Révolution du Bardo ou nouveau traité du Bardo ?

A propos du soutien du Front de Gauche aux “démocrates” du Bardo

Discours de Jean-Luc Mélenchon au meeting place… by lepartidegauche

Une délégation du FG s’est récemment rendue en Tunisie en soutien à la mobilisation du Bardo pour la dissolution de l’ANC. Pour rappel, l’ANC (Assemblée Nationale Constituante) qui siège au Bardo à Tunis est la seule institution fruit des acquis de la révolution tunisienne. Elle est également la seule instance représentative du peuple Tunisien dans son ensemble. Appeler à sa dissolution revient, de facto, à balayer d’un revers de main non seulement la souveraineté populaire mais aussi et surtout à supprimer le seul lieu de délibération politique libre, pluraliste et rationnel en Tunisie. La mobilisation dite du Bardo ne s’arrête pas là. Elle appelle également à remplacer le gouvernement nommé par les élus du peuple par un gouvernement de technocrates expérimentés dit de “Salut National”. Or le terme de “compétences” en Tunisie ne désigne rien de plus que les haut fonctionnaires de l’ancien régime ou pire, des instances néo-libérales internationales telle la Banque Mondiale ou le FMI. N’est-ce pas cette même dictacture de la techocratie que dénonce pourtant la gauche radicale en Europe ? Sans compter que cette mobilisation est soutenue et financée par des hommes d’affaires véreux de l’ancien régime. Leur stratégie ? Arriver à une minorité de blocage en obtenant la démission d’1/3 des députés. Or le nombre de députés démissionnaires ne représentent pas meme 30% des élus de l’ANC et sont soit des partisans du retour de l’ancien régime soit alliés avec ce dernier au sein du “Front du Salut National”. Ce dernier est fondé sur le modèle du Front du meme nom en Egypte qui a récemment organisé le putsch et la dictature militaire du général Al Sissi. Ces memes méthodes fascistes se retrouvent en Tunisie. Ainsi une députée a meme été menacée dans son intégrité physique pour avoir désobéi à la consigne de son parti de se retirer de l’ANC. D’autres ont été débauchés pour rallier le mouvement contre rémunération sonnante et trébuchante. Certes ce mouvement se fonde également sur une critique légitime du bilan des députés tunisiens toute tendances confondues. Mais cette défiance vire à l’anti-parlementarisme quand il ne s’agit pas de nostalgie de l’ancien régime. En celà elle est assimilable en France à l’anti-parlementarisme des populismes du Général Boulanger ou de Poujade.

Une fois ce portrait dressé, comment des militants et élus de la principale force de gauche radicale en France peuvent-ils soutenir un tel mouvement ?

La Discrimination c’est l’Egalité

Cette trahison des généreux principes humanistes par le Front de Gauche, dont il se fait le parangon, n’est-elle un accident de parcours ? Durant le protectorat, cette gauche-là jetait déjà l’anathème de fascisme sur le mouvement national tunisien, pourtant moderniste et réformiste. Leur plus grand reproche aux nationalistes fut de tenir à l’identité islamique de la Tunisie au lieu d’oeuvrer pour une Tunisie laique [1]. Comble de l’ironie, la gauche du pays colonisateur, se permettait de faire la leçon anti-impérialiste aux nationalistes, leur reprochant leur alliance tactique avec les USA contre l’occupant français. Déjà à l’époque. Meme l’UGTT de Farhat Hached, désormais couverte d’éloge, était vilipendé comme un suppot de l’impérialisme étatsunien du fait de son adhésion à l’organisation internationale syndicale anti-communiste CISL. Ne trouvait grace aux yeux de la gauche française que le PCT, ancêtre du Massar. Ce parti s’opposait à la lutte pour l’indépendance nationale l’accusant d’etre une revendication petite-bourgeoise, divisant le prolétariat et freinant la révolution mondiale [2]. Malgré les admonestations de Lénine et de la IIème Internationale, les enjoignant de faire front avec les nationalistes, rien n’y fit [3]. Rappelons que le PCF avait voté en faveur des pouvoirs spéciaux de l’armée en Algérie ouvrant la voie aux pires pratiques notamment la torture et les crimes de masses [4]. Plus de 70 ans plus tard, cette gauche franco-centré n’a pas évolué d’un iota sur ses positions. Le Front de Gauche n’est rien de plus que l’héritier d’une bien trop longue et sordide histoire de trahison de ses propres principes [5]. Diabolisation de toute référence à l’islam en politique, surenchère anti-impérialiste et soutien aveugle aux éradicateurs meme tortionnaires…

L’Exclusion c’est la Fraternité

Si la trahison des principes universels a été possible, c’est qu’à contrario des déclarations grandiloquentes, il ne s’agit rien de plus une réaction identitaire. Il s’agit de soutenir les “Notres” parmi les Arabes en terre d’Islam. Pour preuve, le cas Syrien. Qu’est-ce qui explique que le Front de Gauche ignore le principe de souveraineté nationale en Tunisie alors qu’il s’oppose à toute ingérence occidentale dans le cas de la Syrie ? Le Front de Gauche s’ingère dans les affaires tunisiennes en prenant parti pour un camp sans que la majorité du peuple ne l’ait invité. Il manifeste contre une ingérence Occidentale en Syrie et en soutien aux forces démocratiques et sociales. Paradoxal quand on sait que ces mêmes forces attendent depuis maintenant près de 2 ans un soutien du FG, qui a brillé par son absence de toutes les mobilisations de soutien à la lutte du peuple Syrien pour sa libération de la dictature. Dans le même temps, pour le cas de la Tunisie, il a apporté son soutien à toute mobilisation s’opposant au gouvernement et à la majorité parlementaire. En réalité, le Front de Gauche s’oppose à l’ingérence envers un peuple arabe ou musulman uniquement quand ce dernier fait le bon choix, celui de la gauche laïque. Pourtant la résistance Syrienne comme la majorité parlementaire Tunisienne intègrent toutes deux des forces de la gauche démocratique laique. Mais elles intègrent également des forces de l’islamisme et c’est là, aux yeux du FG, leur crime capital. En Tunisie le Front Démocratique pour le Travail et les Libertés (FDTL) et le Congrès Pour la République (CPR) tous deux de la gauche démocratique Tunisienne forment une alliance le parti islamiste de la Renaissance (Nahdha). De même en Syrie, les forces révolutionnaires de gauche ont fait alliance avec les Frères Musulmans. La gauche française aura beau jeu de saluer la révolution Tunisienne et de la transition démocratique, elle rejette ce qui l’a rendu possible : le refus de l’exclusion de toute tendance politique luttant contre la dictature. Elle se refuse toujours à reconnaître la victoire des islamistes aux éléctions du 22 octobre 2011, premières élections transparentes de l’histoire de la Tunisie. Ainsi le Front de Gauche perpétue la logique réactionnaire du “tout sauf les islamistes”, qui a permis à la dictature de Ben Ali de se maintenir pendant 20 ans. Sans compter que cette logique éclipse totalement la question sociale. Le Front de Gauche reste bien silencieux sur la passivité si ce n’est la complicité des forces de gauche tunisiennes à l’égard du capitalisme néo-libéral représenté par le FMI. Il l’est d’autant plus que derrière sa posture oppositionnelle en France, il est en réalité un allié du gouvernement de gauche néo-libérale au pouvoir en France. L’internationalisme dont se targue la gauche française est aux antipodes d’un universalisme des principes. Ce n’est rien de plus qu’une fraternité identitaire avec toutes les gauches arabes qui ont fait le “bon choix”, c’est à dire comme eux le choix de la laicité meme au prix de la dictature la plus barbare.

