لكن عقدتها وطولتها وخلطها
ومانعرفش لشكون قاعدين تكتبو
الوعي هو الاساس والوعي ليس الشهائد العليا وليس الطبيب الجراح
الوعي ضوء ساطع عندما يشتعل ستهرب جميع الاشباح والشياطين
– dis moi : pourquoi les philosophes occidentales se suicident ( Jules deuleuze, nitsche…Francis picon…)
-donne moi un seul philosophe musulman qui s’est suicidé !!!
-jette un coup d’œil sur les œuvres d’alghazali .
-pour ceux qui croient que le coran est plein de contradictions, je leurs dis qu’ils ne le prennent pas comme un roman… Un polar.
-enfin je rejette ton invitation à l’être musulman d’adopter la philosophie occidentale par ce qu’il a adopter depuis 14 siècle trois chose: le coran, la tradition de Mohamed (swa) et de conserver sa langue arabe ; phénoménal et sémite .
Paix aux hommes de bonne volonté… j’ai connu des hommes de foi (musulmans, chrétiens…), comme Adel et je les respecte.
Malheureusement les religions n’ont servi dans l’histoire que les plus puissants, les plus riches et justifié – dans les luttes pour le pouvoir – les pires crimes.
Malheureusement encore, les épouvantables tueries actuelles en Irak, en Syrie, les montées des intolérances en Tunisie, Egypte, Soudan, Somalie… ne plaident pas pour l’islam.
Bonjour à tous. Je vous remercie pour vos commentaires même si je ne partage pas, bien évidemment, la plupart de vos propos. Mais nous devons respecter la liberté d’expression et débattre. C’est un bien précieux…
Pour vous donner une image exacte du fond de ma pensée, je vous invite à lire l’article que j’ai écrit pour Saphirnews.com sur les principes de l’occidentalisme islamique dont j’ai fait une allusion ici : http://www.saphirnews.com/Les-principes-de-l-occidentalisme-islamique_a17612.html
Cordialement
Adel TAAMALLI
Dans l’article que vous citez vous dites qu’il faut prendre de la philosophie occidentale ce qui confirme la foi musulmane et rejeter le reste.
Par ailleurs vous dites que vous êtes a la recherche de la vérité. Mais en ne cherchant que les éléments qui confirment votre théorie vous ne faites que reproduire ce bon vieux biais de confirmation http://fr.wikipedia.org/wiki/Biais_de_confirmation .
Ce biais cognitif est tellement rependu, mais trés facilement contournable. Il est bien plus efficace de chercher des éléments qui infirment une théorie plutôt que ceux qui la confirment.
J’exerce une profession scientifique et je peux vous assurer que si vous n’avez pas compris ça vous avez aucune chances de découvrir quelque chose et vous serez obliger de suivre le troupeau.
Au lieu d’écarter tout les éléments étrangers a votre foi concentrez vous dessus, concentrez vous aussi sur les passages douteux du Coran ou de la sounna ça vous donneras une toute autre perspective.
Petit exercice : demandez vous si cette histoire de “la maison du prophète” : http://islammedia.free.fr/Pages/femme-zaynab-jahsh.html valait le coup que Dieu fasse descendre une dizaine de versets, tour a tour pour sceller un mariage arrangé, interdire l’adoption, marier le prophète avec sa cousine, et faire dégager les gens de la maison après les noces. Est ce que le coup de vent qui a dévoilé le corps de sa cousine est l’oeuvre de Dieu ? Pourquoi Dieu a ordonné un mariage qui n’a pas marché alors qu’il est supposé calculer tout a l’avance ? Et surtout demandez vous si tout cela est bien a la hauteur d’une civilisation qui a su être par ailleurs brillante.
Adrien,
Je vous remercie de vos réponses et différents commentaires. Même si, pour la plupart d’entre eux, je n’y souscris pas, je vois que vous êtes clairs, franc et sincère dans vos propos. Signe que vous êtes ouvert au débat. J’ai hésité de vous répondre e avait d’ailleurs préféré initialement vous envoyer un e-mail (celui avec lequel vous avez laissé vos commentaires). Mais il m’a semblé qu’il était important que ceux qui consulteront cette page assistent au débat. Je vais donc tenter de vous répondre point par point. Cela risque d’être long. Cependant, j’espère que tout le monde en ressortira enrichi. Et surtout, que le respect et la courtoisie resteront de mise, comme c’est le cas pour l’instant…
Adrien,
Vous avez raison quand vous dites que les Français ne sont pas franchement intéressés par la religion en tant que tel, et que cela est sans doute une raison de cet état de fait que je critique, à savoir le nom accès à des médias généralistes pour de telles philosophies.
