- Lettre ouverte à Mr. Le Ministre de l’Éducation,
- Ce qui va mal avec le système éducatif tunisien et comment y remédier.
Prenez un élève, n’importe lequel. Assenez lui, en moyenne, 8 heures de cours intensifs et surchargés par jour, à raison de 5 jours par semaine. Sachant que l’individu moyen cale au bout de 45 minutes de cours et passe le reste à observer les mouches ou à braver l’autorité de son professeur, calculez le temps et la santé mentale perdus en l’espace d’une semaine.
Si, en plus, on considère les heures de cours absolument inutiles, le compte s’élève à plusieurs années de nos existences.
Pour ne prendre qu’un exemple de cours inutiles, considérons le programme d’informatique des années lycée. Quelqu’un aurait-il l’obligeance de nous justifier pourquoi exactement étudions-nous Turbo Pascal* ? Une solution à ce problème particulier serait de moderniser nos cours, en général, et ceux d’informatique en particulier. Le langage C serait une excellente alternative. Un travail graphique et linguistique qui va avec l’ère du temps et dont l’apprentissage dès le plus jeune âge permettra à l’élève de programmer de lui-même, instaurera le sens de la créativité et de la productivité et nous sortira du simple rang de consommateur qui a toujours été le nôtre.
Voilà ce qui nous ramène aux cafés du départ.
Il est évident qu’un enfant qui s’ennuie et à qui on inculque des leçons qu’il n’utilisera jamais (ainsi que des cours qui ne débouchent nulle part) ne verra jamais l’utilité de venir en classe. C’est plus « fun » d’aller se faire une bière devant le lycée ou une cigarette au café du coin. De toute façon, « ceux qui ont étudié sont morts ».
Ainsi, on tombe dans la médiocrité de pensée. L’ennui étant le père des grands maux et la perte d’initiative le propre des peuples sous endorphine, achevés par la conviction que nos diplômes ne mènent nulle part, nous finissons par peupler les cafés populaires et inonder le monde sous le flot incessant d’« express ya m3allem (يا معلم ) ».
Mais rendre les cours au goût du jour et réduire le temps des études n’est pas suffisant pour instaurer l’esprit d’entrepreneuriat chez l’élève.
Non, pour entreprendre, il doit être encadré, il doit vivre le moment d’initiative, exposer des idées et les voir germer et fleurir ! L’élève a besoin de clubs, de travail associatif et de travail organisationnel, mais il n’ira pas les chercher de lui-même, parce que ces mots font peurs.
Alors, messieurs dames du ministère, voilà l’idée : Réduisez (et allégez) les heures de cours et faites en sorte que ces associations scolaires (oui, associations, non pas clubs. J’y reviendrai.) soient obligatoires. Pas d’examens ou de devoirs, juste une présence obligatoire et un rapport d’activité décent en fin d’année.
Ce rapport d’activité décent comportera à la fois des activités internes à l’établissement scolaire (journées portes ouvertes, expositions, excursions… )et d’autres à portée sociale qui viseront au développement de la région (campagne de propreté, campagne de sensibilisation, action sociale en partenariat avec des associations et organisations en dehors du cadre éducatif…).
Bien sûr tant d’activités requièrent de l’argent et pour subvenir à leurs besoins, la caisse scolaire ne sera pas suffisante. D’où, le besoin du statut d’association car une association peut, contrairement à un club, profiter du sponsoring de sociétés externes et non plus seulement compter sur l’argent public.
L’élève aura deux ou trois associations (selon la proximité du lieu de vie de l’élève ) auxquelles il devra adhérer, dans 3 domaines différents relevant respectivement des arts/sciences sociales, des sports, et des sciences justes, et ce, suivant son propre choix.
Ces associations seraient sous la tutelle d’un professeur sans qu’elles ne soient obligatoirement en rapport avec son domaine d’enseignement. Du moment qu’il présente une passion pour le sujet, fût-il un professeur de maths amoureux d’Histoire, il sera capable de fournir à l’élève l’information, l’encadrement, et la passion pour que tous deux s’épanouissent.
Ce terrain de créativité et d’entrepreneuriat, en plus de garantir –directement ou indirectement- un développement social régional, laissera germer chez le jeune le sens de l’initiative. Et avec un peu de chance (et beaucoup d’analyse psycho-sociale), on peut s’assurer que ce jeune commencera à s’ennuyer de ses cafés.
