Dans de nombreuses entreprises, les étudiants sont chargés de réaliser des projets commerciaux réels, bien au-delà de l’objectif pédagogique du stage. Au lieu d’acquérir de l’expérience, ils se retrouvent responsables de tâches complexes, comme le développement de logiciels ou la gestion complète de projets, sans rémunération ni reconnaissance. Cette exploitation est particulièrement marquée pour les étudiants venant de zones rurales, qui doivent déménager vers les grandes villes, assumer des frais de loyer et accepter n’importe quelle opportunité de stage, souvent sous des conditions injustes, par peur de compromettre l’obtention de leur diplôme.
À cela s’ajoutent des pratiques inéquitables de certaines entreprises, comme l’imposition de tests techniques rigoureux, semblables à ceux des recrutements pour des postes permanents, alors que le stage est censé être un cadre d’apprentissage. À titre personnel, j’ai été confrontée, dans une entreprise (dont je tairai le nom), à un test écrit identique à ceux réservés aux candidats à l’embauche, ce qui est injustifié pour un stage académique.
Certaines entreprises exercent également une forte pression sur les stagiaires pour accélérer la réalisation des projets, notamment dans leurs phases finales, ce qui génère un stress psychologique considérable. Enfin, l’entreprise est souvent responsable de l’évaluation de l’étudiant : s’il ne se plie pas à toutes ses exigences, sa note risque d’être faible, indépendamment de la qualité de son travail. Cette situation transforme le stage en une source d’anxiété et d’exploitation, loin de son objectif éducatif.
Absence de suivi académique
La situation est aggravée par le manque d’engagement de certains encadrants universitaires. Au lieu de suivre les progrès de l’étudiant et de l’accompagner face aux défis professionnels, certains se contentent de signer les feuilles de présence ou de poser des questions formelles à la fin du stage. Cette négligence laisse l’étudiant seul face à des responsabilités dépassant ses capacités, sans soutien académique ni professionnel.
Conséquences néfastes de l’exploitation
Cette situation ne nuit pas seulement à l’étudiant, mais affecte également la qualité de l’enseignement et la réputation des établissements académiques. Parmi les principales conséquences :
- Perte de l’objectif pédagogique : le projet devient une tâche purement commerciale.
- Pression psychologique : les étudiants souffrent d’anxiété et d’épuisement.
- Exploitation par les entreprises : les étudiants sont utilisés comme substituts gratuits aux employés.
- Baisse de la qualité de la formation : l’absence de suivi impacte les compétences de recherche.
- Perte de confiance : les étudiants perdent foi en leurs institutions éducatives.
Solutions proposées pour le changement
Pour remédier à cette problématique, les universités et établissements éducatifs doivent prendre des mesures urgentes, notamment :
- Mettre en place un cadre légal strict : définir les tâches autorisées pour les étudiants et garantir leur caractère éducatif.
- Renforcer le suivi académique : assurer un encadrement effectif par les enseignants pour atteindre les objectifs pédagogiques.
- Obliger les entreprises à soutenir les stagiaires : offrir une compensation symbolique ou des certificats de reconnaissance.
- Mécanismes de signalement : permettre aux étudiants de dénoncer les abus sans craindre des répercussions sur leur diplomation.
Mot de la fin
Le projet de fin d’études devrait être une porte ouverte vers l’apprentissage et l’acquisition d’expérience, et non un piège d’exploitation professionnelle. Respecter l’étudiant, c’est respecter la mission de l’université et son rôle dans la construction d’un avenir juste. Universités, entreprises et étudiants doivent collaborer pour garantir que le PFE reste une véritable expérience éducative, et non un moyen de fournir une main-d’œuvre gratuite.
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