Une deuxième vague du Covid-19 frappe le pays. Depuis le 27 juin, date de la réouverture des frontières, le nombre de personnes infectées par le virus n’a cessé de grimper pour atteindre le nombre total 3069 cas, le26 août. 1868 cas de contamination ont été enregistrés depuis le 27 juin. Parmi eux, 500 sont importés et 1364 sont locaux. 21 personnes sont décédées depuis cette date, portant ainsi le nombre total 71 victimes.

A l’aune de ces statistiques, la situation sanitaire n’est pas moins alarmante que depuis la première vague de contamination annoncée le 2 mars. Au total, jusqu’au 26 août, parmi les 3069 personnes atteintes par le Covid-19, il y a eu 1456 personnes guéries. Les personnes porteuses du virus ont atteint le nombre de 1542. Parmi eux, 40 sont hospitalisés et 11 malades sont en soins intensifs. Actuellement, le plus grand nombre de cas de contamination se trouve dans la région de Gabès avec 643 cas. Elle est suivie par Sousse (130 cas) et le Kef (122 cas), selon le bilan établi le 26 août.

A El Hamma, délégation relevant du gouvernorat de Gabès, un couvre-feu a été décrété de 17h à 5h du matin. Une mesure qui s’ajoute à d’autres limitant les rassemblements, à l’instar de l’interdiction des fêtes de mariage, la fermeture des mosquées ou encore l’interdiction des marchés hebdomadaires. Un hôpital militaire ambulant a été installé dans cette ville où 437 cas ont été recensés jusqu’au 21 août.

Réouverture des frontières : un tournant

En juin, le bilan de nouveaux cas de contamination s’est stabilisé autour d’une dizaine d’infections. Les personnes contaminées étaient des rapatriées, placées directement en confinement durant 14 à leur arrivée. Le ministère de Tourisme a même lancé une campagne « Ready and safe » afin d’accueillir des touristes. 70 mille touristes ont visité le pays depuis, s’est félicité le ministre du Tourisme, Mohamed Ali Toumi.

Bien qu’accompagné par des mesures sanitaires restrictives, la réouverture des frontières a entrainé une hausse de la propagation de l’épidémie Covid-19. Ces mesures incluent le classement des pays selon leur situation sanitaire. Les voyageurs provenant d’un « pays verts » n’étaient soumis à aucune procédure. Ceux des « pays oranges » sont placés en deux catégories. Les touristes doivent présenter un test négatif et sont obligés de rester dans l’hôtel qu’ils ont réservé avec un circuit touristique bien déterminé, alors que les Tunisiens résidents à l’étranger sont aussi soumis à un test et à un auto-isolement pendant 14 jours. Les touristes provenant des pays classés « rouge » n’ont pas le droit de venir en Tunisie. Seuls les Tunisiens peuvent y entrer. Ils devront présenter à l’embarquement un test PCR négatif, effectué moins de 120h avant le voyage. Ils sont ensuite placés obligatoirement en auto-isolement pendant une durée de 14 jours.

Avec la recrudescence des cas de contamination, le ministère de la Santé a annoncé, le 19 août, que désormais tous les voyageurs, quel que soit leur provenance, devraient présenter un test PCR négatif avant leur arrivée sur le territoire. De son côté, le ministre du Tourisme a appelé à mettre en place une stratégie de coexistence avec le virus afin d’éviter le confinement total.

Le cas asymptomatiques : une propagation invisible

Nouvel élément nouveau depuis l’apparition du virus en Tunisie, 90% des personnes contaminés sont asymptomatiques, a relevé Nissaf Ben Alaya, la directrice de l’Observatoire national des maladies nouvelles et émergentes. Non détectées, les personnes contaminées asymptomatiques propagent facilement le virus, surtout face au laxisme généralisé dans l’application des règles d’hygiène, de port du masque et de distanciation physique, a souligné Hechmi Louzir, le directeur de l’Institut Pasteur. Pour sa part, le membre du comité scientifique de lutte contre le Coronavirus, Jalila Ben Khalil, a relevé la forte probabilité de la mutation du virus depuis son apparition en Tunisie, début mars.

Face au nombre important des cas de personnes asymptomatiques, le ministère de la Santé incite les porteurs du Coronavirus qui ne présentaient pas de symptômes de maladie à se mettre en quarantaine chez eux.  Ils doivent respecter les règles sanitaires, notamment la distanciation physique pour éviter la contamination de leur entourage. Le ministre de la Santé par intérim a exprimé, en marge d’une conférence de presse, le 19 août, sa colère face au non-respect des personnes porteuses du virus des règles sanitaires, notamment dans les espaces publics. Selon Habib Ghedira, membre du comité scientifique de lutte contre le Covid-19, le rythme de vie des Tunisiens pendant l’été consistant à organiser et à assister aux fêtes familiales sans respect des mesures de prévention a contribué à la propagation du virus.

En attendant la rentrée scolaire maintenue le 15 septembre, un protocole sanitaire dédié aux écoles et universités a été dévoilé. Il prévoit la prise de température corporelle à l’entrée des établissements éducatifs dans les endroits enregistrant un fort taux de contamination et le port des masques pour les enseignants et le personnel éducatif.

Depuis le 25 août, Le port du masque est obligatoire dans tous les lieux et espaces publics. Les contrevenants risquent une amende entre 100 et 3 mille dinars. Cette peine pourrait atteindre l’emprisonnement en vertu de l’article 312 du code pénal. Mais une observation quotidienne nous permet d’affirmer que cette loi n’est généralement pas appliquée.

Quant à la fermeture des frontières et le confinement général, ils ne sont pas envisagés, a déclaré Taher Gargah, membre du comité scientifique de lutte contre le coronavirus, qui souligne « la nécessité d’apprendre à cohabiter avec ce virus ».