A Paris, Milan, Montréal, Pontevedra ou Berlin, les rimes des rappeurs tunisiens se propagent dans le monde. Après avoir entamé des carrières en Tunisie, chacun poursuit son chemin quelque part mais ils maintiennent tous l’arabe dialectale tunisien comme langue de leurs paroles et revendiquent haut et forts leurs origines. Escales.
Ferid El Extranejro & Black Tunisi – Soumek Fi Jibek
Ancien membre de Filozof (1996-2001), un des groupes pionniers du rap tunisien, Ferid Mezni alias El Extranjero a rejoint l’Europe au début des années 2000 et a fini par s’installer à Pontevedra en Galice au nord-ouest de l’Espagne. Cet artiste originaire de Djebel Lahmar a marqué les internautes tunisiens avec deux morceaux contestataires sous la dictature. Il s’agit de « Ness fi Tarkina » (2006) et « Libertad » (2009). Membre du groupe espagnol Delahoja, Ferid est resté attaché au dialecte tunisien. Un style qu’il a imposé dans les trois albums de sa formation galicienne qui a connu ses heures de gloire grâce à son producteur Jose Manuel Pinto, le gardien de but de FC Barcelone. « Nuestra BSO », le featuring de Delahoja avec le rappeur marseillais Soprano, est devenu la chanson fétiche de la légendaire équipe catalane en 2011, grâce à une publication Facebook de Lionel Messi. En 2012, Delahoja a carrément signé « La Conexion », un featuring avec l’emblématique groupe de rap latino-américain Cypress Hill où Ferid place ses rimes juste après B-Real. Désormais, El Extranjero est installé en Allemagne et vient de mettre en ligne un morceau fruit d’une collaboration avec son compatriote Black Tunisi.
Blandoz – Zaradecht
Univers sombre, musique minimaliste, texte empreint de mysticisme, Blandoz a émergé dès 2008 avec le nom de scène Blandoz l’Avocat. Originaire de Dar Fadhal (Soukra), il s’est installé depuis près de 2 ans en Allemagne, puis en Suède, où il continué à produire des sons. Il s’est connecté à d’autres rappeurs tunisiens qui résidents en Scandinavie et Italie et a formé le groupe The Nation qui compte parmi ses membres Big Bach Gabriel, LJ, Gog & Magog, Ka7louch Man et Jack Celer. « Zamakan », tourné au nord de la Suède, est le clip le plus représentatif de l’univers musical de The Nation.
Crack feat Zamta – Power
D’El Mourouj à Montréal, Ahmed alias Crack poursuit sa route en solo depuis 2012 après la dissolution de son groupe éponyme créé au début des années 2000. Fruit d’une collaboration avec le rappeur originaire de Sousse Zamta, « Power » est son premier morceau depuis qu’il s’est installé au Canada il y a moins d’un an. Son flow incisif est intacte, comme du temps où il était sous le label Danjer Records (2013-2015). Crack entretient toujours le même penchant pour les envolées lyriques inspirées du reggae comme nous le rappelle « Tounsi Fi New York », remake d’« English man in New York » de Sting ou « Grayda », son featuring avec Hamzaoui Med Amine.
Madou Mc – Solitari Lupo
Installé à Paris depuis plus de deux ans, Madou Mc a sorti ce clip le 08 septembre. Il y revendique son attachement à son quartier d’origine Kabbaria et rappelle le calvaire de la taule et les harcèlements policiers. Un morceau qui tombe au moment où le rappeur vient de créer Bled Art’st Clan, un collectif qui le réunit avec des artistes de son quartier désormais résidents en Europe : son frère Khaled Bouhrizi alias Mr Kaz, Katybon et Riadh Feddini connu au sein de Dub Mel Kabba. Après deux concerts à Madrid et à Paris, Bled Art’st Clan s’est produit, samedi, au Lavoir Moderne Parisien.
Karkadan – CLM
Dans ce morceau, le rhinocéros du rap tunisien se laisse séduire par les sonorités Dubstep. Après plusieurs collaborations avec le producteur Young Lee Da Finest, Karkadan, de son vrai nom Sabri Jemal, a opté pour un beat de Double Pac. Après avoir entamé sa première expérience à l’âge de 14 ans au sein du collectif tunisien City Z, cet artiste originaire de Cité Tayaran est parti en Italie à l’âge de 18 ans et s’est installé à Milan. Depuis, il a sorti 5 projets discographiques, mixtapes et albums confondus, dont Karkadance (2009) distribué par Universal et Mediaset.
Le rap a toujours participé à l’éveil politique à dénoncer le système oligarchique (gouvernements, les politiques discriminatoires, les banques, les dérives de la police, …) ; c’est une manière de rendre visibles par la chanson les situations déplorables sociales et économiques des pauvres, des marginalisés, …
Regarde ca Thameur : https://www.youtube.com/watch?v=bfSo53lRSeg&ab_channel=7liwa