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Avec huit sages femmes et un médecin gynécologue, l’hôpital régional de Tataouine constitue la maternité de référence pour les 148 000 habitants. Le personnel de cet hôpital lance un appel à l’aide. Cette institution qui a été l’asile des victimes de la révolution et surtout des blessés libyens, continue à vivre dans l’indifférence presque totale des autorités. Malgré la visite du ministre le mois dernier et les promesses qu’il avait faites, aucune mesure d’urgence n’a été entreprise pour remédier au manque de personnels soignants.

Les médecins de l’hôpital régional lancent un appel à l’aide. L’hôpital souffre d’un manque de personnels médical qui dure depuis plus de 8 ans déjà.

Le service qui en pâtit le plus est le service de maternité. Ce service de gynéco obstétrique est le service référence du gouvernorat. Le gouvernorat de Tatouine représente le quart de la superficie du pays et couvre 7 délégations ainsi que 5 municipalités. Il compte plus de 148 000 habitants. Cette maternité est donc sensé être capable de prendre en charge les cas difficiles et non gérables par les hôpitaux régionaux des 5 délégations.
Or, elle ne dispose que de 8 sages femmes en totalité et d’un médecin gynécologue étrangère nouvellement venue. Cela veut dire qu’il y a généralement 1 ou 2 sages femmes avec un médecin pour gérer les urgences en plus des malades hospitalisés.

Cette situation atteint des proportions catastrophiques vu que le service reçoit des malades des quatre coins du gouvernorat. Le personnel de santé se voit alors obligé de diriger les malades qui peuvent l’être vers d’autres hôpitaux.

La maternité la plus proche se situe à Médenine, donc à 49 kilomètres de l’hôpital régional de Tataouine. Cette maternité est un peu plus chanceuse que celle de Tataouine vu qu’elle dispose de 3 à 4 médecins gynécologue et un peu plus de sages femmes que son homologue. Mais ce nombre reste insuffisant pour traiter les patients de Tataouine en plus des siens.

L’hôpital de Tataouine est donc obligé d’envoyer ses patientes à Djerba (à 118 kilomètres), ou encore à Gabès à (125 kilomètres). Cela va sans dire que le transport prendra au moins une heure. Or tous les patients n’ont pas la possibilité de pouvoir attendre. D’ailleurs on nous a rapporté le cas d’un nouveau né décédé au cours du transport.

Les autres services de l’hôpital régional de Tataouine ne sont pas gâtés non plus.
Le service de pédiatrie compte une seule pédiatre qui travaille à l’hôpital depuis 8 ans et a passé 4 années seules à gérer le service.
L’hôpital dispose entre autre d’un scanner et d’un appareil pour échographie mais pas de médecin radiologue pour les manipuler.

Le ministre de la Santé, Abdelatif Mekki, a annoncé au cours de sa visite, le 10 juillet 2012, dans le gouvernorat de Tataouine :

– 105 nouveaux recrutements au titre de l’année 2012 dans le secteur de la santé de la région ;

– 1 million de dinars pour l’acquisition de matériels médicaux ;

– 6 millions 650 milles dinars pour des travaux de construction.

(Source : TAP)

Où se situe le vrai problème ?

Certains, dont le ministère de la santé, accuseront les médecins de ne pas vouloir aller travailler à l’intérieur du pays. Mais la vraie question c’est : pourquoi les médecins ne veulent-ils pas y aller malgré la prime supplémentaire
octroyée par le ministère ?
N’est-ce pas trop demander que d’exiger des médecins d’aller s’installer à plus de 500 kilomètres de leurs maisons
pour un délai indéterminé ?

Citons comme exemple la seule pédiatre de l’hôpital régional de Tataouine qui vient de Tunis et qui a été affectée pour un délai indéterminé. Elle y est depuis 8 ans, dont 4 années pendant lesquelles elle a géré seule le service.
N’est pas injuste d’accuser les médecins qui ne veulent pas partir à l’intérieur du pays de manquer de patriotisme quand ils ont déjà assuré plus de 2 ans des gardes dans les urgences ? N’ont-ils pas assez donné au pays ?
Beaucoup de questions qui nécessitent un dialogue de fond et une véritable réflexion entre toutes les parties sur le rôle, les prérogatives et le système de roulement du personnel hospitalier dans les régions. En attendant, des mesures d’urgences doivent être prises immédiatement pour remédier à la situation actuelle de l’hôpital de Tataouine.
Cette détresse a poussé le personnel de l’hôpital à appeler à l’aider sur la page de l’hôpital régional de Tataouine du site social Facebook où on peut lire ceci :

حقيقة لست أدري كيف سأبدأ الكلام .. مللنا الحديث في هذا الموضوع بل أرهقنا الحديث فيه أو لنقل يإسنا الحلول … فالبعض يراه إجحافا و الآخر يراه تهجّما على أعوان القسم و مسّا من خصوصيّة عملهم و آخرون يفسّره ثورة أو استغلال للوضع الرّاهن …. أجزم لكم و أقسم أنّ لا علاقة لكل هذه التخمينات بالموضوع…. كل ما في الأمر أننا لم نعد نتحمل ما نراه و نسمعه لم تعد قلوبنا تتحمّل ما تعيشه …شعور داخلنا يقول لنا أن ….لا أحد يسمعكم ….لا أحد يصغي لاستغاثاتكم… لا أحد تبنّى قضيّتكم… نداءاتكم لا أثر لها لدى أصحاب القرار … كلّ هذا ولّد لدينا يأسا لسنا ندري نتيجته ؟؟؟؟ حتما سينفذ صبرنا ..عندها لا تلوموننا على ردّة فعلنا …….. من المستحيل أن يرى أحدنا أخته ، زوجته ، أمّه …تتعذّب طيلة 9 أشهر حمل ثم أثناء المخاض لتنتهي بموت المولود وسط وابل من الدموع … طبعا نحن نؤمن بالقضاء و القدر أما عندما يتكرّر المشهد مرّتان في اليوم حتما ستكون الكارثة .. هذاما حصل لإمرأتين إثر تحويلها من مستشفى تطاوين إلى مستشفى جربة لغياب طبيب توليد يوم 13 أوت يوم عيد المرأة .. أيّ عيد يا إمرأة تطاوين؟؟؟ … هذه هديّتك في عيدك .. قسم ولادة داخل مستشفى جهوي لولاية تتجاوز ربع مساحة البلاد بدون طبيب نساء و لا طبيب أطفال في الgarde ؟؟؟؟؟ لماذا؟؟؟؟؟؟؟؟؟ لهذا الحد لا تملك السلطات قدرة على توفير أطباء؟؟؟ لهذا الحد لهم سادة الدكاترة الحرية في رفض العمل هنا ؟؟ تموت المرأة و المولود و لا نحرّك ساكنا ؟؟ هذا جزاء صبرنا و عدم التظاهر و التكسير ووووو…. إلى متى يتصوّر أهل تطاوين أنّهم غير معنيين بالمشاريع و الاهتمامات؟؟؟ لسنا نطالب بالثانويات و الكماليات نطلب فقط توفير أساسيات الحياة لكريمة … الصحّة ….. هل هذا مستحيل؟؟ بحق دموع هذه النسوة و روح مواليدهن رج_____________اءا أغيثوونا … إلى كل مسؤول يسمعنا ..إليك سيدي وزير الصحة …إليك سيدي رئيس الحكومة… إليك سيدي رئيس الجمهورية إليك سيدي المدير الجهوي … إليكم أيّها الأطباء الإنسانيين الرحماء … الأمر خطير

Skander M’zah