Les étudiants de l’ESTI et de l’ENAU font grève pour exiger des réformes pédagogiques

Des mouvements de contestation estudiantine commencent à émerger dans les universités tunisiennes pour exiger des réformes. Plus de droits pour les étudiants et plus de moyens techniques et pédagogiques, telles sont quelques-unes des revendications affichées.

À l’École Supérieure de Technologie et d’Informatique (ESTI), les étudiants sont en grève, depuis quatre jours. Ils demandent de changer le nom de leur école qui n’est plus adaptée, selon eux, avec la formation des ingénieurs. En même temps, les étudiants de l’École nationale d’architecture et d’urbanisme (ENAU) observent une grève générale, et cela, depuis le 6 novembre. Les deux grèves réclament l’amélioration de tout le système de l’enseignement supérieur.

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À l’ENAU, le dialogue avance lentement entre les grévistes et l’administration. Logé sous la coupole de l’école, d’où son nom «El Kobba», le mouvement rassemble une majorité d’étudiants, et même des enseignants qui approuvent les demandes, jugées légitimes.

Depuis le début de la grève, nous animons des ateliers, sous la coupole, pour tenter de trouver des solutions pratiques et des propositions de réforme. Plusieurs enseignants ont accepté de nous aider, même si certains s’obstinent à s’opposer à nos demandes en nous accusant de vouloir diriger l’enseignement à notre guise. Il faut qu’ils comprennent que nous demandons seulement la transparence et une meilleure qualité de nos études, explique Khouloud Ben Massoud, étudiante et membre à l’UGET.

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Les revendications des grévistes sont multiples. Les plus importantes concernent le système d’évaluation qui est opaque et aléatoire, aux yeux des étudiants, ainsi que la réforme des matières et le contenu même de modules enseignés. En sus, les étudiants réclament une permission permanente pour des « nuits charrette », à l’école, pour travailler en équipe sur leurs projets.

Najla Allani Bouhoula, directrice de l’Ecole nous confie :

Tout d’abord, il faut rappeler que les étudiants n’ont pas prévenu, avant l’exécution de leur grève. Malgré ça, nous avons ouvert les portes de dialogue et nous continuons à examiner les demandes. Les réformes demandées ne sont pas faciles à réaliser dans un délai court. Le taux élevé d’absentéisme, le plagiat et la sous-traitance des examens ne nous aident pas à avancer et à faire un état des lieux convenable pour commencer les réformes.

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Même si tout le monde s’accorde sur la nécessité des réformes, l’administration ne semble pas encore prête à se pencher sur le sujet. Aspirant à une formation académique moderne et compétitive, les étudiants considèrent, eux, que l’indécision de l’administration est un blocage stratégique qui vise à freiner le changement.

Il faut qu’ils comprennent (les enseignants et l’administration) que notre combat n’est pas contre eux, mais contre le système éducatif. Il est temps de changer toutes les universités! Nos diplômes ne sont plus adaptés au marché du travail! s’insurge Wejdane Boulami, étudiante à l’école nationale d’architecture.

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À Charguia II, les étudiants de l’École Supérieure de Technologie et de d’Informatique observent une grève générale depuis quatre jours. Pour faire pression, les étudiants de l’École Supérieure de Technologie et d’Informatique comptent maintenir leur grève, même en période d’examen, jusqu’à ce que le nom de leur école soit changé.

En premier lieu, les étudiants demandent l’accélération de la procédure pour le changement du nom de l’école, qui est devenue une école d’ingénieurs, depuis deux ans déjà. Toujours connue sous le nom de l’Esti, l’Ecole n’accepte que des étudiants ayant réussi le concours national d’accès aux écoles d’ingénieurs. Ces deux années laborieuses de prépa doivent être couronnées par un diplôme d’ingénieur, et non pas de technicien supérieur, nous explique Wafa Ben Chayada, étudiante en première année.

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L’administration a entamé les procédures de changement de nom, depuis l’année dernière. Selon la directrice, les procédures bloquent au niveau du premier ministre Mehdi Jomaa. Renseignement pris, nous avons appris que ce n’est pas au Chef du gouvernement que revient cette décision, mais plutôt au Conseil de l’université, en l’occurrence celui de Carthage, qui est habilité à discuter de cette proposition, puis de la transmettre au Conseil des Universités, qui se réunit, périodiquement, sous la présidence du ministre de l’Enseignement supérieur, pour validation. N’ayant pas pu joindre Mr. Lassad Asmi, le recteur de l’Université de Carthage, nous avons, cependant, appris que la revendication des étudiants de l’ESTI de changer le nom de l’ école a été adoptée par le conseil de l’université et transmise au conseil des universités.

Sans nouvelle de l’avancement du dossier, les étudiants comptent poursuivre leur grève jusqu’à concrétisation de leur demande.

On s’inquiète pour nos diplômes et pour notre avenir professionnel. Après cinq ans, entre prépa et cycle d’ingénieurs, on se retrouve, désespérément, poussés à boycotter les examens partiels pour faire entendre notre voix. Plusieurs étudiants ont passé la nuit à l’école, pour montrer leur détermination et pour maintenir la pression sur l’administration, qui ne fait depuis l’année dernière que des promesses non tenues… affirme Mohamed Fehri, étudiant et membre de l’UGET.

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Face aux coûts excessifs du diplôme supérieur et la compétition inéquitable avec les diplômés des écoles privés, les étudiants deviennent plus exigeants par rapport à la qualité de leurs études. « L’enseignement privé ne peut pas être une solution dans un pays qui souffre d’une crise économique et où la classe moyenne ne peut pas financer les études de ses enfants. Donc, il faut réformer, en urgence, le secteur public, surtout qu’on paye une fortune pour finir nos études », estime Ali comment?, étudiant à l’ESTI.

Le prochain gouvernement va-t-il enfin se décider à entamer les nécessaires et urgents états-généraux de l’enseignement et de l’éducation ?

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