Cependant, c’est, selon moi, l’un des défauts majeurs des sociétés occidentales. Elles sont, pour la plupart, désenchantées, où l’absence de l’idée de Dieu est patente. Et, si l’on raisonne à l’échelle de l’Histoire, ou de la planète, il faut savoir que cette non-religiosité est une exception. L’un des chantiers de l’occidentalisme islamique, selon moi, sera de penser cela, cette absence généralisée de la croyance en Dieu, car, cela fait aussi partie de la nature humaine que de ne pas croire. De le penser afin de trouver le “Vrai préexistant à soi”, c’est-à-dire la naturalité déjà présente en l’homme qui le fait croire, et qui le fait ne pas croire. La pensée islamique doit s’emparer de ce sujet, en discuter, afin de le mettre à disposition de tout public (francophone pour ce qui nous intéresse) qui souhaiterait accéder librement à celle-ci. Ainsi, dire que les Français ne sont pas intéressés, n’implique pas de ne pas tenter coup de le leur dire. Il faut simplement le faire avec respect, sans dogmatisme, sans rien renier de soi non plus. Car, voyez vous ? Les musulmans français ainsi que les Français (ceux qui sont reconnus comme au sein de la communauté nationale, car fondamentalement, en vertu de l’égalité et de la laïcité, il n’y a pas de différence à faire), donc les musulmans français et les Français sont à amener à vivre ensemble sous le même toit, au sein d’une société libre et tolérante. Les musulmans ont donc le droit, s’ils en ont envie, d’exprimer leur moi intérieur qui est, pour la plupart d’entre eux, fonction de leur foi en Dieu. Ils peuvent donc participer d’un débat fructueux avec leurs compatriotes qui ne sont pas de leurs coreligionnaires, ou athées ou autre… J’ai écrit un texte sur ce sujet, il n’est pas encore publié. Je vous le signalerai lorsque cela sera fait.
Adrien,
Par ailleurs, vous dites que la religion n’explique pas la nature, la logique historique ou la nature profonde de l’homme.
Ici, ce n’est pas de la religion que l’on parle, qui est une institution organique donnant un cadre d’expression à une foi. On parle plutôt de cette dernière. Car la foi, il est indéniable qu’elle a imprimé sa marque de manière profonde en l’homme, à plusieurs reprises dans l’Histoire, et donc qu’elle a joué son rôle dans le sens que l’évolution humaine a prise et dans les liens que l’homme a tissé avec la nature. Elle est une force de l’homme, pour le meilleur et pour le pire, au même titre que le désir, la raison et le thymos.
Plusieurs exemples existent dans l’Histoire. Et le fait que Descartes vivait au XVIème siècle, certes dans un autre contexte, n’implique pas qu’il n’était pas influencé par la foi, même si, vous avez raison, il a peut-être ouvert une boîte de Pandore en voulant raisonner sans “la lumière de la foi”. Il n’empêche, il a justifié son travail de méditation à partir de sa foi chrétienne.
Et Kant, en critiquant la raison pure, et donc le cartésianisme, a bien compris que le domaine de la foi est hors système philosophique. Ainsi, selon Kant, la métaphysique (l’âme, Dieu, le libre-arbitre…), si elle est utile, c’est parce qu’elle met au jour des concepts “moraux”, c’est-à-dire impliquant une action de l’homme qui se fonde sur eux, même si ces actions sont scientifiques, c’est-à-dire produits de la raison sans intervention de la foi en elle-même. Autrement dit, la philosophie et les sciences, selon Kant, ne cherchent pas à prouver ou non l’existence de Dieu, qui est du domaine de la foi (encore que pour beaucoup de croyants, une découverte scientifique peut mener l’observateur, dans une réflexion qu’il en tirera, à y voir une preuve de l’existence de Dieu, ce qui est évidemment inacceptable pour un non-croyant ; cela reste du domaine de la foi, logique pour celui qui la ressent et la reconnait, illogique pour l’incroyant). Mais elles peuvent être influencées par la foi de celui qui les portent. Car puisque le sujet joue le rôle principal dans la mise au jour d’une connaissance, il faut bien qu’il y ait eu intuition provenant de son esprit pour que celle-ci soit mise au jour. Ce qui veut dire qu’il existe une face obscure de l’esprit, que certains appellent inconscient, et qui joue son rôle. Et un croyant peut légitimement dire que c’est peut-être là que se joue l’action de Dieu en l’homme, le poussant vers des perspectives nouvelles qu’il aura la responsabilité de mettre en pratique dans son travail de recherche. Ainsi, pour beaucoup de scientifiques, il est intéressant de s’interroger sur leur relation à leur foi lorsqu’ils ont fait des découvertes majeures. Je pense prioritairement à Newton et à Einstein. Le second, par exemple, pour réfuter la théorie du chaos, a dit ces mots célèbres : “Dieu ne joue pas avec les dés”, dans le sens où toute théorie de l’univers n’était valable selon lui que si l’on pouvait avoir la certitude du résultat, et non simplement en connaître une forte probabilité, cela en critique vis-à-vis de la théorie quantique. Plus globalement, il se disait appartenant à une “religion cosmique”, c’est-à-dire croyant en la possibilité d’admiration de l’univers en tant qu’architecture parfaire créée par un Créateur.
