Reflexions autour des derniers évènements d’Alger de Casablanca…
De monsieur Omar S’habou à Tunis, l’autre jour, à monsieur Tahar Ben Jalloun à Rabat aujourd’hui, en passant par la nomenclature de l’élite d’Alger, c’est le même son de cloche à chaque fois que les régimes en place sont remis en question et secoué d’une manière ou d’une autre. Bien qu’au fond rien ne les secouent plus que les explosions, puisque toute autre sorte de manifestation, dans les espaces que ces régimes se sont appropriés, soit tout simplement impossible. Tous ces intellectuels revendiquent à chacun son bastion imaginaire de progrès et d’émancipation comme aucun autre de ses voisins proches ou lointains. Même la Maison des Saouds de l’autre côté revendique des réalisations sans précédent. Pourtant tous – sans exception aucune – sont dans les meilleurs des cas, comme les définit parfaitement François Burgat, chercheur à l’Ireman, Institut de Recherche du Monde Arabe et Musulman, les Pinochets arabes.
Au moment où les explosions se produisaient à Casablanca, à Rabat, l’élite installée par les soins des mêmes maîtres du monde, dans cette région, s’attelait à liquider au prix de solde des villes entières et prétendent créer un meilleur futur avec des millions emplois. Le Makhzen de Rabat, au nom du réalisme néolibéral vient de vendre pour deux sous les richesses marines aux occidentaux et particulièrement aux espagnols. Ce n’est que le dernier maillon dans une série de liquidations de toutes les richesses disponibles et à l’état pur. Exactement comme le fait l’état major autour de Bouteflika dont le seul souci tournent autour des meilleurs moyens pour garantir l’approvisionnement de l’Espagne ou de l’Italie et par extension du reste de l’Occident en énergie à travers des gazoducs qui traversent Tétouan et les villages environnants où les enfants arabes meurent littéralement de froid avant de glisser dans les eaux de Gibraltar et aller faire tourner les usines, chauffer les foyers et les bureaux des espagnols. Des gazoducs du même genre et pour la même finalité traversent la région du Kef ou les alentours, où meurent aussi des familles entières de la même manière, de froid, avant de plonger dans la mer pour arriver en Italie. Les enfants arabes qui ne meurent pas à Bagdad ou à Bassorah sous les bombes, meurent de la même manière aussi de froid alors que le pétrole de sous leurs pieds est volé manu militari et embarqué sur de gigantesques tankers vers le même Occident. Et comment voulez-vous que ces sinistres élites qui laissent mourir de froid les enfants de Tétouane ou du Kef se soucient-elles des enfants de Bagad ? – Il y a plus de quatre ans que Bagdad est sous occupation, aucune de ces élites n’a jusqu’à nos jours, élevé la voix à la face des Usaméricains.
Aucune ne s’est jamais sentie concernée ! Les réceptions continuent à se dérouler de la même manière dans toutes les ambassades de l’Administration de l’Empire US dans toutes les villes dirigées par ces Pinochets arabes et leurs élites respectives.
Et dans la foulée des explosions, certains médias occidentaux osent, quand même, lever le voile sur la situation limite dans laquelle survivent les populations dans les énormes et lugubres banlieues des grandes villes. Au moment ou les néolibéraux arabes du Caire vivent les milles et une nuit, dimensions occidentales, 15 millions de leurs concitoyens vivent dans des baraquements posés à même les tombes des cimetières ou des barques primitives sur le Nil. Idem à Tunis, à Alger, à Sanaa ou Djeddah. La misère et l’humiliation ne font aucune distinction entre les populations se trouvant entre les griffes de la Maison des Saouds qui offrent à l’Occident plus de dix millions de barils de pétrole par jour, ou les griffes du Pinochet le moins « riche » d’entre eux. En cinquante ans toutes les sociétés arabes et musulmanes se trouvent en dessous de la situation héritée du colonialisme direct. Le colonialisme de l’élite s’est avéré le pire de tous. La misère, l’humiliation, la torture, l’assassinat pur et simple sont devenus les instruments de travail fondamentaux de tous ces régimes.
