Dimanche 28 août, des patrons d’usines délocalisées en Tunisie livrent leurs tribulations dans Striptease, le magazine de France3. Un thème domina en long, en large et en travers les témoignages des employeurs français. C’est tout bonnement l’indiscipline des ouvrières !
Les filles seraient insubordonnées, elles s’inventent des motifs d’absence ou produisent de faux arrêts- maladie, elles brilleraient par-dessus, par leur lenteur et une fabuleuse inintelligence.
Les hôtes de la Tunisie, discutaient entre eux de ce mal. L’une ramène ça au climat, alors que pour l’autre c’est la culture, quant au seul mâle de la fable c’est simplement l’historique insoumission du travailleur.
En voilà une copie éculée de la lutte des classes. Grossière surtout. Qu’à cela ne tienne. Autour d’un dîner, au milieu de son délire réhabilitant jusqu’au « maître au fouet », notre mâle glisse pour toute plaisanterie : « leur appel à la prière me gonfle, ça me fait perdre le sommeil et je me lève ».
ah bon et que fais-tu à 3 h du matin
eh bien je vais pisser » !
Ce n’est même pas la consacrée conscience de classe. C’est en deçà de la mûre reconnaissance de l’intégrité culturelle de chacun. On est dans la parano, dans ses formes les plus délirantes. Vous m’excuserez mais lorsqu’on s’étonne, déplore même, que les valeurs du pays d’accueil ne correspondent pas à celles des investisseurs étrangers !!!
Pas un, pas deux, mais tous les employeurs interviewés, firent montre du même mépris de la culture tunisienne, le pays qu’ils avaient choisi pour fructifier leur pactole. Ils n’évoquent pas l’incongruité culturelle. Ils causent supériorité des mœurs politiques occidentales. D’accord, mais trouve-t-on chez eux la parfaite expression de cette supériorité ? Se montrent-ils démocrates, acquis aux droits de l’homme ?
De quoi parle-t-on ! Ils en étaient jusqu’à dénier à leurs employées les droits sociaux et économiques élémentaires, sans quoi la démocratie serait restée lettre morte ! « Une ouvrière ça travaille et ça la ferme… t’es qui pour refuser du travail…encore une réponse comme ça et tu sera à la porte… celle qui veuille s’absenter, qu’elle reste chez elle…j’ai quitté la France pour ces conneries du code du travail !! etc. »
Ces cossus de l’hexagone ne se seraient jamais hasardés à bafouer chez eux un code du travail qu’ils massacrent chez nous. Ils l’avaient beau souhaité, ils en seraient pour leur frais. C’est peut-être pour ça qu’ils ont frappé à notre porte. Ils sont chez nous par défaut de démocratie !
Ces cancres de la République sont la preuve vivante que le « monde libre », n’est pas la somme de démocrates convaincus ! C’est un système de lois et de contraintes conçues par des élites savantes et militantes.
D’anti-démocrates, l’Occident en compte beaucoup, mais ils sont mis hors d’état de nuire par un système cuirassé. Ils sont toujours-là et parfois même triomphent sur certains thèmes et par périodes, comme est le cas aujourd’hui des USA de Bush…
Or, qu’ils le veuillent ou non, ils ne peuvent toujours pas décréter le retour de la tyrannie. Et au meilleur des cas ils iront la chercher ailleurs !
Morale de l’histoire, qu’on arrête de nous prendre la tête avec la rengaine du citoyen arabe qui ne serait pas prêt à la Démocratie. Laissez les élites nous l’offrir et que les cancres aillent chercher ailleurs s’ils veulent…
Jameleddine Héni
Chercheur en psychologie cognitive.
Source : Oumma.com
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