Je vous avoue que je suis de cette tendance, à laquelle j’imprime ma foi islamique. Car à la différence d’Einstein, je crois que Dieu intervient aussi dans le destin des hommes, et cela, par l’inconscient sans doute, ainsi que par Sa gouvernance de la nature et de notre propre biologie. Mais cela est du domaine de ma foi. Cependant, celle-ci, à son tour, impulse ma philosophie, car elle m’offre un cadre moral (que je ne veux pas moralisateur) guidant mes pas dans ma recherche…
One can only despair one the standard of tunisian intellect:
how can anyone flirt with the idea of modernism and islam and be viewed seriously?.
the obvious or most visible to any blind bat is that all who follow islam:their energy is dithered
adhering to code of conduct that was used by desert tribes in a time bubble long time gone.
the most fundamental law of nature is evolution which is contrary t to an arab brain hell bent
on defending old values or against any grain of change:but change happens.
nothing is permanent ,nothing is permanent but a constant change from your age to plants
from mountains to seas,what is construct will be deconstructed…….
how a person view himself,how person like to view himself ,how others view that person.
the dynamic in life:self interest,preservation is one of the motivation that overrides others
but not the only one.
philosophy is only an intellectual pursuit or mind gymnastic that colours life with some
dimension of vision in it,wisdom perhaps and so on.
how the rest of the world see moslems or islam or moslems see themselves or want
to be seen can only described as planets light year apart.
moslems currently aren’t making themselves consumer friendly,anything but indigestible .
the rest of the world couldn’t be bothered by their patheticness.
one can only suggest to them : get a life? a one worth living and the world isn’t just
here to waste energy on your problems.
ideas or history is a building blocks and all people have had contributed.
religions come and go and not many survived more than 5000 years: they too disappear .
religions have good points but have been used as tools with evil intention by people
perversion.
the world have existed before religion,will exist with or without it now or after they disappear .
the seduction by reduction: if we accept or open to a certain genre of philosophy will
suddenly make our problems disappear seems a bit far fetched.
will all the greek philosophy make greece dept or problems dissarear?.
the answer will be coming on the wind?.
Adrien,
Vous parlez beaucoup du Coran. Ce texte n’avait pas pour but d’en débattre et de justifier ses versets. Je ne suis par ailleurs pas un spécialiste du Livre Saint. Mais je vais tenter de vous répondre avec le peu de connaissance que je possède en la matière.
Vous parlez de son côté trivial et contextuel comme étant une marque négative du Coran. Cependant, il est ce qu’on appelle en islam le livre du discernement. Qu’est-ce que le discernement ? Il s’agit d’une action servant à distinguer le bien du mal, et le mieux du pire. Or, quoi de plus logique, lorsque l’on est confronté à un choix, que de mettre en contexte tous les paramètres devant servir à opérer ce choix ? Ce que je tente, maladroitement, de vous dire, c’est que la mission prophétique se caractérise par une contextualisation à l’extrême. Vous pouvez ne pas croire en elle, mais la sincérité du prophète a été débattue, et comme en ce qui concerne Che Guevara (dans un autre contexte), il a été établi au sein de la communauté des islamologues que sa vie n’aurait pu être celle qu’elle fut s’il avait été hypocrite. Aussi, il faut comprendre dans cette sincérité établie que la mission prophétique s’inscrivait réellement dans son temps, et donc dans les affaires humaines dont il était témoin ou qui lui était proche. Ainsi de l’épisode de Zaynab que vous évoquez (et des autres).