La Dictature c’est la Liberté

Le Front de Gauche est composé de 2 familles historiques de la gauche française : les communistes via le Parti Communiste Français (PCF) et socialiste via Mélenchon et son Parti de Gauche (PS). Ces derniers représentent plus précisément l’antique tendance étatiste et nationaliste du Parti Socialiste. Si nous avons vu que ces forces politiques ont pu faire le jeu de la dictature et de ses dérives totalitaires en Tunisie, nous passons trop souvent sous silence que ce ne fut en rien différent en Occident. N’est-ce pas la tendance étatiste de la gauche républicaine qui a participé à l’éradication souvent sanglante de cultures minoritaires tels que les Chouans, Basques ou encore les Corses ? A tel point que pour revendiquer leur droit à l’existence, ces derniers en sont encore aujourd’hui au stade de la lutte armée. La France est encore aujourd’hui le seul pays d’Europe à ne pas reconnaitre de minorité nationale toujours bien entendu au nom de l’universalisme (L’idéologie républicaine, Béatrice Durant). Les communistes ne sont pas en reste. Les nombreuses purges internes, l’usage de la violence, et la diffamation de ses dissidents furent le lot commun du PCF. Le “centralisme démocratique” dont se revendiquait le PCF n’est que le versant interne au Parti de la dictature totalitaire des “démocraties populaires” pratiquées dans le bloc soviétique. Le PCF est en effet un parti stalinien qui non seulement resta silencieux sur la répression de l’Etat gaulliste sur le mouvement de révolte estudiantin, immigré et ouvrier de mai 1968 mais qui n’hésita pas également à saluer la répression sovétique lors du printemps de Prague en 1968 et meme à faire campagne pour l’invasion de l’Afghanistan par l’URSS. Ainsi c’est cette meme gauche-là qui nous inventent des expressions comprenant le mot “démocratie” dans le but explicite de nous faire passer des vessies dictatoriales pour des lanternes démocratiques. Aux heures de gloire de l’Empire Soviétique, ce fut “démocratie populaire” ou “centralisme démocratique”. Dans notre Tunisie contemporaine, nous en concluons que des expressions tel que “démocrates progressistes” ou “démocrates pour les libertés” sont des éléments de langage d’une novlangue désignant en réalité les plus retors ennemis de la liberté et de la démocratie. C’est à travers cette novlangue qu’il faut comprendre le soutien des “démocrates” du Front de Gauche aux Tunisiens s’auto-proclamant “démocrates”. Rien dans les pratiques du Front de Gauche ou dans son histoire ne nous permet de croire un seul instant qu’ils ont des leçons de démocratie à nous donner. Les Tunisiens qui s’imaginent que le soutien de cette gauche-là vaut gage d’appartenance au camp démocrate ne sont ainsi que des victimes d’une profonde aliénation post-coloniale [6].

La Dictature c’est la Liberté. La Discrimination c’est l’Egalité. L’Exclusion c’est la Fraternité.

Georges Orwell dans son roman 1984 décrivait une société totalitaire où toutes les valeurs avaient l’application précisément opposée à leur signification réelle. N’est-ce pas au fond le sort subi par les principes universels de Liberté, d’Egalité et de Fraternité au sein du Front de Gauche lorsqu’il s’agit de la Tunisie et des pays post-colonisés arabes et/ou musulmans en général ?

Notes

1- Bechir Tlili, La fédération socialiste de Tunisie (SFIO) et les questions islamiques (1919-1925) in Mouvement ouvrier, communismes et nationalismes dans le monde Arabe, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57192451

2- Hassine Raouf Hamza, Le Parti communiste tunisien et la question nationale (1943-1946) in Mouvement ouvrier, communismes et nationalismes dans le monde Arabe, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57192451

3- http://www.vacarme.org/article143.html

4- http://www.vp-partisan.org/article518.html

5- http://www.ism-france.org/analyses/Melenchon-ou-le-meilleur-de-la-gauche-coloniale-francaise-article-17897

6- Frantz Fanon, Les intellectuels et les démocrates français devant la révolution algérienne in http://classiques.uqac.ca/classiques/fanon_franz/pour_une_revolution_africaine/pour_une_revolution_africaine.html

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25Comments

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  1. 1
    Khemaïs

    Bravo et merci pour ce texte salutaire, qui remet les points sur les i ! On ne redit pas assez toutefois que si l’infect Mélenchon peut baver en toute impunité son discours colonial sur la place du Bardo, c’est principalement parce que la gauche “laïque” tunisienne (y compris l’UGTT) est elle-même complètement enfermée dans son fanatisme éradicateur, au point qu’elle a abandonné tout semblant de dignité en s’alliant publiquement avec les Dsétra et autres RCDistes pour faire tomber Nahdha (comme s’il était PLUS GRAVE d’être un dictateur tortionnaire islamiste que d’être un dictateur tortionnaire benaliste…)

  2. 2
    james-tk

    De quelle légitimité, et, souveraineté vous parlez, moi le 22 octobre lorsque j’ai déposé mon bulletin dans l’urne, j’avais l’intime conviction que, c’était pour un bail d’une année, non renouvelable, mais avec, éventuellement , une prolongation de quelques semaines, voire deux ou trois mois ! Je trouve, que vous ne manquez pas d’air,vous piétinez tous les principes moraux, en avançant des arguments tirés par les cheveux et fallacieux, pour justifier l’injustifiable, qu’une écrasante majorité de tunisiennes et tunisiens rejettent, que vous le vouliez ou pas !
    Entre vous , et, nous, c’est le jour et la nuit ! Nous croyons fermement à la démocratie, aux libertés individuelles, et, à l’État de droit ! Ce qui se passe en Tunisie, aujourd’hui, est un hold-up, qui ne dit pas son no la politique, c’est aussi ” أخلاق أو لا تكون ” !
    PS : J’ai voté le samedi 22 octobre au consulat de Tunisie à Paris.

