Le 13 août, fête nationale des femmes, revient, cette année, avec un nouveau souffle de résistance féministe. Pressentie pour légion d’honneur, Sana Ben Achour, ancienne présidente de l’ATFD, a refusé les honneurs de la présidence de la République. Par ailleurs, le projet de loi intégrale de lutte contre la violence contre la femme et la fille à l’étude depuis 2013 vient d’être adopté par le conseil des ministres.
Instrumentation politique et combats idéologiques
Sur les pas des familles des martyrs qui ont refusé les décorations de Béji Caid Essebssi, le 14 janvier 2015, Sana Ben Achour prend ses distances de la présidence de la République. Défiant le pouvoir qui a recruté dans ses rangs ses anciennes camarades, Saida Garrach, conseillère de la présidence, et Bochra Bel Haj Hmida, députée représentante de Nidaa Tounes, Sana Ben Achour, insiste, selon ses proches, à se préserver du prestige des palais. Contrairement à Latifa Lakheder, ex- ministre de la culture, décorée par BCE pour « sa contribution dans la promotion du régime républicain », Sana Ben Achour continue à jouer son rôle de féministe à l’extérieur des cercles du pouvoir.
Le refus de Sana Ben Achour de la légion d’honneur n’est pas isolé d’un contexte politique très tendu qui a marqué la validation du projet du loi intégrale de lutte contre la violence contre la femme et la fille. L’écriture du projet de loi a été marqué par un conflit idéologique entre les conservateurs, Nidaa Tounes et Ennahdha, et les progressistes féministes de la société civile. Dans les coulisses, des proches de Samira Marai, nous confirment qu’elle voulait imposer son autorité de ministre aux expertes plus chevronnées en matière du genre dont Sana Ben Achour.
De son coté, Ahlem Bousserwel, militante des droits des femmes, qualifie le combat actuel sur les droits des femmes d’institutionnel. « Ce n’est pas une question de partis politiques mais plutôt de politiques publiques. Le problème est que les droits des femmes ne sont pas encore une priorité de planification stratégique. Espérons que le passage de la loi intégrale sera un premier jalon, et là nous pouvons dire que le ministère de la Femme aura l’honneur de l’avoir accomplie » explique Ahlem Bousserwel avant d’ajouter :
Les militantes féministes qui ont la chance d’être dans des positions de décisions continuent à mener leur bataille en interne sur les politiques publiques. Nous ne pouvons pas évaluer l’influence en rapport avec Nidaa Tounes puisque la ministre actuelle est de Afek Tounes. Cependant, le destin de la loi intégrale nous dira si l’influence politique a servi à faire avancer la cause ou non.
Éclairage sur quelques blocages religieux à des réformes primordiales
Monia Ben Jemai, présidente de l’ATFD, se félicite du projet de loi qui promet de radicaliser la perception de la violence à l’égard des femmes. Le projet de loi est divisé sur trois partis: prévention, prise en charge et lutte contre l’impunité. Si quelques lois du code pénal seront réformés comme l’article 227 bis qui permet au violeur d’épouser sa victime, d’autres lois patriarcales et discriminatoires resteront encore intouchables.
Monia Ben Jemai explique que si le projet de loi a élargi la définition de la violence conjugale en incluant l’ex époux et l’ex fiancé dans la liste des auteurs, il exclut encore le partenaire intime et ex partenaire intime ( petit ami ).
Nous savons qu’en réalité les petits amis peuvent commettre des violences conjugales et pourtant ils n’ont pas été retenus dans le projet de loi de peur d’encourager les femmes à avoir des rapports sexuelles en dehors le cadre légal.
La présidente de l’ATFD regrette, aussi, l’absence de la criminalisation du viol conjugal. « Toutes les femmes victimes de violences conjugales ( morales et physiques ) affirment avoir subies des violences sexuelles de la part de leurs conjoints. En éliminant le viol conjugal, on donne l’autorité au conjoint d’exercer une violence sexuelle dans l’impunité la plus totale. Très souvent ces viols conjugaux ont lieu durant la période de séparation » explique Monia Ben Jemai. Mais, selon la loi, ne stipule pas clairement le consentement de l’épouse pour les rapports sexuels.
La réforme de l’article 227 bis du Code pénal, bête noire des féministes tunisiennes, n’a pas été abrogé en entier. Si le violeur n’a plus le droit de se marier avec sa victime, une grande injustice est encore présente dans le projet de loi. « Le projet de loi maintien la peine de prison entre 5 et 6 ans de prison pour tout acte sexuel consenti avec une fille entre 13 et 18 ans. Considérant que les viols sont commis systématiquement sans violence vu le phénomène de sidération qui tétanise les victimes, et considérant que les juges ignorent, en général, cette réalité et ne tiennent compte que des traces de violences physiques, nous avons peur que les viols seront, désormais, qualifiés d’actes sexuels consentis » regrette Monia Ben Jemai.
