De sources sûres de Tunis, on apprend à l’instant que le procès du journaliste Mohamed Fourati vient dêtre reporté au 13 juillet 2005, sans doute pour mieux organiser un procès sans témoin en pleines vacances d’été. Le régime de Monsieur nous a habitué à des procès politiques en pleine chaleur estivale. Les procès emblêmatiques des journalistes Sihem Ben Sedrine et feu Zouhaïr Yahyaoui nous rappellent bien le désir des autorités de Tunis à jouer la pièce judiciaire, sans témoin.
Mohamed Fourati, jeune journaliste diplômé de l’Instiut de la presse et des sciences de l’information (IPSI) occupe les fonctions de secrétaire de la rédaction de l’hebdomadaire indépendant Al-Mawqif, organe du Parti démocratique progressite (PDP, légal mais non reconnu par les autorités car non coopté au Parlement) et correspondant de l’agence Quds Press International, basée à Londres.
Mohamed Fourati a été acquité à deux reprises, par la Cour de Cassation, pour les greifs qui lui sont reprochés, à savoir qu’un citoyen prévenu dans une affaire de soutien financier aux familles de prisonniers politiques, le connaissait et pour preuve, ledit prévenu avait une copie papier du magazine électronique Aqlam-on-line, basé à Londres. Et que Mohamed fait parti du comité de rédaction de ce magazine électronique !
Le jeune et autonome Syndicat des journailstes tunisiens (SJT), membre de la Fédration internationale des jouranlistes (FIJ), vient de publier un communiqué de soutien aux journalistes en butte à la répression en Tunisie, dont Mohamed Fourati, en dénonçant le recours à des procès montés de toute pièces pour incirminer la presse libre en Tunisie : « …- Notre confrère Mohamed Fourati, journaliste à « Al Mawqef », « Qods Press » et « Aqlam On Line », vient d’être appelé à comparaître, le 29 juin 2005, devant la cour d’appel de Gafsa pour répondre d’une affaire d’appartenance à une association non autorisée, affaire qui remonte à décembre 2002. L’un des accusés dans cette affaire avait alors déclaré que Mohamed Fourati lui avait remis une copie de la revue électronique « Aqlam On Line » à laquelle notre confrère collabore en tant que rédacteur. Pourtant, un non lieu avait été prononcé en faveur de Mohamed Fourati, dans cette affaire et le jugement la concernant a été cassé à deux reprises. » fin de citation, en bleu dans le texte.
La vigilence est de mise
Abdel Wahab Hani
Paris, le 29 juin 2005
Voici le communiqué du SJT :
Plusieurs journalistes tunisiens sont soumis, depuis quelque temps, à une campagne orchestrée, méthodique et gratuite, de harcèlement, de répression et de tracasseries de tous genres, qui menace leur sécurité et leur intégrité physique et les empêche d’accomplir convenablement leur mission. Il s’agit, notamment de notre consoeur et de nos confrères :
- Sihem Ben Sedrine
- Mohamed Fourati
- Sami Nasr
- Slim Boukhdhir
- Lotfi Hajji
- Notre consoeur Sihem Ben Sedrine, rédactrice en chef de la revue électronique Kalima et porte-parole du Conseil National pour les Libertés en Tunisie (CNLT) est, depuis plusieurs semaines, la cible d’une campagne calomnieuse, injurieuse et odieuse et obscène, d’une bassesse et d’une lâcheté quasiment inégalée, de la part d’une presse de caniveau qui sévit depuis plusieurs années en Tunisie, en toute impunité.
- Notre confrère Mohamed Fourati, journaliste à « Al Mawqef », « Qods Press » et « Aqlam On Line », vient d’être appelé à comparaître, le 29 juin 2005, devant la cour d’appel de Gafsa pour répondre d’une affaire d’appartenance à une association non autorisée, affaire qui remonte à décembre 2002. L’un des accusés dans cette affaire avait alors déclaré que Mohamed Fourati lui avait remis une copie de la revue électronique « Aqlam On Line » à laquelle notre confrère collabore en tant que rédacteur. Pourtant, un non lieu avait été prononcé en faveur de Mohamed Fourati, dans cette affaire et le jugement la concernant a été cassé à deux reprises.
- Notre confrère Sami Nasr, chercheur permanent au CNLT et rédacteur à la revue électronique « Kalima » a été convoqué, le 14 juin 2005, au poste de police de Kelibia où il lui a été signifié qu’il est encore soumis à une peine de contrôle administratif de deux ans, en vertu d’un arrêté du ministre de l’intérieur et du développement local en date du 12 juin 2004, conformément à un jugement prononcé en 1997 le condamnant à 16 mois de prison fermes et à deux ans de contrôle administratif. Sami Nasr avait quitté la prison en février 1998 et a donc, légalement, déjà accompli, sa peine complémentaire de deux ans de contrôle administratif, depuis février 2000.
- Notre confrère Slim Boukhdhir, ancien journaliste culturel à Akhbar El Joumhouria, et à Essarih, se voit depuis plusieurs mois, et précisément depuis sa malheureuse affaire avec la conférence de presse de la chanteuse libanaise Najoua Karam, contraint et forcé de vivoter en acceptant de petits boulots ou en faisant de courtes escales dans différents organes de presse. Il travaille actuellement au quotidien « echourouk », après un bref passage forcé par l’hebdomadaire « Al Hadeth ». Slim Boukhdhir vient d’être convoqué, pour la une énième fois, au poste de police et aucune des affaires en licenciement abusif qu’il a engagées contre ses anciens patrons n’a encore abouti.
- Notre confrère Lotfi Hajji, ex-rédacteur en chef de la revue Réalités et correspondant de la chaîne satellitaire « Al Jazeera » est encore privé de sa carte de presse professionnelle et de sa carte d’accréditation en tant que correspondant de presse et se trouve, de ce fait, dans l’impossibilité totale d’exercer sa profession.
Le syndicat des journalistes tunisiens (SJT), tout en s’élevant fermement contre ces provocations incessantes et multiformes (intimidation, pressions de tous genres, tracasseries administratives, campagnes calomnieuses), contraires à toutes les valeurs morales et à toutes les règles déontologiques
- condamne vigoureusement ces pratiques illégales qui interviennent à quelques mois de la réunion, prévue à Tunis, de la 2ème phase du Sommet Mondial sur la Société de l’Information (SMSI)
- dénonce énergiquement les pratiques insidieuses et les campagnes orchestrées visant à bâillonner et à museler toute voix indépendante et libre parmi les journalistes
- demande l’arrêt immédiat des poursuites judiciaires engagées contre notre confrère Mohamed Fourati et des tracasseries administratives qui ciblent notre confrère Sami Nasr
- appelle à l’ouverture d’un dialogue franc et constructif avec les journalistes, à travers leur structure syndicale, indépendante, légitime et représentative (le SJT), afin que les journalistes tunisiens puissent contribuer activement au prochain Sommet Mondial sur la Société de l’Information, et assumer pleinement leur rôle dans l’instauration d’un paysage médiatique évolué, ouvert et démocratique.
Pour le Comité Constitutif
Le secrétaire Général
Mahmoud Dhaoudi
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