Il se publie beaucoup de choses sur l’islam, le pire et le meilleur. Des livres pleins de haine et d’ignorance qui ne font qu’attiser les incompréhensions. D’autres qui se fondent sur la connaissance, la réflexion, l’ouverture. Lire a retenu les dix livres qui aident à comprendre l’islam.

Il se publie beaucoup de choses sur l’islam, le pire et le meilleur. Des livres pleins de haine et d’ignorance qui ne font qu’attiser les incompréhensions. D’autres qui se fondent sur la connaissance, la réflexion, l’ouverture. Lire a retenu les dix livres qui aident à comprendre l’islam.

Qui se souvient du pamphlet écrit au lendemain des attentats du 11 Septembre, La rage et l’orgueil d’Oriana Fallaci (Plon) ? Vendu à plus de 75 000 exemplaires, le livre attaquait frontalement l’islam avec une inculture revendiquée, dans un registre aussi haineux que biodégradable. Refusé par différentes maisons d’édition, menacé d’interdiction, ce texte est le symbole extrême du traitement de l’islam après le 11 Septembre, et, plus largement, du glissement croissant du paysage éditorial vers une production de documents-témoignages à la durée de vie courte et à l’envergure intellectuelle d’un zapping de fin de soirée. Qui se souvient encore des récentes tirades de Jack-Alain Léger dans Tartuffe fait Ramadan (Denoël, 25 000 exemplaires vendus) ? Son second opus, refusé par Denoël, vient de paraître chez Hors Commerce sous un titre ravageur : A contre Coran… Autre registre, autre polémique : qui a lu l’essai de Tariq Ramadan, Les musulmans d’Occident et l’avenir de l’islam (Actes Sud, 2003), avant que l’homme ne devienne l’objet de toutes les attentions médiatiques et politiques, le symbole d’un discours communautariste, voire islamisant ? Dans un contexte tendu, l’édition a-t-elle joué sur la vague émotionnelle et sur des peurs mal canalisées ? Peut-on affirmer que ce sont uniquement les dérapages de Michel Houellebecq sur l’islam qui ont hissé Plateforme à la quatrième place des ventes en 2001, avec 215 000 exemplaires vendus ?

Pour le dire autrement, chiffres à l’appui : l’islam fait-il vendre ? En 2002, selon le Syndicat national de l’édition, la croissance de la production d’ouvrages sur l’islam (+ 22,4%) était supérieure à l’augmentation du segment religieux stricto sensu (8,6%) ; la stagnation des titres concernant le christianisme était compensée par l’envolée d’un ensemble, on ne peut plus flou, intitulé « religions d’Afrique et d’Asie » (+100%)… L’année 2003 marque un recul, comme si la curiosité s’était déjà érodée : toujours supérieure à la tendance générale (-2,4%), le flot de publication sur l’islam s’est un peu ralenti (+11,7%). Quand le tirage moyen d’un livre, dans l’édition française, se situait en 2002 à 7 303 exemplaires, celui du livre religieux n’atteignait que 2 881 exemplaires. Pourtant, le fait religieux demeure un véritable axe éditorial. Ainsi, chez Albin Michel, vient de naître, sous les auspices de Rachid Benzine, une collection intitulée « L’Islam des Lumières ». Chez Actes Sud, Farouk Mardam-Bey, le pionnier, continue à publier, dans sa collection Sindbad, des textes de Tariq Ramadan ou sur l’histoire du couscous…

S’il n’est pas une manne, l’islam est également à l’horizon de tous les documents d’actualité, qu’il s’agisse de la Maison-Blanche, de l’or noir, du terrorisme ou de la laïcité. D’où une impression de saturation, une fausse familiarité qui nuit à une approche claire du problème. Mais ce halo, où la confusion l’emporte, est également dû au boom des parutions dans le domaine de la spiritualité, qui traite de toutes les confessions, tous azimuts et en tous sens, nouvel avatar de la tendance au bricolage psy.

L’édition met-elle le feu aux poudres ? Elle joue tantôt le rôle du pompier, tantôt celui de pyromane. « Mal nommer les choses, c’est contribuer au malheur du monde », écrivait Camus. Pour voir un peu plus clair dans les parutions et sur les rayonnages de vos librairies, voici une sélection de dix ouvrages (auxquels il convient d’ajouter ceux d’Amos Oz et de Christian Jambet, présentés plus loin) uniquement centrée sur l’islam et ses contours immédiats.

Nous les avons voulus inscrits dans l’horizon dessiné par le Prix Nobel de la paix 2003, l’Iranienne Shirin Ebadi qui, lors de son récent passage à Paris, déclarait à Lire : « Oui, on peut être musulman et vivre mieux. Oui, on peut être musulman et respecter les droits de l’homme. Si ceci est enseigné, les Etats théocratiques seront obligés de respecter les droits de leur peuple et ne pourront plus infliger de plaies aux droits de l’homme au nom de Dieu. Aujourd’hui, ils sabotent chaque point de vue qui va contre le leur au nom de l’islam. Ce qui est une manière efficace de faire taire ceux qui luttent contre le manque de liberté et d’effrayer les gens en les accusant de ne pas être de bons croyants. C’est aux intellectuels et aux penseurs musulmans d’aller vers les autres, de comparer ce qu’est le véritable islam avec les actes des gouvernements islamiques. Il faut éveiller les musulmans, leur dire que la clé du paradis n’est pas dans de tels Etats, qui se proclament musulmans et qui ne le sont pas forcément. Ainsi, on pourra enfin voir des mouvements islamiques dignes de ce nom et non des actes terroristes. »