Je comprends tout à fait votre incrédulité par rapport à cela. Mais pour vous livrer un secret qui n’en est pas un, la foi islamique, si elle se fait jour dans l’esprit d’un homme, ne se fait pas en fonction de ce genre d’épisodes ou des versets les relatant. Elle se fait plutôt à un autre niveau, ces versets “problématisant” devant être ensuite justifiés par le porteur d’une foi islamique. Ce qui veut dire que bien avant d’avoir pris connaissance de ces versets, j’ai cru en la Parole d’Allah. Quand ils arrivent donc à ma connaissance, et vu que ma foi est assez grande pour ne pas se perdre face à cet événement raconté, j’en cherche une justification. Celle qui est plausible selon moi c’est que le contexte, c’est-à-dire les trajectoires de vie qui se croisent et se décroisent en fonction d’une multitude de paramètres, est géré par Dieu. Et donc, que pendant la mission prophétique, vu qu’Il décida qu’elle serait telle qu’elle servirait de réceptacle à Sa Parole, Il est intervenu de manière contextualisée, y compris en gérant des affaires domestiques qui avaient cours. Le coup de vent comme vous dites, est la décision de Dieu. L’absurde nous entoure aussi, mais si on a la foi, on la met sur le compte de l’épreuve ou de la Sagesse divine. “Les voies du Seigneur sont impénétrables” disent les chrétiens.
Bref, il faut savoir que la foi en Islam est très répandue et partagée. Que cela est naturel de croire en Dieu, de se dire croyant et de partager cette croyance. C’est une différence fondamentale avec l’Occident. Je ne saurai vous dire pourquoi Dieu a voulu cela, mais Il l’a voulu. Je vous invite à lire le livre de Muhammad Assad, intitulé le Chemin de la Mecque. Je vous invite à douter de vos certitudes, comme le faisait Descartes, quand vous le lirez. A tenter de comprendre l’homme qui raconte sa quête. A tenter de mettre de côté vos propres biais servant à confirmer vos hypothèses de départ, c’est-à-dire celle de la non-existence de Dieu (êtes-vous incroyant ? Je ne le sais pas, je ne vous ai pas vu l’écrire). Il s’agit de l’histoire d’un Juif autrichien du début du XXème siècle racontant, de manière limpide et justifiée, comment il en est arrivé à se convertir à l’islam. Et on le voit converser avec des grands de ce temps dans la région du Moyen-Orient : Ibn Saoud, Reza Shah, le roi Abdallah de Jordanie, Ibn Saoud, David Ben Gourion… On arrive à s’imprégner de l’atmosphère de ce temps qui est complètement révolu aujourd’hui. Et ses descriptions des paysages et des contextes qu’il a connus sont magnifiques. Lisez ce livre si vous souhaitez comprendre l’âme de l'”homo islamicus”, qui ne s’embarrasse pas de douter par les versets que vous avez évoqués parce qu’il croit en un Dieu Sage…Vous saisirez peut-être ce biais de confirmation que vous imputez comme disqualifiant l’occidentalisme islamique (j’y reviens dans le commentaire suivant) comme étant une foi sincère pour ceux qui la savent vraie.
Adrien,
J’en viens à ce qui est le cœur du problème, à savoir l’utilisation par la pensée islamique d’une pensée philosophique occidentale.
Prenons l’exemple du Dasein d’Heidegger. Il était profondément athée. Mais sa philosophie, c’est-à-dire cette définition d’être par sa temporalité propre m’intéresse. Car enfin, cela est vrai, nous sommes tous mortels, et cette idée de finitude s’imprime en nous très tôt. Surtout, c’est chaque étant qui conçoit instinctivement qu’il fait partie d’un tout, cet Etre que la philosophie a mis au jour mais qu’elle a toujours du mal à expliquer. Cependant, la philosophie d’Heidegger est intéressante d’un point de vue islamique. Elle raconte du vrai dans les modes de liaisons qu’il peut y avoir entre l’homme en tant qu’être-là et les mondes dans lesquels il évolue. Cela ouvre des perspectives incommensurables quant à la concordance entre intervention contextualisée de Dieu et les concepts mis au jour par Heidegger et qui indiquent tous l’importance de la temporalité de l’homme, en ce sens que son “être-là” se déploie selon une logique qui fait intervenir l'”être-à-chaque-fois”, c’est-à-dire une temporalité propre de l’homme. Ces concepts éminemment complexes, encore une fois, sont l’oeuvre d’un athée. Mais elle me donne des clés de compréhension du libre-arbitre et de la prédestination, et donc du contexte influant l’homme. C’est par ce biais de confirmation que je veux en prendre connaissance. D’autant plus qu’Heidegger a trouvé lui-même une inspiration non-négligeable dans des textes chrétiens des premiers siècles de l’ère christique, ce qui indique ainsi, par ailleurs, le biais que prendre la foi pour influencer l’Histoire, ici de la philosophie. J’espère que vous conviendrez avec moi sur cette idée de la force de la foi sur les siècles des siècles dans la tournure qu’a prise l’Histoire, indépendamment du fait que vous soyez croyants ou pas.