  3. 3
    james-tk

    Ils s’y sont pliés, n’en déplaise à certains, la preuve que nous avions raison, ils n’osent plus maintenant évoquer cette légitimité, frelatée, éculée, et, caduque depuis belle lurette !
    Je suis laïque, et, même agnostique; et mes principes m’interdisent de ne jamais lever la main, ou, insulter, un quelconque être humain, et, quelles qu’en soient les différents qui séparent !
    Restez dans votre coin, puisque vous vous plaisez à endosser le rôle des ” nabbaras ” !
    Ennahdha est à genoux, les prochaines élections feront le reste; et que restera-t-il près, que de mauvais souvenir.La Tunisie, en avait vu d’autres, depuis la nuit des temps, elle se relèvera, plus forte que jamais.L’autre jour,j’entendais,une gamine de treize ou quatorze années, elle disait : ” c’est pas grave , nous sommes habitué(e)s, depuis je suis petite, et nous continuerons…” ! C’était la fille de Zied El Héni ! Et là j’ai dit, plus besoin de s’inquièter pour notre chère patrie.

  4. 4
    mandhouj

    L’accord autour de la feuille du quartette, est l’échec de la démocratie élective, est ce vrai ?
    Peut-on parler de l’échec de la démocratie élective en Tunisie, comme processus à la nouvelle construction démocratique, que la nouvelle Tunisie ‘’la Tunisie de la révolution’’ s’est engagée depuis le lendemain de la révolution à le bâtir ?
    Franchement, non, on ne peut pas parler d’un échec, ni de correction de trajectoire.
    La récente démocratie élective tunisienne était réfléchie pour qu’aucun parti ne soit/sera dominant.
    La démocratie élective puise sa force dans des profonds consensus autour du modèle sociétal, politique, culturel et économique que la nouvelle Tunisie souhaite le mettre en projet (progrès, émancipation, démocratie, ouverture de sens sur le monde, état civile moderne avec tous les mécanismes de contrôle démocratique des politiques publiques, et aussi des actions de la société civile, efficacité économique, vivre ensemble en tolérance et intelligemment, développement de nos territoires, et que toutes ces choses/valeurs/rêves/aspirations légitimes se penseront dans le cadre de nos grandes références révolutionnaires ‘’les objectifs de la révolution’’ et dans les fondamentaux de nos valeurs civilisationelles partagées et de la modernité).
    Il est dommage que l’opposition ‘’surtout le PDP de l’époque’’ n’a pas accepté de gouverner avec la troïka. Mais rien n’est à regretter pour la Tunisie. Notre pays avait besoin de cette confrontation. Notre pays ne pourra pas produire autre chose autre que cette confrontation. La classe politique (avec toutes ses alliances intérieures et extérieures, avec sa culture petitement petite en expériences démocratiques, avec son socle de référence idéologique, très présent dans ses positionnements) ne pourra pas offrir à la Tunisie autre chose que plus plus d’alliances sur les exigences de l’FMI, la banque mondiale (…). Oui la Tunisie a souffert avec ces confrontations. Oui la souffrance est économique. Oui la souffrance nous a été imposée par nous-mêmes, par notre capacité de mélanger politique et syndicalisme. Mais tout cela n’est pas un crime, il est juste notre niveau.
    La Tunisie depuis la révolution, est-elle était capable de faire comme si la contre révolution n’existe pas, pour qu’elle avance considérablement dans les objectifs de la révolution ? Dans le processus de la justice transitionnelle ?
    Ma réponse et non.
    La Tunisie était et est en proie de tous les envies, et du niveau modique et médiocre de sa classe politique.
    Le gouvernement de la troïka avait-il la possibilité de faire court, rapide, mieux et efficace ? Non la tunisie est un pays qui dépend des exigences internationales et des enjeux des alliances sur la seine nationale et dans le monde. Notre diplomatie pendant le gouvernement Jebali, a beaucoup souffert. Il ne s’agit pas de question d’incapacité, non il s’agit des conséquences de changement de cap, à cause de notre révolution. Nous étions attaqués, ok. On aurait pu limiter certains dégâts. Mais je pense rien n’est à regretté, les tunisiens se sont rendu compte de plusieurs choses. Notre diplomatie actuelle essaie de remettre certaines choses (choix, orientations sur des voies sures. L’effort il existe, mais les attaques se multiplient.
    Le gouvernement Jebali avait-il le dernier mot ? Non, mais le 1er ministre, dans son erreur de gouvernement de technocrates, le peuple a su éviter la descente à l’enfer (la dissolution de l’Anc,…).
    L’actuel gouvernement avait-il l’occasion et l’opportunité de faire mieux de ce qu’il a fait ? Vu ce que j’ai avancé au début en matière de construction politique et idéologique de nos partis politiques, ma réponse, et non, il n’avait pas d’autres possibles choix. Notre réalité est conditionnée par une panoplie d’intérêts, qui nous dépasse.
    Les décideurs tunisiens (le gouvernement de la troïka et les trois partis en additionnant leurs alliances) ont-ils évité à la Tunisie une descente à l’enfer, à chaque fois que des séquences se sont présentées pour pousser le pays dans l’anarchie et la guerre civile. Oui, le gouvernement avec le soutien populaire, a pu éviter à la Tunisie, la descente à l’enfer.
    Alors l’actuel accord sur le dialogue national, quel issu offrira t-il à la Tunise et à sa démocratie élective ?
    Pour moi, ce dialogue ne mettra pas en cause les résultats des élections du 23 octobre 2011.
    Ce dialogue sera un levier pour accélérer la période transitoire.
    Ce dialogue aidera l’opposition de croire plus plus en le bon choix de la démocratie élective.
    La voie des urnes est une voie sûre du moment ou les fondamentaux politiques sont écrits solennellement dans la constitution.
    Que restera t-il pour les objectifs de la révolution ? Que restera t-il de la justice transitionnelle ? Est ce qu’avec ce dialogue on gagnera une réconciliation nationale ?
    Les objectives de la révolution (dignité –liberté-travail), se travailleront sur le temps et ils seront les références en continu pour tout programme politique des partis et des gouvernements successifs.
    La justice transitionnelle trouvera son modèle d’application. Je suis certain.
    La réconciliation nationale se gagnera, malgré tout, tant que la démocratie, le pluralisme politique, le pluralisme d’idées, le pluralisme culturel seront garantis dans la constitution et dans les pratiques des gouvernements, fur et à mesure du temps.
    Du moment où on pense que la démocratie n’est pas que des séquences électives (libres et transparentes) qui se vivent un jour tout les 5 ans, mais plutôt une volonté de ne pas s’emparer de la décision nationale, et que le tout et concertation, négociation, échange d’idées et d’avis. La Tunisie trouvera sa route sûre dans la volonté de ses enfants à aller droit vers la démocratie la démocratie la démocratie. Et c’est par la démocratie que la mise à mort des solutions globales, universelles, expéditives sera confirmée. Et encore une fois, par la démocratie on gagnera le progrès et le développement, donc les objective de la révolution.
    Ben Ali harab
    Mandhouj Tarek.

