Janvier 2009 : appréciable progression des blogs maghrébins parmi les plus côtés par Google PageRank

Belle surprise pour ce début d’année 2009. La progression des PageRanks des blogs maghrébins (ou assimilés) est très appréciable. On constate un bond très significatif du nombre de blogs ayant atteint un score supérieur ou égal à 4. En outre, on passe de 13 blogs au PageRank de 5 au mois de septembre 2008 à pas moins de 38 blogs pour janvier 2009.

 
Pour rappel, l’échelle des PageRanks de Google s’étale de 0 à 10. C’est une échelle à progression logarithmique qui fait qu’il est – à titre d’exemple- plus difficile de passer du PR de 4 à 5 qu’à celui de 3 à 4. Voici au passage, à titre de référentiel, les PR de quelques sites connus :

Autre bonne surprise, le doublement du nombre de blogs maghrébins au PR de 6. On passe de 2 blogs au mois de septembre 2008 à 4 blogs en ce mois de janvier. Ce n’est certes pas beaucoup, mais pas si mal déjà.

 
Comme indiqué lors de la publication de la dernière liste de septembre 08, on aurait tort de prendre le PageRank de Google comme un indicateur de la qualité d’un blog. De nombreux blogs aux contenus excellents n’ont pas le PR qu’ils méritent. D’autres ne sont parfois même pas « pagerankés »; voire, pour des raisons obscures, ont perdu leurs PR. En revanche, ce PR est un indicateur essentiel quant à la visibilité du blog. Car l’ordre d’apparition au sein des résultats de recherche de Google dépend de cet indice. Et de ce point de vue, on ne peut que suivre avec intérêt l’évolution du PR en tant qu’indicateur du poids de la blogosphère maghrébine au sein du paysage médiatique.

 
Du reste, l’expérience quotidienne du web semble confirmer cette tendance vers une meilleure visibilité des blogs maghrébins sur les pages de Google. Il n’est plus rare aujourd’hui de voir sortir parmi les 10 premiers résultats, des liens pointant vers les blogs maghrébins. Les opinions personnelles, les approches issues du vécu quotidien et toute une information alternative parviennent à présent à supplanter aussi bien les discours officiels que les couvertures journalistiques parfois coupées des réalités locales. Et pour illustrer ceci, voici un petit échantillon de résultat de recherche qui montre que nos blogs n’ont plus à rougir de leur positionnement. Le choix des requêtes n’est peut-être pas des plus innocents, mais ne boudons pas le plaisir de relever que les blogueurs maghrébins sont bien positionnés pour faire entendre leur voix ou, à défaut, contribuer à relayer un contenu qui les touche ou les interpelle.

Requête	Requête
Requête	Requête
Requête	Requête

I. – La ventilation par pays des nouveaux PageRanks supérieurs à 3

 

 

Sur Berberus tout du moins, parmi les 211 blogs au PageRank supérieur à 3, les blogs marocains sont les plus nombreux (Maroc 87 blogs, Tunisie 54, Libye 46, Algérie 20, Mauritanie 4).

 
Tout au sommet (cf. la liste plus bas), on retrouve néanmoins l’excellent blog du journaliste Algérien Allaoua Hadji au côté de Laila Lalami et des deux blogs tunisiens (censurés dans leurs pays) Nawaat.org et ReveilTunisien.org. Le blog de Lameen Souag ayant hélas perdu un point.

 
En complément, voici également deux graphiques ; l’un relatif à la moyenne par pays des PageRanks les plus élevés et l’autre à la moyenne des PageRanks des 1311 blogs indexés par Berberus.

A noter que les valeurs de ce dernier graphique donnent surtout une indication par pays sur la fraction des blogs indexés par Berberus. Plus la moyenne est basse et plus cela tend à montrer que la proportion des blogs indexés est importante par rapport à ceux qui ne l’ont pas été. En somme, et pour prendre l’exemple du Maroc et de la Mauritanie, les 435 blogs marocains indexés -qui sont en fait les plus visibles- représentent une faible proportion par rapport aux blogs marocains existants. En revanche, les 30 blogs mauritaniens représentent la valeur la moins éloignée de celle de l’ensemble des blogs mauritaniens existants.

 
Cela étant, combien sont-ils ces blogs maghrébins « existants » ? Difficile de répondre. Beaucoup de chiffres sont avancés çà et là. Et les plus optimistes se trompent parfois de quelques zéros. Si on peut estimer qu’il y a en effet plusieurs dizaines de milliers « d’adresses » de blogs, il faut prendre garde à ne pas confondre ces URLs de blog avec de vrais blogs. Car un blog, c’est d’abord un contenu vers lequel pointe une URL. Or, dans les chiffres souvent avancés, une proportion non négligeable d’urls de blog pointe vers des pages sans contenu. En outre, si l’on retranche de ces blogs tous ceux qui n’ont qu’un seul billet (parfois un post d’essai à la « Lorem ipsum »), les chiffres obtenus prennent un tout autre relief. A titre d’exemple, sur les 14 544 blogs maghrébins que nous avons recensés au mois de septembre 2008 sur Maktoobblog, près du tiers (4 654) n’avaient pas plus d’un seul billet, voire aucun.

