Le journaliste opposant Zouhair Makhlouf a été condamné mardi par le tribunal de première instance de Grombalia (à environ 40km de Tunis) à trois mois d’emprisonnement pour avoir “porté atteinte à la dignité d’un citoyen”, a-t-on appris de source judiciaire.

Membre du Parti démocratique progressiste (PDP), Zouhair Makhlouf est présenté par ses avocats comme le correspondant de l’hebdomadaire “Al Mawkif”, organe de cette formation de l’opposition légale et du journal électronique “Assabilonline”. Il est aussi membre de la section de Tunis d’Amnesty International et de l’association non reconnue “Liberté et équité”.

De source judiciaire, on précise que le journaliste était poursuivi à la suite d’une plainte déposée à son encontre par un artisan de Nabeul, une cité potière à plus de 60km de Tunis, qui lui reprochait d’avoir “sciemment porté atteinte à son droit à l’image par la diffusion de ses photos, sans son consentement, dans des conditions attentatoires à sa dignité”.

Zouhair Makhlouf a été reconnu coupable de “faits de nuisance à autrui par voie de réseaux de télécommunication et au versement à la partie civile de la somme de 6.000 dinars (près de 3.000 euros) à titre de dommage moral né de l’infraction”, en vertu de l’article 86 du code des télécommunications.

Joint par l’Associated Press, l’un de ses avocats, Faouzi Ben Mrad, a qualifié la décision de “non fondée”. Il a estimé que les faits reprochés à son client, un reportage vidéo sur les problèmes environnementaux de la zone industrielle de Nabeul, “ne constituaient pas un délit”. “Quand on regarde la vidéo, on comprend aisément que le plaignant était au courant du reportage et consentant”, a souligné l’avocat qui entend interjeter appel de ce jugement.

Dans un communiqué diffusé à Paris, Reporters sans frontières (RSF) a condamné le jugement, estimant qu’il “ignorait les preuves irréfutables de l’innocence de Zouhair Makhlouf: les vidéos montrent que les personnes apparaissant sur le reportage étaient d’accord pour être filmées”, a souligné l’organisation. “En outre, aucune autorisation n’était requise pour filmer la zone industrielle. Tout comme pour Taoufik Ben Brik, nous avons affaire à une parodie de justice. Nous demandons la remise en liberté immédiate de ces deux journalistes”, a ajouté RSF. AP