Même si la zone où se situe la réserve naturelle est située en altitude et relativement éloignée des agglomérations et installations humaines, elle semble avoir été toujours fréquentée par les habitants des environs et sert de terrain de parcours pour leur bétail. Dans la réserve, se trouve un poste forestier tombé en ruine pour ne pas avoir été entretenu pour une longue période. Sur le terrain, n’existe aucune indication de la réserve ni un marquage de ses limites.
A quoi sert une « réserve naturelle » ?
On est en droit de se poser la question sur le rôle et la signification de cette catégorie d’aires protégées en Tunisie, au vu des modes de gestion de ces espaces et des entités biologiques qu’elles sont sensées protéger. Au fait, on ne trouve en Tunisie que deux catégories d’aires protégées : les réserves naturelles et les parcs nationaux. Les secondes sont généralement plus étendues et disposent d’une administration à la tête de laquelle se trouve un forestier. Les réserves naturelles, en revanche, ne disposent pas de personnel affecté. Certaines ne présentent même pas de signes marquants ou indiquant leur présence ! Certaines réserves naturelles ont évolué en parcs nationaux, comme c’est le cas de Djebel Serdj. Les raisons justifiant la création des réserves naturelles, selon l’administration, sont diverses, et quelques-unes prêtent à caution, comme le cas de la réserve d’Ettalla à Kasserine qui renferme un site archéologique dont la préservation relève des responsabilités du ministère de la Culture et non celles de l’Agriculture ou de l’Environnement !
Au cours des dernières années, certaines réserves ont perdu leur statut d’être. C’est le cas de la réserve de djebel Khroufa (gouvernorat de Béja), destinée à la préservation du « Poney des Mogods » et dont tous les animaux ont péri ou ont été déplacés ailleurs. D’ailleurs, les animaux n’étaient pas des poneys et certains ont été introduits de l’étranger ! La réserve de Dar Fatma (gouvernorat de Jendouba) qui constitue la plus grande tourbière de la Tunisie a été dévastée depuis 2011. Le grillage qui l’entourait a été désinstallé. Elle sert désormais de terrain de pâturage pour les animaux du village qui lui ont donné son nom. Malheureusement, la réserve de Dar Fatma est en partie envahie par les déchets.
Ain Zana, des agressions à arrêter !
Nous avons constaté des coupes d’arbres, notamment de chêne zeen dans cette réserve depuis 2012. Des visites annuelles ont été effectuées à la réserve depuis lors. Cette année, les coupes étaient plus étendues et plus intenses. Les coupes concernent aussi bien le chêne liège que le chêne zeen, mais ont également touché le chêne afarès. Elles sont de plus en plus étendues et visibles à toute personne visitant le lieu. Avant, les arbres étaient coupés de nuit, et les restes ramassés, mais actuellement, les arbres coupés sont laissés pour sécher sur place, élagués et transportés par la suite. Seuls les troncs semblent intéresser les « bûcherons », car les tiges et autres ramifications sont laissées sur place.
Les signes d’incivilité sont encore légion. La réserve sert en effet de lieu de « détente » pour certains qui viennent y passer du bon temps. Le hic, c’est que leurs déchets sont laissés sur place, et que des traces de feu y sont bien visibles. Par la canicule des temps qui courent, le risque d’incendie est fort probable…
Bref, cette région subira dans l’impunité l’appétit grandissant de ceux qui s’attaquent aux arbres si rien n’est tenté pour les arrêter. La raison d’être de la réserve risque elle aussi d’être mise à mal, et notre patrimoine naturel se verra encore une fois amputé d’une de ses plus belles composantes, irremplaçable cette fois, à cause de l’ignorance et de la cupidité des uns, puis de la passivité des autres. Cela doit impérativement cesser.
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