 
A présent, si on pousse ce même raisonnement pour extraire le nombre de blogs ayant un minimum de 2 billets et une quinzaine de commentaires, le chiffre de 14 544 blogs prend une bonne cure d’amaigrissement. Il ne reste plus que 1 897 blogs sur l’ensemble du Maghreb. Et selon les premiers dépouillement d’une recherche en cours, les proportions des chiffres relatifs à Maktoob sont transposables (à quelques variations près) à Blogspot ainsi qu’aux autres plateformes.

 
Ainsi, affirmer qu’il existe « X blogs maghrébins » tout court, ne refléterait pas la réalité des blogs en tant que tels. Et en attendant de publier les résultats exhaustifs de la recherche en cours, avançons la grossière estimation de trois à quatre mille blogs actifs sur l’ensemble du Maghreb. Par blog actif on entend tout blog régulièrement mis à jour ou accueillant régulièrement des commentaires.

 
Sans doute que certains habitués à lire les chiffres déraisonnables avoisinant les dizaines de milliers de blogs par pays pourraient être étonnés par le faible chiffre de cette estimation sur l’ensemble du Maghreb. A vrai dire, au-delà du nombre des blogs actifs, c’est plutôt la capacité de ces derniers, quel que soit leur nombre, à refaçonner la scène médiatique qui semble le plus intéressant à observer.

 
– D’une part, nous sommes en présence de l’éclosion subite (depuis à peine quelques années) de nouveaux « supports médiatiques actifs », totalement indépendants et incontrôlables. Une éclosion d’autant plus spectaculaire qu’elle s’est produite dans un environnement (le Maghreb) jusqu’à lors caractérisé par la dépendance et le contrôle de la circulation de l’information. L’impact de ces blogs est d’autant plus décuplé par leur capacité à intégrer sur leurs pages d’autres services web, comme ceux des plateformes de partage vidéo et autres réseaux sociaux. Et au rythme avec lequel les choses se sont précipitées, il n’est pas exagéré de relever qu’au sein de la communauté des internautes, la notoriété des auteurs des blogs Hchicha.net, Larbi.org, Kitab.nl, Canalh.blogspot.com ou HamoudStudio.com dépasse celle de nombreux journalistes exerçant parfois depuis de nombreuses décennies. Et, lorsque d’excellents journalistes à l’instar de Zied El-Heni ou Allaoua Hadji choisissent d’exercer leurs talons sur leurs blogs afin de sortir de l’exiguïté de l’espace de liberté dont ils disposent, ils acquièrent leur notoriété parmi les internautes plutôt en tant que blogueurs. Qu’ils soient journalistes, ce n’est pas plus mal puisqu’ils participent à donner davantage de crédit à la blogosphère et contribuent en même temps, par leur liberté de ton, à rehausser l’image de leur corporation. Laquelle le moins que l’on puisse dire n’est pas des plus reluisantes au Maghreb.

 
Sans nier que l’irruption des blogueurs dans le champ médiatique a engendré une forme de dualité “blogueurs/journalistes”, il nous semble qu’elle est toute relative et qu’elle est plutôt destinée à s’estamper. De par la nature même des blogs, qui ne sont pas des espaces réservés, cette dualité entre les personnes qui s’y expriment n’a pas vraiment de raison d’être. La dualité ou plutôt la rivalité existe ailleurs. Elle est entre les supports: “blogs/médias traditionnels” (et non pas entre les personnes). Et dans le contexte maghrébin, ce nouveau rival à la presse traditionnelle a eu un impact conséquent. Tout un pan de l’information naguère délaissée, car “jugée sensible”, est à présent étalé sur les blogs, forçant ainsi les médias traditionnels à bouger un tant soit peu leurs lignes rouges. Autre phénomène intéressant à observer, c’est cette “alliance non-dite” parfois entre les blogueurs et certains “moutons noirs” des médias traditionnels. Parce qu’au Maghreb aussi il y a des supports qui se font une certaine idée du journalisme, et parce que ceux-ci exercent leur métier dans des conditions particulièrement difficiles les confinant à des audiences confidentielles, il est fréquent de voir les blogueurs venir à la rescousse en reprenant et relayant largement des sujets traités par ces médias. A coups de forceps, la blogosphère maghrébine parvient ainsi à remodeler les contours de son paysage médiatique tantôt en enrichissant et rediffusant des contenus, tantôt en produisant elle-même de l’actualité originale. Une actualité très diversifiée à l’image de ce que l’on peut découvrir sur les brillants blogs de Dadou3X, Citoyen Hmida, Barberousse, Lady Zee, Ghazi Gheblawi, BlogSpleen, Themoornextdoor et de tant d’autres. Le soin du détail et la rigueur de BledMiki, Malek Khadhraoui ou Carpediem-Selim n’ont plus rien à envier aux contenus des médias traditionnels. A la langue de bois si usuelle de certains médias, les satires de Kiffegrave ou d’Arabicca rivalisent d’intelligence.