Dans le « bastion de progrès » de Tahar ben Jelloun – contrairement à ce que ce monsieur soutient dans son dernier article publié, entre autres dans « La Vanguardia » de Barcelone d’aujourd’hui 13 avril 2007, pour fustiger ces « Fous » qui explosent dans les rues de Casablanca, il parle de transparence dans la nouvelle « justice » du nouveau roi de Rabat Sidi Mohammed VI – la torture est devenue tout simplement un produit d’exportation, d’ailleurs très apprécié par les agents de Bush et Cie. Peut être ce monsieur Ben Jalloun ignore-t-il encore tous les rapports concernant les agissements criminels de la CIA et des autres organismes des services secrets de l’empire US qui détiennent des musulmans partout dans le monde pour les expédier vers les nouveaux « Tazmamarts » de la torture et de la mort mis à la disposition de ces organismes de la Terreur Globale de l’Administration US. Toutes les organisations humanitaires ainsi que le rapport de la Commission européenne des Droits de l’Homme, accusent ce régime, ainsi que celui d’Amman, du Caire ou de Damas d’être des grands « exportateurs de terreurs » et ont reçu et reçoivent des innombrables commandes de la part des « Boys » de la CIA ou des autres services de terreur de l’Administration US. De toute manière, il n’y a pas de formule magique pour maintenir un royaume du genre avec des palais disponibles à toute heure pour sa majesté dans toutes les villes importantes, de Rabat à Fez en passant par Agadir, Marrakech et Ifran. Le budget destiné à la famille royale de Sidi Mohammed VI n’a aucune comparaison avec, par exemple, celui de la famille royale espagnole. Les chiffres sont éloquents : la moyenne du revenu d’un espagnol est de 20.000€uros et le budget de fonctionnement de la famille royale espagnole est de 7.000.000 d’€uros (Sept millions d’euros). La moyenne de revenu d’un citoyen à Casablanca ou à Rabat est de moins de 3.000 €uros et le budget de Sidi Mohammed et sa cour est de 236.000.000€ (Deux cents trente six millions d’euros). Ces chiffres datent de plus de trois ans et peuvent facilement avoir augmenté dans les mêmes proportions.
Monsieur Ben Jalloun ignore aussi qu’aujourd’hui plus qu’hier, par centaines et par milliers, sont les jeunes qui tentent de traverser le détroit de Gibraltar fuyant un enfer pour entrer dans un autre. Beaucoup d’entre eux se noient au cours de la traversée du détroit de Gibraltar. Le Pinochet de Rabat aussi bien que ses compères de Tunis, d’Alger, de Riad ou d’ailleurs dans le monde arabe et musulman prouvent, tous les jours de l’année, leur indéfectibles allégeance aux maîtres du monde, les puissances occidentales et particulièrement à l’Administration de la Terreur Globale Américaine. Tous souscrivent, sans rechigner, toutes les recommandations du Centre Mondiale de Destructions des Peuples, la Banque Mondiale, et n’épargnent aucun effort pour jeter dans la misère la grande majorité des populations. Une institution à la tête de laquelle se trouve, comme par hasard, celui qui est considéré l’architecte intellectuel de l’invasion de l’Irak, Paul Wolfowitz. Le personnage aussi pervers que les membres de ces élites et dont on parle ces derniers jours, justement pour affaire de jupon de haute volée.
