Apparu vers la fin des années 80, le métier de chauffeur de salle consiste à coacher le public présent lors d’une émission TV, à orienter ses émotions afin de créer une ambiance quelconque. Basé sur une certaine compétence en cette forme de communication non-verbale, ce métier existe en Tunisie depuis une décennie ou presque. Sur El Hiwar Ettounsi Tv, les chauffeurs de salle ont tellement gagné en puissance qu’ils influencent désormais les messages véhiculés par les émissions. Des moments où le non-dit prend le pouvoir.
Le professeur d’histoire spécialisé en islamologie Mohamed Talbi en a payé les frais, samedi 07 mars, lors du dernier numéro de «Labes» diffusé sur El Hiwar Ettounsi Tv à partir de 21h. Il a été invité afin de débattre de son interprétation polémique du texte coranique au sujet de la consommation de l’alcool et de la prostitution.
Essoufflé, M. Talbi, 94 ans, a vainement tenté de mettre fin aux multiples interruptions de l’animateur Naoufel Ouertani et de son contradicteur Chaker Charfi, un enseignant de la pensée islamique. Il a fini par recourir à une manière assez insolite pour reprendre la parole. Habitué aux sketches burlesques et aux stand up comiques, le public présent dans le studio a éclaté de rire. La confusion des genres est claire. La barrière s’efface entre le contenu éditorial et le contenu humoristique de l’émission.
Or, les éclats de rire du public sur un plateau TV ne sont pas une réaction spontanée. Leur silence non plus. Il y a bien un responsable qui agit en fonction des instructions de la production, un chauffeur de salle qui a pour mission d’avoir la situation en main. Dans le cas présent, c’est par un laxisme complice que ce dernier a laissé faire. Et ce n’est pas l’animateur qui arrangera les choses. Au contraire, la situation s’est empirée avec ses mimes. Converti à son tour en chauffeur de salle, c’est avec un large sourire qu’il comptera, en silence, sur le bout des doigts le nombre de fois où Talbi répétera la même réplique en claquant les mains. Une manière de ridiculiser son invité sans prononcer un seul mot. Pourtant, c’est le même animateur qui a rappelé, en introduisant son invité, que ses opinions lui ont valu d’être «accusé d’hérésie et traité de mécréant».
«Ce qui est primordial dans ce métier, c’est de mettre l’ambiance !», a déclaré Eric Mendes, un des chauffeurs de salle les plus actifs dans le paysage télévisuel français dans une interview parue sur Mediamag en septembre 2013. Dans ce numéro de «Labes», mettre l’ambiance escomptée a dû passer par la ridiculisation de Mohamed Talbi.
Et ce n’est pas la seule bourde du genre sur El Hiwar Ettounsi Tv. Il n’y a même pas un mois, le numéro de «Liman Yajroô faqat» du dimanche 22 février en commettra une. L’une des personnes présentes au sein du public a répondu positivement à la demande de l’invité Seif Trabelsi et s’est dépêché pour vérifier que son détracteur Slim Boukhedhir «empeste l’alcool» avant que l’animateur ne le retienne.
Le comble, c’est que ni «Labes», ni «Liman Yajroô faqat» ne sont retransmises en live. Il était donc possible de faire sauter les maladresses du «bénévole» au montage avant la diffusion. Couper le son d’ambiance au moment des éclats de rire aussi. Or, ça n’a pas été fait, une façon de cautionner les deux bourdes, donnant ainsi le feu vert au public et aux chauffeurs de salles pour intervenir et influencer la perception de l’audimat.
L’anti-élitisme et la criminalisation des opinions et des idées constituent le fonds de commerce que les journaleux, espèce prospère dans notre pays, font fructifier, comme personne. Une montée inexorable et une grande rentabilité assurée, pas seulement financière -celle-ci leur est grassement jetée, en pelletées, par leurs Maîtres qui, ailleurs et partout se servent sur la bête- mais la fabrication des opinions -notre pays peut, semble-t-il se passer d’idées !- et la distraction des foules, dans l’acception la plus boueuse et nauséeuse du mot distraction.
La noble mission est de servir l’intérêt du Maître et flatter les foules dans le sens du poil ; ce n’est pas, loin de là, incompatible. Et du poil, nos foules en ont partout, tout particulièrement dans ce qui leur sert de cerveau. Au besoin on les fabrique ces foules, dans des officines qui n’ont rien à envier aux hôpitaux psychiatriques de Staline ou aux instituts de Big Brother. Le raffinement suprême est que à cette gente de la claque dont on loue les services pour quelques dinars et montre la bobine éberluée et ravie à la lucarne, les foules s’identifient, fasse bien son travail de dressage social.
Comme ceux que l’on balade, aujourd’hui, en autocar, de meeting en meeting, de la Nahdha au Nidâ’, ils sont en travail postés pour applaudir, siffler, rire ou crier, selon une mécanique et une mise en scène bien huilées.
Triste et vieux métier qui vient du fond des âges, dont Sîbawayh fut jadis victime : les claqueurs de Al-Kisâ’iyy, dans la cour de Hârûn Ar-Rashîd, et dont Az-Zajjâjiyy nous a conservé quelques noms, Abû Faq’as, Abû Ziyâd, Abû Al-Jarrâh, Abû Tharwân et d’autres que l’on présentaient comme les Bédouins au pur idiome, ces gens ont condamné à l’exil et à mort, le subtil Parfum de la Pomme.
Plus anciennement et ailleurs, Néron, l’odieux tyran, rassemblaient sur les stades des milliers de soldats pour chanter ses louanges, quand il participait et remportait -frauduleusement- les jeux.
Doit-on s’étonner que sur une chaîne servile, un quart-de-cultivé apprête des incultes achevés et les met en embuscade pour railler un savant ?
médiocrité de la scène mediatique
Le fait est là : un complexe d’un lycéen mal vue des filles qui essai de se faire accepter par ces collègues ‘kaiid’ pour avoir de la popularité , tel est le complexe qui jaillit de Nawfel ! A savoir si c’est vraiment lui , ou c’est l’image qu’il cherche à lancer …. Reste que la responsabilité n’est celle du présentateur , mais celle de l’audimat qui est devenu ‘mode-label’ facilement …Fait un feuilleton ou la presque jolie héroine fait des franges et en une seul journée toutes les filles en font aussi , ….Le tunisien est une éponge il absorbe tout , c’est un atout et une malédiction …Le Talbi alors là , c’est une autre échelle, il a su manipulé le manipulateur pour avoir le résultat voulu , chapeau bas !!!