Par ailleurs, il existe une incohérence entre l’article 127 du Code pénal et la réforme de l’article 227 bis par le projet de loi. « Selon l’article 127, le viol des filles et des garçons sont considérés de la même façon. Par contre, dans l’article 227 bis, si l’acte sexuel consenti avec une fille entre 13 et 18 ans est puni, il ne l’est pas pour le garçon. Ça veut dire que la femme peut consentir un acte sexuel entre 13 et 18 ans ? La majorité sexuel pour les hommes est considérée à 18 ans mais la majorité sexuelle des femmes, selon cette logique, est à 13 ans » relève Monia Ben Jemai.
Concernant le harcèlement sexuel dans les institutions, le projet de loi insiste sur la répétition des actes alors qu’en réalité le harcèlement sexuel, en Tunisie, est en général commis par un seul acte. « Concrètement, le patron ou le professeur convoque sa victime et fait un chantage en demandant des services sexuels contre une bonne note à l’examen ou un salaire … » explique Monia Ben Jemai avant de pointer une des lacunes majeures du projet de loi, celui de l’inceste. Si les féministes peuvent se réjouir de la criminalisation de l’inceste, les délais pour porter plainte ont été fixés à l’age de 38 ans.
Le problème est que les victimes d’inceste n’osent porter plainte, en général, qu’à l’âge de 40 ans. D’ailleurs dans la majorité des pays, les victimes d’inceste gardent leur droit de porter plainte à vie.
Malgré ses lacunes et incohérences, le projet de loi intégrale est considéré par les féministes comme un acquis. Mais le rôle de la société civile ne s’arrêtera pas ici. « L’enjeu actuel est de faire voter le projet avec le maximum de réformes en faveur des femmes. Nous regrettons que les parlementaires ne soient pas formés et informés convenablement à propos la violence à l’égard des femmes. Mais nous n’allons rien lâcher ! » affirme Monia Ben Jemaii annonçant le début d’un nouveau round de la lutte pour les droits des femmes en Tunisie.
la culture politique de la domination brise toutes les égalités …
Oui le combat pour l’égalité est un combat fortement politique … la problématique, provient aussi du mode de pensée la loi, la loi fondamentale et la loi pour organiser la vie dans l’ensemble des domaines … la société patriarcale ne lâche rien … la pensée de domination par le genre anime toujours le législateur et les hommes/femmes de la doctrine …il faut revoir ses grandes bases de la juridiction d’une manière apaisée … pour mieux comprendre, déjà … ainsi les acquis au niveau de l’égalité ne seront pas que question des rapports des forces … aussi ainsi on pourra sortir au niveau du droit de la logique dialectique de classe ou de genre, méprisante et qui à des répercutions sur le sens de l’égalité lui même.. c’est là la révolution où elle doit être faite … la question de l’égalité devant l’héritage, la question de la majorité sexuelle, civile , la question des violes de la tranche d’age (13/18 ans) , les responsabilités familiales, la place de l’enfant dans l’autorité père – mère , … toutes ces questions seront pensée dans le sens de la dignité, d’égalité, de la responsabilité … et là je pense que toutes les questions qui font litige ou mécontentement seront dépassées dans le calme … pour moi surtout ne pas se focaliser sur une égalité quelconque qui pourra fausser le débat et aveugler les gens de la doctrine …
Je donne deux exemples concrets:
– la majorité sexuelle des fille c’est à 13 ans.. De 13 à 18 ans, en cas de viole, il y a une loi (donc une sanction/des sanctions bien identifiée-s) … OK. Qui a définit le début de la majorité sexuelle de la fille ? vous allez me dire le législateur selon certains critères … le rôle du législateur est de préserver/sécuriser la société … Imaginons, pour nous pays musulman, le législateur ne peut qu’être imprégné de toute un héritage législatif et juridictionnel très riches … le législateur aujourd’hui, vu les dangers qui guette cette catégorie d’âge , garçon est fille , il peut sans être en contradiction à la loi fondamentale même si elle été un versée non discutable et qui n’admet pas des lectures différentes, augmenté la majorité sexuelle à 15 ans .. Ainsi il apportera plus de sécurité à l’enfance, avant 15 ans, et il peut faire une seule est unique loi qui concerne la fille et le garçon en cas de viole, et s’il faut apporter quelques précision qui concerne un sexe que l’autre, ce sera bien compris …
– la question de l’égalité entre sœurs et frère dans l’héritage … il faut être courageux et sortir de hypocrisie et de la démagogie … il y a deux visions pour moi, ou bien 1+1=2 et ce sera pour tout les cas d’héritage et cela n’existe nul par à ma connaissance … ou bien courageusement populariser le débat et informer sur tous les cas d’héritage, et opter pour l’actuelle législation si elle s’avère la plus juste et qu’en finalité ne concerne pas la question de l’égalité elle même … ou bien apporté des modifications de valeur et de progrès si c’est nécessaire …
Pour moi le combat pour l’égalité n’est pas un combat que de la femme, c’est un combat pour le progrès humain qu’on doit porter toutes et tous, contre la dictature politique, la dictature du genre, des races, contre les politiques de ségrégations par le territoire ou l’origine …
L’unique valeur qui n’admet pas le négociation est bien l’égalité.. Comment trouver l’équation sinequanone pour y arriver ? C’est la responsabilité de tous et non pas que du législateur, ni que de l’homme ou que de la femme … c’est combat politique …
Les hommes et les femmes de la doctrine, du droit, et pas que sur ces spécialités, chez nous doivent avoir ce courage … Un des axes de la révolution, de l’innovation, du progrès passe par là … et Ici je ne suis pas entrain de dire, balancer tout l’héritage et écrivant du nouveau.. Loin de là, ce sera de la folie, et aucune civilisation ne l’a fait et aucune société qui la fait, et il n y aura aucune société qui le fera ….