  5. 5
    Ramzi

    Le heros de la colonisation et du debut de l asservissement de la Tunisie et de son peuple ,n etait il pas le gauchiste et le progressiste de l epoque Jules Ferry ? au nom bien entendu de la mission civilisatrice la France d antan ? l équivalent de la laicité pervertie neo-coloniale des heritiers de Jules Ferry soit les gauchistes francais d aujourd hui. Plus pervertis sont les bruyants gauchistes tunisiens qui par aveuglement ideologique, esprit anti.democratique et par manque de patriotisme font appel aux étrangers…..

  6. 6
    Rchid Oued Meliz

    Le Front de Gauche sont venus chez nous, ils n’ont pas été victime d’agression ou de brimade.
    Alors que si un député tunisien aurait manifesté contre le mariage des homosexuels, ils seraient montés aux créneaux et auraient dénoncé l’ingérence islamiste en Tunisie (même s’il était communiste, ils diraient islamiste) et peut être passer à tabac par les antifa (racistes qui se disent anti-fascistes).

    Que serait l’opposition sans Béji Caïd Essebssi (ancien haut dirigeant rcdiste)?
    Un CADAVRE.

  7. 7
    Mandhouj

    Moi je pense, en final, que les familles politiques doivent dialoguer, ce connaître, se rassurer, que plus jamais la dictature du parti unique, de la solution unique, de la pensée unique.
    Ainsi on apprendra à respecter les résultats de la démocratie élective.
    À mon sens la Tunisie n’a pas le choix, cette période de transition doit finir en beauté.
    Assez de tiraillement, assez des grèves et de sit in politisés.
    Notre nouvelle Tunisie doit passer par un processus de justice transitionnelle, et par un grand moment de réconciliation nationale. Ces sont les règles de l’histoire, et on échappe pas.
    Ben Ali le dictateur harab.
    Mandhouj Tarek.

  8. 9
    HoucineD.

    Ce texte est un déchainement de propos dénonciateurs dont je perçois mal, la haine et le rejet mis à part, ce qu’il tend à illustrer.
    Le recours à une forme où l’oxymore vient chapeauter un ramassis d’affirmations qui trahissent leur objectif par la généralisation et l’imprécision, vient gàter les inférences historiques exactes.
    Mais, la question qui apparait plus judicieuse, c’est de comprendre les motivations qui vous portent à affubler des générations entières-évoquées sous le vocable Gauche-de duplicité, de tromperie et de souci de domination, à vouloir”civiliser”.
    Vous préférez, sans doute, les démocrates de Ennahdha?
    Y compris lorsqu’ils concoivent une alliance objective avec Nida Tounis?
    Ce serait intéressant de vous lire sur les atteintes aux libertés, les emprisonnements ou les menaces dont sont victimes, aujourd’hui, des hommes et femmes de gauche?
    Que n’écrivez-vous pas un article dénonciateur, comme vous aimez à vous y employer, pour demander la vérité sur les assassinats de leaders politiques?
    Et, naturellement, sur toutes les preuves que vous auriez, sans doute, collectées sur les agissements liberticides des hommes et femmes de gauche? Aujourd’hui!
    Votre serviteur reconnaissant,

  9. 10
    james-tk

    Je voudrais dire à certains qui insistent éperdument, à s’exprimer en français; de grâce, épargnez-nous vos textes, décousus et incompréhensibles !
    Lorsque l’on ne maîtrise pas les règles les plus élémentaires, pour rédiger une phrase toute simple, s’abstenir, devient un impératif inéluctable et salutaire, l’équivalant en arabe de : جملة مفيدة!
    Lorsqu’on confond, le participe passé et l’infinitif, le pluriel ( exemple – ils-elles marches au lieu de ils-elles marchent) , pour ne citer que ces deux exemples, vaut mieux, ne pas s’y aventurer, car, le texte se transforme en supplice insupportable !
    Dites-le, même en ” tounsi du quotidien “, et vos idées passeront plus facilement !

    • 11
      faiez

      wawww toi tu es fort en français toi, chapeau, j’aimerai bien avoir ton niveau de connaissance en grammaire et conjugaison
      mais bon apparemment t’es pas seul sur la page à être aussi bon
      en tout cas il me faut un dictionnaire pour comprendre tout ce qui y est écrit
      en fin je te conseille très amicalement de rester détendu en donnant ton avis, c’est mieux pour ta santé…

  10. 12
    HoucineD.

    Juste un petit correctif, à l’adresse de notre éditorialiste, concernant le PCF et les Communistes Français. Ce sont eux, avec leurs organisations, que j’ain rencontrés dans les luttes de défense des immigrés…avec d’autres gens de Gauche.
    Pas les Socialistes, ou les gens de Droite qui surfent sur les vagues de xénophobie montées de toute pièces par eux et leurs agents.
    Un peu de connaissance du contexte socio-politique Français, et des pratiques des divers partis vous auraient évité des affirmations gratuites et contraires à la vérité.
    A propos de la guerre d’Algérie, je vous donne cette information: Ce sont des militants communistes qui furent aux cotés des Algériens.
    Ce sont des militants Communistes qui furent arrètés et torturés…dont certains furent guillotinés. Et, François Mitterrand, Ministre de l’Intérieur, un temps, a marqué singulièrement la solidarité Socialiste avec les Algériens en refusant de gracier des combattants Algériens.
    Quant à la Droite Politique, dans toutes ses variantes, nul ne peut trouver chez elle, une quelconque sympathie pour les Algériens ou pour les immigrés.
    Enfin, ce sont les Pays Communistes qui soutinrent les mouvements de Libération Nationale, et pas les Démocrates Occidentaux, alors fort occupés à mener leurs guerres contre les peuples…

