Après l’installation, en 2012, des deux centrales éoliennes de Metline à El Alia et de Jebel Kchayta à Bizerte, la Société tunisienne de l’électricité et du gaz (STEG) projette d’étendre la centrale de Sidi Daoud. En effet, un accord a été conclu avec le groupe espagnol « Gamesa », lequel a contribué à l’installation de la première centrale éolienne de la STEG à Sidi Daoud, pour la construction de deux extensions.
Selon les termes de cet accord, Gamesa est appelée à fournir 143 turbines éoliennes, avec une capacité totale de 120 Méga Watts, en 2012, et des prévisions portant cette capacité à 190 Méga Watts, en 2013.
Le coût de ce projet a été estimé à 200 millions d’euros. Mis en place en 2012, ce projet intégral de partenariat Tuniso-Espagnol, bénéficie d’un financement bonifié du Fonds d’aide au développement (FAD) du gouvernement espagnol. L’offre propose une période de grâce de 10 ans, contre une durée de remboursement s’étalant sur 30 ans et un taux d’intérêt de 1,5%., « Permettant une économie de 43 mille mètres cubes (m3) d’eau, ce projet est de nature à réduire l’émission de 300 mille tonnes de gaz carbonique.»
Qui est « Gamesa » ?
Pour les investissements étrangers directs, les projets d’énergies renouvelables demeurent une cible de premier degré, en particulier pour les entreprises espagnoles Le groupe espagnol Gamesa est leader du marché de l’éolien en Espagne. Il est aussi un des plus importants spécialistes du secteur dans le monde, avec une part de marché mondial estimée à 15%, en 2007. Ce groupe réalise la conception, la fabrication, la vente et l’installation, ainsi que l’exploitation et la maintenance de ses aérogénérateurs.
La société Gamesa s’est chargée de la construction, de la fourniture et de la mise en service des centrales, sous la supervision de la STEG. Deux ans de garantie sont accordés pour vérifier leur bon fonctionnement des éoliennes. Lors de ces 2 années, l’énergie produite est directement évacuée dans le réseau de la STEG, pour être répartie sur tout le territoire Tunisien. Après cela, c’est la STEG qui se chargera de la maintenance, nous confie Abbes Miladi, Chef du projet des stations éoliennes – STEG.
Répondre à une demande croissante !
La demande d’électricité continue à croître de façon notable à cause de la croissance rapide de la population et l’augmentation des activités industrielles. Cet accroissement constitue un véritable problème. « Le besoin et la demande en électricité sont en perpétuelle ascension. Afin de maitriser cette croissance, qui est estimée à 6% par an, la STEG a réalisé des études stratégiques optant pour le projet des centrales éoliennes. Un projet qui porte, également, sur l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre, liée à la consommation d’énergie », nous confirme Abbes Miladi.
L’éolien : Une énergie verte, mais coûteuse !
L’éolien va dans le sens des accords de Kyoto, ratifiés par la Tunisie, qui prévoit une réduction des émissions de gaz à effet de serre, afin de lutter contre le réchauffement climatique.
Le recours à l’éolien pourrait permettre de diversifier les ressources énergétiques, un objectif louable face à la hausse du prix du pétrole et l’épuisement des combustibles traditionnels (gaz, pétrole, charbon) et polluants.
L’énergie éolienne est, actuellement, l’énergie renouvelable la plus durable. Elle est inépuisable et propre, ne nécessite aucun carburant, ne crée pas de gaz à effet de serre et ne produit pas de déchets toxiques ou radioactifs. En effet, elle n’utilise que la force du vent, et ne recourt, donc, à aucune ressource pouvant affecter le développement humain.
Le bon sens nous dit qu’une éolienne produisant de l’électricité « gratuite » est bénéfique; même si les éoliennes fonctionnent en moyenne, l’équivalent d’un quart du temps et de manière aléatoire, car, c’est une énergie d’appoint. Elle ne permet pas une indépendance énergétique, étant donné que le vent est une source intermittente.
Il faut, donc, pallier à la défaillance éventuelle de ces unités de production. Car, lorsque, le vent cesse de souffler, il faut, l’essentiel du temps, continuer à produire de l’électricité par combustion. En outre, le coût de production alourdit le prix total de l’éolienne.
