La diffusion par le ministère de l’Intérieur et certains médias de la vidéo des aveux des trois présumés assassins du policier égorgé à El Fahs alimente encore la polémique.
Cette vidéo censée montrer la hideur des motivations terroristes repose la question du délicat équilibre entre la sécurité et la liberté, entre la justice et l’oppression. En d’autres termes, le rôle de l’Etat, et plus précisèment de l’Etat de droit, est-il de limiter les droits de l’Homme ou de renforcer le combat contre le terrorisme en respectant la loi et en protégeant les citoyens?
Le 9 janvier dernier, le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Mohamed Ali Aroui, apparaît dans une vidéo diffusée sur la page facebook du ministère. Tenant un discours, le moins qu’en puisse dire, populiste et haineux, il introduit l’interrogatoire mené avec trois présumés assassins du policier égorgé à El Fahs, qui va suivre. Par la suite, les inculpés défilent, menottés, pour répondre aux questions des agents de police et reconstituer le crime. Leurs visages n’étaient pas floutés. Sur le visage de l’un d’eux, on peut clairement voir des traces de torture. La vidéo est suivie par une autre plus trash où les policiers insultent les inculpés et leur promettent des séances de torture. Cinq chaînes de télévision reprennent la vidéo et invitent le porte parole du ministère de l’Intérieur pour commenter la « victoire ».
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=lR0IMQZoDsg&w=640&h=360]
Malgré le silence de plusieurs organisations de droits de l’Homme, certains ont vivement dénoncé ces dérapages et tiré la sonnette d’alarme. L’avocat Ghazi Mrabet a rappelé que cette vidéo est « une violation de l’article 11 de la convention universelle des droits de l’homme, de l’article 27 de la constitution tunisienne, ainsi que du décret-loi N° 2011-116 relatif à la liberté de la communication audiovisuelle. »
Pourquoi filmer et publier une telle vidéo si ce n’est pour violer les principes de la présomption d’innocence, du secret de l’instruction en cours et du procès équitable ? Cette démarche est une atteinte à la dignité humaine et aux sentiments de la famille de la victime. Il s’agit, surtout, d’une manipulation qui risque de fausser les vérités et d’empiéter sur les prérogatives de la justice, explique Ghazi Mrabet.
Le 11 janvier,la HAICA annonce que les chaînes Al Wataniya 1, Hannibal TV, Zitouna, TNN et et Nessma ont enfreint la loi et leur interdit de rediffuser la vidéo en question. L’instance de régulation critique les déclarations du porte parole de l’Intérieur, dans lesquelles il décrit les présumés coupables comme étant des « personnes laides physiquement et moralement » ou encore « des microbes ».
L’interdiction de la HAICA a provoqué un tollé, notamment de la part des syndicats des forces de l’ordre et une bonne partie des médias. Le porte parole du ministère de l’Intérieur déclarait, lui: « Nous sommes en guerre et nous n’allons pas rester neutres… ». Aroui a insisté, par ailleurs, sur le fait que le ministère de l’Intérieur utilisera toujours et encore le mot « terroriste », quand il le faudra, même avant le jugement d’un tribunal.
Amna Guellali, directrice du bureau de Human Rights Watch en Tunisie, a rappellé que le ministère de l’Intérieur n’est pas à sa première violation des droits de l’Homme.
Lors de la conférence de presse, durant laquelle le parti « Ansar Al Chariaa » fut déclaré, officiellement, “groupe terroriste”, le ministère de l’Intérieur a affiché les photos et les noms de plusieurs dizaines de personnes en affirmant qu’ils sont des terroristes. Après cela, la justice a innocenté une bonne partie de ces mêmes personnes. Cette erreur a été suivie par plusieurs autres touchant à la vie privée des citoyens et à leur droit d’un procès équitable, ajoute Amna Guelati.
L’impact de cette vidéo sur l’opinion publique a été désastreuse. Sur les réseaux sociaux, beaucoup ne cachent plus leur désir de voir les présumés « terroristes » « égorgés sur les places publiques et leurs familles expulsées de la Tunisie …». Un soutien considérable s’est créé autour du ministère de l’Intérieur qui, pour certains, doit torturer et même tuer, s’il le faut, toute personne en rapport avec le terrorisme. Dans cette même vague de panique aveugle, des Tunisiens ont jugé que « les défenseurs des Droits de l’Homme sabotent l’efficacité de la lutte contre le terrorisme » et sont même « les alliés des terroristes ».
C’est ainsi que le piége de la peur s’est refermé sur les gens les plus censés : lutter contre le terrorisme par un autre terrorisme. Bafouer les droits de l’Homme est, en efet, un beau cadeau à offrir aux terroristes. Comme le soulignait le Secrétaire général des Nations Unies dans l’une de ses déclarations « le risque est que, dans notre souci de sécurité, nous nous retrouvions sacrifiant des libertés essentielles, ce qui affaiblirait notre sécurité commune au lieu de la renforcer et causerait, ainsi, une érosion par l’intérieur du mode de gouvernement démocratique ».
