Depuis la révélation du site BusinessNews concernant l’augmentation des salaires des députés de l’assemblée constituante, le sujet occupe médias et internautes tunisiens, et surtout les twittos (utilisateurs du site de micro blogging twitter.com). Un sujet qui a été traité à huis clos après l’interdiction d’accès des médias et du public à la séance de jeudi dernier.

Beaucoup de députés ont nié cette information qui a commencé à circuler sur Twitter juste après la séance du 17 Mai. La députée Mabrouka Ben Mbarek (Députée du CPR), entre autres, a nié cette information.

La députée du CPR persiste et déments l’information

Quelques heures après l’élue du CPR s’explique autrement

Cette augmentation survient après plusieurs factures un peu salées se rapportant aux frais d’hôtellerie des élus qui n’habitent pas à Tunis.

La question des émoluments que perçoivent les élus a commencé à faire polémique la semaine dernière suite à la publication sur Facebook d’un document concernant le salaire de la vice présidente de l’assemblée constituante Madame Maherzia Laabidi. Ce document montre en particulier que l’élue touche une partie de son salaire en devise. Cette dernière a nié en bloc ces informations et a précisé qu’elle va publier sa fiche de paie dès qu’elle la reçoive. Elle a en outre précisé qu’elle ne touche pas l’indemnité de logement, dont le montant s’élèverait à 900 DT, puisqu’elle affirme habiter chez sa sœur.

La députée Nadia Châabane s’est aussi expliquée au sujet de l’augmentation de salaire et a donné sa version des faits (explication récupérée via un militant du PDM).

Rappelons qu’en Tunisie les élus qui siègent depuis le mois de novembre n’ont reçu aucune fiche de paie à ce jour… C’est à se demander s’ils ont pensé à la demander auprès de leur administration.

Il est à noter qu’on ne connaît pas les vrais salaires des ministres (ni leur nombre d’ailleurs, avec les nominations récurrentes des conseillers et des chargés de mission auprès du chef du gouvernement), ainsi les avantages en nature qu’ils touchent et combien coûtent-ils vraiment au contribuable tunisien….

De même, le salaire du Président intérimaire a déjà fait polémique. En effet, un de ses conseillers (si nombreux d’ailleurs malgré des prérogatives très restreintes), Mr Samir Ben Amor, a confirmé que Moncef Marzouki ne touche que 3000 DT par mois, malgré que son salaire déclaré est estimé à 30000DT après la dernière augmentation décidée par son prédécesseur à ce poste, Monsieur Fouad Mbazaa.

Il serait bon de rappeler aux trois Présidents leurs discours respectifs sur la situation difficile de notre pays et sur la nécessaire rationalisation des dépenses publiques. Le gouvernement n’a t-il d’ailleurs pas songé à une participation exceptionnelle des citoyens à travers un prélèvement exceptionnel sur les salaires notamment. Or, ces trois organes ne cessent de nommer des conseillers et des chargés de mission avec pour la plupart d’entre eux des rangs et émoluments de ministre ou de secrétaire d’Etat!!!!

Beaucoup d’activistes et de députés soutiennent l’open governance, que le gouvernement fait mine de soutenir en publiant des documents qui seraient des outils de marketing politique plus qu’autre chose, à l’instar du programme d’action du gouvernement. Dans ce cadre, on se demande notamment du bien fondé de la non publication de la liste de projets, et des détails que ça englobe, proposé aux investisseurs et bailleurs de fonds étrangers. Il est inconcevable que tous les étrangers qui ont assisté au Forum international d’investissement de la Tunisie 2012 la semaine dernière repartent avec des clés usb contenant toutes les informations tandis que la plupart des citoyens n’en savent rien ou presque.

L’assemblée constituante n’est pas en reste de cet effort de “ce semblant d’ouverture”. Le site web ne contient que quelques PV’s. Peut-être que les polémiques qui ont eu lieu après la diffusion sur les réseaux sociaux de quelques PV par des membres de l’assemblée constituante ont poussé les décideurs au sein de cette assemblée d’en publier certains.

Le 14 mai le président de l’assemblée constituante Monsieur Mustapha Ben Jâafar a soutenu l’openGov, mais le 17 du même mois il refuse l’accès aux commissions et nous propose juste un streaming web. C’est à se demander s’il a rapidement oublié ses promesses?

Sur les questions des salaires et de la transparence aucun député ou parti de l’opposition ne s’est prononcé pour donner plus d’informations ou pour défendre l’argent des contribuables tunisiens. Défendent-ils seulement leurs acquis des élections ou ne parlent-ils plus qu’en présence des média et en prévision des échéances électorales futures ? Et d’ailleurs, les membres du gouvernement et les conseillers issus de l’assemblée touchent-ils deux salaires ? Pourquoi a-t’on peur d’éclairer l’opinion publique à propos de ça ?

Les tunisiens ont voté pour que les élus soient présents pour écrire la constitution et défendent leurs intérêts, or malheureusement l’hémicycle était quasi vide à maintes reprises, et, au lieu de réprimander les absents, les autorités “compétentes” ont publié le plan des sièges des élus pour que le peuple traque l’absence. C’est à se demander s’il y a un véritable patron (ou plusieurs) au sein de l’organe législatif.

Dans un pays où les élus et le gouvernement veulent faire de la transparence leur marque d’action, on se doit déjà de publier toutes les informations concernant les affaires publiques et ceux qui sont en rapport avec les dépenses publiques dans le journal officiel afin que le contribuable comprenne où va son argent, et puisse se faire une opinion sur les gens qui sont censés le représenter.

Rappelons que la Tunisie passe par une grande période de crise et on doit tous travailler plus et accepter de faire quelques sacrifices pour sauver le pays ….