En Tunisie, la production des centrales est estimée à 6% de la production nationale annuelle. Si les éoliennes étaient gratuites, le prix de revient de ces 6% ne devrait pas dépasser le prix de revient produit par la combustion. Or, si on ne tient pas compte du prix d’investissement des éoliennes, qui est bien plus élevé que celui des centrales de combustion pour une production équivalente, on comprend pourquoi, par exemple, des « groupes de refus » français concluent que la promotion des éoliennes ne s’explique que par une arnaque.
« Les éoliennes ne tournent que de 20 à 25% du temps, car elles ne fonctionnent pas, lorsque le vent est trop faible ou trop fort », explique Jean-Marc Jancovici, ingénieur conseil. Et d’ajouter : « Nous sommes donc contraints de disposer en renfort des centrales thermiques ou hydrauliques, qui sont les seules à avoir une souplesse de mise en marche permettant de compenser instantanément les variations de la production éolienne ».
Considérée comme un pays leader de l’énergie éolienne, l’Allemagne entend renoncer à l’énergie nucléaire, (2007-2008), en donnant son feu vert pour la construction de plus d’une vingtaine de centrales thermiques à charbon.
Constatant que la prolifération des éoliennes sur terre et en mer débouchait sur une situation ingérable, du fait des variations brutales de leur production, le Danemark a décidé l’abaissement massif du tarif d’achat de l’électricité d’origine éolienne. Désormais, l’industrie danoise de fabrication des éoliennes fonctionne, uniquement, à l’exportation, car n’arrivant plus à gérer une énergie aussi intermittente.
Anne Lauvergeon, présidente d’AREVA, a déclaré à propos du Danemark1 que « l’hydraulique et le nucléaire sont des énergies qui fonctionnent en base, c’est-à-dire par tous les temps. L’éolien et le solaire sont des énergies d’appoint. Elles ne produisent que quand il y a du vent et du soleil. Elles nécessitent donc la mise en place de “back-up” ».
La prétendue proactivité de la Tunisie !
L’Espagne a exprimé, à maintes reprises, son intérêt à développer la coopération avec la Tunisie dans ce domaine.
Abbes Miladi affirme qu’un appel d’offre a été lancé pour le choix de la société Gamesa :« Le choix de la société espagnole sélectionnée pour ce projet, par la STEG, a été basé sur des normes de conformité et de technicité bien précises, et selon les prêts les plus bonifiés ».
Alors que Taher Aribi, Ex PDG de la STEG, prétend, lui, que le choix de la société espagnole GAMESA était orienté, voire systématique.
Les appels d’offres supprimés
Comme la politique moderne tient de moins en moins compte des critères économiques, les politiciens européens n’optimisent plus leurs investissements publics et court-circuitent les procédures légales d’appel d’offres pour les marchés publics.
Si on attendait que des appels d’offres soient rendus obligatoires, on aurait des éoliennes au quart du prix, mais cela ne suffirait pas à les rendre rentables puisque, même installées gratuitement, leur utilisation ne l’est pas à cause du prix du gaz utilisé par le backup. Cela restera vrai tant qu’un système de stockage réaliste n’est pas inventé. Taher Aribi, ancien PDG de la STEG
Taher Aribi considère, ainsi, que la mise en place de l’éolien, en Tunisie, est une dévastation pour notre pays :
Lors d’une session ministérielle, le projet de loi des énergies renouvelables a été exposé. Ma réponse était divisée en deux volets, un premier volet scientifique et géométrique qui nous garantit la stabilité dynamique et statique des résultats, et un deuxième qui porte sur les perspectives économiques et sociales. Je pensais qu’ils étaient entrain de se lancer vers ce secteur d’énergies nouvelles et renouvelables, rapidement, sans assez de réflexion. Ce qui pourrait causer l’effondrement de l’économie nationale de notre pays, qui est déjà en état critique.
L’ancien PDG de la STEG ajoute que le problème fondamental actuel, est la contribution à l’amélioration du bilan énergétique, qui devrait être proportionnelle à la croissance continue de la demande. De même que le pouvoir limité de la STEG à gérer ce problème par de tels investissements coûteux.
Pour s’investir dans de tels projets, nous sommes dans l’obligation de signer des conventions de dette. Les projets de la production de l’électricité propre, par la construction des centrales en mégawatt, (donc qui ont une capacité limité) coûtent 3 fois plus qu’une centrale conventionnelle. Notre capacité financière est fragile pour des fins d’investissements, d’emprunts ou de remises de garanties, Taher Aribi, Ex PDG de la STEG.
Taher Aribi confirme, également, que non seulement, l’éolien coûte cher, mais aussi qu’il ne nous garantit pas la sécurité d’approvisionnement. De surcroit, sa production cause une fluctuation accrue du réseau, résultant du manque de continuité fiable de la force motrice du vent.