NB : Turbo pascal, définition : logiciel tellement dépassé qu’il n’est même plus compatible avec nos systèmes d’exploitation.
Chère Ghalia, bravo pour cet article qui fourmille de bonnes idées.
Toutefois, une petite coquille s’est glissée dans ton texte : “compagne de propreté, compagnes de sensibilisation” c’est “campagnes de propreté, campagnes de sensibilisation”
Bonne continuation, On espère te relire bientôt ici ou ailleurs :)
Merci beaucoup !
Espérons seulement que l’idée ait un écho et une application (et pas seulement une moitié comme on en a l’habitude chez nous).
Pour l’erreur, j’aurais juré l’avoir corrigée. Merci de la mentionner en tous cas. J’y ferai attention la prochaine fois.
on peut aussi poser cette question: pourquoi envoyer nos “élites” à Polytechnique ?? pour former des ingénieurs ?? hahaha … grosse erreur: pour former des abstracteurs matheux = technobureaucrates inutiles voir néfastes. Et comment peut-on ètre polytechnicien au 21 ème siècle ?? on n’est plus du temps de Déscartes. en fait: poy rien du tout.
Lisez à ce sujet ce livre “la mafia polytechnicienne” écrit par 1 polytechnicien frncais. Vous mourrez de rire …
@Spoutnik:
Je peux comprendre votre frustration à l’encontre de cette attitude très répandue dans notre grande Bougnoulie qui consiste à copier et imiter les français dans presque tout et surtout dans tout ce qui est futile et inutile. Je peux comprendre votre frustration à voir ce pays de singes castrés après 60 ans de son indépendance (de façade, faut-il encore le rappeler?) voit dans la francophonie et l’usage du français (au détriment de son identité) une fierté et un exploit! Je comprends aussi tout à fait votre sentiment que ce pays de médiocres ne peut avancer sans une volonté radicale de couper avec la mentalité actuelle du tunisien fainéant, arnaqueur, hypocrite, imposteur, dépourvu de toute éthique et lèche-bottes aux étrangers, aux riches et aux influents. J’adhère même à ces affirmations.
Là où je ne vous suis pas c’est lorsque vous affirmiez que notre “élite” est composée majoritairement de “technocrates” et d'”ingénieurs”. Faux et archi-faux! et franchement j’aurai aimé qu’il soit le cas! Si vous considérez cette pseudo-élite politico-économico-médiatique, de gauche comme de droite, qui consiste majoritairement à des ratés des écoles de droit et des sciences humaines tunisiennes (en l’occurrence des “journalistes”, “avocats”, “juges”, “maitrisards” en sciences humaines, etc.) des polytechniciens alors vous devriez peut être revoir la définition du mot. Faut-il rappeler que le 1/3 de l’assemblée nationale des cambrioleurs (défunt ANC) sont des avocats? Et ce sont eux qui ont inscrit un article qui protège leur métier dans la constitution de cette grande Bougnoulie (une première mondiale!). Faut-il aussi rappeler les 47 hommes d’affaires qui siègent actuellement à l’assemblée de la racaille populaire (ARP), majoritairement des fils à papa qui n’ont rien à voir avec une formation scientifique digne de ce nom? et les exemples ne manquent pas que ce soit dans la sphère politique, médiatique ou économique. Ces trois sphères qui dirigent et façonnent le présent et l’avenir de ce pays de castrés!
Les ingénieurs ont été et resteront presque toujours au premier rang pour bâtir la civilisation humaine. C’était vrai au temps des pyramides et l’est encore plus au temps du NASA. Un bon ingénieur vaut mieux que 100 politiciens si on compare la contribution concrète de chacun au bien-être et à la richesse commune.
Ceci dit, je suis tout à fait d’accord que la formation d’ingénieur en Tunisie, à la française, est un échec cuisant. Et cela, je le constate tous les jours. Il faut opter pour une formation qui s’ouvre sur les meilleures pratiques du métier dans le monde. Et c’est encore vrai pour les autres métiers.
