Selon Moez Bouraoui, président d’ATIDE, « l’argent politique a influencé les élections. Nous avons enregistré l’achat direct des voix, et je cite en particulier Nidaa Tounés, Nahdha et l’UPL de Slim Riahi. Nous avons envoyé plusieurs rapports à l’ISIE, qui sont restés sans réponses … sous prétexte de manque de preuves ! »

Outre l’achat des voix qui a été constaté à Douar Hicher, Oued Ellil, Kasserine, Zarzis et Sidi Bouzid, le quart des infractions observées concerne la propagande électorale au sein des bureaux de vote, mais aussi … des mosquées.

Ainsi, l’association a longuement évoqué les dépassements commis par les partis politiques, notamment l’instrumentalisation des enfants et la violence.

Il y a même ceux qui ont utilisé les mosquées en menaçant les citoyens, au cas où ils voteraient pour les adversaires. Les listes candidates informaient, rarement, l’ISIE de leurs meetings,

souligne Anissa Bouaskri, membre d’ATIDE.

Les observateurs d’ATIDE ont également noté la non-neutralité et l’infiltration politique dans les bureaux de vote. Les membres de plusieurs centres et bureaux de vote n’étaient pas politiquement neutres. Par exemple, à Béja, la présidente d’un bureau de vote était elle-même candidate sur une liste. ATIDE a fait constater officiellement cette infraction par huissier. L’ISIE l’a exclu du bureau de vote à 16 heures.

De même, des dysfonctionnements ont été relevés au niveau de l’organisation du scrutin, de l’opération électorale. Dans 6% des bureaux de vote, les urnes n’ont pas été ouvertes devant les observateurs pour leur montrer qu’elles étaient vides avant l’entrée des électeurs. ATIDE a aussi enregistré la non-conformité entre les registres de signature et les listes électorales. Bien qu’ils aient présenté un justificatif d’inscription, certains électeurs ont été empêchés de voter parce que leurs noms ne figuraient pas sur les listes, comme à Remada, à Lafayette Tunis, à Marsa Ouest, à Ezzahra et à Chott Meriem..

Le processus d’inscription n’était pas accessible à tout le monde. Beaucoup n’avaient pas d’indications suffisantes pour trouver les bureaux d’inscription. Plusieurs bureaux n’étaient pas ouverts durant les weekends et après les heures de travail. De surcroit, la durée de publication des listes des électeurs n’était pas suffisante (3 jours seulement),

affirme, de son côté, Leila Cheraibi, responsable de la cellule d’inscription.

Ce que reproche l’ATIDE à l’ISIE, c’est son laxisme. « Les dépassements ne sont pas un problème, s’ils étaient punis par la loi. Nous accusons le fait que l’ISIE ne fait rien pour mettre terme aux transgressions de la loi », affirme Moez Bouraoui.