  11. 13
    Tahar

    À propos des commentaires de HoucineD

    Bonjour,

    Très “subaltern studies” cet article de Bader Lejmi et, ne serait-ce que pour ça, c’est plaisant. Et c’est peut-être cette perspective qu’a du mal à comprendre HoucineD qui nous dit en gros ceci: les gens du Front de Gauche ne veulent que votre bien. Nous ne cherchons ni à vous civiliser, ni à vous dominer, mais à bien vous représenter dans ce que vous avez de meilleur, mais latent, à savoir votre ancrage dans la modernité et la laïcité….A moins que “Vous (ne) préfér(i)ez…les démocrates de Ennahdha?”. Viendrait-il à l’esprit de HoucineD que les Tunisiens ne sont pas tous adeptes des “démocrates de Ennahdha”, mais qu’en même temps ils récusent tout paternalisme d’où qu’il vienne et ils n’aiment pas trop être représentés par qui que ce soit, y compris par les “humanistes” du Front de Gauche ? Car la représentation, dans ce contexte précis, s’apparente à du racisme. J’invite HoucineD à méditer cette citation de Marx qu’Edward Said met en exergue à son livre “L’orientalisme- L’Orient créé par l’Occident” : “Ils ne peuvent se représenter eux-mêmes ; ils doivent être représentés” (in “Le Dix-huit Brumaire de Louis Bonaparte”). Je lui soumets aussi cette autre citation de Tzvetan Todorov qui a préfacé la traduction française de “L’Orientalisme” : ” “L’Arabe est paresseux” est un énoncé raciste, mais ” “l’Arabe est travailleur” l’est presque tout autant…” Du reste, il n’y a pas qu’Ennahdha qui a fait “une alliance objective avec Nida Tounis”. Le pauvre et décevant Hamma Hammami l’a fait aussi. Et c’est en cela aussi que Mélenchon a tout faux.

  12. 14
    Houcine

    Il y a toujours quelqu’un qui vient dire qu’il tient la vérité sur le réel afin de défendre sa position.
    Le procédé définitionnel ne fait que cacher le subterfuge.
    Je ne comprends pas le point de vue de notre éditorialiste, au sens où je le prends pas avec moi, et rapporte des éléments factuels pour montrer que certaines assertions souffrent de n’ètre pas adossées à des arguments sérieux. Je lui renvoie, surtout l’expérience vécue, qui est la mienne.
    Par ailleurs, mon inculture est si grande auprès de la votre, mon cher Tahar, que je me rends à vos arguments sans barguigner. Les citations et autres réferences savantes, en la matière, ne me font pas trembler, j’en aurais si…mais ceci est une autre affaire.
    Mon propos tiendrait en une phrase: ceux qui respectent ma liberté et mon identité me sont plus proches que ceux qui me sont proches culturellement et ethniquement, et pourtant n’ont que mépris à l’égard de mon existence et ma condition.
    Cela résume mon expérience et de cela je tire les éléments constitutifs de mon positionnempent sociopolitique situé.
    Avec toute la déférence requise, votre obligé.

  13. 15
    Tahar

    @Houcine, Bonjour, Je ne voulais nullement vous faire
    “trembler” par ces citations ni étaler ma “grande” culture. C’était
    en confiance que je m’adressais à vous comme je l’avais fait, en
    espérant que cette dernière est réciproque!! Et puis contextualiser
    notre propos me semble toujours utile afin que la compréhension
    soit plus grande…Et l’expérience personnelle – nous en avons tous
    une – peut être un outil de contextualisation dans la mesure où
    l’objectivité requise dans un débat n’est pas totalement
    marginalisée. Car la question que j’avais soulevée et que j’ai cru
    lire dans cet article n’etait pas de préférer “ceux qui respectent
    ma liberté et mon identité” à “ceux qui me sont proches
    culturellement et ethniquement, et pourtant n’ont que mépris à
    l’égard de mon existence et ma condition”. Sur ce ce point nous
    serons, je crois, tous d’accord. La question etait plutôt ailleurs:
    refuser que nous soyons réprésentés par ceux qui n’accepteraient
    pas que nous les représentions…Car ce fut là, dans cette non
    réciprocité, que s’inscrivait l’exécrable projet orientaliste qui,
    hélas, perdure encore. Et c’est dans ce contexte que j’avais cru
    utile de vous soumettre les deux citations…Allez, une dernière
    pour la route, que je vous laisse le soin de traduire: timeo danaos
    et dona ferentes. Bien à vous.

