Le parc se situe dans une des zones les plus pluvieuses de la Tunisie, avec plus de 1200 mm/an. Le point culminant du parc, dénommé Statir, est à 1150 m d’altitude. Il est couvert d’une forêt de chênes (chêne zeen et chêne liège) où prédomine le chêne zeen. Le chêne afarès a été signalé au parc, mais a semble-t-il disparu, puisque aucune observation récente ne confirme sa présence.
Dans le parc, le serval, petit carnivore (pelage tigré, plus haut qu’un chat) a été introduit, mais aucune donnée n’est disponible concernant sa présence dans le site ou la région. La réserve d’El Feidja demeure la seule entité relativement bien conservée du parc. Balisée et clôturée, elle n’est malheureusement pas à l’abri des agressions, comme les incendies qui ont brûlé certaines de ses parties il y a de cela quelques années. Nous avons cependant remarqué que la strate herbacée n’est pas à son développement optimal, probablement à cause de certaines formes de pression qu’il ne nous a pas été donné de vérifier ou de constater.
Quant au parc, il y a malheureusement beaucoup à dire :
Le balisage du parc n’existe plus, depuis déjà une bonne période de temps, sans que cela ne semble inquiéter les autorités responsables de son institution et de sa gestion, à savoir la Direction Générale des Forêts. La carte présentée ci-dessous a été extraite du site du World Commission of Protected Areas (WCPA), et ne correspond pas à la carte diffusée par l’administration. Il est impossible de retracer la carte du parc en raison de l’absence de repères sur le terrain !
Le pâturage dans le parc semble n’avoir jamais cessé depuis sa création. En tout cas, nous avons depuis plus d’une vingtaine d’années observé des troupeaux dans le parc, une situation que semblent ignorer les gestionnaires. Le pâturage est pratiquement hors contrôle surtout que la clôture du parc a été enlevée depuis bien des années. Il est continu et excessif au point que la végétation naturelle herbacée ne dépasse pas la dizaine de centimètres dans l’ensemble du parc.
Une des conséquences du pâturage est les incendies répétés qui affectent certains secteurs en particulier (voir carte, représentée à partir d’une image satellite). Les incendies semblent provoqués par les bergers qui brûlent les strates arbustives et arborescentes pour faire pousser l’herbe nécessaire à leurs troupeaux. La répétition des incendies empêche toute évolution progressive des séries écologiques. La régénération de la forêt est par la suite compromise par l’action du bétail.
Cette carte montre clairement que toutes les zones du parc ont subi des incendies, et la réserve intégrale ne fait pas exception à cette règle. Nous ne sommes pas en mesure de fournir plus de détails, mais il est clair que la partie nord du parc est la plus affectée par les feux. Les zones souvent incendiées se situent aux alentours des espaces ouverts et des clairières, dénotant clairement une volonté délibérée pour transformer ces espaces en prairies. Les espaces ouverts situés aux environs du sommet ont tendance à s’élargir, mais nous ne pouvons pas étayer ce fait par des données quantitatives. Les seuls bénéficiaires de cette situation pourraient être les bergers qui susceptibles de tirer profit de ces pâturages. La présence des gardiens n’a rien changé à la donne, et la situation semble échapper complètement au contrôle de l’administration.
Il y a lieu de noter que la régénération de la forêt n’est possible que si une mise en défens est observée, en absence notamment des troupeaux qui n’arrêtent pas de parcourir les espaces incendiés, compromettant ainsi toute possibilité de régénération des espaces incendiés. D’ailleurs, les espaces ouverts dans le parc ne cessent de s’agrandir au fil du temps, confirmant les hypothèses précédemment émises.
Les visiteurs du parc restent souvent dans les environs de l’administration (enclos d’exposition des cerfs et « Kef Ennagcha », un rocher qui offre une vue panoramique du parc). La plupart parmi eux croient, du moins par leurs attitudes et comportements, que le parc est un lieu de détente, et ne respectent souvent pas les lieux (bruits et déchets). Par conséquent, l’état de conservation du site ne semble concerner qu’une infime minorité. D’ailleurs la plus grande partie du parc n’est visitée que par un nombre réduit de personnes.
