Si la contestation contre la loi 52 aurait eu une bande son, ce serait du rap. Dès 2011, avant que le débat ne prenne de l’ampleur, les rappeurs ont protesté contre ce texte pénal liberticide. Trouvant un grand écho auprès de la société, leurs tracks sur le sujet font des millions de vues sur Youtube. Sélection.
Hamzaoui Med Amine – Skhouna Twallaa
Les sons empruntés au dubstep sont très présents dans ce morceau, le plus groovy du répertoire du rappeur originaire de l’Ariana. Contrairement aux autres tracks portant sur le sujet, cette production de Samy Chelly se veut festive. Le rappeur y dope sa voix avec certains effets dont l’auto-tune. Un choix dans la continuité du style du fameux Houmani. Et l’exercice est plutôt réussi sans un Kafon qui s’avère facultatif. Sa sortie en avril dernier lui a permis de s’imposer comme un des tubes de l’été 2015.
Klay BBJ – Jountatou nawmi
Dans ce morceau, la grande gueule du rap tunisien s’inspire du downtempo. L’air familier du refrain en arabe littéraire, interprété par Amani Chouaib, est l’un des éléments qui ont fait son succès. Encore une fois, Klay BBJ y exprime son ras-le-bol anarchiste. Le clip tourné par le rappeur lui-même, avec une caméra GoPro, prend une simple chambre comme seul et unique lieu de tournage. Il résume, à lui seul, la capacité créative des productions rap low-cost des dernières années.
Phenix & Klay BBJ – T7ebbou el boula
Lancé en soutien à la campagne pour la libération d’Azyz Amami, arrêté en mai 2014 pour consommation de stupéfiants avant d’être relaxé dix jours plus tard, les deux rappeurs se sont alignés sur la position du militant. Ce dernier a refusé de subir le dépistage THC en revendiquant son droit à l’intégrité physique. L’argumentaire repris par ce track, aux paroles trashs, a fini par l’emporter à la cour. Un morceau hardcore du duo choc de Bab Jdid.
Lil’ K featuring Trax Nitro & P.I.T – Sayeb Ellaaba remix
Remix du morceau éponyme enregistré en solo par Lil’ K en février 2012, ce track, sorti deux mois plus tard, est l‘un des premiers succès du Dirty South en Tunisie. Comme son nom l’indique, ce sous-genre est originaire du sud des Etats-Unis, particulièrement d’Atlanta. Il se caractérise par ses grosses basses, son tempo lent et les répliques hurlés par les rappeurs. Sayeb Ellaaba est le deuxième tube du duo Lil’ K et Trax Nitro après «I got swag». C’est aussi un appel à la libération des rappeurs Madou Mc, Weld El 15, Emino et le beatmaker Soodrummer condamnés, à l’époque, pour consommation de stupéfiants.
Klay BBJ & Hamzaoui Med Amine – Ritouchi (Zakataka)
Premier hymne des détracteurs de la loi 52, voire même les revendicateurs de la légalisation, le morceau baigne dans le registre des années 90. Privilégiant la caisse claire sur la grosse caisse, sa musique trouve sa mélodicité dans les airs jazzy renforcée par une percutante ligne de basse. Les lyrics expriment surtout le désarroi d’une jeunesse désabusée 6 mois après la révolution. Baptisé Ritouchi,[avez-vous vu] il est plus connu sous le nom de Zakataka, une des différentes appellations attribuées à la résine de cannabis dans les milieux populaires. Une suite à ce morceau signée par le même duo et Bendir Man est parue en juillet 2012.
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