* Cet article est fondé sur une analyse inspirée et partagée par des hommes et des femmes évoluant au sein du pouvoir, parmi eux des anciens ministres et des responsables ayant occupé des responsabilités avancées.
Le Président de La République vient de décider un remaniement partiel du Gouvernement. Ce remaniement met fin à 4 mois de rumeur et de spéculations sur les figures qui vont quitter le gouvernement et celles qui vont les remplacer.
Ce remaniement qui se faisait attendre depuis des mois a été finalement restreint par rapport à ce à quoi s’attendait la classe politique. La rumeur insistante laissait entendre un large remaniement qui n’épargnerait pas de plusieurs départements clés tels que le Premier Ministre, qui de sources dignes de foi cherchait à mettre fin à ses fonctions. La rumeur laissait également entendre que le Président n’était pas du tout satisfait du rendement de son équipe qu’il a nommée 10 mois auparavant, et que celle-ci n’était pas capable de relever les défis économiques auxquels fait face la Tunisie, en raison surtout de la flambée des prix du pétrole et la crise du textile, sans compter les autres défis en rapport avec les échéances importantes qui attendent notre pays, telles que le sommet de l’information.
Il paraît que le Président a préféré opérer un remaniement partiel sans renoncer au remaniement large qui interviendrait quelques mois plus tard après ces échéances là. Cette thèse se trouve confortée par le fait que des ministres étaient destinés à partir, selon des sources très proches du palais et qui ont fini par conserver leur poste. L’exemple le plus évoquée est celui du Ministre des Télécommunications qui fait face à de grosses difficultés en rapport avec le Sommet de l’Information, ainsi que le Ministre de la Justice. La rumeur a commencé à circuler bien avant que l’idée du remaniement ne soit rendue nécessaire par le pourvoi au poste de Ministre de l’Education après le départ de Raouf Najjar qui a été nommé ambassadeur en France.
La rumeur du remaniement a émergé dans les rangs des instances officielles et formations politiques proches du pouvoir même. Elle est l’expression du désir de changement qui s’exprime sous forme de souhaits d’un remaniement qui apporterait un nouveau souffle et sortirait le pays du marasme politique, économique et social. Elle est aussi le signe évident de mécontentement de la part d’une frange de plus en plus grande des hommes au pouvoir vis-à-vis d’un certain nombre des membres du Gouvernement et de la manière qui les a amenés à ces postes.
Remous et mécontentement
La rumeur du remaniement, ou plutôt le désir du changement, a commencé à circuler d’abord chez les députés de la Nation qui étaient les premiers à avoir affaire (lors des débats budgétaires) au nouveau Gouvernement issu du remaniement du 10 Novembre dernier. Ces débats, pourtant entachés de complaisance et de complicité a permis de mettre à nu l’incompétence flagrante de certain ministres, ce qui n’a pas empêché plusieurs députés du RCD même à confier en privé leurs impressions sur les uns et sur les autres.
La rumeur du changement est née également dans les rangs du RCD dont les militants connaissent bien la vraie valeur de chaque ministre et la manière dont chacun est venu au pouvoir. Les responsables du RCD qui reçoivent régulièrement les membres du Gouvernement qui viennent y animer des tribunes et des tables rondes sur le programme présidentiel commencent à sortir de leurs réserves et font en privé part de leur jugement sur chacun des ministres.
En plus du RCD et du Parlement, des remous sont également constatés chez les femmes agissantes dans les cercles des organisations et institutions féminines quant à la manière dont les femmes sont nommées aux plus hautes responsabilités. Ces instituons, telles que l’Union Nationale de la Femme Tunisienne (UNFT), le Secrétariat Permanent du RCD chargé de la Femme, le Ministère de la Femme et l’Administration Publique d’une façon générale qui constituaient historiquement le creuset qui permettaient aux femmes de se faire connaître et d’être appelées à exercer de hautes responsabilités se voient marginalisées avec la montée en puissance de l’association Besma présidée par l’épouse du Chef de l’Etat. Cette association ultra puissante est devenue le passage obligé qui mène vers la promotion aux postes de responsabilités avancées. Ce que reprochent les femmes à l’association Besma, et partant à son présidente, ce n’est pas tant le pouvoir dont elle jouit en matière de nomination, mais surtout son recours aux femmes arrivistes parmi les plus médiocres qui existent sur la scène politique féminine.
