Un rassemblement a eu lieu, lundi 21 décembre à midi, devant le ministère de l’Éducation pour protester contre le racisme dans les établissements scolaires. Suite aux brimades à caractère raciste dont a été victime une élève de 10 ans à l’école primaire “Deuxième République” à Menihla, l’association “M’nemti” [Mon rêve] a invité à «une protestation silencieuse pour dire NON à la discrimination raciale et à la stigmatisation de nos enfants à l’école ».

Une dizaine de personnes se sont rassemblées, vers midi, devant le ministère de l’Éducation avec des pancartes revendiquant justice et égalité dans les établissements scolaires. « Tous différents, tous égaux et tous unis », «  jusqu’à quand la discrimination dans les établissements d’éducation ? » et « le racisme divise, détruit et tue la paix », tels étaient les slogans du rassemblement. Devant les portes du ministère, les participants ont chanté leur amour à la Tunisie « mère de tous les Tunisiens sans considération aucune de leur couleur de peau ».

L’association « M’nemti » annonce, aujourd’hui qu’une plainte sera déposée devant la justice au nom de la famille de Chokrane Zouaghi, si le ministère de l’Education ne se rétracte pas sur ses dernières déclarations qui innocentent l’institutrice accusée de racisme. « Nous introduirons un recours auprès de la justice si le ministère n’ouvrira pas une nouvelle enquête sérieuse et transparente concernant les dépassements de l’institutrice raciste. Nous considérons que cette affaire concerne l’opinion publique. Ce ne sera pas la dernière fois où un élève est victime de racisme dans un établissement scolaire public si nous ne ferons rien pour arrêter cette injustice » explique à Nawaat Rania Bel Haj Romdhan, membre de l’association M’nemti.

Ahlem Zouaghi, mère de Chokrane, conteste le silence de l’école puis du ministère qui ont refusé d’écouter les doléances de sa fille. La mère en colère rappelle que « le 9 décembre, l’institutrice a demandé à ma fille d’enlever ses chaussures en l’accusant d’être à l’origine d’une mauvaise odeur dans la classe. Elle lui a aussi demandé d’enlever ses collants, chose que ma fille a refusé. Quelques jours après, l’institutrice a refait les mêmes commentaires racistes et a même obligé ma famille à sortir de la classe. En faisant semblant de respirer enfin un air propre quand ma fille est sortie, elle l’a humilié devant toute la classe. Entre temps, les camarades de classe de Chokrane ont commencé à l’agresser physiquement et verbalement parce qu’elle est noire. Ma fille est tombée dans une dépression terrible et c’est pour cette raison que je l’ai emmené à un pédopsychiatre. Maintenant que le ministère de l’Éducation ainsi que l’école ont montré leur mauvaise foi, je ne vais pas lâcher l’affaire jusqu’à réparation de préjudice » témoigne Ahlem avant de préciser que la priorité sera maintenant la protection de sa fille et lui trouver une autre école loin de ses « bourreaux ».