Bref, la Tunisie a échoué de saisir ce moment historique du 17/12/10-14/01/11 pour des raisons dont les plus importantes sont les suivantes:
1- Une “élite” inculte, médiocre, incompétente et qui appartient à une autre époque (celle de Sayed Qotb, Jamel Abdennacer, Habib Bourguiba et même Staline) – Admirez ce club de démagogues de haut vol et de dictateurs sans foi ni loi.
2- Une cinquième colonne particulièrement active et influente qui s’identifie à l’ancienne/nouvelle puissance coloniale, pas seulement dans les intérêts politico-économiques mais aussi les symboles et le références idéologiques, culturels, sociaux, etc.
3- Une majorité populaire ignorante, fainéante, hypocrite et dépourvue de toute éthique, toute dignité et estime de soi.
Tout le reste n’est à mon humble avis, qu’une vulgaire conséquence de l’interaction de ces trois groupes qui constituent la majorité de notre peuple de bougnoules.
Un intéressant article venant d’une élève du secondaire. Je vous remercie pour l’effort et je vous encourage à aller de l’avant. Ce pays de dinosaures a besoin de toute sa jeunesse pour le réinventer et le remettre sur de bons rails.
Une remarque technique concernant Turbo Pascal et le langage C: à mon avis, ce qu’il faut enseigner en informatique ce n’est pas un langage mais plus tôt l’algorithmique, c.-à-d. l’art de faire raisonner une machine ou créer des algorithmes pour la faire fonctionner. Une fois développé, un algorithme peut être par la suite exprimé dans un langage informatique donné qu’il soit Turbo Pascal, C, C++ ou même Python.
Ceci dit, enseigner l’informatique au secondaire n’est plus approprié et même absurde et obsolète. Il faut désormais enseigner les TICs aux enfants dès la maternelle. Prenons par exemple l’initiative CODE (https://code.org/) qui veut que chaque élève américain apprenne à programmer à bas âge!
Ceci dit, ce pays a besoin d’une refonte de fond en comble de son système éducatif. D’abord, il faut une vision globale pour l’avenir puis il faut mettre en place des mécanismes adéquats et efficaces d’apprentissage et d’enseignement (y compris l’usage massif des technologies de l’information) et finalement la mise au point des programmes et des techniques d’évaluations et de suivi adaptés à chaque objectif. Pensez-vous que la mafia qui nous gouverne (et surtout le ministre en place) sont en mesure de faire une telle réforme plus qu’urgente et aussi sensible et lourde des conséquences? Moi, je ne pense pas et en tout cas, cette mafia n’a pas de soucis à cet égard puisque nos mafiosos envoient leurs enfants aux lycées des missions diplomatiques (on revient au débat de Spoutnik).
Concernant les cafés, les méfaits qui découlent du mode de vie bâti autour de cette “institution à la tunisienne” ne concernent pas que les enfants et les ados. Cela concerne toute la société. Faut-il parler des milliers de chômeurs et de délinquants qui s’entassent dans ces lieux tous les jours? En occident, les étudiants occupent les cafés du coin pour étudier. Les cafés sont aussi des lieux pour des manifestations culturelles et des expressions artistiques. Chez nous, c’est pour la drogue, la chicha, les matchs du foot et l’initiation à la délinquance et au grand-banditisme! Il faut des gens patriotes et illuminés qui se lèvent de bonne heure pour travailler fort à corriger tout cela ! Les mafieux au pouvoir, par contre, ça les enchante!
Il est bon de voir certains camarades porter cette voix qu’est la notre. Voix qui, je le regrette, ne perdurera guère..
Je ne conteste point vos propos, au contraire j’y adhère avec l’intime conviction qu’au fond il y a encore un espoir..
Mais, en ce 14 Mai, je porte ma parole envers vous mes aînés, pilier et fondateur même de cette jeunesse perdue dans ce torrent de confusion et de peur.
” Les jeunes d’aujourd’hui ne lisent plus.. ” dit une prof de français ou d’arabe..
Mais madame..on nous a appris à compter les chiffres, à nouer nos lacets.. mais à lire ?
Certes, il nous arrive de lire des phrases et des mots,.. voir mêmes les annonces de grèves mais à part ça ?
Puis-je vous rappeler vos heures d’arabe aussi lourdes que l’écho de votre voix à travers cette salle sale et humide ?