  14. 16
    bader

    Selem, d’abord je tiens à vous remercier les commentateurs
    qui ont permis d’enrichir le débat. Je ne m’attendais pas à des
    réponses de ce niveau de qualité. D’abord les critiques sur la
    forme. Je vous prie d’excuser mes fautes d’orthographe, mes
    lourdeurs syntaxiques. Je ne suis qu’un fils d’immigré qui a été
    formé à l’éducation nationale française dans une banlieue rouge
    parisienne. Je n’ai pas eu la chance de profiter de la qualité de
    l’enseignement tunisien ;) @Khemais, en faisant l’impasse sur
    l’analyse critique de la politique éradicatrice de la gauche arabe
    et notamment ses origines coloniales, on ne peut comprendre (et
    donc empêcher) qu’elle se répète. Le plus triste, c’est qu’à la
    fin, la gauche est le dindon de la farce despotique… @james-tk,
    au fond qu’est-ce qu’être démocrate ? Ce que je dis dans mon texte,
    c’est que la gauche de la gauche a souvent eu pour habitude
    d’utiliser le qualificatif de démocratique, y compris dans ses
    pratiques les plus dictatoriales. Ceux qui affirment “croire” à la
    démocratie et s’affiche comme des “démocrates” sans agir en tant
    que tel rentrent à mon sens dans cette longue histoire de cette
    gauche-là. Si l’on est un démocrate conséquent, on doit reconnaître
    que l’affirmation de la croyance ne suffit pas. Les actes comptent
    tout autant. Ce faisant la gauche éradicatrice est partant de là
    totalement disqualifiée en tant que démocrate. De même la pour la
    gauche néo-colonialiste que représente Mélenchon et son Front de
    Gauche. Enfin les prétendus démocrates qui dès que les élections
    leur donnent tort ourdissent des complots pour renverser le pouvoir
    élu ne peuvent non plus prétendre être démocrate de façon sincère.
    @mandhouj, (1) vous défendez une conception de la démocratie où le
    gouvernement doit se faire sur la base du consensus national. (2)
    Vous avancez également que nous sommes dans cette situation car
    c’est tout ce que les Tunisiens peuvent réaliser. (3) Enfin vous
    reportez dans un avenir certain la réalisation des objectifs de la
    révolution. Ne trouvez-vous pas toutes ces affirmations
    contradictoires entre elles ou plutôt que l’une est la conséquence
    de l’autre ? En effet, si nous ne sommes pas capable aujourd’hui de
    remplir les objectifs de la révolution, n’est-ce pas justement
    parce que ce “consensus national”, en réalité ce consensus de nos
    élites politiques intellectuelles et économiques en sont incapables
    ? Ce faisant, comment imaginer que ce que le gouvernement Jebali
    n’a pas réussi à se faire pourra se faire avec encore plus de
    consensus dans l’avenir ? Je pense que c’est même le contraire.
    Rechercher encore plus le consensus national c’est abandonner
    encore davantage les objectifs de la révolution qui, qu’on le
    veuille ou non était une rupture, une lutte interne, en même temps
    qu’un moment de consensus national. @Ramzi, la colonisation de la
    Tunisie est une oeuvre des républicains de gauche, c’est certain.
    Mais je situerais la responsabilité de la gauche radicale ou des
    gauchistes européens autre part. Ce que je dis dans mon texte c’est
    qu’ils ne sont pas tant de la colonisation dont ils sont
    responsables que d’avoir agit de façon à neutraliser toute forme de
    résistance anticoloniale en prétendant oeuvrer contre
    l’anti-impérialisme, pour le progrès et pour la révolution. Même si
    mon texte ne vise pas les gauchistes tunisiens. Si ces derniers
    rallient la vision politique de la gauche européenne colonialiste,
    ils sont tout autant blamables qu’eux. Ce fut notamment le cas du
    PCT (Parti Communiste Tunisien) ancêtre du Ettajdid, du Qotb puis
    du Massar. @HoucineD, vous dites 2 choses intéressantes à discuter.
    (1) la gauche radicale européenne serait le meilleur ami des
    immigrés de part votre expérience. Cette affirmation souvent
    partagé par les primo-arrivants est la plupart du temps infirmée
    par l’expérience politique. Elle l’a été par des sociologues et
    politologues tels que Abdellali Hajjat, Said Bouamama, le tunisien
    Sadri Khiari ou encore Mogniss H. Abdallah. Plus encore, il faut
    réfléchir aux origines historiques de ce soutien et le questionner.
    Quand on regarde de près on constate que les milieux chrétiens
    protestants, catholiques et juifs athés ont été les plus actifs
    dans le soutien aux immigrés au cours de l’histoire française. Que
    la gauche française tel que le PCF jusqu’au départ de George
    Marchais était connu pour ses discours xénophobe anti-immigrés.
    N’est-ce pas la gauche qui dans les années 80 accusait d’intégrisme
    et d’islamisme les grévistes immigrés des usines Renault Talbot ?
    Ce n’est qu’à partir des années 90 et d’un côté la montée en flèche
    du Front National que la gauche radicale s’est enfin résolue à
    investir massivement le champ militant de l’immigration et de
    l’autre le début d’auto-organisation suite à la marche pour
    l’égalité et contre le racisme de 83. C’est donc en contre-feux de
    l’autonomie politique des immigrés et surtout de leurs descendants
    d’une part, et du FN d’autre part, que la gauche a décidé de
    prendre en charge cette thématique remplaçant petit à petit les
    milieux religieux. (2) vous dites que votre solidarité se fonde sur
    des actes et non sur une identité. C’est exactement ce que je
    dénonce dans la gauche radicale française. Au lieu de soutenir ceux
    qui agissent en démocrate en Tunisie, ceux qui luttent contre le
    capitalisme et pour la justice sociale, elle soutient ceux qui lui
    sont proches car laïques comme elle. Cette gauche-là a toujours été
    absente des luttes sociales et anti-colonialistes réelles en
    Tunisie comme dans l’ensemble du monde arabe. Je comprends tout à
    fait que votre solidarité n’aille pas automatiquement à Ennahdha de
    part leurs actions qui sont pourtant vos frères en islam. En
    revanche je comprends moins comment pourrait-elle aller à des
    kafiroun (je parle ici de la gauche européenne) qui dans leurs
    actions ne se solidarisent de vous que lorsque vous semblez
    extérieurement de leur point de vue partagez leurs croyances athées
    ? @Tahar, si l’école indienne des subaltern studies m’inspire
    beaucoup, dans cet article là je dois admettre que ma dette va
    avant tout aux nombreux travaux des militants de l’immigration
    post-coloniale. Je n’ai pas ici employé de référence politique des
    subaltern studies. Je prépare cependant un article qui va dans ce
    sens. fil amen, bader

  15. 17
    Houcine

    Réponse @Tahar
    Si le seul point qui fonde votre défiance à l’Orientalisme ou nourrit votre opposition à l’Occidentalisme, c’est la prétention à une supériorité civilisationelle, je vous dirai que cela est assez répandu. Nombre de civilisations exhibent de leur”supériorité”, à l’aune de la civilisation Arabo-Musulmane, par exemple.
    S’agissant de la non-réciprocité, parce qu’ils “..n’accepteraient pas que nous les représentions”, vous faites erreur en incluant monsieur Mélenchon dans la liste-noire!- puisqu’il défend l’inverse et en applique le principe sur les listes de candidatures de son parti.
    Un exemple: conseillers réginaux ou autres sont Tunisiens, et élus sur les listes du Front de Gauche.
    Enfin, je référe à mon expérience, non pour en faire un argument d’autorité, mais pour relativiser ce que vous appelez l’objectivité.
    La prétention à l’objectivité est un leurre en soi, et davantage encore lorsqu’il s’agit des “sciences humaines”. Lisez Dilthey, mon cher Tahar.
    Mon expérience de vie, avec, et aux cotés des Occidentaux, m’a guéri de ce sentiment désagréable d’infériorité, et enrichi ma perspective intellectuelle et humaine au point de me prévenir contre les généralisations aussi dangereuses quand on nous les applique, que lorsqu’on y recourt pour définir l’Autre.
    En somme, seuls les individus m’intéressent; les peuples et autres constructions sociologiques, philosophiques ou politiques ne sont, dans le meilleur des cas, que des outils commodes pour penser le réel. Certains diraient des “constructions”.

    Et, là, commencent les soucis!
    Avec mes complimebnnts Si Tahar.

