J’avoue que je ne souhaitais pas trop m’étaler sur ma malencontre, parce que la Justice va avoir à se prononcer prochainement sur ce sujet, mais face à une présentation aussi élogieuse du “groupe”de “l’homme d’affaires” Imed Trabelsi, je me devais de fournir des précisions à nos amis lecteurs, quant à ce “miracle de réussite tunisien”.

Avant de “faire mon retour définitif”, comme beaucoup de tunisiens, j’avais entendu, (mal) parler du sulfureux Imed Trabelsi, mais je ne savais même pas à quoi il ressemblait. Ce dernier m’avait été envoyé par le complexe sidérurgique El Fouladh, à l’occasion du démarrage du chantier de son projet immobilier de 10 étages et 30 000m2 couverts, “Résidence Beau Rivage», situé sur le domaine public maritime du Kram et de terrains de la municipalité (dont il est président de fait), ces terrains expropriés et rachetés, il ne les a jamais payés, malgré le vil prix consenti.

Il était donc venu me voir pour avoir le prix le plus proche du prix de cession d’ El Fouladh, à travers ma société de négoce en gros de matériaux de construction, Cash & Carry, car il lui fallait prés de 1000 tonnes de fer à béton. Il me proposa de l’assister dés le lendemain de notre rencontre pour tout ce qui concernait l’approvisionnement en matériaux de son projet et de ses 2 villas à Carthage (l’une à l’entrée de l’ IHEC, et l’ autre au niveau des villas romaines, en pleine zone archéologique, face de la clinique obstétrique de Carthage).

Il m’offrit très rapidement de diriger les opérations à partir de son siège Univers Groupe situé aux Berges du Lac. Ce siège constitué d’une vingtaine de bureaux abritait à l’époque quelques malheureux journalistes qui avaient commis la tragique erreur de quitter leur poste afin de travailler pour son éphémère magazine “Univers Sport”. Il y avait aussi une secrétaire qui ressemblait à une danseuse de cabaret à l’accueil et une sorte de coursier, comptable toujours dégoulinant de sueur qui courrait et suait dans tous les sens.

Ces 2 villas jumelées, surmontées d’ une énorme (et ridicule) enseigne UNIVERS GROUP, étaient un drôle d’ endroit où le célèbre homme d’ affaires ne venait presque jamais… Il avait ses bureaux dans un immeuble voisin “Le Green Center”. En fait cette administration était censée être la vitrine légale du groupe, et les dossiers sensibles étaient gérés au “grinnn” (comme il se plaisait à le dire).

De quoi était composé cet UNIVERS GROUP ? RIEN !!!!

La société IMED de promotion immobilière (rebaptisée Loft Immobilier par mes soins) existait pour les besoins du projet qui démarrait…mais tout le reste était du vent !

AGRIMED, BATIMED, STICC…des patentes ouvertes sans personnel, sans comptabilité, sans factures … En fait ces entités ne servaient qu’a ouvrir des comptes bancaires, obtenir des crédits et des appels d’offres truqués….Je revois encore le fou rire de Majdi le coursier comptable, lorsque je lui ai demandé les bilans de ces sociétés pour essayer de réaliser une plaquette de présentation du groupe….” vous êtes sérieux Si Faouzi !!! S’esclaffa t ‘il !”

Pourtant il me fallait cela, car après avoir expliqué à “l’homme d’affaires” qu’il devait changer le nom de son groupe et celui de ses sociétés trop “Imédisants”, j’avais eu la mission de favoriser l’expansion internationale de cette holding. En effet en moins de trois mois j’avais été “promu” par l’homme d’affaire, au “prestigieux et convoité ” titre de “L’Homme qui allait donner une vraie dimension à son groupe ” rien que cela ! Juste, après avoir participé à une dizaine de réunions concernant essentiellement le chantier et le magazine sportif.

Mais quelle était donc la réalité de ce groupe avant mon arrivée ?

– Des titres fonciers….des boîtes archives pleines de titres fonciers de terrains et de villas à Carthage, aux Berges du Lac, à Kallat Landlous, au Kram, à Grombalia, à Hammamet….un impressionnant patrimoine !

– Un entrepôt de vente au marché noir de bière et de vin, en location gérance, la fameuse (Société de Distribution du Nord)…un vulgaire garage sans enseigne situé à Bhar Lazreg…mais qui génère prés de 30 000 DT par jour, cet entrepôt fournit tous les revendeurs clandestins car son bon de livraison est un sauf conduit en cas de contrôle de police.

– Un quota d’ importation de bananes, ce quota réparti à la suite d’ une bagarre avec les Ben Ali permettait à l’ Homme d’ affaires d’ en tirer entre 650 000 DT et 1 Million de DT par an, au titre de la “location ” de ce quota !

– Autoroutes et signalisations, n’est qu’une patente créé à l’occasion d’un marché offert par sa mère (ou sa tante) Leïla Ben Ali…le traçage et l’équipement des autoroutes en réflecteurs fluo… (Les dos d’âne en caoutchouc…c’était lui !)…. Je préfère ne pas vous décrire ses partenaires siciliens sur ce marché….!

– International Trading Company…un code en douane, rien de plus….! Cette société sans personnel, sans comptabilité importait tout ce que vous pouvez trouver à Moncef Bey et Sidi Boumendil…en fait, la “société ” n’importait rien …mais elle “dédouanait” les importations sauvages de tout importateur moyennant finance.

Compte tenu de ces éléments, la préparation d’ une plaquette de présentation du “groupe”, rebaptisé “Med Busines Holding” en préparation de la visite des responsables du groupe Bricorama, dans un premier temps, fut un remake du film ” LA VÉRITÉ SI JE MENS”…

À suivre….