L’influence de plus en plus déterminante qu’exerce l’épouse du Président dans le choix des ministres et hautes fonctionnaires est un phénomène très remarquée qui inquiète non pas uniquement les femmes, mais également les hommes au pouvoir. Cette influence a été remarquée de façon on ne peut plus nette lors du remaniement du 10 Novembre 2004 consécutif aux élections présidentielles et législatives. Presque toutes les membres du Bureau Exécutif de l’association Besma ont été promues à des postes de Ministres et Secrétaires d’Etat, ce qui de l’avis même des hommes au pouvoir constitue une aberration dont l’histoire de la Tunisie n’a pas connu de pareilles. Le pire est que le choix de la Première Dame de la Tunisie se fait sur les femmes les plus médiocres ce qui porte un grave préjudice à l’image de la femme Tunisienne et ne reflète en rien la richesse dont dispose la Tunisie en matière de Femmes compétentes et bien éduquées. Voici un échantillon de ces femmes qui nous gouvernent par la grâce providentielle de Besma. Celles–ci ont toutes été nommées à l’occasion du remaniement du 10 Novembre 2004 qui a consacré l’influence de Mme Ben Ali et sa famille :
Khédija Ghariani, nommée Secrétaire d’Etat auprès du Ministre des Télécommunications. L’analyse de son parcours professionnelle révèle une incohérence troublante dans cette nomination. En 2001 cette femme est nommée PDG de Tunisie Télécoms, qui est une entreprise publique de grande taille et importance pour l’Economie tunisienne. Un an après, elle est destituée en catastrophe pour incompétence caractérisée lorsqu’il a été constaté que Tunisie Télécoms allait vers la faillite. On nomme alors à sa place Ahmed Mahjoub qui venait juste d’être déchu de son poste de Secrétaire d’Etat. Quant à Mme Ghariani elle se voit confier la charge d’une petite agence à sa vraie petite taille. N’ayant presque rien à faire à la tête de cette petite boite, elle consacre tout son temps à servir l’association Besma, ce qui lui vaudra un accès au bureau exécutif, et par la suite sa récente nomination dans un secteur où les compétences féminines ne manquent pas. Deux mois après sa nomination elle commence par virer injustement sa rivale historique Fériel El Béji, qui lui faisait jadis de l’ombre.
Madame Samira Belhadj, nommée Ministre de l’Equipement et de l’Habitat. L’opinion la plus partagée par la classe politique et plus généralement par tous ceux et celles qui connaissent cette femme la qualifient de femme sans envergure qui brille par son incompétence et son hypocrisie sans limite. Cette femme dont l’expérience professionnelle se résume en une longue carrière de politique de basse classe se trouve lors de l’avant dernier remaniement propulsée à la tête d’un aussi important Département technique et hautement stratégique. Avant sa nomination elle a passé 5 années au poste de secrétaire d’Etat auprès du Ministre de l’Equipement, en l’occurrence Slaheddine Belaid, un homme qui jouit d’une très bonne réputation d’homme intègre et compétent. les proches de celui-ci racontent que sa cohabitation avec Mme Belhadj, du temps où elle était S. d’Etat à ne rien faire et à s’occuper que de Besma dont elle est la vice-présidente et principale activiste, a été un calvaire pour lui. La nomination de cette dernière en tant que Ministre a choqué tout le monde. Un mois après cette nomination, le Président fait appel de nouveau à son Ministre sortant, parti pourtant à la retraite dont il a atteint l’âge depuis déjà 7ans, pour le nommer à nouveau conseiller au Palais avec rang de ministre chargé de superviser les projets du Ministère de l’Equipement. Cette dernière nomination voulait tout dire sur la confiance du Président dans la capacité de sa Ministre Belhadj à gérer les affaires de ce Ministère. Voilà comment le Président en arrive jusqu’à nommer des Ministres dont il sait qu’elles n’ont pas la capacité d’assurer cette charge, rien que pour faire plaisir à Madame Ben Ali. Depuis ces deux nominations successives le vrai Ministre de l’Equipement est resté celui qui est au Palais faisant fonction de conseiller, alors que Mme Belhadj est là pour compléter le décor et donner à la presse des arguments supplémentaires pour louer les acquis de la Femme tunisienne qui grâce au 7 Novembre a acquis les aptitudes qui lui permettent de gérer les départements techniques.
