Ali Chwerreb est assimilé à un héros —le terme est prononcé à plusieurs reprises. C’est un bandit certes, mais il a son propre code d’honneur et le revendique : il vénère sa mère, aide ses prochains, refuse de corrompre l’innocence des plus jeunes, lutte contre l’injustice… Le spectateur se trouve face à ce qu’on pourrait appeler un « voyou honnête ». Il est amené à lui accorder sa sympathie, son affection, voire même son admiration. C’est là qu’un travail artistique peut précisément se transformer en menace sociale, et c’est là que l’artiste a une responsabilité à porter : éclairer le spectateur sur le sens qu’il a voulu donner à la fiction, le sens du choix d’un personnage bien déterminé, le cadre dans lequel s’inscrit son travail.
En regardant ce feuilleton, on pourrait noter certaines séquences où Chwerreb recommande à Khaled, un jeune adolescent présenté comme son protégé, de ne pas lui ressembler et d’aspirer à l’éducation et à la culture. Une façon d’inviter le spectateur à ne pas idéaliser les agissements délinquants d’Ali. Sauf que ces propos semblent parachutés, et trop artificiels, surtout quand on les met en perspective avec, d’un côté, Ali Chwerreb, analphabète mais digne et se battant contre un Etat corrompu, et d’un autre côté, son frère, instruit mais lâche et individualiste. Le message voulant que la scolarité soit un idéal n’est donc pas clair.
Par ailleurs, à trop se focaliser sur la délinquance, les bagarres, les règlements de compte, la fiction a négligé les déterminismes sociaux ; ce qui aurait pourtant permis de souligner que Chwerreb n’est pas un « héros » mais un être humain qui se débat avec des injustices et des souffrances, et qui, pour n’avoir pas reçu d’éducation, se réfugie dans la violence et prône le corps et la virilité comme valeurs suprêmes.
Notre objectif ici n’est pas de donner une évaluation complète ou définitive du feuilleton (de nombreux épisodes restent d’ailleurs à diffuser), mais d’esquisser quelques remarques et d’attirer l’attention sur l’importance des messages véhiculés par les produits artistiques. On ne peut répondre aux critiques en se contentant de répéter que « le spectateur n’a qu’à changer de chaine si le travail n’est pas à son goût », ou que « ce n’est pas à la télé d’éduquer les plus jeunes ». Il est absurde de travailler à ouvrir un débat et de le verrouiller dès lors qu’il est lancé. Un artiste ne devrait pas évacuer les réactions des uns et des autres, ou pire, les mépriser. Un artiste devrait, à notre sens, non seulement questionner sa société, mais aussi contribuer à formuler des réponses constructives et responsables.
Le spectacle tunisien par le temps a en quelque sorte défini sa particularité.. la dictature a empêché la créativité et la diversité, avec toutes les conséquences néfastes sur le regard de la société. Ce regard se résume plus au moins a être pour ou contre. Et c’est là où meurt l’objectivité du spectateur, la critique constructive.. l’artiste propose, expose, offre une lecture a un élément, des éléments, un moment, des moments de la société, d’un vécu collectif, ou d’un personnage, pousse à même a divisé les regards et questionner les profondeurs des convictions des uns et des autres,… Proposer des solutions, formuler des réponses, aider à. Oui c’est en effet le rôle plus au moins caché de l’artiste, homme femme de théâtre, de cinéma, … D’art, … L’acteur attend toujours la réaction du et des publics. Le regard tunisien n’est il pas possible pour lui de produire construire ses propres conclusions nécessaires à fournir à la société d’offrir les réponses, les repères pour grandir avec un esprit constructif pour une socialisation, sociabilité en vie démocratique, et qui construit l’humain et la patrie ? On peut toujours comprendre les méfaits de la dictature, mais dur est de construire le décollage, vers un meilleur vécu individuel et collectif.
Il est inutile de proposer un arrticle et une analyse incomplete, a moins juste de vouloir justifer la rémuneration pour une pige? ET il ne suffit pas de poser une question sans y répondre. Ainsi si Ali CHouerb n’est pas un heros pourquoi le réalisateur a-t-il fait ce choix pour un bandit? Ne révèle-il pas chez le réalisateur une orientation ideologique vide et sterile? Le réalisateur ne s’est-il pas surtout accroché à l’ideologie decadante et sterile de l’obsession artistique du domaine de l’underground. Ce qui d’ailleur est la ligne editoriale de Ettassia TV et des jeunes de notre époque?