 
– D’autre part, il est intéressant de relever que d’après certaines études, près de 73% des internautes lisent des blogs (cf. Universal McCan Mars08, p. 5 ). En somme, au delà du nombre de blogs, c’est surtout de cette capacité à toucher des lecteurs et à propager du contenu, y compris auprès des réseaux d’information traditionnels, dont il est question. Et à cet égard, il est de plus en plus fréquent d’observer cesdits réseaux puiser leur contenu dans la blogosphère. De même, et à titre d’anecdote, il n’a pas échappé au chef du gouvernement Egyptien de créer un grand buzz via la blogosphère par le simple fait de poster un commentaire sur un tel support. Lequel commentaire a été propagé sur internet (mais également sur les médias traditionnels) comme peut-être rarement des communiqués du gouvernement égyptien l’ont été (cf. le 13e commentaire signé en arabe par « Dr. Ahmad Nadhif, président du Conseil des ministres »)

 
Par ailleurs, il est également question de la faculté de ces blogs d’agréger des lecteurs qui vont à leur tour générer du contenu via les commentaires. Sur le blog mauritanien de LM®, le nombre des ces derniers est fréquemment de l’ordre des centaines par billet. A priori, il n’y a pas de raison particulière qui fait qu’un commentaire ait systématiquement une valeur moindre que le contenu du billet commenté. Aussi, est-il opportun de s’interroger s’il n’y a pas en réalité derrière chaque blog, un agrégat d’auteurs « blogant » régulièrement à leur manière en « vagabondant » de blog en blog. En outre, c’est à ce niveau probablement que les dizaines de milliers d’url de blogs, quand bien même n’aboutissant pas toutes à ce que l’on peut considérer comme étant un vrai blog, prennent du sens. Car elles indiquent l’ampleur de l’intérêt pour ces supports ne serait-ce que par la démarche qui consiste à vouloir les créer même si par la suite une fraction non négligeable d’entre-eux sera délaissée.

 
II.- La liste des PageRanks

 
Avant de produire la liste, quelques nouvelles de notre benjamine Houda en saluant la performance de sa progression. Elle n’est pas encore dans la liste des plus « rankés », mais en l’espace de 3 mois, elle passe directement à un PageRank de 3. De même, félicitons tous les nouveaux entrants/réentrants sur cette liste.

 
Et pour rappel, à chaque fois qu’un blogueur -au lieu de mentionner simplement le nom/pseudo de l’auteur d’un blog- insère également le lien vers le blog de la personne, cela profite non seulement au PageRank de ce blogueur, mais aussi à l’ensemble de la blogosphère maghrébine. De par les ramifications des blogs maghrébins (comme des autres d’ailleurs), chaque gain de PageRank profite à l’ensemble des « ramifiés » et vis versa. Donc n’hésitons pas à insérer et à réinsérer des liens, il en adviendra toujours quelque chose. Enfin, il est bon de savoir que les moteurs de recherche détestent cette vilaine pratique apparue il y a quelques années consistant à libeller les liens par ces trois détestables lettres « ICI » ou «هنا». Hormis les cas où l’on ne peut faire autrement que de mentionner plusieurs liens à la suite en la forme d ’ « ici, ici, là et ici » ; il est autrement plus judicieux de mettre des liens sur des mots dont le sens est en rapport avec le sujet de la page pointée. On indique ainsi aux moteurs de recherche que « cette page est pertinente pour les recherches portant sur ces termes ». Cela est également valable pour les liens internes aux blogs. Et aucune crainte à avoir pour les internautes. Ils savent depuis longtemps que derrière chaque chaine de caractères soulignée ou ayant une couleur distinctive, il y a un lien.
 

PS 1 : Que les arabophones, berbérophones et anglophones me pardonnent cette version uniquement française de cette synthèse.
 
PS 2 : Sous réserve de la mention de sa source, cet article peut être intégralement reproduit sans aucune autorisation. Le cas échéant voici le code html encodé en utf-8. Il suffit juste de faire un copier/coller.

 
Astrubal , le 17 janvier 2009.
Enseignant universitaire.
Synthèse des PageRanks réalisée pour Berberus.com.
Source : http://www.berberus.com/blog/