Dans ce même contexte, Amna Guellali affirme que « les exceptions en matière de droits de l’Homme finissent, souvent, par devenir la norme. Si nous fermons les yeux, aujourd’hui, sur la torture, lorsqu’il s’agit d’un « djihadiste », qu’est-ce qui nous garantit que cette pratique ne sera pas généralisée ? Absolument rien! Donc, pour que l’intégrité physique soit un droit fondamental et indiscutable, il doit être appliqué à tout le monde et sans exception aucune. Le recours à la torture et à d’autres traitements cruels pour soutirer des informations à des personnes soupçonnées de terrorisme est interdit. Ces méthodes ont prouvé de toute manière leur défaillance et leur limite, car les victimes de torture ne donnent jamais des informations fiables et détaillées… »
Entraînée dans la bataille contre le terrorisme, la Tunisie redevient l’apprenti de l’Occident.
En analysant les retombées de la lutte mondiale contre le terrorisme, principalement, depuis les événements du 11 septembre 2001, on constate que le terrorisme est devenu encore plus féroce, plus cruel et plus présent, suite aux violations des droits de l’Homme que les gouvernements occidentaux (principalement américain) ont commis dans les prisons de Guantanamo et d’Abou Ghrib, en Irak, en Afghanistan et partout dans le monde… Le modèle américain, que l’Occident a standardisé, a montré ses limites en terme d’efficacité. Et nous ne devons pas tomber dans ce piège, explique Amna Guellali.
L’antiterrorisme est une lutte acharnée qui coûte à l’État et aux citoyens une incroyable énergie et beaucoup de ressources. Cependant, la cruauté du terrorisme ne doit pas nous faire affaiblir notre foi en l’humain et en une justice pour tous. Il est nécessaire pour réussir la lutte contre le terrorisme de refuser de tomber dans le piège qui consiste à bafouer les principes fondamentaux des droits de l’Homme que justement les terroristes comptent éradiquer dans le monde entier.
Ravi de voir les commentaires “ouverts” sur cet article, trois jours après sa parution, et
bien navré de répéter ici une demande formulée sur “Propos de rue”, quatre articles supra : la raison de la “fermeture” ?
Etait-ce un problème technique ? une décision provisoirement assumée ? des pressions ou menaces ? autre chose ?…
Nawaat, ne laissez pas les gens qui fréquentent votre site dans le flou.
Cela aussi participe de votre projet initial, pousser à la roue un peu lourde d’une démocratie naissante.
Ca y est “les droits de l’homme” sont devenus la nouvelle reliogion. Dans le camp réactionnaire on a” la religion des salafistes”. Dans le camp de l’opposition on à “les principes des droits de l’Homme”. Voilà un conseil gratuits aux forces de l’ordre et à l’armée: Quand vous êtesdevant un terroriste ou même unbandit, ne le menacez pas avec votre arme. Au contraire: Jetez votre arme,baissez le pantalon, et laissez-le faire ce qu’il veut! S’il vous viole, estimez-vous heux d’être encore en vie? S’il vous tue, vous serez considéré comme un martyr. On vous pleurera un peu et on vous oubliera très vite. Et il y auraquelqu’un qui dira de vous: Il a de la chance. Il arejoinsson créateur, et ildira direct au paradis, sans passer parle pourgatoire!
Puisse le ciel vous entendre, Béchir.
Puisse la “nouvelle religion”, les droits de l’homme -que vous mettez entre guillemets- s’étendre et prospérer partout ; et, surtout, sous nos latitudes, où le despotisme ancestral a implanté, en chacun de nous, qui un flic, qui un sous-flic qui ne dort, quand il dort, que d’un œil.
D’habitude, vos propos sont plus mesurés. Ici, vous déplacez singulièrement les choses ; et vous exagérez, on ne sait pour quelle raison, car vous voyez bien qu’il ne s’agit ni de confrontation ni d’arrestation et encore moins de légitime défense.
Ces gens sont aux arrêts, désarmés. Surtout, ils ne sont pas jugés ; et même si le crime qu’on leur impute est des plus sordides, même si les preuves contre eux paraissent accablantes,
– est-ce à l’institution policière de dire officiellement leur culpabilité ? de prononcer leur condamnation avant que la justice ne les juge ? où est donc la présomption d’innocence ?
– en vertu de quelle droit ? de quelle loi les expose-t-on comme des bêtes de foire ?
Les lois du monde, y compris les nôtres, interdisent formellement ces agissements, pendant et après la détention provisoire. Ceci, sur la plan strictement légal. Je passe sur le discours accompagnateur, la mise en scène que j’ai évoqués ailleurs et qui, pour moi, portent préjudice à une institution majeure de la République que l’on voudrait respectée et démocratique.
Au demeurant, ne voyez-vous pas revenir, depuis quelque temps, le gourdin de l’Etat policier que nous avons cru, un instant, à jamais disparu ? Même les journaux fachos de chez nous en parlent, tant les exemples abondent. Faites seulement défiler, même au pas de charge, les pages de ce site, puis dites-moi si vous pensez sérieusement la culture et les personnels de notre police d’aujourd’hui différents de ceux qui sévissaient sous l’ancienne « République » ?
