La campagne de vaccination contre le Covid-19 a commencé le 13 mars en Tunisie. Toutefois, le démarrage a été timide, a fait savoir à Nawaat, Ines Fradi, directrice de la pharmacie et des médicaments au ministère de la Santé et chargée du volet logistique de la campagne.
Le scepticisme et les rumeurs sur la vaccination sont relayés sur les réseaux sociaux. Les débats sur l’efficacité des vaccins et leurs effets secondaires sont fortement commentés (ici et ici). Ils inondent également la page Facebook du ministère tunisien de la Santé où théories complotistes sur les vaccins et dénigrements de la campagne de vaccination prolifèrent, alimentant ainsi les craintes quant aux éventuelles effets secondaires. D’après Fradi, «cette peur» explique les atermoiements de certains Tunisiens pour se faire vacciner. Elle indique ainsi que parmi les plus de 650 mille Tunisiens inscrits sur la plateforme dédiée à la vaccination « Evax », environ 18 mille ont reçu leurs premières doses de vaccins, selon le dernier bilan établi le 22 mars.
L’annonce de l’apparition d’effets secondaires chez 81 cadres médicaux et paramédicaux ayant reçu le vaccin Spoutnik V dont un cas jugé grave après la survenue de troubles orthophoniques et de mobilité, le 20 mars, n’a fait qu’attiser la méfiance. Hormis la Tunisie, la réticence envers la vaccination est les rumeurs concernant ses effets sont très nombreux à travers le monde et circulent également via les réseaux sociaux.
«Pourtant ces effets secondaires sont connus et rendus public par le ministère de la Santé. Rien ne justifie un tel affolement», déclare à Nawaat, le directeur du Centre national de pharmacovigilance et membre de la commission scientifique de lutte contre le Covid19, Riadh Daghfous. Et de préciser que «même la personne ayant eu des complications jugées graves s’est totalement remise depuis et il s’est avéré que sa situation n’était pas due à la vaccination».
Daghfous a rappelé que les vaccins contre le Covid-19 agissent sur le corps comme les autres vaccins connus, à l’instar de celui contre la rougeole : « Comme tous les vaccins, celui contre le Covid-19 stimule l’immunité de la personne. Chez certains individus, des effets secondaires pourraient apparaitre : une douleur à l’endroit de la vaccination, des nausées, des douleurs articulaires, une légère hausse de la température, des frissons, une sensation de fatigue, céphalée. Ces effets bénins disparaissent par la suite assez vite», a-t-il expliqué. Par ailleurs, il a souligné qu’aucune complication sérieuse n’a été pour l’heure enregistrée. «On parle de vaccins administrés à des millions de personnes dans le monde avec des résultats rassurants. La Tunisie ne fera pas l’exception», a-t-il renchéri.
Rappelons que la campagne de vaccination en Tunisie a été entamée avec l’usage des 30 mille doses du vaccin russe Spoutnik V. Le 16 mars, le ministre de la Santé, Faouzi Mehdi, a fait savoir que notre pays dispose pour le mois de mars de 30 mille doses de Spoutnik V, de plus de 93 mille doses du vaccin américain Pfizer-BioNtech obtenues dans le cadre de l’initiative Covax, de 136 mille doses du vaccin britannique AstraZeneca, de 200 mille dose du vaccin chinois Sinopharm obtenu grâce à un don et de 100 mille doses supplémentaires de Pfizer, commandées directement par la Tunisie auprès du laboratoire américain. Pour le mois d’avril, d’autres doses de Spoutnik, Pfizer et AstraZeneca suivront. «Ces vaccins ont montré leur fiabilité pour recevoir une autorisation en Tunisie», a martelé le ministre.
Les vaccins commandés par la Tunisie ont montré une efficacité clinique de 95% pour Pfizer, de 91.6% pour Spoutnik V, de 82.4% pour AstraZeneca et de 79.3% pour Sinopharm. Suscitant des inquiétudes après la survenue de problèmes sanguins (coagulation ou formation de caillots) post-vaccination, le vaccin AstraZeneca a été suspendu dans plusieurs pays européens avant d’être approuvé de nouveau. Même si des doutes persistent sur sa fiabilité, l’Agence européenne du médicament a estimé que les bénéfices du vaccin AstraZeneca sont supérieurs au risque d’effets secondaires indésirables. Pour sa part, le ministre Faouzi Mehdi a insisté sur le fait que le comité scientifique suit de près les nouveautés scientifiques concernant ce vaccin et se conforme aux recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). « Nous ne vaccinons les Tunisiens qu’avec des vaccins sûrs et efficaces. Il faut que le citoyen ait confiance en notre système médical», assure-t-il.
A noter qu’une rumeur largement relayée sur les réseaux sociaux, a attribué aux vaccins basés sur l’ARN messager, la possibilité de modifier notre ADN. Cette crainte a été balayée par les scientifiques. « Impossible de modifier notre ADN en se faisant injecter un vaccin à ARN. Les molécules d’ARN restent dans le cytoplasme, un compartiment de la cellule qui se trouve entre la membrane et le noyau. C’est là qu’il fabrique ses protéines. L’ARN ne peut pas entrer dans le noyau, où seul l’ADN se trouve. Il n’y a pas d’interaction entre notre ADN et l’ARN de virus injecté », précise le Français Bruno Pitard, directeur de recherche au CNRS et chercheur Inserm au centre de recherche en immunologie Nantes-Angers.
A noter que les avantages de la vaccination massive sont manifestes dans certains pays. Au Royaume-Uni par exemple, la vaccination massive a permis la régression de la mortalité causée par le Covid-19.
Dans l’article (TV5MONDE) auquel vous faites référence, il y a un paragraphe comportant ce titre trompeur : “Pfizer/BioNTech : efficace à plus de 95% avec deux doses“. Dans le même paragraphe sous ce même titre, la certitude de son auteur se transforme en doute raisonnable avec l’emploi, cette fois-ci du conditionnel et en écrivant : serait efficace à plus de 95%.
Lorsqu’on lit ladite étude (en anglais) on s’aperçoit qu’elle est tapissée de banalités sans aucune démonstration pertinente, qu’elle ressemble davantage à un écran de fumée qu’à une “vraie” étude.
Pour qu’une étude soit crédible, la première des précautions est que sa réalisation doit être confiée à un organisme-laboratoire indépendant.
Pfizer — que ce soit partiellement ou totalement— qui fait une étude sur un vaccin Pfizer, c’est de la rigolade. Cela peut être un scénario d’un film comique par exemple. C’est seulement une opération de communication autour d’un produit commercial . Du merchandising ! C’est une véritable affaire qui rapporte bien gros grâce au COVID 19.Voir ce titre de la rtbf : “Le vaccin anti-Covid de Pfizer aura rapporté 15 milliards de dollars fin 2021 : un record”