Plus globalement, je ne souhaite nullement mettre de côté une philosophie sans d’abord justifier cette mise de côté. J’ai des intuitions, que je souhaite confronter à ces philosophies. Et construire donc ma propre philosophie, qui est, j’en ai l’intuition, le “vrai-préexistant à soi”.
Ainsi, dans le texte sur l’occidentalisme, quand je prends l’exemple de l’inconscient, j’ai l’intuition première que cet inconscient est existant par la permission de Dieu. Je cherche donc à me confronter (dans le bon sens du terme) avec Freud. Je dois donc prendre connaissance de sa pensée, comme si elle était mienne. La comprendre, la saisir (un peu comme je vous disais de le faire avec Muhammad Assad). Puis, se dégage une logique que je sens intuitive et vraie, comme préexistant à soi, grâce à la prise en compte dans ma grille de lecture islamique du monde et du mode de cette pensée.
Sauf que, et je vais peut-être faire naître en vous une réserve, je suis persuadé que toute philosophie exprimée, quand elle a été exprimée, est vraie en soi (puisqu’elle est logique et raisonnée, et reconnue comme tel). Aussi, qu’elle s’inscrit complètement dans une logique islamique de la vision du monde. L’athéisme ou la croyance ne peuvent se prouver philosophiquement ou par la raison pure. Donc, ce qui est prouvé par la philosophie est le fruit de la raison, ce qui veut dire qu’elle est sincère, donc vrai en soi. Ce qui est épuré, c’est tout ce qui va à l’encontre de la foi, et qui réside en une présupposition du porteur de la pensée quand il est athée, ou d’une autre religion, à savoir soit qu’il croit qu’il n’y a pas de Dieu, ou que, pour lui, la religion islamique est fausse. Comme Hegel et sa conception trinitaire. Il l’avance dans sa philosophie comme un élément de foi, en tant que musulman je dois donc considérer cela faux, mais le reste est une philosophie raisonnée, donc je dois en comprendre le vrai tel qu’il a été conçu par Hegel. Et l’introduire ensuite dans le moule islamique de ma raison. Pour Freud, je fais la même chose. Il semble indiquer que l’inconscient est fonction de l’expérience. Or, ceci est un acte de foi de sa part, celui de dire que l’inné ou le biologique n’a pas de force. Aujourd’hui cela est remise en cause par la science. L’intuition de la foi peut nous le permettre de le claironner aussi, car la logique de la croyance nous indique clairement, à nous croyants, que Dieu contrôle les destinées. Or, il est indéniable que tout homme a une intuition en lui qui le gouverne. Cela est prouvé par la philosophie. Si nous sommes croyants, nous attribuons à Dieu lui-même le contrôle de cette intuition. Il est donc normal de dire que l’inconscient, s’il est bien évidemment façonné par l’expérience, tire son fondement de la “texture” du cerveau, ce biologique “vrai préexistant à soi”.
Je vous avoue que mes questionnements quant à l’utilisation à faire de la philosophie occidentale ne sont pas totalement résolues. Et que la topologie de ma pensée évoluera sans doute avec le temps, pour gagner une structure de pensée que je ne possède pas encore à présent. Fonctionnement à ce jour par intuition, je sais que le vrai existe. Trouvant mon compte dans l’utilisation de la raison, je n’en maîtrise pas tous les aspects, loin de là ! Quant à ma foi, elle n’est là que pour me guider dans les pas, me donner une perspective. Car j’en suis convaincu, au point que j’en ai des larmes aux yeux quand j’y pense profondément, surtout quand je la mets en résonance avec d’autres qui ont la même foi. Que l’on partage cette foi, et qu’on en prenne conscience, je peux vous le garantir, vous qui ne connaissez pas ce sentiment, c’est quelque chose de magnifique et de formidable à vivre. D’être sûr que Dieu existe, on ne s’en lasse pas. On s’y accroche parce que l’on est, de cela, certain. Seulement, je me pose la question de la relation entre philosophie et religion. J’espère avoir l’occasion de traiter de cela dans l’un de mes textes futurs.
