Source : Télévision Suisse Romande
EMISSION du 17 novembre 2005

Peut-on organiser le Sommet mondial sur la société de l’information dans un pays qui censure les médias et Internet ? Une équipe de Temps Présent s’est rendue à Tunis pour filmer une démocratie de façade où le respect de la loi permet de couvrir toutes les violations des droits de l’homme. Reportage sous surveillance.

Du 16 au 18 novembre, Tunis accueille la deuxième phase du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI), une manifestation parrainée par les Nations Unies visant à réduire la fracture numérique entre pays riches et pays pauvres et permettre à ces derniers d’avoir accès aux technologies de l’information et de la communication, tel l’Internet.

Parler de la société de l’information dans un pays qui musèle la liberté d’expression et qui est régulièrement dénoncé par la Ligue des droits de l’homme : c’est le paradoxe tunisien. Pour s’en convaincre, une équipe de Temps Présent s’est rendue à deux reprises à Tunis afin de vérifier s’il est possible pour la presse étrangère de remplir son devoir d’information.

Sur place, le maître-mot du régime, c’est la surveillance. Mais pas question de montrer ce dispositif aux étrangers. Les policiers sont en civil et esquivent les questions des journalistes. Officiellement, tout est possible, à condition d’être chaperonné. Pour sa propre sécurité.

Notre équipe a néanmoins pu rencontrer Radia Nasraoui, une avocate qui est une des figures de la lutte pour les droits de l’homme et qui a permis de déjouer quelques filatures pour interviewer des opposants au régime et recueillir les témoignages de victimes de la répression.

Car sous ses atours modernes et prospères, la Tunisie est avant tout le pays du président Ben Ali, un homme affable qui gouverne depuis 18 ans d’une main de fer. La tenue de ce sommet est une fabuleuse publicité pour la Tunisie et doit permettre à Ben Ali de légitimer son modèle : une démocratie de façade.