A Nawaat
Comptez-vous répondre à ma demande réitérée ?
هناك قاعدة أساسية تلخّص وتفسّر الكثير من الأشياء في هذه البقعة السوداء من العالم: في دول العربان، أرخص شيء هو الإنسان. أما فيما يخصّ وزارة الإرهاب والكباب فلم تكن يوما جهازا يعمل به بشر وإنّما يشغّل مجموعة من الذئاب والضباع المتوحشة التي لا تختلف كثيرا عن آلاف الوحوش التي صدّرتها البلاد إلى بؤر التوتر خلال سنوات حكم الشيخ التكتاك وجماعته. ولا نحتاج لدراسات متخصّصة وخبرات وشهائد عالية حتى نفهم أنّ البناية الرمادية (التي كان من الواجب تحويلها لمتحف وطني يؤرّخ لسنوات الدكتاتورية لو كان ما حدث ذات 14 جانفي ثورة حقيقية) ستظل -كما كانت دوما- تحت حكم فخامة العجوز الخرف وجماعته النداؤتجمّعية قبضة حديدية تهرس عظام كل رعايا سيادته بلا تفرقة (طبعا ما عدى أتباعه والداخلين لبيت طاعته). إنها صورة رائعة ل”ديمقراطية” الاستبداد والقمع! ديمقراطية “فلقة” لكل رعية وصفعة لكل مواطن! من قال أنّ حكّام العربان يكرهون الديمقراطية؟
واقع الحال يقول بأنّ شعبنا يشتاق لداخلية الباجي قايد السبسي، عبد الله فرحات، الطاهر بلخوجة، عبد الله القلال، رفيق الحاج قاسم وغيرهم من “مناضلي” الدولة البوليسية المافيوزية المارقة، ويستلذّ أساليب “شقيف”، “بوكاسة”، “رامبو”، “بن سعيد” وغيرهم من جلادي صاحب “النظرة الاستشرافية والعناية الموصولة”. لذلك فقد استغلّ أول فرصة تقرير مصير لإعادة التجمّع إلى الحكم رغم كل ما ذاقه على يديه من ويلات الفساد والاستبداد خلال ستة عقود كالحة السواد. إذن عن أية قوانين وأية إجراءات وأية حقوق وأية عدالة وأي فصل بين المؤسّسات تتحدثون؟ هل صدّقتم أنّ شعبا يسلّم مصيره لجلّاديه وفاسديه ومفسديه وحثالاته يفهم شيئا إسمه “ديمقراطية” أو يقدّس شيئا إسمه “عدالة” أو يحترم شيئا إسمه “إنسانية”؟ فلو كان الأمر كذلك هل كان بورقيبة، باني الدولة الدكتاتورية المافيوزية الحديثة، يتجرّأ على تسمية التونسيّين ب”شعب الصُبعين وألحق الطين”؟ كما تكونون يُولّى عليكم وحكمت الداخلية ما ظلمت
Ce sont les mêmes, le même homme qui officie en qualité de porte-parole du ministère de l’intérieur, qui commet les mêmes faits. Avec cette suffisance qui distingue les fins limiers des méthodes connues.
Tout a été mis en oeuvre, par tous les gouvernements d’après 14 janvier 2011, pour conserver en l’etat cette institution dans ses pratiques.
Étonnant, non?
Philippe Tesson déclare que ” …les musulmans foutent la merde en France…”, un enfant de huit ans “entendu par la police” et son père, aussi, parce qu’il aurait tenu des propos non conformes à la doxa du moment.
Les défenseurs de tous poils des libertés, les ennemis du racisme et de la terreur (il y a des mots terribles capables de générer des violences) qui nous sommaient de clamer “Je suis Charlie” ne réprouvent pas les mots insultants et poussse-au-crime de monsieur Tesson, et pas davantage qu’un enfant fùt interpellé par la police. Ils sont la police des opinions, des idées, ce qui peut faire comprendre leurs silences.
Alors, en Tunisie, certains sont pris d’hystérie sécuritaire? Chacun sa culture du “maintien de l’ordre”. Le pouvoir français a coutume de tenir pour quantité négligeable ses citoyens venus des colonies et leurs descendants, pourtant nés Français. Avec eux et envers eux, le régime d’exception prend tout son sens et s’inscrit dans des habitudes encore coloniales; le pouvoir Tunisien, comme son tuteur et maitre, puise dans ses moeurs peu regardantes en matière de droit des gens qui lui paraissent menaçants, ou le défient.
Les actes anti-musulmans, en France, ne se comptent plus, sans que cela soulève une levée de boucliers. Les habituels entrepreneurs de morale, et autres professionnels du micro sont sourds et muets. L’Etat ne se manifeste pas.
En somme, les mèmes pratiques, ou presque, lorsque le pouvoir ne maitrise pas tout.
Alors, faut-il encore crier avec lui “Je suis Charlie”?
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