” Subissez donc le courroux du maître, ça vous apprendra à négliger vos devoir ! ”
Vous osez ensuite nous parler de guerre et d’amour ?
Il me navre de vous dire que vos textes sont mais d’un ennui..
Ce bon vieux temps où vos maîtres vous battaient à longueur de journée, où vous n’aviez à l’esprit que le travail, où il n’y avait pas internet.. vous aimez bien nous parler de ce temps là..
Vous achetez pourtant à vos enfants les magazines Picsou et des consoles au prix de 2 SMIC.. Passons.
On fait souvent l’éloge de notre branche scientifique, une fierté puis-je dire..
Me voilà, élève en Terminale, pris par l’envie de voir mon cahier de mathématique et je me rappelle ces heures de recopiage où je vois défiler les théorèmes et les démonstrations.
Les applications à gogo qui n’ont pour but que de rendre le chapitre encore plus ambigu.
Je me vois ainsi inconsciemment porté vers cette tendance des cours particulier.
Ils sont bien utile il faut l’avouer, ils nous apprennent ce que nous aurions du apprendre en classe. Je payerai fort pour ça.
” Vous êtes l’avenir du pays ! ” Arrêtez donc d’envoyer vos enfants en France ou au Canada..
Vous les connaissez mieux que quiconque.. Arrêtez de les envoyer à l’étranger dans un milieu hostile et sans pitié.. Ils viennent tout juste de franchir l’âge adulte.. ils ne connaissent même pas leur droit et ne savent même pas laver leur lignes.
Ceux qui s’en sortent y restent et les autres reviennent la queue entre les jambes sans perspective d’avenir, vous vous direz qu’au moins ils auront voyagé.
On a, pour la plus part, été bercé par les animations japonaises à bas prix qu’on nous refourgue à la télé. ces beaux dessin-animés qui nous montraient la vie des étudiants japonais où chacun était enrôlé à un club, où il y avait équilibre entre activités intellectuelles et activités physiques, où l’on pouvait mélanger foot et musique, art et sport..
Et certains d’entre nous ont été touché par ces belles vision d’avenir et se sont dit ” Pourquoi pas nous ? ” Une question qui porta sur une action bien audacieuse : ” Si ils ne veulent pas créer de club, Faisons le à leur place. ”
Une vaine initiative suivie d’une déception. Il faut croire qu’on a écumé toute sorte de Refus.
Du ” Vas faire tes leçons au lieu de perdre du temps avec ces futilités ” des parents jusqu’au ” Nous n’avons pas assez d’argent pour financer un club interne au lycée, le peu qu’on a c’est pour la maintenance du lycée ” du directeur. Vue l’état des toilettes ils doivent pas en avoir du tout de l’oseille.. Mais le plus attristant c’est la réaction des élèves je-m’en-foutistes. qui suivent la voie du foot. Un sport bien noble.. il y a de cela une vingtaine d’année lorsqu’il ne s’agissait pas d’un moyen de distraire le peuple des vrais problème, ou du moins moins qu’aujourd’hui.
Mais, bien entendu, je ne généralise pas..On a de bon profs qui suivent un programme de bas ordre.., de bon directeurs qui font du bon boulot.. une minorité quoi..
J’essaie juste de dire que ce n’est pas tout seul qu’on arrivera à faire éclore ces fleurs de vie que sont les jeunes que je suis et que vous êtes.
Et l’espoir, malgré moi, s’est glissé dans mon cœur – Jean Racine
à bon entendeur.
L’informatique au lycée est destinée à initier les élèves à la programmation (algorithmique). Le langage Pascal est un excellent choix pour exécuter des algorithmes facilement sans se soucier des contraintes techniques (la mémoire par exemple, comme dans le langage C). Des alternatives plus récentes existent bien-sûr (Python par exemple), mais on doit former les enseignants d’abord. A mon avis, cela ne changera pas grand-chose en tout cas, à part faciliter aux apprentis programmeurs d’installer les outils nécessaires sur leurs machines (les outils modernes sont plus faciles à télécharger sur internet, et sont généralement compatibles avec la plupart des systèmes d’exploitation). Et pour conclure, la famille Pascal et la famille du C sont très proches, il suffit d’apprendre un seul langage pour comprendre le reste.