* Mesdames Saloua Labben, Sarra Jarraya et Najah Karoui, toutes membres du Bureau Exécutif de Besma, nommées lors de l’avant dernier remaniement respectivement Ministre de la Femme, Secrétaire d’Etat auprès de la Ministre de la Femme et Secrétaire d’Etat auprès du Ministre des Affaires Sociales. Des nominations à la pelle .Il suffit de faire une lecture dans les CV de celles-ci, pourtant soignés et grossis pour les besoins de la cause, pour s’apercevoir de l’ampleur de l’incohérence qui entache ces nominations. Mme Labbène, Directrice de l’Enfance et des Sports en 2002 se retrouve Ministre en Novembre 2004. Idem pour les deux autres S. d’Etat. Même la fusée Ariane n’est pas capable d’une si grande force de propulsion.
* Mme Neziha Escheikh, elle aussi membre du bureau exécutif de Besma, a été confirmée lors du même remaniement dans son poste de S. d’Etat auprès du Ministre de la Santé. Pour rendre à César ce qui est à César et refléter exactement l’idée répandue sur cette femme, il faut dire que cette pharmacienne de formation n’est pas à comparer sur le plan professionnel avec les précédentes. Toutefois il faut admettre qu’elle est à son poste grâce à son dévouement à Besma. D’ailleurs on raconte qu’elle a été virée de son poste deux ans auparavant et qu’elle en a été informée officiellement par Communiqué. En l’espace de 24 heures elle retrouve son poste sur intervention de Mme Ben Ali.
Mme Ben Ali Prend le contrôle du Gouvernement
C’était uniquement un exemple de l’influence de Mme Ben Ali : Six ministres et S. d’Etat balancés d’un seul coup. Des sources proches du Président dignes de foi affirment que la plupart de ces femmes a été ajoutée à la dernière minute à la composition du Gouvernement et que la liste qui a été rendue publique était différente de celle que le Président avait arrêtée la veille avec ses plus proches conseillers. D’ailleurs toutes les femmes nommées ont appris la nouvelle de leur nomination alors qu’elles étaient toutes en déplacement dans le Nord du Pays dans le cadre d’une activité de Besma. Cette information a été rapportée par la revue l’Observateur. Voilà comment ces femmes occupaient et continuent à occuper leur temps de travail. Il suffit de lire les journaux pour s’apercevoir de l’activité débordante de Besma.
L’influence de mme Ben Ali et de sa famille ne se limite pas uniquement à la nomination de la gente féminine d’autres ministres hommes doivent leurs postes à celle-ci. On en cite en particulier :
Montassar Ouaili, l’actuel Ministre des Télécoms. Celui-ci après avoir été démis de ses fonctions de secrétaires d’Etat suite à un différend qui l’a opposé à l’ancien Ministres des Télécoms, a retrouvé sa place au Gouvernement grâce à une intervention de Mme Ben Ali. C’est la mère de Mme Ben Ali qui a intercédé en faveur de celui-ci, laquelle a été approchée par la mère de Mr Ouili. Depuis sa nomination, il ne jure que par la tête de Mme Ben Ali, et évoque dans ses discours et ses interventions officielles, à la télé comme à la chambre des Députés le rôle agissant de l’association Besma dans la dynamisation de la vie associative, oubliant les sept mille autres associations que compte la Tunisie. Son comportement est qualifié de novice par ses aînés ministres. Avant le dernier remaniement on a beaucoup parlé de son départ en raison de sa mauvaise gestion du Sommet de l’Information. Il paraît que le président a préféré le garder. Deux versions expliquent cette décision. Soit que le Président voulait laisser son Ministre finir le Sommet sur lequel il travaillait depuis environ 2 ans. Soit que c’est la protection de Mme Ben Ali qui continue toujours à maintenir ce monsieur en poste.
Habib Haddad Ministre de l’Agriculture : Un autre protégé de la famille des Trabelsi qu’il a bien servie surtout du temps où il était gouverneur de Nabeul. Il leur avait cédés tous les terrains constructibles de la zone du Mrezga pour construire des projets à caractère touristiques.