Mais disons-nous la vérité. Je respecte ceux qui ne croient pas, ce sont mes égaux dans ce monde. Ils sont tout autant légitime que les croyants à vivre en liberté. Cependant, ce n’est pas un scoop, mais nous pensons que ceux qui ne croient pas sont dans l’erreur. Je vous avoue que j’ai du mal à concevoir comment l’on appréhende la vie sans croyance. Cela m’est difficile, vraiment ! Comme cela doit être dur pour vous de vous laisser aller à abandonner vos propres biais de confirmation, qui résident en des certitudes nées simplement de la raison, mais qui sont en réalité une foi que vous avez…
Cordialement
Adel TAAMALLI
Bonsoir Abdel,
Tout d’abord, je me permet de vous retourner la politesse en vous disant que j’apprécie votre capacité a débattre de façon calme et argumentée.
De façon synthétique, en vous lisant je trouve que vous confondez le déisme de la pensée occidentale avec l’idée de la religion que se fait l’Islam fondamental. A mon sens votre philosophie s’appuie largement sur une mentalité déiste très 18 eme (Dieu existe vraisemblablement mais ne s’est pas nécessairement adressé a l’humanité) qui est d’ailleurs le fruit d’une prise de recul avec le christianisme pour enfoncer une vision islamiste (Dieu s’est exprimé dans le Coran qui est un gide pour l’humanité de même que l’action du prophète) de la société qui est en profond décalage avec la philosophie que vous citez. Ainsi vous vous trouvez a faire un grand écart pour combler cette dissonance cognitive entre votre fois et votre gout pour la philosophie.
Cette synthèse faite, je me permet quelques commentaires sur vos réponses :
Message #2 :
Lorsque vous dites que la non religiosité est une exception historique, je penses plutôt que la croyance en un Dieu tel que nous l’entendons est une exception de notre bassin de civilisation, si l’on considère d’autres civilisations qui n’ont pas été influencées par le judaïsme c’est bien moins évident. La vraie exception historique ce serait plutôt l’absence (relative) de superstitions. Parallèlement on peut tout a fait prétendre que cet absence de religiosité vas dans le sens de l’histoire et que les sociétés désenchantées se sont en fait débarrassées d’un lourd fardeau. C’est d’ailleurs peut être l’idée qu’on s’est débarrassé d’un fardeau qui rends les français particulièrement crispés lorsqu’on parle de religion (par ailleurs je vous accorde que les journaux français manquent de pluralisme) .
Concernant la nature profonde de l’homme je salue le fait que vous considériez que la non religiosité en fasse partie; ce point étant nié par une grande partie de vos co-religionaires. En ce qui me concerne, sur cette question (de la nature de l’homme) je penses que Darwin y apporte une réponse certes terrifiante mais qui parait pertinente.
Message #3
Dissocier la foi et la religion me parait compliqué tout simplement parce que vous n’auriez jamais eu la foi si vous n’aviez pas connu la religion. Et le problème de la religion c’est qu’elle est triviale.
Je suis tout a fait d’accord sur le fait qu’il n’est pas possible de prouver l’existence ou la non existence de Dieu par la raison (encore quelque chose que beaucoup de vos coreligionnaires semblent nier). quand a l’empreinte de la foi dans l’histoire et dans l’action des hommes elle est indéniable, cependant lorsque j’ pense les premières image qui me viennent sont de images de violences, le rares images positive se limites a l’ingénierie liée cathédrales et au mosquées.
Einstein s’est exprimé plusieurs fois a propos de sa croyance il s’est clairement exprimé comme étant déiste réfutant dans le sens que j’ai donné ci dessus et qui le rend de fait hérétique.
Concernant Newton je vous cite Laplace (travaillant sur le même problème)
Napoléon a Laplace – Newton parle de Dieu dans son livre, vous n’y faites pas mention ?
Laplace a bon appart – Sir je n’ai pas eu besoin de cette hypothèse.
Si l’on ne peut pas nier que bon nombre de grand nom de la science étaient pouvaient croire en Dieu, rare sont les fondamentaliste…
Message #4
Ce que vous décrivez la (au sujet des versets problématique qui n’ébranlent pas la foi préexistante) est typique du bias de confirmation qui est décrit plutôt précisément dans l’article de Wikipedia. Demandez vous ce qu’il serait advenu de votre fois si c’était justement cela qui vous avez été présenté en premier ?
Par ailleurs, je trouves compliqué de vivre avec l’idée qu’un message contextué et trivial (ce que vous semblez admettre) puisse avoir comme vocation a s’appliquer comme un guide pour toute l’humanité et toutes les époques. La croyance en un Dieu Sage devrait au contraire faire douter d’un message qui prends souvent des tournures absurdes.
