Samedi 17 octobre, le mouvement Manich Msamah a organisé un rassemblement à l’avenue Habib Bouguiba entre 13h et 16h. Après le silence d’un mois, cet évènement renoue avec la rue et s’adresse aux tunisiens pour les avertir sur les dangers du projet de loi sur la réconciliation économique et financière. Des centaines de citoyens ont signé la pétition de Manich Msamah qui appelle au retrait du projet de loi.
Face du théâtre municipal, sur l’allée principale de l’Avenue Habib Bourguiba, les militants de Manich Msamah ont dressé quatre stands. Les passagers, nombreux sur l’avenue, ont été invités à interagir. Azza Derbali, 27 ans, membre du mouvement et militante au sein du collectif « Jil Jadid » tient un petit stand où elle vend des posters, des sous-tasses, des porte-monnaies et des marques-pages aux couleurs de la campagne Manich Msamah. Les militants ont édité des posters reprenant des paroles des chansons de Sheikh Imam. Concernant l’absence de Manich Msamah durant les dernières semaines, Azza pense que la scène politique est dans une hibernation qui ne permet pas une grande mobilisation. « Et pourtant, nous essayons de maintenir le rythme et de marquer notre présence face à la campagne du pouvoir pour défendre son projet de loi » lance Azza entourée de partisans fascinés par ses créations artisanales.
Près du stand de Azza, des jeunes se prennent en photo avec un cadre fait d’un avatar facebook illustrant le slogan « Manich Msamah ». Pas loin, Imen Ben Ghozi, militante indépendante et membre fondatrice du mouvement, distribue des flyers dénonçant les défaillances du projet de loi. «Il est clair que la tendance générale va vers l’amendement du projet de loi. Si nous maintenons notre mobilisation c’est parce que nous demander le retrait total du projet, seule voie pour rompre avec le système de la corruption administrative et financière» explique Imen Ben Ghozzi avant de rappeler que le blocage de la justice transitionnelle est mené par le pouvoir, lui-même. En exemple, la militante cite l’absence permanente du Chef du contentieux de l’État de toutes les réunions de l’Instance Vérité et Dignité. Concernant la mobilisation, Imen estime que :
Le déclin de Manich Msamah, durant les dernières semaines, reflète la dépression générale qui règne dans le pays. Les gens n’ont plus d’espoir et n’ont plus le souffle pour rester actifs et continuer la lutte. Cependant, nous restons optimistes à relever le défis et à maintenir la pression.
De plus en plus nombreux, les passagers se rassemblent autour d’un tableau blanc. Chacun est appelé à écrire quelques mots sur le projet de loi. Stimulant un débat entre les pour et les contres, des dizaines de feuilles ont été remplies de slogans rappelant les objectifs de la révolution comme « Justice pour tout le monde, liberté et dignité, où sont les droits du Zaweli, nous n’oublierons jamais les martyrs de la révolution … »
L’événement a été, aussi, marqué par l’absence des médias. Charfeddine Kellil, avocat et membre de Manich Msamah accuse le pouvoir d’avoir orchestré le boycotte médiatique.
Alors que les médias couvrent tous les événements qui défendent le projet de loi de Mr le Président de la République, ils continuent à ignorer nos communiqués de presse et nos invitations. Même si nous avons réussi à imposer une forte présence sur le terrain, il est difficile d’égaler la machine propagandiste du système, explique Kellil.
Afraa Ben Azza, 17 ans, membre de Manich Msamah du Kef est venue spécialement pour soutenir ses compagnons. Malmenée et arrêtée par la police lors d’un rassemblement au Kef début septembre, la jeune lycéenne ne lâche pas l’affaire et continue à exprimer son opposition au projet de la réconciliation.
Nombreux militants tiennent à mobiliser la rue au Kef au péril de leur liberté. Nous essayons, actuellement, de réunir le maximum de personnes pour un grand événement même si les divisions au sein de l’opposition rendent la tâche encore plus difficile, témoigne Afraa.
Selon Charfeddine Kellil, le mouvement pense à l’avenir. Pour assurer sa pérennité, il ne craint pas de prendre position aussi bien sur le plan national qu’international. Ainsi, ce samedi a été aussi l’occasion pour Manich Msamah d’afficher son soutien à la cause palestinienne et au prisonnier politique George Ibrahim Abdallah (militant communiste libanais condamné à perpétuité en France pour terrorisme) à travers des posters, des flyers et une petite exposition photo.
Dans une démocratie. On récolte ce qu’on a sèmé. Donc les voleurs, les violeurs, les pilleurs doivent piller la facture? Le Droit s’applique pour tout le monde.