Selon l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), la majorité des technologies qui produisent l’électricité à partir des EnR ne sont toujours pas capable de concurrencer celles qui se basent sur l’énergie fossile.
Réflexions sur l’impact de la libéralisation de l’énergie verte sur le prix de l’électricité, Med Dhia Hammami, Nawaat.
Taher Aribi estime que, « d’ici 2030, l’énergie propre occupera 30% de la production nationale de l’électricité, ce qui veut dire (puisque c’est un projet exécuté par des privés) que, d’ici 2030, le pourcentage de la privatisation de la STEG sera de 30% ».
Pour sa part, Abbes Miladi juge, qu’actuellement, les éoliennes fonctionnent comme prévu, et qu’on estime une production de 120 Kilo Tonne Equivalent Pétrole KTEP par an, ce qui représente 6% de la production nationale d’électricité. Soit 100 Million de Dinars sont économisés par an. Selon lui, la STEG doit s’investir encore plus dans le secteur de l’énergie propre pour répondre à l’augmentation notable de la demande en électricité et à l’épuisement du stock des hydrocarbures.
Eolienne : une pollution sonore !
Les éoliennes engendrent des nuisances sonores et visuelles, mais aussi des problèmes d’interférences électromagnétiques, ce qui contraint à des installations éloignées des habitations.
Vivre près d’une éolienne, c’est pas vraiment pénible. Des fois, les vibrations des pales perturbent notre sommeil, mais ce bruit n’est pas permanent, son intensité et sa portée varient en fonction de la vitesse du vent, raconte une habitante de la région d’El Alia, dont le logement est situé à 200 mètres d’une éolienne.
Pour ce qui est des normes, il n’y a aucune norme imposée à l’échelle internationale. L’isolement des aérogénérateurs est relatif. C’est pour cette raison qu’on s’est inspiré de l’expérience des sociétés qui sont renommées dans le monde pour leur maitrise totale du processus éolien, affirme Abbes Miladi.
Il enchaîne en disant que le choix du site du parc éolien est appuyé sur des études et des mesures de vent qui ont été réalisées, au minimum, une année à l’avance, dans différentes zones.
Les principaux paramètres de sélection pour évaluer le gisement éolien, à long terme, sont : le potentiel éolien, la proximité du réseau électrique (ce qui garantit un coût minimal de raccordement), l’accessibilité du site et enfin l’accord des habitants.
Avant la mise en place des turbines, nous avons visité les terrains et contacté les délégations. Nous avons présenté également le projet aux habitants qui étaient d’accord pour le principe. Suite à quoi, nous avons procédé suivant la réglementation et la loi en place.
Les terrains qu’on a exploités, pour la mise en place des turbines, sont des terrains privés que nous avons loué, pour 30 ans, suivant l’avis des experts, et dont on a payé les frais de location. Mais, malheureusement, le problème, ici, est purement social, puisqu’après la révolution, on nous a demandé d’augmenter le coût du loyer et empêché d’accéder aux sites pour la remise en marche des éoliennes. Sans compter les problèmes de vol de fournitures et de terrains en indivision, Abbes Miladi, Chef du projet des stations éoliennes – STEG.
Concernant la pollution sonore et son impact sur la santé des habitants, Miladi affirme que « les normes réglementaires sont entre 35 & 40 dB, et justement on les a pas dépassé ».
De surcroit, du point de vue environnemental, l’éolien ne contribue que de façon marginale à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, surtout parce qu’il s’agit d’une production intermittente, qui ne peut être stockée et qui doit être relayée par d’autres sources d’énergie.
Le projet de loi relatif à l’énergie renouvelable est, actuellement, débattu à l’Assemblée Nationale Constituante. L’augmentation considérable de la demande de l’électricité, parallèle à la hausse des prix des carburants, pourrait justifier le recours de l’Etat aux énergies renouvelables. Néanmoins, il ne s’agit pas seulement de promulguer des lois, mais aussi et surtout de mettre en place des stratégies étudiées pour combler le déficit énergétique, tout en tenant compte de l’intérêt économico-écologique de la Tunisie.