En plus des dérangements occasionnés par les visiteurs, un café a ouvert dans le parc, à côté de l’enclos des cerfs. Si, selon l’administration forestière, le parc ne contient pas d’habitants, le village d’El Feidja s’y trouve pourtant (contourné sur la carte). L’administration forestière ne les considérant pas comme faisant partie du parc. Le café ouvert constitue une source de dérangements supplémentaires à la population de cerfs maintenue en captivité. Nous ne connaissons pas la réaction des animaux face à une présence humaine continue à leur voisinage immédiat. Le parc a tendance à devenir un lieu banal sans aucune spécificité…
Les visiteurs du parc restent souvent dans les environs de l’administration (enclos d’exposition des cerfs et « Kef Ennagcha », un rocher qui offre une vue panoramique du parc). La plupart parmi eux croient, du moins par leurs attitudes et comportements, que le parc est un lieu de détente, et ne respectent souvent pas les lieux (bruits et déchets). Par conséquent, l’état de conservation du site ne semble concerner qu’une infime minorité. D’ailleurs la plus grande partie du parc n’est visitée que par un nombre réduit de personnes.
En plus des dérangements occasionnés par les visiteurs, un café a ouvert dans le parc, à côté de l’enclos des cerfs. Si, selon l’administration forestière, le parc ne contient pas d’habitants, le village d’El Feidja s’y trouve pourtant (contourné sur la carte). L’administration forestière ne les considérant pas comme faisant partie du parc. Le café ouvert constitue une source de dérangements supplémentaires à la population de cerfs maintenue en captivité. Nous ne connaissons pas la réaction des animaux face à une présence humaine continue à leur voisinage immédiat. Le parc a tendance à devenir un lieu banal sans aucune spécificité…
Le parc offre-t-il des ressources suffisantes pour que ses habitants et voisins s’engagent dans sa conservation ? La réponse à cette question est a priori négative. Les modèles de tourisme (quelles que soient ses qualifications) mis en pratique n’offrent pas de ressources pour la population locale pour qu’elle change d’attitude. L’absence d’une communication adéquate pour les visiteurs du parc et la population locale fait défaut, et il y a lieu de penser que la situation du parc ira en s’aggravant dans l’avenir.
Face à ce genre de situation dont personne ne semble se soucier, notamment par manque de connaissance de la situation réelle du parc, nous ne pouvons qu’espérer qu’un sursaut pour la conservation voie le jour en Tunisie. Cet exemple édifiant démontre bien que l’administration forestière a failli à sa mission de conservation de notre patrimoine naturel…
En Tunisie, la gestion des parcs nationaux ne semble pas avoir évolué depuis leur création. L’absence de vision, mais surtout de suivi régulier des communautés vivantes dans ce parc en particulier ne permet pas de voir l’effet de la mise en défens (si elle existe et est effective !) sur la diversité biologique. Si, dans le cas particulier d’El Feidja la couverture arborescente se maintient avec ses deux essences dominantes, le chêne liège et le chêne zeen, il n’en demeure pas moins que :
- Les formations végétales associées à ces deux espèces et à d’autres essences non moins importantes, tels que le micocoulier, ne sont ni suivies ni cartographiées, ou du moins localisées dans l’espace,
- En termes de diversité biologique de la végétation, la richesse du parc réside dans sa strate herbacée, laquelle est l’élément le moins connu des espèces se trouvant à El Feidja,
- Par rapport à la diversité animale, les espèces les plus intéressantes sont celles à répartition géographique restreinte au niveau mondial (lézard ocellé d’Afrique du Nord, psammodrome de Blanc, Pic de Levaillant, Gobemouche de l’Atlas…).
En termes de diversité des différentes espèces du parc, on constate :
- L’absence d’un suivi régulier des espèces animales s’y trouvant. On ne dispose d’aucune information sur les effectifs des populations des grands mammifères, notamment le cerf élaphe, le sanglier ou encore le loup doré africain, pour ne citer que ces espèces,
- L’outil cartographique, pour illustrer l’étendue des formations végétales ou des phénomènes tels que les incendies, n’est point utilisé, pourtant les techniciens ont été formés pour l’utiliser dans leur travail de routine… Cet outil pourrait également servir pour suivre la répartition dans l’espace d’espèces intéressantes pour la conservation.
En conclusion, le présent exercice a été inspiré par l’examen des images satellites du parc et un essai pour le cartographier. Les images et nos propres observations le long de nombreuses années nous ont permis de voir l’évolution du parc au fil du temps. Par cet article, nous espérons voir des réactions positives de la part des autorités chargées de la conservation en Tunisie et attirer l’attention de ceux que ce secteur intéresse. Il y a lieu d’agir pour voir la situation de ce parc –et d’autres sites– évoluer progressivement. Il est encore temps pour agir, et personne ne pourra dire qu’il ne le savait pas !
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