Et puis la question d’un référendum sur des tels sujets, c’est tout simplement, non, car l’organisation de la société dans tous ses détails n’est pas l’affaire de tous, les spécialistes sont là pour la penser et l’écrire, et là aussi on enlève rien en matière de souveraineté au peuple … il ne faut pas être dans l’anarchisme.
Il faut avoir le courage, briser les murs de la peur, et débattre.
Si vous souhaitez être lue par des personnes du monde entier, il serait pertinent d’indiquer dans vos articles de quel pays vous parlez dès les premiers paragraphes. Tout le monde ne connaît pas nécessairement les hommes et les femmes que vous mentionnez, ni les associations citées par sigles.
Le Kpital a créé des “distinctions” pour diviser puis disloquer la cellule familiale en y instillant le concept d’individualisme et d’individualité : droits de la femme, droits de l’homme, droits de l’enfant, droits de la famille, etc. Il a détruit la solidarité, l’unité, l’union pour que l’on ne se préoccupe que de son nombril, que de son ego, et faire en sorte que l’on soit entouré d’ennemis, d’adversaires, de concurrents.
La cellule familiale est le cercle de la transmission de l’éducation, des traditions et coutumes, de la culture, de l’histoire, du patrimoine, de l’identité. Elle est un cercle de résistance aux agressions externes qu’elles proviennent de l’Etat, d’une classe sociale, d’un groupe social.
Au nom de la modernité, les politiques ont voulu remplacer le rôle et la responsabilité de la famille par l’Etat. L’Etat gère la vie, le mode de vie et l’organisation individuelle et collective, comme il gère la religion, la pratique de la religion.
La famille s’est dessaisi de l’éducation et le rôle et la fonction de la famille et de la femme ont été et sont cantonnés à l’économique et au consumérisme. Même la reproduction humaine a été standardisée, normalisée, quantifiée par la politique du planning familial et au budget des allocations familiales, entravant la démographie, le renouvellement des générations, le progrès économique et industriel selon des critères et des arbitraires hors des réalités sociales, humaines, historiques de la population.
La lutte, le combat pour la dignité, l’émancipation, la libération, le bien-être passent par la compréhension et par la réalisation des besoins fondamentaux de l’être humain (sociaux, économiques, culturels, politiques et spirituels) exprimés souvent de façon très violente contre l’ordre établi par l’Etat et par une minorité jalouse de ses avantages matériels, idéologiques et politiques.
tout çà vient de votre dictateur Bourguiba, arabophobe, islamophobe.
c’est 100% hypocrite de dire: je suis musulmane moderne, laique, gauloise, en mini jupe etc … car par son comportement elle crache sur Islam, elle hait Islam , tout en affirmant qu’elle musulmane !!! c’est de l’hypocrisie.
Hijab, Niqab, cochon interdit … c’est Islam pas islamisme= mot inexistant en Islam. mot inventé par les médias belliqueux de l’occident, pour pas tomber dans le blasphème.
la femme en Islam n’est pas compatible avec la femme judéo chrétienne.
Ou on accepte les contraintes de Islam, ou on le quitte. on peu pas ètre à la fois musulmane ET judéo chrétienne. Il faut choisir.
ce qu’à fait Bourguiba est impardonnable. Il n’a pas libéré la femme . il l’a forcée à cracher sur sa religion, Islam.
Suggestion:
moi je suis pour que la mention “religion” soit portée sur la carte d’identité comme au Liban, où on peut quitter une religion, se convertir, y revenir …
Bonjour hend
Pourriez vous s’il vous plaît considérer de revoir votre utilisation du terme “féministe ” car il s’agit ici d’une lutte pour des droits humains fondamentaux qui ont été usurpés par des siècles de société patriarcale qui denigre à une partie de l’humanité ses droits et sa dignité. Je pense que le terme “féministe”, qui suscite malheureusement des allergies chez une grande partie de notre belle société en particulier chez la gêne masculine, nuis beaucoup plus qu’il ne sert la noble cause à laquelle se consacrent ces braves femmes. C’est un combat pour une Dignité humaine pas vraiment du féminisme. Merci