Le paysage politique actuel est caractérisé par un nombre impressionnant de partis politiques, et le chiffre ne risque pas de se réduire à terme, la preuve étant que de nouveaux partis sont encore créés ou projetés. Il est vrai que de nombreux partis politiques se ressemblent du point de vue de leurs visions dans le sens où ils portent en majorité un projet économique libéral, basé sur l’investissement étranger et la promotion de l’économie de marché. L’on se demande parfois quelle(s) différence(s) déceler entre différentes formations politiques si ce n’est leurs leaders ! D’ailleurs, plusieurs scissions ont lieu lorsqu’on assiste à des différends ou des désaccords sur des points particuliers entre personnes d’un seul parti politique.
Les carences du paysage partisan
La plupart des partis politiques ne sont pas présents sur l’ensemble du territoire et se voient même incapables de présenter des listes couvrant l’ensemble des circonscriptions électorales pour les législatives, que dire alors des municipales. Il n’y a pas vraiment de dynamique interne dans de nombreux partis. Et rien n’est fait pour transmettre à la société les valeurs qu’ils essaient de porter Pour eux, la vie politique est presque réduite aux événements électoraux, lors de la préparation des listes candidates. Il est aussi rare de les voir faire des évaluations de leurs résultats électoraux.
Ceci dit, on ne peut pas demander à une jeune expérience de démocratisation d’être comparable à d’autres situations qui ont mis des dizaines d’années, voire plus, pour se stabiliser. Le temps aidant, nous verrons la mort certaine de plusieurs partis politiques et le rapprochement entre formations semblables. Ce processus serait accéléré par des phénomènes inédits, tels que ceux que nous avons vu lors du premier tour des élections présidentielles de cette année, et dont les remous risquent d’avoir des conséquences sur le long terme quant à l’avenir de plusieurs formations politiques !
Depuis 2011, il est clair que l’environnement et la culture sont les deux principales victimes de l’instabilité par laquelle le pays est passé. On assiste à une dégradation continue des conditions de l’environnement –pour ce qui nous concerne ici– et à l’absence de réponses adéquates à plusieurs types de problèmes de la part des autorités chargées de ce secteur.
Force est de remarquer l’absence de programme spécifique à l’environnement de la part des candidats aux présidentielles et des partis politiques. Il est clair que ce secteur vital ne fait pas partie de leurs centres d’intérêt. Les partis politiques passent à côté de ces sujets et, s’ils se prononcent, montrent une incompréhension des questions liées à l’environnement tant au niveau national qu’à une échelle régionale (Méditerranée) ou globale, à l’échelle planétaire.
Pourquoi un parti Vert ?
Il est clair que les questions liées à l’environnement se sont complexifiées au fil du temps, et qu’elles exigent des approches inédites de la part de tous les citoyens engagés pour les résoudre. Les milieux tant naturels qu’anthropisés, aussi bien urbains que ruraux voient leur qualité se dégrader au fil des ans. Il est aussi clair que les approches gouvernementales ne sont pas en mesure de leur venir à bout, encore plus que les solutions adoptées sont uniformes et ne sont pas appropriées aux conditions de terrain, très variables. Bientôt, nous verrons tous les milieux saturés de plastique qui mettront des siècles à se dégrader, sans que la moindre lueur d’espoir ne pointe pour, par exemple, mettre fin à leur utilisation.
Des sujets aigus attirent l’attention de l’opinion publique de temps à autre (sécheresses prolongées, inondations, pénuries d’eau potable…) mais ne trouvent pas de structures pouvant les approfondir et proposer des solutions durables soutiennent le besoin d’une structure politique pouvant les intégrer dans ses programmes, notamment un parti Vert. Il en est de même pour le soutien de nouvelles approches en termes d’adaptation aux changements climatiques pour lesquels notre société est peu ou pas préparée. L’émergence de certains phénomènes sociaux (agriculture urbaine, habitat écologique…) nécessite un appui politique pour susciter un plus large intérêt, de même que la préservation de nos espaces naturels qui continuent à subir des agressions continues.
Bref, les partis politiques en place, aussi bien de droite comme de gauche, considèrent l’environnement comme objet marginal de leurs centres d’intérêts. Ils ne peuvent présenter aucune solution durable aux problèmes que nous vivons actuellement et qui ont des impacts négatifs sur l’avenir des générations futures. Sans soutien politique, les propositions et alternatives proposées notamment par la société civile n’auront pas d’impact et risquent aussi d’être marginalisées par les différentes formations politiques qui se succèdent au pouvoir.
Si un parti se présentant en tant que d’être Vert existe en Tunisie, il n’est point visible et n’a suscité aucune dynamique de rassemblement de ceux qui se soucient de l’environnement dans le pays, notamment parmi ses jeunes. Un nouveau parti nous semble nécessaire pour combler le vide, capitalisant les luttes pour une justice environnementale et climatique. Les déçus des autres partis sont nombreux, à la recherche de structures souples et démocratiques pouvant répondre à leurs attentes en matière d’amélioration de la qualité de la vie de nos concitoyens et de recherche de solutions alternatives.
L’initiative ne semble pas encore avoir pris, et peu d’appels sont lancés, obéissant à une volonté sociale inhérente à la société tunisienne, et non sous l’impulsion d’un quelconque bailleur de fonds. Nous ne pouvons que souhaiter que cet appel soit relayé et, pourquoi pas, concrétisé par une rencontre regroupant les acteurs qui s’y retrouvent.
Vue la degradation du système écologique mondiale les parties verts ont gagné du terrain. Malheureusement ce n’est pas le cas dans notre pays. Avec une revolution qui n’as pas attein ses objectifs, un pays qui s’enfonce dans l’endettement et la pauvreté, une vision écologique ne fait pas partie des urgences prioritaire.