  16. 18
    Houcine

    Reprise de la réponse “totale” de Bader.
    Eu égard à vos références savantes et vos “Post-colonial studies” ou “Subaltern studies”, je vais reprendre deux points de votre réponse, à moi adressée:
    Je ne crois pas justifié de me rétorquer qu’il eùt fallu que je me sente plus proche de “…vos (mes) frères musulmans…”, parce qu’en Tunisie, l’identité n’infère pas nécessairement de la religion. Sur ma carte d’identité et mon passeport, il n’y a nulle référence à une appartenance religieuse. Qui plus est, si tel était le cas, comment faire place à tous ceuxx, juifs, chrétiens et/ou athées dans une Tunisie anté-révolutionnaire ou révolutionnaire?
    En tout cas, je ne me définis pas, identitairement comme musulman ou autre.
    Vous dites que “..au lieu de soutenir ceux qui luttent contre le capitalisme et pour la justice sociale..”, comme pour laisser à penser que monsieur Mélenchon aurait partie liée- et moi-mème, puisque j’en suis partisan- avec des organisations qui ignorent ces luttes.
    C’est exactement l’inverse, puisque ce sont les Nahdhaoui et leurs associés qui mettent en oeuvre une politique économique appliquant les dogmes du capitalisme le plus débridé. Inflation, liberté pour le patronat de dicter sa loi, et lutte, par sbires interposés, contre le syndicalisme ouvrier. L’assassinat de leaders ouvriers ou d’organisations du monde ouvrier, étant une modalité du souci démocratique de justice sociale.
    Certes, Post-colonioal studies ou autres références savantes exhibées, vous ne me convainquez nullement. Au moins sur ces deux points, vous opérez des raccourcis que n’excusent pas votre expérience d’élève de “banlieue rouge”, ou de fils d’immigré.
    Vos sociologues et autres chercheurs dont la référence, à mes yeux, est Abdel malek Sayad manquent, si leur discours est du mème tonneau que le votre, de recul historique et de distance par rapport à leurs propres déterminations.
    Ce qui ne fut pas le cas de monsieur Abdel malek Sayad.

  17. 19
    Bader Lejmi

    @Houcine, je vais répondre sur le fond des 2 points. Je suis heureux de voir que sur la forme vous me reconnaissez un minimum d’expertise et ne sous entendez pas mon ignorance. C’est un progrès.

    1) a) nul besoin d’être musulman pour reconnaître que les membres de l’islam, en tant que civilisationS, cultureS, nationS ou croyanceS sont vos frères du simple fait que la Tunisie s’inscrit dans cet ensemble (quelque soit le sens que lui donne ses citoyens). Surtout que cette identité a été opprimmée et qu’il est donc logique, de la défendre au nom de la simple dignité humaine. Les uns ont le droit de se définir comme relevant de l’islam si c’est au nom de l’appartenance à l’islam que les autres les ont opprimé. Revenir sur ce point c’est revenir sur un acquis des luttes anticoloniales. C’est ce que je mentionne dans l’article d’ailleurs. Une fraternité en islam en tant que Tunisie est donc un principe découlant de la fraternité nationale à minima. C’est d’ailleurs ce que disait Chrokri Belaid lui-même (l’islam comme partie intégrante de la personnalité nationale tunisienne) que j’espère vous n’accuserez pas d’identitarisme.
    b) Ce que je dis c’est que quitte à choisir une solidarité identitaire autant choisir celle de l’islam. Mais bien sûr si l’on parle d’une solidarité basée sur le comportement réel, sur l’application de principes, le problème se pose autrement. Sauf que ce que je dis dans l’article, c’est précisément que la gauche tunisienne pro-Bardo ne se comporte pas comme une gauche anti-capitaliste, pas une gauche révolutionnaire et encore moins comme une gauche démocrate.
    2) a) A aucun moment je dis que Nahdha sont des anti-capitalistes. Ce que je dis c’est que la gauche tunisienne pro-Bardo n’est pas en train de mener une lutte pour la justice sociale et contre le capitalisme. Pour preuve, j’ai mentionné l’absence totale de mobilisation face au FMI. D’ailleurs à ma connaissance, le seul parti politique à s’être mobilisé contre le FMI c’est Hizb Ettahrir. Cependant il existe bien des élus à titre individuels et des associations qui se sont mobilisés. Mais il faut savoir rendre à César ce qui appartient à César.
    b) Ce faisant l’alliance entre le Front de Gauche et la gauche Bardo-iste n’est pas une alliance internationale des prolétaires contre le capitalisme comme la doctrine marxiste, léniniste ou simplement révolutionnaire de gauche le stipule. C’est une solidarité identitaire basée sur le même attachement à la laïcité et un biais pro-Français.
    c) Le Front de Gauche est avant tout une force nationaliste de gauche avant d’être socialiste ou révolutionnaire. D’ailleurs les discours de Mélenchon font bien plus écho à la rhétorique nationaliste qu’à la rhétorique socialiste internationaliste. En France, ses positions sont très discutés et discutables. Ce n’est pas parce que c’est un populiste qui critique la finance qu’il est anti-capitalisme pro-tiers-monde. Avec ce même raisonnement Marine Le Pen qui critique la finance débridée, elle aussi est de gauche MDR !
    3) Quant à Abdelmalek Sayad, je vous conseille de lire ce qu’il dit sur l’intégration et sur l’incapacité française (en réalité de la gauche française dans ses propos) à comprendre l’immigré et ses enfants autrement que comme l’immigré-OS. En revanche, il parle assez peu de sociologie politique. C’est une référence certes, mais qui entre assez peu en compte dans les débats liés à l’émergence des mouvements politiques de l’immigration en France.

    Allez pour finir, je vous laisse avec un extrait de discours de George Marchais, ancien secrétaire général du PCF, et référence principale de votre ami Mélenchon : http://www.youtube.com/watch?v=LG2BA9SxClM

  18. 20
    Tahar

    Bonjour,

    J’interviens de nouveau, quitte à désespérer notre cher ami Houcine, pour dire que le débat c’est entre “universalisme” et “différence”. Bien sûr, l’on peut opter pour l’un OU pour l’autre. Le risque, cependant, c’est l’essentialisme, qui est manichéisme. Les subalternistes ne s’y sont pas trompés en ce sens qu’ils ne sont pas contre l’universalisme, puisqu’ils prônent un certain universalisme corrigé justement par la différence. D’où une saine volonté de leur part de “provincialiser l’Europe” (Chakrabarty). D’où, dans la même perspective, dans ce débat-ci une volonté – que je peux percevoir chez tous ceux qui refusent d’être “représentés” (au sens de Marx) – de “provincialiser” de même ce cher Mélenchon et son Front de Gauche.