Si vous admettez l’existence d’un Dieu sage, qu’il est impossible de déterminer par la raison si une religion est juste, qu’il y a des centaines de boutiques différentes et que les gens choisissent généralement celle de leur parent alors comment expliquer la description des tortures sadiques l’enfer ?
Merci pour la référence j’essaierais de la lire
Personnellement, puisque vous me le demandez je suis agnostique.
Message#5
Pour des raisons personnelles je connais très l’état que procure la foi, mais je peut vous dire que cette foi peut aussi bouger radicalement,au mois autant que vous le supposez pour vos conceptions philosophique.
Même si l’idée de Dieu m’est plutôt neutre, j’ai aussi des convictions qui peuvent m’émouvoir au larmes.
Je pourrais vous exposer longuement ma philosophie, mais j’ai déjà assez écrit. En tout êtat de cause, pour la question qui nous préoccupe, ma conviction profonde est que le monde arabe gagnerais a faire sa révolution copernicienne. On perd beaucoup de temps avec la religion, pendant ce temps la la terre continue de tourner, et le reste du monde avance.
Au plaisir de vous lire,
Cordialement,
Adrien
Et pourquoi la philosophie occidentale seulement ? et pourquoi surtout pas le philosophies bouddistes , indous, confuciennes etc.. plus enrichissantes et plus proches de la pensée islamique et non instrumentalisées pour l eternel projet imperial et imperialiste de l occident, comme l a éte
la philosophie occidentale repliée sur elle meme, nombriliste et totalitaire lorsqu il s agit de la foi des autres a l image de la politique de ses pays d origine et ce depuis 500 ans ….
Impérialiste et repliée sur elle même ? pouvez vous nous expliquez ce paradoxe ?
Quand a son coté totalitaire s’agissant de la foi des autres, la réalité est plutôt que la fois des autres ne l’intéresse pas, en particuliers celle des musulman (reportez vous au commentaire de son of cartage). concernant le totalitarisme, l’Islam me semble plutôt bien placé. La simple idée du pluralisme est perçu comme une faiblesse et souvent d’ailleurs elle n’est même pas comprise en tant que concept; le doute est qualifié de “maladie” … De plus la philosophie qu’elle soit occidentale bouddhiste, ou même arabe est souvent considérée comme une hérésie.
Dans le fond vous avez raison pourquoi pas d’autres philosophies, mais vous semblez trop aveuglé par votre idéologie pour considérer quoi que ce soit qui sort de votre moule de pensée. La preuve, vous avez en 3 phrase créé une catégorie homogène particulièrement grotesque pour qualifier 5 siècles d’une philosophie eterogène pour vous éviter une quelconque introspection.
“Pour reprendre Tariq Ramadan, l’éthique musulmane peut participer de la dialectique de la pensée en Occident même “. C’est malheureusement l’archétype du contre exemple de ce que vous prônez. Les “philosophes” islamistes (car les philosophes musulmans non islamistes tombent dans une autre catégorie) comme Tarik Ramadan ou même Rached Ghanouchi font plus de la propagande sur fond de sophisme pour injecter leur foi dans la pensée occidentale tout en s’y fermant personnellement de manière hermétique que de réfléchir honnêtement sur ces thèmes . Bref, pour cette catégorie de philosophes, qui considèrent la philosophie plus comme un moyen davantage qu’une fin en soi, l’interaction ne peut aller que dans un seul sens, cad plus d’islam dans la pensée occidentale et non l’inverse. Les philosophes non islamistes sont quant à eux persécutés par les islamistes à coups de fatwas, assassinats et procès. Ce que vous prônez ne peut donc jamais advenir tant qu’il n’y a que des philosophes imposteurs (se servant de philo à des fins propagandistes pures) et tant que les autres sont persécutés parce que leur philosophie ne plait pas (Salmane Rochdi, Najib Mahfoudh, Nasr Hamid Abû Zayd et notre cher Taher Hadded également persécuté par les conservateurs tunisiens pour avoir voulu apporter des arguments islamiques à la libération de la femme, etc… car la liste est malheureusement très très très longue).
Bref, le seul moyen pour y arriver est de donner le droit aux philosophes de philosopher librement sans les persécuter dès que leurs idées sont contraires aux moeurs en vigueur. C’est ce qui a précipité la chute de l’église en occident et c’est ce que nos conservateurs ne permettront jamais. Alors ils absorbent la philosophie et la maintiennent otage des ramadans, ghanouchis and cos afin que l’homme ne tue pas dieu en Arabie comme il l’a malencontreusement fait en occident (Nietzsche: Gott ist tod!).