Ce dégénéré, que France24 décrivait aujourd’hui dans ses bulletins d’information, comme le « plus brillant intellectuel » sur la scène à Washington. Sur le compte de la fameuse institution bancaire il a, ni plus ni moins, osé augmenter les services de sa maîtresse, une certaine femme du nom de Shaha Ali Reza, qui selon Wikipedia est née en 1956, de père « libyen » et de mère « Syro-Saoudienne », à Tripoli, a grandi à Tunis et a été « formée » à Londres. Avant de faire la connaissance de Wolfowitz, elle avait dirigé avec les personnages sinistrement célèbres comme Ahmed El Chalabi, la Fondation qui avait pour objectif de faire chuter le gouvernement de Bagdad. En 1997, après avoir travaillé dans ce qu’on appelle « The National Endowment for Democracy », elle débarque dans cette fameuse banque en tant spécialiste du Moyen Orient et de l’Afrique du Nord. Il n’y a point de doute sur le rôle qu’elle a joué dans la décision de Wolfowitz à tracer avec Dick Cheney et Donald Rumsfeld le plan de l’invasion de l’Irak. En arrivant à la tête de la Banque, Wolfowitz tout en augmentant vertigineusement les émoluments de celle qui était devenue de plusieurs années sa maîtresse et afin d’éviter l’incompatibilité, il l’envoie au Département d’État de Condolezza Rice, avec un revenu annuel de 193.590 dollars, soit 7.000 dollars de plus que sa supérieure, la Condolezza en personne. Paul Wolfowitz dit que son amour pour Shaha l’a aveuglé. En tout cas il ne semble pas que ça soit le cas de l’homme qui l’épousa officiellement à la fin de 1980, le turc chypriote Bulent Ali Riza duquel, elle garde toujours son nom. Cette femme est le paradigme le plus représentatif des membres de toutes les élites arabes. Tous, hommes et femmes sont disposés à faire ménage dans le sens littérale du terme avec le plus pervers des occidentaux.
Ce cas précis mis à part, tous les Pinochets arabes ont toujours obéit aux recommandations de cette sinistre institution occidentale et ont transféré les peu de réalisations faites avec les énormes sacrifices des peuples durant la deuxième moitié du siècle dernier, au capital mondial. Ainsi tous ont suivi les mêmes recettes de destructions de toutes les bases aussi fragiles soient-elles de la société et ont démonté tous les secteurs vitaux de la population : le logement décent, l’éducation, le transport, la santé, l’alimentation etc. tous ces secteurs ont disparu et l’écrasante majorité des populations s’est trouvée à ras du sol entourée de désespoir de tous côtés. Les images des populations arabes qu’elles soient, celles de Bagdad, celle du Caire, celle de Casablanca, celle d’Alger ou celle de Tunis que transmettent les télévisions sont identiques, elles ne trompent personne et sont d’une éloquence méridienne sur le délabrement total de l’homme Arabe. Ces images que ni Ben Jalloun, ni S’habou, ni toutes les élites arabes et musulmanes ne semblent voir, sont pourtant le reflet exact d’une société qui a tous les moyens matériels, intellectuels, historiques, culturels, pour être la plus prospère et la plus avancée de la terre, mais qui, par la volonté de ces élites qui fait partie organique de l’Occident, elle sombre, génération après l’autre, dans des enfers interminables.
Ces élites dont font partie messieurs Ben Jelloun, S’habou et leurs acolytes dans tout le monde arabe ont été de tous les temps, génétiquement et non seulement « intellectuellement », disposées à faire l’apologie des puissants étrangers aussi criminels qu’ils ne le soient et de blâmer toute résistance populaire. MM Ben Jalloun, S’habou et les autres, il est vrai, résonnent tous à partir de leurs intérêts personnels étriqués qui coïncident largement avec ceux des occidentaux, mais qui ne coïncident en rien avec les intérêts des populations. Ces élites ont les mêmes inquiétudes que les occidentaux et ne voit de terreur que dans la réaction légitime des démunis qui luttent avec leur dernier haleine. Elles sont incapables de voir la terreur réelle et quotidienne qui s’abat sur les populations, une terreur tous azimuts exercée par les milliers d’agents de ces Pinochets arabes, ni celle létale de l’Occident qui s’exerce, elle à travers tous les interstices de la vie. Et quand la Terreur Soft, mais bien mortelle, ne donne pas le résultat souhaité, on passe aux B-52 et à l’action militaire tout court. Leur lâcheté, leur vilénie et leur veulerie sont tellement patentes qu’un François Burgat par exemple, qui n’a rien d’arabe ou de musulman, soit éminemment clairvoyant honnête et juste pour faire la part des choses en donnant pleine raison aux populations arabes, et, presque il les incite à réagir face à ces Pinochets et leurs élites respectives avec tous les moyens dont elles disposent : « Des populations conscientes et convaincues de l’alliance durable entre les puissances occidentales et ces régimes despotiques que, moi, j’appelle les Pinochets arabes, ne peut être combattue que par la lutte armée. » (Voir le quotidien de Barcelone La Vanguardia du 13 avril 2007).
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