Notes
1- « Le pays qui a plus développé l’éolien est le Danemark, avec 13 % d’éolien dans son bilan énergétique. Il y a, ainsi, 13 % de centrales au fuel qui démarrent quand le vent ne souffle pas. Ce n’est pas une façon efficace d’éviter la pollution de l’atmosphère. (Revue Défense n°117 sept-oct 2005).»
article tres interessant…. merci
Le problème de l’énergie éolienne est qu’elle est coûteuse. Merci de l’effort, c’est un très bon article, j’aimerai le mettre dans mon blog: mondeenmouvement.wordpress.com
Le Watt, le kiloWatt ou le MegaWatt, sont des unités de puissance optimale annoncées par les constructeurs ; c’est comme les ‘240km/h’ qu’on trouve sur les tableaux de bord des petites voitures citadines.
Quand on parle de MWh (MegaWattHeure) ou de GWh sur l’année, les chiffres commencent à “parler” d’eux-même. Il ne faut pas croire que c’est juste une multiplication de la puissance (watt) par le nombre des heures sur l’année. C’est bien plus complexe, ça prendre en compte toute les variables géographiques et météorologiques des lieux, afin d’exprimer un rendement proche de la réalité pour un calcul sérieux pour l’amortissement.
L’auteur a bien indiqué la source de ces paragraphes, ces derniers ne peuvent pas être assimilé ensemble, vu que la plupart concerne l’éolien en France (maudite francophonie qui nous menotte) et que certains articles datent de 2006
Un sujet très intéressant, malheureusement, il n’y pas beaucoup d’études en Tunisie le concernant.
Quand les multinationales mettent un tag sur une solution alternative, c’est de suite imprégné dans la mémoire collective… malheureusement !
Il ne faut pas oublier non plus que pour un pays comme le notre, quand il se décide d’investir dans l’éolien, les constructeurs et vendeurs étrangers vont lui fourguer une vieille techno restée dans un vieux stock datant du siècle dernier.
Un amateur de sports véliques saura mieux vous conseiller sur la techno et les choix à entreprendre pour un cahier de charge que des soit-disant ingénieurs ou conseillé.
Me revoilà, sans vouloir alourdir le commentaire précédent, j’en rajoute un autre pour discuter du fameux drapeau rouge qu’on agite souvent : “Rendement, Amortissement”
Je peux vous dire messieurs qu’avec le salaire de nos “députés” sur ces trois ans passés, ou bien la somme qui sera investie pour égorger les agneaux de l’Aïd, on aurait pu monter toute une (voir plusieurs) fabrique(s) d’éoliennes pour devenir un constructeur, vendeur et non un vulgaire consommateur.
ça vous parait sarcastique … peut-être…
Je vous propose cette analyse simple, pour cesser de hausser ces drapeaux.
la STEG (nous contribuables, snif…) a déjà payé 335 millions d’euros pour la centrale de 400 Mwatt de Ghannouch ( un chiffre constructeur, rappelez-vous :) ), pourquoi est ce si cher que ça ??? parce que le contrat comporte aussi 12 ans de support et de maintenance. Une fois passé ces 12ans, on se retrouve à remplacer toutes composantes et pièces (durée de vie), on rajoute donc au moins 335 millions d’euros pour le renouvellement et la main d’oeuvre étrangère.
Où sont donc passé nos spécialistes de la STEG qui opéraient avant l’arrivée de ces contrats de maintenance ??? ils ont pris leur retraite… aujourd’hui on n’a pas de vrais ingénieurs pour mettre les doigts dans une turbine à vapeur ou à gaz… la honte !!!
Revenons à notre petite analyse, sur les 12 ans que stipule le contrat, il faut payer les ouvriers de la STEG pour mettre leur doigt dans le nez (la cro..e de nez la plus cher au monde !!! )
A tout cela, on rajoute la facture de Gaz qui a servi à faire tourner la turbine, oublions la taxe carbone qu’on pourra vendre…., sans parler des agents polluants déversés dans la mer pour le refroidissement des machines.
Voilà ce qu’il faut calculer derrière la façade ” 400 Mwatt = 335 millions d’euros “, le chiffre réel que cela va nous coûter sur les 12ans ne sera jamais publié, et celui pour les prochaines 20 années… , non plus !
Et l’éolien ? , le Mwatt éolien coûte 1 millions d’euro . La durée de vie d’un parc éolien est estimé à 20 ans. La maintenance de ce dernier ne requiert pas une main d’oeuvre étrangère, il n’y a pas de combustible à payer pour que ça tourne. Je vous laisse calculer …
A l’instant actuel où vous lisez ce paragraphe (ou calculez), ailleurs on installe déjà des éoliennes offshore (en mer) et des éoliennes sous-marines…. de quoi pleurer !!!
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