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La CNAM s’apprête à lancer une opération d’envergure visant à changer avant la fin de l’année les carnets jaunes de la filière privée par de nouveaux carnets, rouges cette fois-ci.

Pourquoi ce changement, en cette période précise d’encombrement des centres par les changements de filières et de médecins de famille ? La raison invoquée était pour obliger les 500 000 assurés sociaux de la filière privé à joindre l’un des 55 centres, afin de se faire vérifier au cas par cas, l’état de leur plafond des années antérieures, et de subir le chantage habituel en cas de dépassements : tu paies ou tu sera privé du nouveau carnet de soins, l’ancien n’étant plus valide dés le 01 janvier 2015.

En résumé, la CNAM qui a failli à sa mission de gestion du plafond et d’avertissement de ses assurés pendant plusieurs années, est en train de réparer son erreur par une autre, et le dindon de la farce sera comme d’habitude l’affilié social. Pourtant, de l’avis des connaisseurs, dont même des cadres de la CNAM, cette opération « médiatique » est aussi onéreuse qu’inutile, et montre s’il en est besoin, le peu d’empressement de l’administration cnamique à apporter la seule solution au vrai problème de gestion du plafond à savoir la carte à puce.

Opération onéreuse.

En effet, changer 500 000 carnets de soins en 03 mois, avec ce que cela implique en frais pour générer les nouveaux carnets, en temps perdu et en mobilisation de centaines d’ agents, sans parler des journées de travail perdues par les assurés sociaux en queue devant les guichets…bref, tout ce remue ménage et ces désagréments auront un coût, qui devra l’assumer ?

Opération inutile.

Changer la couleur des carnets, de jaune en rouge, et limiter leur validité à un an, permettra peut être à la CNAM d’améliorer son recouvrement pour cette année, mais ne résoudra pas les 02 vrais problèmes chroniques qui minent la bonne marche de la filière privée, à savoir :
La gestion du plafond : impossible à mener à bien, en l’absence d’un système de carte à puce, comme le prouve la gestion « artisanale » actuelle, au gré du système informatique maison, à l’origine des défaillances des dernières années.
La matérialisation des consultations : qui ne sera pas résolue par les nouveaux carnets car seule une carte à puce dotée d’un code interne crypté apportera un minimum de fiabilité à ce niveau.

Mais Pourquoi ce refus de la carte à puce ?

Annoncée pour 2009, puis pour la fin de cette année, la voilà reportée aux calendes grecques, pourtant la carte à puce est le seul moyen qui permettra un tant soi peu d’améliorer les prestations de notre assurance maladie. En plus de ses avantages indéniables sus évoqués, elle entrainera à long terme d’énormes économies d’échelles : finis les courriers recommandés, la multitudes de procédures de contrôle, exit les va et vient aux centres de la CNAM pour les problèmes de validité des carnets et d’épuisement du plafond, sans parler de l’amélioration de la qualité de services, aujourd’hui au plus bas, fournis aux prestataires de soins.
Pourquoi alors cette réticence de la CNAM à l’adopter, malgré les incessants voyages de ces différents cadres en Europe (France, Belgique…) et en Algérie, pour s’enquérir de l’expérience de ces pays en la matière. 

Est-ce un problème de coût ?

Le coût de la mise en place d’un système de carte à puce, est « …relativement modique … » nous a affirmé un expert tunisien dont la société travaille dans l’e-banking et a eu à équiper des banques et des organismes Européens « … à un peu plus de 1 dinars par carte, équiper les 500 000 assurés sociaux de la filière privée reviendrait à moins de 1 millions de dinars, reste à fournir aux prestataires de services qui sont prés de 15 000 (entres médecins, pharmaciens, hôpitaux…) des lecteurs de cartes fixes à 250 dinars/pièces en moyenne, cela reviendrait à moins de 4 millions de dinars, enfin il reste la partie software et mise à niveau des serveurs de la CNAM, qui pourraient être confiés à des entreprises tunisiennes pour un cout inférieur à 8 millions de dinars… », Soit une enveloppe globale estimative inférieure à 15 millions de dinars… moins de 1% du budget de la CNAM !

Alors, comment expliquer la réticence de la CNAM à adopter au plus vite ce système, qui a prouvé son efficience ailleurs ? Est-ce la peur du changement ou est-ce parce que l’administration n’a rien à gagner à troquer ses mauvaises vieilles habitudes contre un système qui ne manquera pas de montrer ses carences à d’autres niveaux ? la CNAM semble se complaire à travailler à “son” rythme nonchalant, avec ses procédures extrêmement bureaucratisées, au grand dam des affiliés sociaux et des prestataires de soins obligés de subir sa qualité de services de plus  en plus mauvaises (problèmes d’accueils, de complexité des procédures, de paperasses, de retards…) ? Ou est-ce par manque de volonté politique et d’initiative d’un pouvoir, dépourvu de la légitimité et de l’autorité nécessaires pour imposer à une administration frileuse, le virage qualitatif tant attendu ?

En attendant, les affiliés sociaux sont pris au piège de l’incohérence cnamiques, comme des cobayes, obligés de troquer un carnet « haj moussa » jaune contre un « moussa haj » rouge, en se demandant, quand et qui fera cesser cette mascarade multicolore.