L’inquiétude est souvent définie par ce sentiment bizarre « d’une crainte d’une anxiété due à l’incertitude ou à l’appréhension d’un événement », dans notre cas c’est encore plus grave et plus…inquiétant … le non événement ! Mais l’inquiétude ne serait-elle- pas le début de la prise de conscience ?, s’inquiéter ce n’est pas déjà agir ?
Notre inquiétude ne serait pas une « inquiétude négative » dans le sens où elle fermente le désespoir et la résignation et la mort.., mais une « inquiétude positive » qui pousse à la réflexion, à l’action, à l’espoir…
En effet depuis quelques temps, certains écrits, certains discours, certaines manifestations, certaines décisions qui émanent des différentes branches ou individus de l’opposition révèlent l’esquisse d’une nouvelle attitude vis à vis du paysage politique actuel et de son évolution ! Mais aussi, l’absence de réactions à certains évènements, ou du moins sa faiblesse, sonne le signal d’alarme et marque un éventuel retour à l’hibernation…un retour à la marginalité…un retour à la mort !

C’est à travers la constatation de ce mutisme, et en recherchant le pourquoi du non événement que s’inscrit l’approche suivante, une approche qui mélange la mélancolie la crainte et surtout l’inquiétude !


La série noire.

Je m’inquiète pour l’opposition et du processus de la dissidence si processus il y’a ! Certains nuages commencent à envahir un espace déjà saturé.

Je m’inquiète de l’absence d’un projet futur de l’après SMSI, de l’absence d’une continuation claire de la manifestation du 18 octobre, de ce qu’elle n’a pas pu se métamorphiser en un projet de société sans toute fois épouser l’étiquette d’un parti politique…

Je m’inquiète de l’éparpillement continue de l’opposition ! malgré l’essai à moitié réussi du 18 octobre « c’est normal me répondiez-vous, c’est la diversité des idées, la pluralité des approches », mais fallait-il être dispersé lorsqu’on a besoin de l’unité ?, fallait-il recevoir des coups dans le dos pour affirmer sa différence ?

Je m’inquiète de l’état de l’immobilisme qui semble s’éterniser après la fin de la grève de la faim, réagir ce n’est pas se précipiter dans l’inconnu, l’opposition sait qu’elle est en danger de mort si elle ne concrétise pas son réveil. Préfère-elle ne pas voir le danger, parce que le danger la fait exister !

Je m’inquiète de cette lassitude qui semble regagner certains discours et se lit entre les lignes de certains écris, où un air de désespoir et d’abandon commence à se sentir !. il y’a de quoi me diriez-vous, un régime qui ne s’arrête devant rien, un peuple qui ne bouge pas et que la situation semble lui convenir, et un acteur étranger absent ou « présent à la carte »… Toutefois fallait-il se rappeler que la situation était toujours pareil, et que la présence du SMSI n’était que conjoncturelle, et que le peuple attend toujours un concrétisation forte de ses aspirations, et que peut-être la faute incombe à notre désengagement qu’à son absence !

Je m’inquiète de l’illisibilité qui règne, du brouillard qui persiste, pour ne pas dire confusion et cafouillage… qui avec qui.., qui fait quoi ? qui représente qui ? quelle comité ? pour quel motif ? pour combien de temps ?
Je m’inquiète de l’esprit d’exclusion qui demeure intact vis à vis de certaines voies, si différentes soient-elles, de certaines personnalités si distinctes soient-elles, de certains partis politique si petits soient-ils. Exclure c’est déjà minimiser les chances de rassembler, minimiser les facteurs d’aboutir et de réussir !

Je m’inquiète de l’état d’attentisme qui fait perdre du temps et qui nous rend tributaire de l’action adverse que de notre propre action. Le temps que passe l’opposition à convaincre ses composantes, à ne pas heurter la sensibilité des uns, le « goût » des autres, fait vider une initiative de sa chaleur initiale de son esprit d’action et de sa volonté envahissante pour le changement ! Nous comprenons le souci des uns d’aboutir à la synthèse, à la symbiose peut-être, mais n’est-il pas plus urgent et plus important de passer à l’action des qu’un minimum d’accord sur les principes s’établit, n’est-il pas plus laborieux et plus percutant de penser le changement et le vivre avec une volonté d’acier, que traîner le pied derrière une éphémère unité totale et parfaite ?
Je m’inquiète de la victimisation des esprits, jouer la victime ne serait-il pas plus facile et moins contraignant ? mais à l’opposé ne reflète-t-il pas une réalité concrète, dure et vécue, où il n’est plus permis que d’être victime ?

Il me semble que nulle doute le climat et l’environnement sont plus que fermés, que l’opposition est harcelée et provoquée de toute part, elle est victime de l’arbitraire de l’hégémonie et de la dictature, mais… elle est aussi victime d’elle même par son absence, par ses luttes internes et par sa manque de confiance en elle même, en ses capacités de conduire un processus démocratique de changement.

Le trou noir

La dictature se nourrit de deux mamelles, qui lui permettent un longue vie pleine de repos et de pillage…
un peuple résigné, complaisant dans certains cas, par peur du gouverneur ou par crainte du futur, faute de l’existence d’une alternative sérieuse et solide…
et une opposition inexistante ou marginale dont le souci majeur se sédimente soit autour du ramassage des miettes que la dictature accepte de l’octroyer, soit pour les luttes intestinales pour un leadership furtif et insignifiant !

L’opposition serait un passé vécu mais assumé, un présent diversifié mais partagé et un future porteur et commun.., et tant que l’opposition ne fait pas la distinction entre son souhait ses désirs, et la réalité concrète qui l’entoure.., tant qu’elle ne fuit pas l’amalgame entre une aspiration personnelle légitime en soi pour réussir, et le projet politique de tout un groupe pour répondre sérieusement et solidement à l’aspiration très avancée de tout un peuple pour le changement… tant que l’opposition persiste et signe pour aller éparpillée dispersée à la bataille, sans un véritable projet commun pour le changement et la relève …, tant qu’elle sous estime le Ko qui règne dans le pays et le degré important de l’attente de tout un peuple pour le changement… tant qu’elle n’est pas confiante en sa force et non consciente du danger de l’effritement qui la guette,…. Alors permettez-moi de ne pas rêver et de demeurer dans mon inquiétude !

Source : le site du LIQAA