On ne peut philosopher réellement sans accorder la liberté de conscience, voilà pourquoi ca ne peut pas marcher chez nous et que l’interaction ne sera maintenue artificiellement que dans un seul et unique sens, celui de Tarik Ramadan où l’éthique musulmane devra participer de la dialectique de la pensée en Occident même et jamais inversement.
il y a 2 types d’interactions possibles en termes de reflexion. Le premier suppose l’ouverture à l’autre et la capacité de se changer soi-même à la faveur de cette interaction. Les fondamentalistes combattent vigoureusement toute prémisse ou tentation dans ce sens, ce que j’ai exposé dans mon premier messsage. Le 2eme est de puiser chez l’autre les preuves et confirmations de ses propres convictions. Je suppose que vous êtes dans le 2nd schéma de pensée. En l’occurence, c’est également peine perdue car la pensée occidentale est passée par la foi, puis l’athéisme qui est aujourd’hui au somment de l’échelle de reflexion. Vous ne pourrez puiser selon votre guise ce qui vous plait et rejeter ce qui ne vous convient pas sans avoir l’air ridicule. Dans une France profondément laique marquée par une révolution profondément anticléricale et qui est le fondement même de son identité et de sa fierté actuelle, parler de religion est simplement un anachronisme. Vous ne pouvez discourir de la philosophie occidentale sans la prendre dans sa totalité et il me semble aujourd’hui extrêmement improbable de pouvoir étayer vos idées sans les voir balayer comme un chateau de cartes par le moindre philosophe amateur. Car les contre exemples et contre arguments (institutionnalisés depuis et profondément assimilés par la conscience collective) y sont légions!!!!!!!
D’ailleurs, depuis que Nietzsche ait constaté la mort clinique de dieu dans la pensée philosophique occidentale, celle-ci s’est nonchalemment tournée vers d’autres thèmes,celui-ci étant épuisé. On réfléchit (depuis qd même un siècle déjà) sur la société, la lutte des classes, la mondialisation, le libéralisme, l’économie, la société de consommation, le développement durable, l’individualisme…..Dieu n’a plus dans la philosophie moderne qu’une place très marginale et est relégué à une question de conviction personnelle. On y croit ou pas, basta, y a rien à argumenter! Ca a été facilité (je parle du 18eme) par l’émergeance du nationalisme à mon avis. Les gens ne s’identifiant plus par leur foi mais par leur appartenance à une Nation. Aujourd’hui (depuis la 2eme guerre mondiale) il existe un nouveau sentiment d’appartenance à quelque chose d’encore plus grand que sa propre patrie et qui est la communauté internationale, voire la planète (mouvements écologistes) ce qui donne un sentiment de responsabilité et de communauté de destin envers et avec autrui………..bref, vous êtes à des siècles de la pensée occidentale et avez plutôt peu de chance de vraiment pouvoir la toucher. Surtout avec ce thème.
tout a fait daccord il faut de la philo pour eduquer les masses islamiques et leur permettre de reflechir par eux meme au lieu d apprendre par coeur des textes depasses
[…] De l’utilité de la philosophie occidentale dans la pensée islamique moderne, et inversement Non, Cheikh Majeri, on ne tue point qui ne prie pas, l’islam étant liberté […]
Bonsoir Adrien, et les autres.
Je vous remercie d’avoir pris le temps de travailler à la rédaction de vos commentaires, riches.
Parce que je ne souhaite pas entrer dans dés débats difficiles à tenir dans le cadre de commentaires, j’ai écrit un nouveau texte répondant en partie à ce que vous disiez. Sur la liberté et l’utilisation de la philosophie dans une pensée islamique, notamment. Lien sur nawaat : http://nawaat.org/portail/2013/10/02/lislam-la-philosophie-et-la-liberte
D’autres aspects du problème ont été abordés ici et méritent que l’on s’y arrêtent. J’espère avoir l’occasion d’écrire d’autres textes afin de les aborder.
Cordialement
Adel TAAMALLI
Adrien,
Comme promis, voici le lien concernant l’article sur la relation entre musulmans français et Français : http://www.afriquinfos.com/articles/2013/10/3/musulmans-fran%C3%A7ais-parlent-fran%C3%A7ais-231591.asp
Cordialement
Adel TAAMALLI
[…] response to an article by Nawaat contributor Adel Tamaalli on The relevance of Western philosophy in modern thought, and vice versa, one reader […]