  19. 21
    Houcine

    Je suis entrain de relire Marx, en son 18 Brumaire, pour y trouver vos citations savantes…après quoi, je relirai Abdelmalek Sayad, comme me le conseille Bader.
    Cependant, je ne suis pas bien certain que je dispose des qualités de perspicacité pour en tirer profit.
    Alors, maintenant, le débat serait entre universalisme et différentialisme. Parce que vous m’avez lu défendant de semblables thèses?
    Vous tenez absolument à m’identifiez à monsieur Mélenchon, du fait que j’en suis proche et aime à le soutenir parce qu’il est le seul-je dis bien le seul- qui déclare son amitié pour les gens de l’autre rive de la méditerranée.
    Monsieur l’éditorialiste, Bader, y va du cliché de “populiste” usité à l’encontre de monsieur Mélenchon comme épithète disqualifiante. Et, par les pires sbires de la bien-pensance qui a cours en ces temps où les fascistes de Le Pen sont hégémoniques idéologiquement (la Lepénisation des esprits), où les islamistes sont hégémoniques en Tunisie et voudraient nous faire jurer sur le Coran avant de nous consentir le droit à la respectabilité.
    Aucun essentialisme chez moi, ni universalisme abstrait, mais une posture et des choix politiques qui ont pour devise la phrase de Sartre, dans les mots: je vaux tout homme, et tout homme me vaut. Je cite de mémoire.
    Mon universalisme est concret. Tout comme l’engagement de monsieur Mélenchon se traduit dans le concret par l’élection de conseillers régionaux, conseillers généraux arabes sur les listes du Front de Gauche. Et, qui plus est , il en est qui sont tunisiens. Ce qui devrait flatter le chauvinisme Tunisien, n’est-ce pas?
    Donc, de représentés, ils adviennent au statut de représentants.
    Il faudrait suggérer aux teneurs du site de publier ce qu’on écrit sans attendre l’imprimatur de notre cher éditorialiste.
    Enfin, me désepérer, mon cher Tahar? Il vous en faudrait des arguments. Et, pas seulement des références livresques ou des concepts exhibés pour intimider.
    Vous voyez, quand on veut le débat, je suis présent.
    N.B. En bonne logique, on ne peut vouloir se distinguer d’un système et pourtant en utiliser les dispositifs et les argumentaires. A bon entendeur salut!

  20. 22
    Houcine

    Remarque finale à propos de ce débat:
    1) Oser faire référence au traité du Bardo, à propos de monsieur Mélenchon, c’est quasiment une insulte à la vérité de l’engagement des gens du Front de Gauche. Les héritiers de ceux qui contraignirent la Tunisie à la soumission sont à l’Elysée et au parti socialiste, que Mélenchon a quitté, pour bien des motifs, dont celui de l’abandon des classes populaires n’est pas le moindre. Ces classes auxquelles je m’identifie, et que composent en partie mes frères immigrés.
    2) L’alternative entre rejet de l’Occident, ou admiration béate n’ont pas de pertinence. Le différentialisme, aussi, qui est la matrice de “SOS RACISME”, a davantage contribué à creuser un fossé netre “eux” et “nous”, ouvrant un boulevard aux chauvinistes et radicaux du nationalisme. En somme, cela, involontairement, a contribué à “légitimer” un discours, et des options politiques différentialistes qui permettent au Front National de fleurter avec des scores de premier parti de france.
    3) Enfin, ce qui compte à mes yeux, c’est l’action concrète sur le terrain des luttes sociales. Et, en la matière, j’y ai plus souvent cotoyé les communistes et ceux du Front de Gauche.
    Le monde est “globalisé”, et les mèmes continuent à imposer leur Doxa, contre les immigrés de toutes origines, les Roms, et autres gens “venus d’ailleurs”. Les capitaux circulent librement, les Quatari achètent des ” bijoux” du commerce français et européen, et sont reçus comme des seigneurs, parce qu’ils ont bourse pleine. C’est cette réalité que je combats, et ce monde où l’homme disparait derrière son poids en or.
    Tout cela, je le partage avec mes amis de combat, et je suis fier de lever haut le drapeau de la dignité humaine, nonbstant tout universalisme ou différentialisme.

  21. 24
    Tahar

    “En bonne logique, on ne peut vouloir se distinguer d’un système et pourtant en utiliser les dispositifs et les argumentaires. A bon entendeur salut!” Intelligente trouvaille de notre ami Houcine, digne non pas de Mélenchon, qui reste un homme de gauche et intègre, mais de l’autre Front, celui de l’exécrable famille Le Pen. Ce n’est pas Marx que vous devriez (re)lire, mais plutôt Barrès et autres Drieu La Rochelle et Maurras…

  22. 25
    Houcine

    Je n’y avais pas pensé, mon cher professeur, mais je tenterai sous peu de suivre vos éclairants conseils.
    En vérité, je n’ai pas de penchant pour de telles fréquentations, fùssent-elles livresques. Drieu la Rochelle et Maurras partageraient davantage de “valeurs” avec certains tenants du chauvinisme Arabe ou Tunisien. Hélas! Ce n’est point mon cas.
    Je ne pensais pas vous toucher à ce point, monsieur Tahar, qui pensiez me désepérer. Je ne voudrais pas que cela vous arrive, puisqu’il s’agit tout uniquement d’un débat d’idées.
    Ma formule, votre ironie satisfaite, visait le dispositif argumentatif de notre cher éditorialiste qui vous séduisit par la facilité à retourner les formules, usant par trop de l’oxymore, croyant obtenir un effet. Ce qu’il obtint auprès de vous.
    Sur le fonds, le courant “indigéniste” que vous appelez “subaltern studies” faisant plus chic, est pour beaucoup le fruit du travail de chercheurs et militants isssus de l’immigration, Français pour la plupart, et mùs par des ressentiments à l’endroit de leur mère-patrie que j’ai refusé de faire mienne, ce qui explique, peut-ètre, la tranquilité avec laquelle je peux cheminer avec les Français en toute quiétude n’ayant pas de questionnement identitaire.
    Bref, je fais mes “courses” dans le marché des savoirs disponibles sans souci d’avoir à payer une franchise. Le rapport de cette jeunesse à la France-et inversement- est un sujet en soi. Il ne me concerne pas, car j’ai choisi de demeurer immigré Tunisien.
    Avec mon estime, et sans rancune.

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