Les autres « protégés » de Mme Ben Ali sont nombreux, on en cite Abdelwahab Abdallah dont le rôle est de promouvoir la dimension politique et sociale de la première dame et donner d’elle l’image d’une femme cultivée et dévoué aux œuvres de bienfaisance. C’est sa tête pensante et son chargé d’affaires. C’est ce que lui a valu la nomination récente en tant que Ministre des Affaires Etrangères après une longue existence dans le Palais. On cite aussi Mondher Znaidi l’un des « protégés » les plus gâtés de Mme Ben Ali. Mais par souci d’honnêteté et de crédibilité pour cet article on doit préciser que ce Monsieur n’est pas du tout à comparer avec ceux et celles qu’on vient de citer, ni sur la plan de la compétence professionnelle, ni encore sur le plan du dévouement pour son travail. Ce Ministre jouit malgré tout d’une bonne réputation. Ces propos ne sont pas pour le disculper de ce qui se dit à son endroit, notamment à l’Audace. La liste des « protégés » est bien plus longue, mais on s’est contenté des informations qui ne laissent pas de doutes, tant elles ont été vérifiées par plus d’une personne.
La classe politique au pouvoir craint que l’influence dont jouit la femme du Président ne soit une manière soft d’initier celle-ci à l’exercice du pouvoir et d’organiser en douceur sa succession aux commandes de l’Etat en lui permettant de préparer son équipe bien à l’avance. Cette idée est loin d’être une fantaisie .C’est une perspective bien réelle à laquelle on finit par croire si on analyse la démarche du Président et on fait une lecture dans des faits qui se produisent sous nos propres yeux. Faut–il rappeler que c’est bien la Première Dame de la Tunisie qui a donné le discours de clôture de la campagne électorale pour les élections présidentielles et législatives. Ce discours a eu lieu au Palais du Kram devant plus de 4 milles femmes au même endroit et à la même tribune où le Président donnait deux semaines avant le discours d’ouverture de la campagne. Cet évènement n’est pas fortuit, il est bien calculé et constitue un élément de toute une longue stratégie. Dans un programme télévisée sur les acquis de la femme tunisienne, commandée et organisée par l’ATCE et diffusé par la CNN il y de cela environ 7 mois, la speakerine charmante qui travaille en tant que correspondante de la CNN et qui est par ailleurs employée à la RTT concluait sa correspondance par cette phrase « …ainsi grâce aux acquis du changement, la femme tunisienne a acquis un niveau avancé qui l’habilite à occuper toutes sortes de responsabilités, et il n’est pas étonnant de la voir dans le futur occuper le poste de chef d’Etat ». Ces commentaires ne sont pas innocents et portent l’empreinte du grand commandeur Abdelwaheb Abdallah.
Un vent de clientélisme et de médiocrité
La course vers les nominations est un phénomène inquiétant chez les femmes. Depuis l’annonce par le Président de sa décision dans le programme électoral de consacrer 30% des responsabilités pour les femmes, une sorte de clientélisme et d’arrivisme se développe à grande vitesse chez les femmes. D’ailleurs Mme Belhadj la vice–Présidente de Besma ne cache pas dans ses discours officiels que l’avenir est pour les femmes, et c’est ce qu’elle a d’ailleurs commencé à pratiquer dans son département. Les femmes au pouvoir, qui sont jalouses de leur dignité se démarquent de ces pratiques et ne cachent pas leur dégoût vis à vis de ces comportements. On assiste de nos jours à une ruée phénoménale vers l’association Besma de la part des femmes qui cherchent à y avoir une place. Les luttes intestines se multiplient et la bande au Bureau Exécutif fait tout pour garder la main mise sur cette association. Il parait que cette association a traversé une grave crise récemment en raison de luttes internes qui a fini encore une fois par consacrer la médiocrité. Cette association est très louche. Elle ne publie jamais la composition de ses membres pour entretenir le flou. Mais son jeu a fini par être mis à nu. Tout finit par se savoir.
* Nous nous sommes abstenus à rapporter dans cet article les rumeurs qui circulent à l’endroit de ces femmes, en particulier sur Mmes Ghariani et Belhadj sur des histoires de malversations et de corruptions. Par soucis de crédibilité pour cet article, nous nous sommes limités à une analyse des faits connus par tous et à rapporter des informations vérifiables. Pourtant ce ne sont pas les histoires qui manquent. Le célèbre cyberdissident, feu Zouhair Yahyaoui en a rapporté dans son article de commentaire publié juste après le remaniement du 10 Novembre dernier.
* Un Groupe de Tunisiens dignes de confiance s’exprimant sous le couvert de l’anonymat. [nom de l’auteur comme indiqué dans le texte envoyé-NDLR]
(message reçu par courrier électronique depuis Tunis)
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