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C’est devant une salle comble de journalistes que l’équipe de la HAICA au complet s’est présentée ce matin lors de sa première conférence de presse. L’instance, dont la mise en place a été retardée pendant des mois, a parlé des dossiers sur lesquels elle commence à travailler. Elle doit également rapidement se mettre au travail et faire sa place.

Hichem Snoussi, ancien membre du SNJT et aujourd’hui membre de la HAICA, sait qu’il ne va pas chômer pendant les mois à venir. Et on sent à son intonation que c’est avec plaisir qu’il va s’attaquer aux nombreux dossiers que la HAICA a dans ses cartons. « Il va d’abord falloir s’occuper de mettre en place des cahiers des charges pour pouvoir octroyer de nouvelles autorisations à des chaînes de télévision » explique-t-il. Il faudra également installer un observatoire pour s’assurer que la législation est respectée. Et puis il y a la question de la ligne éditoriale de certains médias et du « code de conduite et des bonnes pratiques journalistiques qui doivent être présentes dans l’inconscient des journalistes » explique-t-il, en prenant comme exemple, le faux pas d’une chaîne de télévision. Cette dernière qui avait réalisé une interview d’une enfant qui avait été abusée.

Appliquant à la lettre les prérogatives énumérées dans le décret-loi 116 qui l’instaure, l’instance va donc réguler et contrôler le secteur audiovisuel.

Et il est temps qu’elle prenne la main. En son absence, le gouvernement à pris décisions et initiatives qui ne sont pas de son ressort mais de celui de la HAICA. L’instance n’a pas hésité à réagir en publiant un communiqué et en demandant à rencontrer le Premier Ministre.

« Les autorités sont à l’écoute, c’est un bon départ, un départ encourageant »

Selon Habib Belaid, membre de la HAICA. D’ailleurs le gouvernement aurait fait marche arrière sur la décision d’autoriser un système de financement des émissions télévisées par la publicité.

Quelques jours plus tôt, le 5 juin, la HAICA était entendue par la Commission des instances constitutionnelles, devant laquelle elle faisait part de ses réserves quant aux articles 122 et 124 du projet de Constitution. Des articles qui vont à l’encontre du décret loi 116 qui met en place la HAICA. En effet l’article 122 énonce que l’instance voit ses membres mis en place par le Parlement et non selon le mode plus large de nomination élaboré par le décret 116. L’article 124 quant à lui, élargit le champs d’action de la HAICA au domaine médiatique dans son ensemble.

« C’est une disposition dangereuse. La Tunisie a vécu pendant très longtemps avec une information sous surveillance. Il serait dangereux de créer un tel monstre qui régulerait tout le secteur des médias »

déclare Rachida Ennaifer, professeur de Droit et membre de la HAICA.

Pour elle il faut faire attention car ces articles peuvent porter atteinte à la HAICA telle qu’existante aujourd’hui. « En aucune manière la prochaine Constitution ne doit nous faire régresser » déclare t -elle .

« Aboutir à supprimer la HAICA, c’est faire un pas en arrière, ce qui n’est pas admissible. La HAICA doit exister et progresser »

déclare-t-elle. Comme son collègue Habib Belaïd, Rachida Ennaifer est optimiste. A suite de l’audition de la HAICA, certains constituants, convaincus par les membres de l’instance, auraient changé d’avis.